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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3553.
Samedi, 18 Octobre 1851.
35me
annee.
7PRES, 18 Octobre.
LA. BOURSE ET LA. VIE.
Le libéralisme exclusif, ce tyran du xixe
siècle qu'il s'agit sinon d'abattre du moins
de morigéner, agit comme les brigands de
grand chemin. La bourse ou la vie!
Vous crie-t-on au détour du bois, et si vous
avez le malheur de retourner par crainte
en arrière pour vider votre gousset, vous
perdez en même temps la vie. De même,
lelibéralismes'écrie: a Laissez-nous assis au
fauteuil du pouvoir, les mains plongées
dans les caisses publiques, laissez-nous
faire, et nous vous donnerons du bien-être,
du travail, et toutes les libertés. Insidieux
langage, contre lequel le peuple ne peut
se mettre assez en garde car s'il écoute,
si moutonnièrement il se lie un parti
exclusif, tout en compromettant ses finan
ces, il perd ses libertés, et voit se dissiper
les vaines illusions dont il s'était bercé.
Ce qui arrive aux états, arrive dans des
proportions plus restreintes aux villes:
le grand empire romain a péri quand il
est devenu la proie des factions. Et de
même longtemps auparavant, la ville d'A
thènes, déchirée convulsivement par des
querelles intestines, tomba entre les mains
de Pisislrale.
Pourquoi depuis plus de dix ans voit-on
Ypres qu'il n'est fait justice aucun grief,
que les finances ont été sacrifiées un éta
blissement impopulaire, qu'un organe des
plus abjects de la presse belge a été admis
comme l'organe de l'autorité qu'il avili
rait, si elle n'était pas toujours respectable
en elle-même? Pourquoi dans les nomina
tions aux emplois, dans les livraisons aux
institutions publiques, a-t-on vu passer la
couleur politique comme un litre de faveur
au détriment d'un grand nombre de fa
milles? Pourquoi les pères ont-ils été gênés
dans l'éducation de leurs fils? Pourquoi les
membres du conseil communal lui même
ont ils vu de leurs yeux l'intimidation qu'on
s'efforçait d'exercer sur eux pourles traîner
la remorque d'un libéralisme intolérant?
Parce qu'au grand jour des suffrages, beau
coup d'Electeurs ont écouté des voix qui
les écartaient du devoir, au lieu de ne sui
vre que l'impulsion de leur conscience.
La conscience et la loi leur ordonnent
de ne suivre aucune autre inspiration que
celle de l'intérêt général examiné et com
pris. Or, quand on veut être de bonne foi,
cet intérêt général est toujours compris
facilement, malgré toutes les obsessions et
toutes les déclamations qui cherchent le
faire perdre de vue.
Le libéralisme a expulsé des conseils de
la commune tous ceux dont il redoutait
les sympathies pour les idées modérées, et
l'énergie pour les faire prévaloir. Il n'a
laissé que ceux dont il connaissait l'exclu
sivisme ou la faiblesse. C'est la ligne que
suit de nouveau le club de Y Aigle d'Or. Les
hommes d'ordre, au contraire réclament
une adjonction de capacités, de forces neu
ves, la veille de dangers qui peuvent
venir du dehors. Ces forces nouvelles, ils
les prennent parmi les hommes d'étude, et
parmi les hommes de travail un magistrat
et un fabricant, M. Sartel et M. Vanden-
driessche. De quel côté est l'intérêt public?
Que vaut-il mieux: d'écarter deux citoyens
intelligents et raisonnables ou de se mettre
en quatre pour conserver tel véritable
énergumène?
Le Progrès propose M. Merghelynck,
nous le concevons. Quand un homme est
arrivé assez loin, il peut ne tenir qu'à
lui-même, se proposer lui-même, et siffler
tout le reste, fût-ce les électeurs de tout
un arrondissement, fût-ce le Sénat,-fut-ce
la Constitution. Ces phénomènes se rencon
trent. Le Club-Carton soutient M. Merghe
lynck, rien de plus juste: les droits de la
paternité sont pour quelque chose, surtout
dans une clique triumvirale. Mais l'intérêt
public parlera-t-il le même langage au sens
intime de l'électeur?
Qui dira oui? Uniquement celui qui par
une fausse illusion croit qu'une indépen
dance absolue le subjugue, celui là ment
sa conviction. Ou celui que des pré
jugés aveugles abrutissent, et ces hommes
sont en très petit nombre.
