se permettait de siffler avec autant d'au
dace un homme respectable, déjà proclamé
Sénateur, n'était rien moins qu'un membre
du bureau même; celui qui poussait l'in
solence jusqu'à honnir et bafouer de ses
sifflets l'élu du peuple et en sa personne
l'avaient honoré de leurs suffrages, n'était
rien moins qu'un conseiller communal, qui
devait ce poste électif l'honneur de s'as
seoir au bureau; c'était, puisqu'il faut l'ap
peler par son nom, le rédacteur-en-chef du
Progrès, M. Ernest Merghelynck!.... Ajou
tons que deux autres individus se joignirent
leur chef-de-file et sifflèrent l'unisson;
mais pour eux ce n'était pas déroger et
nous n'entendions guère moins de ces lé
vriers éreintés. A la vue de ce spectacle
nouveau, le rouge sauta au front de tout
le monde; aux conservateurs, d'indigna
tion leurs adversaires, de honte. En effet,
c'était étrange voir que ce magistrat com
munal, qui ne pouvait modérer son dépit,
les quatre doigts dans la bouche, se per
mettait les manières malhonnêtes d'un ga
min de ruelle et certes il ne manquait plus
M. Boedt, après le rude échec qu'il ve
nait d'essuyer, que les excentricités indé
centes de M. Merghelynck, pour enduire
sa défaite d'un vernis de ridicule de même
qu'il ne manquait plus pour compléter le
triomphe de M. Malou-Vandenpeereboom
que ces aveux sans fard d'une impuis
sante colère.
Le corps électoral de l'arrondissement
d'Ypres a prononcé son verdict. Malgré les
moyens odieux d'intimidation employés
contre eux,' malgré la fraude et le men
songe auxquels ils se sont vus en butte de
la part du parti libératro-despotique, neuf
cent et trente électeurs, en appellant de
nouveau au Sénat l'honorable M. Malou-
Vandenpeereboom, ont protesté contre
l'impôt sur les successions paternelles et
contre le système entier d'omnipotence que
s'arroge le cabinet. Honneur donc aux élec
teurs de l'arrondissement d'Ypres! Nous
n'attendions guère moins de leur loyale
indépendance et de leur dévouement la
chose publique.
A Bruxelles les porte queue ministériels
dénoncent M. Tesch leurs adversaires;
Anvers ils les assourdissent de leurs hur
lements et de leurs vociférations Bru-
ges ils les calomnient; Fûmes, furieux
de voir toutes leurs manœuvres échouer
devant l'indépendance des électeurs, un
des janissaires ministériels, commissaire
d'arrondissement de Furnes, a poussé l'im
pudence jusqu'à provoquer en duel. M. le
notaire Floor, qui ne partage pas le féti
chisme politique du zélé fonctionnaire
l'endroit de M. Rogier.
La politique nouvelle ne peut se dispen
ser de récompenser l'ardeur d'un pareil
champion et nous attendons avec impa
tience le Moniteur pour y trouver la nomi
nation du sacripant ministériel au grade
de chevalier d'un ordre quelconque.
Cette circonstance nous explique les of
fres brillantes qui ont été faites Bruxelles,
de la part du ministère, trois professeurs
de boxe française et de canne royale, pour
utiliser leur éloquence démonstrative dans
les réunions électorales.
Nos porte-faix du canal vont devenir des
agens électoraux bien éloquens!
Quant ce belliqueux commissaire d'ar
rondissement, qui parlait il y a deux jours
de dégainer son Malchus en l'honneur de
la politique nouvelle, nous attendons des
détails sur cette affaire pour prouver ce
monsieur, qu'à côté des récompenses que
M. Rogier donneà ses souteneurs, il ya aussi
les sifflets de l'opinion publique qui n'est
pas encore, Dieu merci, asservie la po
litique Franconi! (Sancho.)
Plusieurs journaux ont annoncé que
dans le ballottage qui a eu lieu samedi
Saint-Nicolas, M. Vilain Xllll avait été élu;
c'est une erreur c'est M. De Munck-Moer-
man qui l'a emporté comme nous l'avons
annoncé; il a eu dans le scrutin de ballot
tage 861 voix contre 268 données M.
de Munck-Moerman est hostile au projet
de loi sur les successions en ligne directe,
et son élection a rendu dupe l'auteur des
intrigues ourdies contre M. Cassiers, qui
a été élu au premier tour de scrutin une
immense majorité. (Organe.)
LES neuf-cent et vingt-neuf électeurs qui
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loyauté du ministère en matière d'élections.
décidé que, pour donner le change «aux bandits,
Lucette partirait avec l'enfant et l'argent, qu'elle
devait confier aux soins de l'intendant; je devais
accompagner la dame par un autre chemioet je
me fis escorter de mon chien, car je me doutais
bien que nous serions attaqués... C'est ce qui ar
riva mon fidèle chien se chargea d'un de nos
adversaires; je combattis l'autre, et nous les mîmes
en fuite... Cependant j'étais blessé; la dame, qui,
effrayée d'abord, s'était enfuie, laissant les lam
beaux de sa robe aux branches d'un buisson, revint
et étancha mon sang avec son mouchoir, qui fut
jeté au loin. Nous arrivâmes au lieu désigné l'in
tendant n'y était plus; Lucette nous y attendait
avec l'enfant et le trésor. Tout lui fut conté; on la
renvoya, et je partis pour l'Italie avec la marquise.
Lucette, d'un mot, pouvait prouver son innocence;
mais elle craignait pour notre mère... Pauvre soeur!.,
maintenant il n'y a plus de danger... délivrez-la,
Monsieur, délivrez-la... je suis revenu pour la dé
fendre; car je savais qu'ici elle n'avait pas d'amis...
