JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3559 35mc année 7PFSS, 8 Novembre. La déplorable opiniâtreté avec laquelle le ministère libéral défend son système de libre échange, en matière de produits agri coles, a fait voir aux moins clairvoyants, que MM. Frère et Rogier ne portent qu'un intérêt médiocre aux populations de la campagne. Le dédain, disons plutôt le pro fond mépris, qu'affichent journellement les organes ministériels pour celle partie de nos compatriotes, achèveront de dépein dre nos hommes d'Etat aux yeux de l'Eu rope entière. Pour les journaux du ministère, de celte politique qui, il y a trois ans, jurait sur l'honneur de relever l'industrie agricole, les campagnards, ces hommes, auxquels l'administration d'aujourd'hui est redeva ble de son avènement, de sa puissance, de sa gloire, puisque ce fut en insurgant les campagnes contre la dîme et le clérical que M. Rogier obtint son portefeuille, les campagnards, comment sont-ils traités par nos réformateurs politiques? Les campagnards! lisez les journaux vendus M. Frère; écoutez les misérables discours des tribuns de la politique libé- ralisle; ce sont tout au plus de profonds imbéciles, de citoyens incapables d'accom plir avec discernement leurs devoirs civi ques, en un mot, des esprits grossiers et stupides que la Constitution aurait dû éloi gner de l'urne électorale et dépouiller de tout droit, hormis de celui de payer les contributions et de conduire la charrue. Et pourquoi cette colère, ce grincement des dents des journaux clubistes contre les habitants de la campagne? Pourquoi ces acrimonieuses harangues des sectaires du gouvernement actuel contre la liberté de voter dont jouissent les laboureurs comme les contribuables des villes. Pour quoi, En voici le motif et le secret. Fortement attaché aux principes reli gieuses qui font le ciment de notre exis tence politique; pénétré de la nécessité d'inculquer aux générations naissantes le sentiment de leurs devoirs tant comme Belges que comme enfants de l'Eglise ca tholique Romaine, l'électeur rural, par la voie du pétitionnement, par le choix de ses mandataires, protesta contre les doc trines subversives de ceux qui entendent établir l'éducation sur une base purement scientifique, en dehors de toute influence religieuse et morale, garanties réclamées par la grande majorité des familles. Guidé par son bon sens, il protesta contre ceux qui, abrutis et étourdis par les clameurs des journaux 1 ibéralistes, prétendent con fisquer la liberté de la bienfaisance, et pré parent notre patrie, par leurs tendances révolutionnaires et tyranniques, des jours de deuil et d'affliction. En un mot, pourquoi les meneurs des clubs traitent-ils de parias les braves cam pagnards belges? C'est que les clubistes poursuivant la religion catholique, deve nue insupportable la licence et la haine des citadins, trouvent dans les charrues un puissant obstacle leurs projets de démolition impie; c'est que les passions turbulentes qu'attisent les villes, ces pré tendus foyers du libéralisme et de lu mière, ne peuvent jusqu'à ce jour percer l'intelligence saine et droite des hommes des champs; c'est qu'un pouvoir anti-na tional, dominé par les sociétés secrètes, a vu condamner, par une majorité surgie en grande partie de la campagne, le plus im moral, le plus injuste, le pluA monstrueux des impôts, la loi sur les successions en ligne directe; franchement, c'est que les sots des villes, ces esprits superficiels qui n'ont de connaissance et d'idées que celles qu'ils puisent dans d'ignobles journaux, n'ont pu jusqu'à cette heure bercer le paysan de leurs songes creux, de leurs rêves trompeurs et de leurs sottises. Ahles apôtres du soi-disant libéralisme ont beau jeter l'insulte la jtête des élec- teurs des campagnes; ils oui beau traiter l'agriculture d'être laillable ît corvéable merci pour qu'elle se prostferfm devant la politique nouvelle; ils ont beau faire un crime au cultivateur de respecter