La masse générale doit reconnaître
que le système actuel n'est ni rationnel ni
juste, que par conséquent sa continuation
n'est pas désirer. Dès lors, il faut se per
suader que toutes les voix se reporteront
sur MM. Sartel et Vandendriessche, en qui
principalement luit l'espoir d'un avenir
meilleur, d'une répartition équitable des
avantages communaux et des charges;
d'une admission impartiale de tous aux
droits et aux bénéfices de la qualité de ci;
toyen; d'une économie sevère dans les dé
penses, et de l'examen sérieux des griefs
de chacun. Que personne en votant pour
l'exclusivisme extravant du Progrès ne res
serre la corde au cou de la ville qui l'a vu
uaitre ou qu'il a choisie pour y passer sa
carrière. Dans les affaires de la grande
famille, les finances, n'est-ce pas la bour
se? la liberté, n'est-ce pas la vie?
A peine la candidature de MM. Sartel et
Vandendriessche fut-elle connue en ville,
que partout elle fut accueillie par des mar
ques non équivoques de sympathie et de
faveur. Celte première impression se dé
veloppe de plus en plus. Juge au tribunal
de première instance, par sa franchise, son
libéralisme réel, son affabilité de caractère,
M. Sartel s'est acquis une place large dans
l'estime et dans la considération de ses con
citoyens, quelqu'opinion politique qu'ils
s'attachent. Aussi est-on unanime dire
que M. Merghelynck doit se trouver dans
ses petits souliers, en face du concurrent
qu'on lui oppose.
Nous pouvons dire autant de M. Van
dendriessche, fabricant distingué, qui uti
lise sa fortune procurer du pain de
nombreuses familles; quel est l'électeur
qui pourrait lui refuser son suffrage; quel
est le commerçant, l'industriel, le détail
lant qui voudrait lui préférer un rentier
clubiste?
Le Journal de M. Carton-Merghelynck
seul peut trouver redire sur ces candi
datures; mais où va-t-il chercher les per
sonnes qui voudront l'appuyer dans ses
raisonnements? M. Merghelynck quoiqu'on
dise, est usé, comme le club lui-même; et
ses ressources sont aussi usées que lui,
puisque l'honorable conseiller, pour dé
fendre son libéralisme, a cru devoir rç;,
courir siffler l'élu de929 de ses adversaires.
Nous sommes donc persuadés que la no
mination de MM. Sartel et Vandendriessche,
ralliera une majorité compacte et vigou
reuse, et que l'opposition son tour pourra
se servir du sifflet pour accueillir le glo
rieux échec du rédacteur de la feuille Car
tonnée, Ernest Merghelynck, et de sa
séquelle.
Brctatoit î>u 3urj>
POUR L'EXPOSITION UNIVERSELLE
Nous avons appris par voie directe que
l'ancienne réputation de nos belles et ri
ches dentelless'est parfaitement maintenue
la grande Exposition universelle de Lon
dres et que les belles lAarchandises travail
lées artistiquement par les bonnes ouvriè
res de nôtre ville, peuvent rivaliser avec
les plus belles productions de l'univers.
C'est Monsieur Duliayon-Brun fautdont
la réputation est connue depuis longtemps
par les nombreuses récompenses qu'il a
déjà reçues, c'est Monsieur Soenen Flori-
mond, qui a exposé pour la première fois,
que nous devons l'honneur qui revient la
ville d'Ypres. Ces deux fabricants ont ob
tenus chacun une médaillé en argent.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX. DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. -Un n° 25 c
Le Propagateur païaît le A A 11 EDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.)
UK I.ONUKE3.
Monsieur le Rédacteur du Propagateur
Spectateur passif de nos luttes politiques, j'ai
suivi avec une avide curiosité les développements
des pensées des journalistes de la villesur les
hommes et les choses actuels. Cependant, quoi
que étranger vos différends regrettables, l'expé
rience des excès commis par un parti qui, pour le
malheur commun, a laissé de nombreux rejetons,
m'a fait réprouver constamment la qualification
abusive de libéral dont beaucoup de gens se pâ
ment l'aise sans que, pour ce motif, je me sois
incliné toutefois devant le soi-disant catholicisme
politique.