Elle en avait un, dit le magistrat en me
montraut... C'est Monsieur qui vient de m'ap-
porter les preuves de son innocence...
Vous avez défendu ma sœur s'écria Lu
raeoi
La minorité ministérielle au Sénat se trouve donc
augmentée, dans les suppositions les plus favora
bles, de deux voix. 11 se peut que le bénéfice mi
nistériel soit réduit une voix, car M. de Thuin,
ayant été nommé maigre lui, duI ne peut dire
qu'il adopte la politique a outrance du cabinet.
(Émancipation.)
cien en se précipitant vers moi... Oh! merci,
Monsieur, merci! ma vie tout entière pour payer
ce service!...
Le pauvre jeune homme embrassait mes genoux
en pleurant...
Huit jours après cette aventure je quittai
Berne,fil Clairval en terminant.
Et Lucette?... et Lucien? s'écrièrent vi
vement les deux jeunes filles.
Mis tous deux en liberté!... reconnus inno
cents
Mais que devinrent-ils?
Lucien alla rejoindre la marquise de S***; il
resta a son service jusqu'à ce qu'il eût le malheur
de la perdre... Alors il entra dans les armées fran
çaises, et il mourut avec un grade...
Et Lucette?
Lucette est venue en France; elle a été ac
cueillie par ma mère, et...
Et?... demandèrent vivement Louise et
Julie.
Elle a passé son existence a servir celui au
quel elle devait la vie, s'écria une vieille femme
qui s'était introduite dans la chambre sans qu'ou la
remarquât, et elle espère finir ses jours auprès
On lit dans Y Organe des Flandres:
Nous apprenons de source certaine que plu
sieurs sénateurs, dont la réélection est assurée, ont
résolu de ne plus voter la durée temporaire de la
loi sur les successions en ligne directe: par esprit
de conciliation, pour éviter ou la retraite du mi
nistère, ou la dissolution du Sénat, ils avaient d'a
bord adhéré l'amendement de MM. Forgeur et
de Marnix mais le mal qu'ils voulaient éviter,
étant fait, ils ne consentiront plus a aucun prix a
voter dans ce sens.
La défaite du ministère est facile a expliquer.
Il a voulu imposer au pays la loi la plus impo
pulaire qui fût jamais, la loi sur les successions en
ligne directe.
Il a avili la chambre des représentants par les
palinodies qu'il lui a imposées, et par l'aveugle
servilité qu'il a exigée d'elle.-
11 a créé des impôts nouveaux pour doter la
ville de Liège d'embellissements et d'avantages
exorbitants.
Il a manifesté pour la ville de Liège une partia
lité révoltante.
Depuis trois ans, il tourmente les catholiques de
toutes les manières. Il déclare la guerre h leurs
établissements d'instruction il confisque leurs fon
dations charitables au nom de la loi; il menace les
écoles primaires de la sécularisation il fait de la
foi catholique un motif d'exclusion de tous les
emplois publics. Toute son administration respire
l'aversion la plus pronoocée pour tout homme re
ligieux, pour toute institution catholique.
En faut-il davantage pour expliquer la chute
du ministère Il est évideut qu'on ne peut l'attri
buer qu'à sa politique révolutionnaire, h son into
lérance et a ses maladresses.
On nous assure que M. le chevalier Peers va
donner sa démission de membre de la Chambre
des Représentants. Nous n'en sommes pas étonnés
en effet, il était bien entendu que du moment où
M. Peers briguait le mandat de sénateur, il ne pou
vait plus décemment rester la Chambre, et d'ail
leurs l'élection de samedi étant une protestation
énergique contre la conduite parlementaire de M.
Peers, il n'y a plus d'autre parti pour un vrai che
valier et disons-le, s'il agit ainsi, c'est noblement
se relever dans l'opinion publique; il a commis
une grave faute, il doit le reconnaître lui-même.
Nous ne la lui ferons pas expier nous sommes in
dulgent; nous le féliciterons même sur sa déter
mination de se soumettre un nouveau scrutin
elle n'est que de stricte justice.
(Patrie de Bruges.)
Vendredi VImpartial de Bruges imprimait les
lignes que voici
Sans la loi sur les successions.... le déficit, la
domination des moines, la misère!....
de son bienfaiteur, continua-t-elle en se lais
sant tomber aux genoux de Clairvail, dont elle
couvrait les mains de baisers.
Pauvre fille... relève-toi... fit le vieillard,
visiblement ému.
Qu'entends-je! dit vivement M™" de
Saint-Claude... il se pourrait?
Oui, Madame, reprit Clairval... oui,
vous voyez devant vous la pauvre Lucette, ma
gouvernante, qui ne m'a pas abandonné, malgré
ma misère.
Oh! jamais... jamais
M™ de Saint-Claude et ses filles étaient émues
jusqu'aux larmes; elles sollicitèrent vivement
Clairval de veuir au château. 11 refusa d'abord
mais enfin, vaincu par tant d'instances, il se dé
termina a rentrer dans ces lieux qui l'avaient vu
naître. Ses larmes coulèrent au moment de son
entrée au château; et quand il se présenta devant
ces dames, accompagné de Lucette, c'est peine si
elles le reconnurent, tant il avait mis de soin sa
toilette... la barbe avait disparu.
<t Eh bien dit-il aux jeunes filles, ai-je
encore l'air d'un voleur? et croyez-vous qu'il soit
quelquefois dangereux de juger sur l'apparence?