9
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3555.
35me année.
Il n'est pas rare de rencontrer des hom
mes, qui par principe ou par calcul, se
montrent toujours prêts, reculer devant
la violence et les passions subversives de
l'ordre social. Sans réfléchir si ce recul
déplorable ne prêtera pas une énergie plus
forte, une audace plus grande aux ten
dances révolutionnaires; ils s'imaginent
force de concessions les satisfaire enfin et
les mener bien. C'est ainsi que la grande
révolution française descendit ce dégré
de turpitudes et de crimes qui en feront
jamais un objet de dégoût et d'horreur;
c'est ainsi que la France contemporaine
nous offre le spectacle d'une longue série
de révolutions, passant de la monarchie
de droit divin la monarchie constitu
tionnelle, de celle dernière la république,
et, peu s'en est fallu, de la république au
socialisme. Qu'on le sache bien ce n'est
jamais en vain que l'on pactise avec les
passions révolutionnaires. Comme elles ne
connaissent pas de frein; il est aussi ridi
cule que funeste de prétendre se les con
cilier par des actes de faiblesse.
Et maintenant qu'est-il besoin de rap
peler nos lecteurs que ces passions révo
lutionnaires et subversives se sont depuis
longtemps cachées sous le masque du li
béralisme? C'est en effet elles que par
tout, en France, en Allemagne, en Suisse,
en Italie, en Hongrie, en Espagne, etc., etc.
nos soi-disant libéraux ont voué leurs ar
dentes sympathies; ce sont elles que le
pseudo-libéralisme a nourries, en mécon
naissant tout autre principe que des prin
cipes négatifs et dissolvants; leurs victoires,
il les envisage comme siennes; leurs dé
faites lui arrachent des gémissements et
des cris de rage. En un mot, la parenté
entre le libéralisme et la révolution est
trop étroite et trop évidente pour qu'on
puisse la révoquer en doute. Aussi, n'est-
ce pas sans un profond sentiment d'effroi
que nous voyons le pseudo-libéralisme au
timon des affaires du pays. Car nous avons
l'intime conviction que, s'il parvient jamais
dominer les intelligences, que si jamais
sa puissance, fondée sur un mal-entendu
dont le corps électoral a été victime, de
vient l'expression véritable de l'opinion
publique, le règne du socialisme est bien
proche; puisque le socialisme n'est que la
conséquence logique et immanquable du
libéralisme. Il est donc urgent au dernier
point que la nation se reveille de sa tor
peur et rompe totalement avec les fauteurs
de doctrines funestes. Une longanimité
trop prolongée en leur inspirant plus d'au
dace et en laissant leur pouvoir le temps
de se consolider, rendrait pour toujours
le mal irréparable.
Déjà, la veille des élections du 27 sep
tembre dernier, n'a-t-on pas entendu les
principaux organes du libéralisme clubisle
menacer le pays d'une révolution en cas
que les électeurs condamnassent la poli
tique ministérielle? Et un journal de cette
ville, après sa défaite ne s'écriait-il pas
qu'il fallait réviser la constitution? Si donc
aujourd'hui déjà nos meneurs ont acquis
une audace aussi démagogique, que la
moindre contradiction les ferait volontiers
recourir une prise d'armes révolution
naire; il n'est guère possible de déterminer
jusqu'à quel point ils pousseraient leurs
prétentions, si jamais leur domination ve
nait encore se consolider.
Les intrigues libérales s'agilent non-seu
lement en ville, mais aussi dans la ban
lieue. M. Carton a appelé les fermiers de
S' Jacques extra-muros sa campagne,
leur a servi une collation e| leur a dis
tribué des cigarres. En trinquant, il leur
a été promis que si M. Mergpelynck était
réélu, un agent de police serait établi en
parmanence dans le voisinage pour la
garde des propriétés, et que l'on devait
s'attendre beaucoup d'autres faveurs;
mais que par contre M. Canton n'aurait
pas laissé de leur faire ressOTtir son dépit,
si la banlieue osait voter contrairement
son attente. Chacun appréciera d'après ces
manœuvres combien il importe chacun
de mettre l'intérêt public au-dessus de
toute considération, et de ne prendre que
sa sonscience pour guide dans le choix
important qu'il est appelé faire.
