L'impôt de mort corrompra la franchise belge.
L'honneur et la dignité du peuple Belge con
sistent principalement dans la franchise proverbiale
que depuis des siècles on lui reconnait. On parle
l'étranger de la franchise des Belges comme des
fourberies des auciens Carthaginois. Voulez-vous
échanger la simplicité catholique contre la juiverie
libérale? Introduisez l'impôt en ligne directe.
Pour former d'un peuple d'honnêtes gens un ra
massis de fripons deux choses sont nécessaires, et
l'une d'elles est déjh accordée l'instruction pu
blique sans religion, et l'impôt en ligne directe.
L'insouciance des électeurs de beaucoup d'arron
dissements choisir de mauvais députés, et votre
propre obstination, pardonnez l'expression,vous
mettre aux pieds de M. Alphonse Vandenpeere-
boom, a déjh fait adopter le premier point, l'in
struction sans prêtres, malgré les protestations de
l'épiscopat. Voyez, dix athénées, cinquante écoles
moyennes sont érigés sur la surface du pays, les
raillions et les centaines de mille fraocs roulent
parmi les créatures du ministère, et nulle part la
religion n'est enseignée, l'éducation n'est basée
sur la religion, bien qu'elle figure pour la forme
sur les programmes. Quel beau triomphe pour les
libéraux
L'inquisiton pour l'impôt reviendra tous les
dix ans.
L'exaction en ligne directe ne servirait en rien
aux travaux publics.
Raisons de se déterminer pour l'électeur
chancelant.
Du désintéressement des candidats libéraux.
AUX ÉLECTEURS
Électeurs!
En appelant votre attention sur la lettre
si pleine de convenance, de dignité et de
sagesse qui vous a été adressée par votre
ancien Sénateur, M' J. B. Malou-Vandeii'
peereboom, et dans laquelle il prouva incon
testablement que l'impôt en ligne directe
est inique dans sa sourcevexatoire dans ses
moyens de recouvrement, destructif des liens
de la famille, et pardessus tout cela inutile
nous avons rencontré et détruit les impu
tations fausses et odieuses que l'opinion
ministérielle lance contre les Sénateurs en
général et particulièrement contre ceux
qui, après avoir donné des gages non équi
voques de leur dévoûement au ministère
Rogier, ont cru devoir s'en séparer sur un
point qui touche de si près aux idées, aux
mœurs, au caractère, tout cequiconstitue
la nationalité du peuple Belge.
Nous voulons réfuter aujourd'hui quel
ques injustes assertions qui tendent en
lever des voix indécises notre digne
Sénateur sortant.
Aveuglés par l'esprit de parti, ou cédant
aux inspirations de la méchanceté, nous
voyons des gens qui osent dénier la fa
mille Malou toute entière ses litres la
bienveillance, l'estime, la reconnaissan
ce de leurs concitoyens. Ils ne sauraient
effacer de leur mémoire que la famille
Malou tenu durant 30 années un magasin
de dentelles considérable, et procuré du
travail des milliers de dentellières; qu'a
près avoir cessé ce commerce elle a crée
une maison de banque par laquelle elle a
facilité durant 20 ans les quelques indus
tries qui existaient encore Ypres et par
laquelle en 1848, elle a sauvé l'industrie
dentellière, dont la crise était mortelle.
Mais ils disent par son commerce de
dentelles par sa banque M' Malou a gagné
de l'argent et a fait avant tout ses propres
affaires. Sans doute, et il nesauraitœn être
autrement, car ce n'est qu'en travaillant et
en gagnant de l'argent soi-même que l'on est
capable d'en faire gagner aux autres.
En faisant le commerce et en alimentant
les industries, M. Malou a été beaucoup
versant du socialisme dont la pente rougeâtre con
duit on sait où. Qui veut cabétiser la patrie, aura
flixé un premier jalon en votant pour la loi de
mort, la loi des larmes, la loi d'invasion des fa
milles, la loi qui fausserait h la longue le caractère
national.