la reli gion, de croire en Dieu, de vénérer ses ministres, l'homme des champs mieux que l'esprit fort de la ville, comprendra ses devoirs envers Dieu et envers la patrie, et ces devoirs il saura les remplir malgré la rage et la pression de la foule égarée des villes. Oui nous y avons foi, l'ange tutélaire qui pendant vingt-un ans étend son bras protecteur sur notre patrie, veillera ce que nous ne tombions au plein pouvoir de ceux qui paraissent nous envier notre gloire, notre religion et nos libertés; les campagnes alors même qu'on les exploite, resteront libres et religieuses; et les villes perverties et tenues en servage par les adorateurs de ce libéralisme qui a fait trembler toute l'Europe, tôt ou tard profi teront de l'exemple del'homme des champs qu'ils n'estiment aujourd'hui qu'autant qu'il sert de marche-pied leurs déplora bles projets de réformes. S'il arrivait que nos prévisions ne fussent point réalisées, une triste expérience vien dra dans un avenir peut-être prochain, témoigner de la valeur réelle du soi-disant libéralisme. Nous empruntons au Phare, le chiffre auquel monte le traitement que touche la famille Rogier, du gouvernement belge. On y verra clairement que ce n'est pas tout fait par patriotisme et désintéresse ment que le chef de la politique nouvelle s'accroche son portefeuille. Traitement de M. Rogier, comme ministrefr. 21,000 Plus pour frais de représen tation, logement, feu, lumière, ameublement, linge, vaiselle et fournitures50,000 Ensemble fr. 71,000 En outre son frère, Paris, touche du trésor belge fr. 30,000 Son beau-frère, id. 6,000 Ensemble eux trois, fr. 107,000 L'article 6 de la Constitution dit que les Belges ont seuls le droit d'occuper les em plois en Belgique. Or, d'après les calculs de l'honorable M. Dumortier nous avons audelà de 3,000 étrangers qui occupent dans le pays des places réservées aux Bel ges. Par qui sont rédigés les journaux qui chaque jour font le panégirique d'un pareil système et qui jettent de la boue la face des Belges? Par des étrangers qui reçoi vent des subsides de 30 40,000 fr. etc. Voilà donc où passent les emprunts, les crédits et les subsides que votent si légère ment les chambres. (Phare.) Dans son message, le Président de la République cherche inspirer une terreur exagérée du socialisme. Par ce moyen, il essaie d'atténuer auprès de la majorité de la chambre législative l'impression de dé fiance qu'occasionne sa proposition du re trait de la loi restrictive du suffrage uni versel. M. Bonaparte est convaincu que son nom, ou plutôt le nom de son oncle, a conservé le plus de sympathies dans les masses populaires. 11 espère qu'au temps précédent immédiatement les élections pour la présidence, il se manifesterait un mouvement si prononcé en sa faveur dans Jes classes laborieuses, que l'assemblée lé gislative se laisserait entraîner une révi sion permettant la réélection du président. C'est ce point de vue que M. Bonaparte croit avoir besoin du suffrage universel dans toute son étendue, tout en se mon trant l'adversaire décidé des montagnards. Le déclin de la candidature du prince de Joinville augmente ses espérance^ mais l'attitude prise dès sa rentrée, par-l'assem blée, doit les déconcerter grandement. SÉANCE ROYALE DISCOURS DU ROI. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PttIX DE L'ABONNE MENTpar trimestre, Ypretf fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c. Le Propagateur paraît le iAMEUI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.) d'ouverture de la session législative 1851-1852. Messieurs, Eu me retrouvant, après deux années, au milieu de vous, je me plais consister de nouveau la situation prospère et tranquille du pays. Cette situation, qui atteste h la fois la solidité de ses institutions et l'excellent esprit de ses habitants, recommande la Belgique l'estime des antres na tions. Nos rapports avec les Puissances étrangères

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1