cation grave et religieuse fil germer en elle des
principes sévères auxquels elle resta fidèle, et qui
semblaient devoir la préparer aux terribles coups
que le destin lui réservait. Elle n'avait pas treize
ans lorsque la journée jamais néfaste du 10 août
1792 brisa le trône de son père, et que la famille
entière échangea les pompes de Versailles contre
la prison du Temple. Ses parents n'en sortirent que
pour monter l'échafaud, et l'infortunée prin
cesse, jeune encore, mais l'âge où on peut com
prendre et sentir son malheur, eut pleurer suc
cessivement son père, sa tnère, sa tante Elisabeth
et son frère qu'une cruauté raffinée faisait périr
misérablement près d'elle.
Enfin l'Autriche se souvient de la petite fille de
Marie-Thérèse elle négocia en sa faveur et le 26
décembre 1795 fut effectuée Ruhen, près de Baie,
l'échange de la fille de Louis XVI contre les con
ventions Camus, Lamarque, Quinette et Bancal, et
contre Beurnonville ancien ministre de la guerre,
que Dutnourier avait anciennement livrés Clair-
fait.
On trouva écrits sur un ntur de la prison de la
princesse ces mots m O mon Dieu, pardonnez a
ceux qui ont fait mourir mes parents! Arrivée
Vienne, elle y resta plus de trois ans, vivant des
revenus d'un legs que la duchesse de Saxe Teschen,
sa tante, lui avait fait. L'empereur la destinait,
dit-on l'un des archiducs d'Autriche, mais h
condition qu'elle lui apportât comme dot des droits
a l'Alsace et la Lorraiue qu'on voulait démembrer
de la France. Ce mariage n'eût pas lieu Louis
XVIII, qu'une noble fierté n'abandonnait pas dans
l'infortune, sentait qu'il n'était pas de sa dignité
de mendier pour la fille des rois une alliance
royale il proposa h Madame d'épouser son cousin
le duc d'Angoulême et celte union qu'elle con
tracta sans amour, mais sans répugnance, fut cé
lébrée a Milan le 10 juin 1799.
Elle suivit Louis XVIII Varsovie en 1801,
puis en Angleterre en 1806. Rentrée en France h
la première restauration (i8i4), elle la quitta de
nouveau durant les ceut jours, puis une troisième
et dernière fois la suite de la révolution de juillet
i83o. Elle se rendit alors en Angleterre avec les
membres de la branche aînée de la famille de
Bourbons a Prague, et depuis lors elle n'a plus
quitté les possessions autrichiennes. Dans ce der
nier exil où elle est devenue veuve depuis i844,
elle s'est vouée a l'éducation du comte de Cham-
bord et de sa sœur.
actes du gouvernement.
Un arrêté royal du 23 octobre approuve la dé
libération du conseil communal de Westvleleren,
tendant a obtenir l'autorisation t° D'emprunter,
l'intérêt annuel de 4 5 p. c., une somme de
22,5oo fr., remboursable en 25 années et des
tinée couvrir sa part contributive dans les frais
de construction de la route de Poperinghe par
Westvleleren; 20 de constituer hypothèque, pour
la garantie du prêteur.
I 1 I
FRANCE. Paris, 25 octobre.
Ce n'est qu'à partir d'aujourd'hui qu'il y a lieu
des services fuuèbres dans diverses églises de Paris,
la mémoire de Mm° la duchesse d'Angoulême.
Hier une messe avait été dite seulement dans la
chapelle de l'hôtel de M. de Pastoret, situé sur la
Place de la Concorde. Une messe en noir sera dite,
en outre, tous les jours, jusqu'au 5o décembre dans
la chapelle du monument expiatoire de Louis XVI,
rue d'Anjou St-Honoré. On se rappelle que cette
chapelle avait été fondée par Mmo la comtesse de
Marne qui, au temps de sa grandeur, allait y prier
souvent.