5.
Un autre serait de faire voter l'impôt la mort
de père et mère. Sans doute, personne dans les dé
clarations h faire pour cet impôt, ne se ferait scru
pule de eacher, de détourner, de dissimuler ce
qu'il pourrait. On ne se ferait pas faute de raisons
ou de prétextes plus justes les uns que les autres.
Ainsi s'introduirait une habitude permanente de
restrictions mentales, de duplicité et de manigances,
habitude qui est précisément l'opposé de la fran
chise, et qui flétrit cette noble et précieuse fleur de
l'équité pure.
6.
On a taché d'induire les contribuables en erreur
par plusieurs pratiques insidieuses. Par exemple,
on insinue qu'après tout l'impôt des larmes ne sera
pas si lourd, puisqu'il ne rendra visite avec ses
formes tracassières et brutales qu'environ tous les
trente ans.
Rien n'est plus faux, particulièrement chez
l'honnête bourgeois. C'est dans les familles mé
diocres, que l'on reste d'ordinaire le plus long
temps réuni, parce que l'union des petits moyens
forme un centre confortable de vie commune,
tandis que chaque membre livré ses propres res
sources, tomberait de suite dans la pauvreté. De
la résulté que parmi les classes moyennes, on ren
contre très souvent grand père et grand'mère, le
fils marié et ses enfants, sous le même toit. Il faut
donc quatre décès avant que le patrimoine repose
sur les jeunes gens, par suite quatre visites succes
sives de l'inquisition fiscale de MM.Rogier et Frère.
Supposez que tout cela dure quarante ans. C'est
beaucoup il y a peu de familles qui se maintien
nent quarante ans de suite malgré leurs pertes
cela fait une razzia sur le foyer domestique tous les
dix ans; et même une exigibilité plus fréquente de
l'impôt, le terme moyen étant bien en deçà de celui
que nous avons choisi, sans compter les décès d'en
fants.
7.
Une autre erreur dans laquelle les libéraux en
embuscade laissent les électeurs avec cette bon-
hommie punique qu'on leur connaît, c'est que
l'impôt en ligne directe ne serait aucunement em
ployé h la masse fabuleuse de travaux publics que
le ministère montre en perspective aux représen
tants et au peuple éblouis.
Les impôts votés sur la bière, le tabac, le ge
nièvre et ce qu'on espère de la ligne directe sont
destinés: i° couvrir le déficit, 2° couvrir les
nouveaux frais de l'instruction moyenne organisée
avec une profusion illimitée de dépenses dans dix
alhenées et cinquante écoles moyennes.
Alors il ne reste pas un centime. De sorte que
pour la dérivation de la Meuse, le railway inutile
de Bruxelles sur Gand, et les autres travaux, il y
aura recommencer et h tancer de nouveau la
matière électorale ou contribuable, qui le lende
main d'une élection, n'est pins que la matière
corvéable el taillable pour nos faiseurs.
Aujourd'hui vous votez contre M. Malou, parce
qu'il a voté contre l'impôt de mort Le lendemain
on vous dira maintenant il nous faut des fonds
pour les travaux. De sorte qu'en votant contre M.
Malou, ou en ne votant pas, ce qui revient au
même, non seulement vous votez l'impôt en ligne
directe, mais vous autorisez une filière indéfinie
d'impôts quelconques pour les millions a engloutir
dans la Meuse.
Loin d'assurer par là la construction du chemin
de fer d'Ypres, on l'entrave autant qu'on le peut.
Car le ministère ayant sur les bras une foule de
travaux, fera ceux de son choix, pour Liège,
Bruxelles et Gand, et laissera dormir les autres
la discrétion des Compagnies. On encense les
dupes la veille pour s'en moquer le lendemain.
8.