Le Progrès trouvera-t-il bon de nous
apprendre par quel hasard la place d'ar
chiviste de notre ville est, aujourd'hui en
core, occupée par un étranger, qui comblé
de faveurs durant les quelques années qu'il
a vécu dans nos murs, est depuis un cer
tain laps de temps, établi Bruges? Serait-
ce peut-être un parti pris chez des meneurs
bien connus de ne tenir jamais compte que
de leur bon plaisir dans la distribution des
postes plus ou moins lucratifs dont ils dis
posent?
LOGIQUE DU PROGRÈS.
Le Progrès s'étonne de ce que tout en
blâmant divers actes posés par l'adminis
tration communale, nous adoptions cepen
dant la candidature de plusieurs d'entre
les conseillers sortants. Qu'est-ce dire?
Le confrère oublie-t-il, ou eherche-t-il
faire oublier, que du premier jour, en pré
sentant la liste de nos candidats, nous nous
basâmes surtout sur ce principe, qu'il était
juste que les grandes opinions qui se par
tagent l'esprit public, aussi bien que les
intérêts particuliers de toutes les classes
de citoyens, se vissent représentés l'hôtel-
de-ville Dès lors quoi de plus naturel que
d'adjoindre nos propres candidats des
hommes dont nous ne pouvons partager
les opinions politiques?
VÉRITÉ ET JC8TICE.
Ou s'aLouue Ypres, rue de Lille1 o,près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABO.VVKHF.NT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° 2S c.
I.e Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. Insertions 13 centimes la ligne.)
TP3.ES, 25 Octobre.
FAVORITISME.
nT-OS^ÇK-n
Convocation des électeurs de Tarrondissement
de Mons, pour la nomination d'un sénateur.
Par suite de la nomination de M. de Thuia
comme chevalier de l'ordre de Le'opold les élec
teurs de l'arrondissement de Mons sont convoqués
pour le 5 novembre prochain, a 10 heures du
matin, a l'effet d'élire un sénateur.
La prochaine session législative sera ouverte
par le Roi en personne. Des lettres closes qui an
noncent la séance royale, viennent d'être expédiées
aux membres des deux Chambres.
Samedi, vers minuit, trois voleurs se sont
introduits dans la maison de M. Praet, située fossé
Sainte-Elisabeth, Gand, au moment où ils s'em
paraient d'une certaine quantité d'argent et de
quelques bijoux, ils furent entendus par le do
mestique qui donna l'alarme. Les malfaiteurs ont
pris la fuite, abandonnant leur butin, sauf quelques
pièces d'argent et trois bagues. La police a ouvert
une enquête.
Les bureaux des douanes d'Espain (province
de Hainaut) et de Mouscron (province de la Flandre
occidentale), sont ouverts l'exportation des écor-
ces tan moulues et non moulues, moyennant le
droit de 6. p. c. de la valeur.
Par disposilions ministérielles du dépar
tement de la guerre, le major C-J.-F. De Meurs,
du i" régiment de cuirassiers,officier d'ordonnance
du Roi, est désigné pour le i" régiment de chas
seurs cheval.
11 est autorisé a porter l'uniforme des cuirassiers.
Le major R.-G. Boeking, du i" régiment de
ligne, est désigné pour le 10" régiment de ligne.
Le sieur A.-A.-A. Colson, directeur de la bou
langerie de Gand est désigne pour diriger la ma
nutention de Liège.
Le 2 i de ce mois, dans l'après midi, une
femme rencontra dans la rue de Gand 'a Tournai,
un charmant petit garçon, proprement vêtu, aux
cheveux bouclés, âgé d'environ six ans. Comme il
paraissait chercher son chemin, cette personne lui
adressa la parole; il ne put que répondre: Lille,
mon oncle, ce qu'il répéta plusieurs fois. Lui trou
vant un acceut flamand, elle le conduisit dans un
magasin d'épiceries où l'on parle cette langue, et
là, en effet, il se mit raconter une petile odyssée.
Le matin, après déjeûner, au lieu d'aller en
classe, il était parti de Menin où il demeure avec
une tante, et cela pour venir Lille réclamer d'un
oncle des jouets que celui-ci lui avait promis; et
comme on s'élonnait qu'un si jeune enfant eût su
trouver son chemin, il répondait que quand il était
embarrassé, il demandait Lille et on lui répondait
C'est par là.
Bref, il avait fait six lieues dans la journée, et
D'avait rien pris depuis son déjeûner.
Ou le fit niaDger; puis, songeant aux inquié-