Le Mémorial des Pyrénées publie ce qui
suit sur M. de Crouseilhes, Ministre de l'instruc
tion publique et représentant des Basses Pyrénées:
On arsnre que dans le conseil des ministres
tenu Saint-Cloud, le i4 octobre, et qui s'est
terminé par la démission collective du cabinet,
c'est M. de Crouseilhes qui a combattu avec le
plus d'énergie la résolution du Piésident. La force
de ses raisonnements avait même, dit-on, ébranlé
le prince Louis-Napoléon, et M. le Ministre de
l'instruction publique put espérer un instant de
conjurer une crise politique dont on redoute au
jourd'hui les conséquences. D'autres conseils l'ont
emporté; mais ce dernier acte politique du minis
tère de M. de Crousheilles n'en honore pas tnoius
son caractère et son patriotisme.
Les sourdes rumeurs propos d'incendies et
d'incendiaires ne cessent pas de circuler dans l'ar
rondissement d'Avesnes.
M"" Vaille, veuve d'un cultivateur, et qui pos
sède Poix une très-belle ferme, a reçu avant hier,
par le facteur rural d'Eriglefoutaine, une lettre
anonyme contenant des menaces de mort et d'in
cendie non-seuleuient contre elle et sa famille
mais contre tous les gens aisés du pays.
L'écriture de cette lettre u'est pas déguisée, et
le style, quoique singulier, est celui d'un homme
possédant quelque instruction. En voici, du reste,
la teneur:
Tu as une ferme immense, des meules 'a la
campagne. Tout cela sera dans peu le théâtre d'un
incendie. Oui, et si cela ne suffit pas 'a mon impi
toyable vengeance, tes fils, tes filles sont là, je les
égorgerai tous sans t'oublier.Crains-moi.
Je te salue,
Le même qui a incendié Gommegnies, etc.
En marge sont écrits ces mots: Malheur aussi
plusieurs d'Englefontaine.
Les personnes de la commune les plus experts
en écriture ont cherché inutilement découvrir
l'auteur de celte pièce menaçante. La ferme de Mm°
Vaille est solidement bâtie en briques; elle est
couverte en ardoises et les abords en sont défendus
par des fossés, aussi les habitants craignent-ils mé
diocrement les entreprises des malfaiteurs.
Conservaid'Avesnes.)
Un brave curé du Calvados revenait d'un
village où il avait prêché.Chemin faisant il est
arrêté par des voleurs qui, le pistolet sous la gorge,
le forcent donner sou argent, consistaut en quel
ques pièces de monnaie, puissa redingote et jusqu'à
son gilet.
Se voyant presque nu, il prie les voleurs de lui
donner au moins en échange une vieille veste que
portait l'un d'eux. Ces braves gens y consentent
et s'éloignent.
Quelques minutes après, le curé les entend re
venir sur leurs pas; il a peur, se cache dans une
haie, et les voleurs le dépassent sans l'apercevoir.
Rentré chez lui, il trouve dans une poche de sa
veste cinq pièces d'or qui valent deux ou trois fois
ce qu'on lui avait volé.
Le vénérable pasteur eut un moment la pensée
de faire afficher qu'il tenait les cent francs la
disposition des susdits mais réfléchissant qu'on ne
viendrait pas, et pour cause, les réclamer, il les a
versés tout bonnement dans le tronc des pauvres
de son presbytère.
La Vigie de Dieppe du 18 publie les détails
suivants relatifs au double meurtre commis sur
les époux Dufelel, cultivateurs la ferme des
Hazettes, près Saint-Pierre-en-Val
Le matin, le domestique chargé du soin des
chevaux, se disposait demander ses maîtres les
clefs des granges, il était alors cinq heures et demie
du matin le batteur de la grange de la ferme ve
nait d'arriver, lorsqu'il s'aperçut que tout était
encore fermé. Mais ces deux serviteurs ne tardè
rent pas s'apercevoir que le pavé était taché de
sang.
Ne pouvant plus douter du malheur qu'ils
semblaient pressentir, ils s'empressent d'avertir
l'autorité qui se rend en toute hâte sur le lieu du
crime.
L'on ouvre la porte, le doute n'est plus pos
sible l'on voit les époux Dufetel assassinés dans
leur lit.