Si dans les raisons qui militent pour ou contre
l'impôt de mort, il y en a qui arrêtent l'électeur,
ou dont il ne saisit pas bien la portée, s'il hésite
dans sa détermination, voici l'argumentation que
dans sa droiture un homme de bonne foi doit
convenablement faire:
Il y a se déterminer entre M. Malou-Vanden-
peereboom, déjà Sénateur, ancien banquier, et qui
a acquis une grande partie de sa fortune par le
commerce, et M. Boedt avocat, qui doit exclusive
ment ses richesses aux héritages qui lui sont suc
cessivement dévolus, et qui n'a jamais figuré dans
des assemblées législatives.
Puisque les circonstances sont difficiles, comme
chacun le dit, il vaut mieux de s'en rapporter
l'experience du législateur en fonctions, que de
le supplanter par un nouveau venu de première
écorce.
Une question de droit ou de théorie serait peut-
être bien traitée par l'avocat quoique chimiste,
physicien, botaniste, paléographe, musicien. Ce
pendant qui trop embrasse mal étreint. Mais les
débats vont rouler absolument sur les finances, sur
des impôts, sur des emprunts, sur les ménagements
qu'exigent les classes industrielles et commer
çantes: dès lors je me prononce pour l'ancien
banquier, l'ancien fabricant de dentelles, l'homme
capable familiarisé avec tous les détails financiers,
plutôt que pour l'avocat étranger cette manière,
où il peut être sans offense taxé d'une incapacité
entière.
9.
Ajoutez que la loi sur les successions directes,
par les évaluations, les écritures et les procès
qu'elle engendrerait, serait une source féconde de
lucre pour les écrivains, les avocats, etc., etc. Or
comme l'intérêt privé ne doit point avoir le pas
sur l'intérêt public, et qu'il ne faut pas mettre un
individu entre son intérêt et sa conscience, il n'est
pas prudent de charger un avocat du mandat lé
gislatif dans les circonstances actuelles.
Il ne manque pas la vérité, dans le notariat et
au barreau comme ailleurs, de ces caractères nobles
qui savent se prononcer contre une loi odieuse
malgré les raisons privées d'intérêt ou de parti,
mais M. Boedt et les candidats libéraux du jour
sont-ils de ce nombre?
A Bruxelles nous voyons sur les rangs M. Lau-
wers, chef de l'exploitation des Messageries Van
Gent. On sait combien de fois cette Compagnie
colossale, dans son intérêt de spéculation égoïste, a
maté des entrepreneurs d'une position inférieure
par la concurrence, transportant des prix déri
soires, même pour rien, et compromettant le ser
vice public, pour rétablir des prix élevés, aussitôt
qu'un concurrent était écrasé. MM. Seghers, Vve
Aldeweereldl, Nicaise et beaucoup d'autres, dé
mentez-nous, si vous le pouvez. N'a-t-on pas déjà
tenté de supplanter la Rapide de M. Zeebrouck
qui excite l'envie
A Courtrai, les libéraux remuent ciel et terre
pour M. Bruneel-Delevigne. M. Bruneel, dans son
intérêt privé a fait passer en France l'industrie
précieuse de la fabrication des serviettes, qui pour
voyait de travail un nombre immense d'ouvriers
belges, et pouvait prendre successivement plus
d'extension.
A Ypres, M. l'avocat Boedt a fait une spécula
tion d'une autre genre, mais aussi fatale aux bour
geois. Il achète une vaste maison, la divise en
appartements garnis, et y attire MM. les officiers
de la garnison auparavant disséminés dans un
grand nombre de quartiers montés grands frais
par des familles accablées d'enfants, de contribu
tions et de loyers. Est-ce le désintéressement qui
a guidé dans leur conduite MM. Lauwers, Bruueel-
Delevigne et Boedt. Voilà pourtant les hommes par
lesquels on veut supplanter des hommes conscien
cieux parmi lesquels brille d'un éclat sans la
inoindre tache le respectable M. Malou-Vanden-
peereboom.
DE L'ARRONDISSEMENT D'YPRES.