M. le curé de Saint-Pierre-en-Val, arrivé
aussitôt pour prodiguer aux victimes les secours
de son ministère, n'a plus qu'à gémir sur le triste
sort de ces deux malheureux.
Les auteurs du crime se sont introduits par le
jardin, dont ils ont escaladé les murs, forcé une
baire de fer qu'ils ont brisée et ont pénétré dans
les appartements par une croisée, de là ils se sont
rendus dans la chambre des époux Dufetel et se
sont servis pour la perpétration du crime d'une
partie de la barre de fer qu'ils avaient brisée et
d'un grand couteau pressoir que M. Dufetel
avait soin de garder près de son lit pour lui servir
d'arme défensive.
Ces deux insruments ont été retrouvés cou
verts de sang.
L'assassinat a été suivi de vol, les armoires
ont été forcées; mais la Providence n'a pas voulu
qu'un semblable crime restât impuni.
Un couteau est retrouvé et recounu par deux
personnes comme ayant appartenu un domestique
de la ferme, chassé depuis quinze jours. Cet hom
me a été arrêté et a recounu son couteau il a fini
même par désigner son complice qui serait le can
tonnier de la commune de Saint-Pierre-en-Val,
On a procédé immédiatement son arrestation,
ainsi qu'à celle d'un jeune homme de 21 ans dont
les rapports avec le domestique étaient très-con
nus.
Tremblement de terre du 22 octobre.
On nous écrit de Gan (Basses-Pyrénées) Nous
avons été reveillé ce matin, 5 heures, par un fort
tremblement de terre; les secousses n'ont duré
que quelques secondes mais elles ont été très
violentes. Le temps était chaud et calme. Ce matin,
le soleil est ardent comme en été. On remarque que
la neige qui couvrait la cime des montagues a pres-
qu'entièrement disparu.
On nous écrit de Rontignon La première se
cousse a eu lieu 5 heures moins 10 minutes. Elle
a été suivie de trois autres dans l'espace de deux
secondes. Leur direction, qu'il a été facile de saisir
dès la seconde, était l'E.-S.-E. l'O.-N.-O. Elles
ont été assez fortes, notamment la troisième, pour
inspirer des craintes sérieuses. Des armoires se sont
ouvertes, toute la vaisselle et les cristaux se sont
fait entendre. Le thermomètre, qui reste exposé
au Nord, dehors, marquait 12" centigrades. L'at
mosphère était parfaitement claire, et Je souffle du
vent, car il n'y en avait qu'un, venait de l'E.-S.-E.
Le baromètre n'a pas fléchi. A 6 heures, il y a eu
un léger frémissement bien accusé. Toutes les
personnes que j'ai vues sont sous l'impression in
définissable qu'elles en ont ressentie. Deux se
cousses de plus, il y aurait eu infailliblement de
sérieux dommages partout.
PAHIS, *1 octobre.
Le télégraphe a transmis hier soir la nouvelle
de la constitution du ministère français. Voici la
liste des nouveaux ministres
MM. Corbin, procureur-général, justice;
Le comte Turgot, affaires étrangères;
Charles Giraud, instruction publique;
De Thorigny, avocat-général, intérieur;
De Casabianca, commerce
Lacrosse, travaux publics;
Le général S'-Arnaud, guerre;
Hippolyte Fortoul, marine;
Blondel, finances
De Maupas, préfet de police.
Ou le voit, il y a sur cette liste deux ou trois
noms connus. Mais si on connaît quelques noms,
on ne connaît guères les personnes. Ce ministère
énigmalique, composé de gens qui ont l'air d'avoir
été choisis uniquement pour garder les places, s'ap
pelle, en France, le ministère des chapeaux.
Aucun nom parlementaire ne figure dans cette
combinaison, pas même le nom de M. Ducos. Si les
nouveaux ministres représentent quelque chose, il
est juste de reconnaître qu'ils représentent les
opinions de la droite. Mais il est encore plus vrai
de dire qu'ils sont destinés représenter l'opinion
du président dé la république; et malheureusement
le président de la république ne sait guère aujour
d'hui s'il penchera gauche où s'il penchera
droite.