tenl et nous feraient déposer la plume, si
un intérêt autre que celui d'un parti nous
l'avait fait prendre. Oui, propagateurs des
principes essentiellement solides de la so
ciété nous ne quitterons pas le poste, bien
que des revers partiels aient suivi nos ef
forts. Semblables au bon soldat qui sait
redoubler son courage mesure de l'au
dace de l'ennemi, nous nous relèverons
vaillamment de l'échec que les élections
communales nous ont ménagé, et d'une
voix de plus en plus forte nous appelle
rons l'attention du public sur les tendances
révolutionnaires de nos adversaires. Ainsi
nous accomplirons conscienscieusement
notre tache de journalistes. Et si, un jour,
ce qu'à Dieu ne plaise, un orage se dé-
cbaine sur notre patrie, ceux qui semè
rent le vent reviendra la responsabilité des
ravages de la tempête; nous appartiendra
la tranquillité qui seule donne le sentiment
du vrai devoir.
Les premières allures du Sénat sont
tout-à-fait dignes de cette noble assemblée.
Une majorité puissante a nommé prési
dent, M. Dumon-Dumortier, cet adversaire
courageux de la loi des larmes. Les deux
vice-présidents sont pris également dans
les rangs de partie indépendante de la
Chambre haute. Tout ceci doit ranimer la
confiance de ces nombreux pères et mères
de familles, de ces innombrables cultiva
teurs et artisans qui l'impôt odieux de
M. Frère menaçait de prélever 1 pour cent
sur leur modeste héritage.
I^s paroles prononcées par M. Dumon-
Dumortier, après sa nominatiou comme
président, témoignent hautement de la
ferme résolution qu'a prise cet homme
d'Etat de faire repousser autant qu'il est
en lui, la funeste loi, qui, semblable
l'épée de Damoclès, pend depuis si long
temps sur la tête des contribuables. Iodé-
pendant de caractère, M. Dumon a promis
au ministère un concours franc et loyal
et un appui sincère, toutes les fois que Je
cabinet n'entend guère substituer sa vo
lonté la volonté nationale.
La loi sur les successions ayant été ré
pudiée par 28,000 contribuables, lors des
dernières élections, alors que 20,000
peine ont approuvécet impôt dans le chois
de leurs mandataires, il est hors de doute,
que, considérée au point de vue de la sym
pathie publique, cette odieuse mesure fis-
cale ne rencontre de l'accueil que parmi
les esclaves du ministère, et dès lors il est
croire, que, répondant aux vœux et
l'attente publique, le Sénat repoussera celte
loi malencontreuse, comme il l'a fait pré
cédemment la satisfaction unanime des
contribuables.
douleurs, quand elle commença cette lutte de dix
ans avec la maladie Oh je vous l'a» dit, les yeux
de la pauvre femme avaient été bien souvent mouil
lés de pleurs. Mais, depuis cinq ans, plus de cha
grins, plus rien qu'un fils a entourer de soins et
d'amour)
Victor, de son côté, n'avait que sa mère eu
monde. Toutes ses affections étaient la il lui sein-
blait que, sans elle et loin d'elle, il aurait été
comme une jeune plante privée de son .tuteur.
Leurs deux existences n'en formaient plus qu'une,
tant elles étaient liées; le fils aurait langui loin de
sa mère, la mère loin du fils; ils étaient néces
saires l'un l'autre.
Pauvres gens! ils élaien t ainsi, quand la conscrip
tion de 1809 vint atteindre la population de Be
sançon, qu'ils habitaient. Un matin, Victor reçut
un papier qui le fit pâlir, et qu'il cacha soigneuse
ment; car il avait encore l'espoir d'être favorisé
par le sort. Un mois se passa pour lui entre la
crainte et l'espérance, un mois, pendant lequel il
eut une pensée que sa mère ne partagea pas. c'é
tait la première, peut-être. Enfin, le jour fatal
arriva. Malgré tous ses soins, malgré toutes ses
précautions, Victor ne put empêcher que le bruit
du dehors ne parvînt jusqu'à la pauvre femme. Le
Les libéraux entre autres petits défauts nous
offrent celui d'être parfaitement inconséquents
avec eux même.
Cotubien de fois l'organe du parti libéraliste de
notre ville, n'a-t-il brodé le thème de l'incompé
tence du clergé en matière civile?
Le clergé dans l'Église, et l'homme du monde
dans l'arêue politique, n'est-ce pas là le grand
priucipe auquel le Progrès attacha maintes fois
le sort de l'Église et de la société.
Partant de cette doctrine on aurait pu croire
que l'honime du inonde, le journaliste surtout
n'avait aucun droit de s'immiscer dans les affaires
religieuses et ecclésiatiques.
Point du tout, en prétendant que le clergé
s'abstienne d'exercer ses devoirs civiques, et de
jouir de ses libertés tout comme un autre citoyen,
les libéraux entendent qu'il est parfaitement de la
compétence des laïques de juger les questions, et
les droits de l'Église leur manière.
Un homme, un citoyen de cette ville, qui dans
bon nombre d'années n'a point accompli ses de
voirs comme chrétien, meurt subitement; le clergé
lui refuse la sépulture religiense et voilà que les
braves libéraux se redressent contre cette mesure,
et crient a la cruauté, l'intolérance, et a l'in
justice.
Soyez de bonne foi, messieurs du Progrès car
vous ne croyez pas vous tnème votre dire.
Qui veut la fin veut les moyens;qui néglige les
moyens montre évidemment qu'il ne se soucie
guère de la fin.
Or peqt-on réclamer la sépulture religieuse en
faveur d'un chrétien oublieux de ses devoirs de
religion pendant des années et des années consé
cutives
Évidemment; il n'est que les gens du Progrès,
qui voudraient faire accroire une inconséquence dç
cette sorte. Le public sage ne saurait y prêter l'o
reille.
Pour ce qui les concerne, nous dirons aux|pâtrou9
du Progrès qui, probablemeutnesont pasen avance
eux-mêmes,que, s'ils font si grand cas de la sépul
ture ecclésiastique ils n'ont qu'a faire en sorte de la
mériter comme le reste des fidèles; ainsi au mo-
mot conscription résonnai son oreille: elle comprit
alors ce que son enfant lui cachait. Égarée, hors
d'elle-même, elle le sera daus ses bras; et maudis
sant celle loi qui prive les mères de leurs fils, elle
ébranla la résolution de Victor, qui se reodit, en
tremblant, au lieu où le sort allait décider de sa vie.
Je ne vous peindrai pas les angoisses de Mm<>
Derville pendant l'heure mortelle qui se passa entrq
le départ et le retour du jeune homme, La malheu
reuse mère eut recours a Dieq, comme nous faisons
toujours dans les grapds dangers; elle le pria de
liii conserver son fils, Mais elle était réservée, sans
doute, de plus rudes épreuves. Sa prière ne fut
pas exaucée. Victor rentra pâle, tremblant, ja figure
contractée.
Eh bien demanda Mm° Derville d'une
vçix éteinte.
Ma bonpe mère... répondit Victor.
Et les larmes arrêtèrent les paroles prêtes a s'é"'
chapper de ses lèvres,
Il se passa un instant pendant lequel ils confon
dirent leurs sanglots; ils avaient compris leur
malheur,
Mou Dieu mou Dieu s'écria la pauvre
femme, en proie a un acçès de douleur insensée;
mon fils mou pauvre enfant Sauvé de la
'"'"n tnuTirinwriifirfwiiir >111 ranyjMmf»i.wgMWrBMiM7TïïtiiiMriw»n 1 ■ffirBfrw ïrraa
ment de la séparation subite de l'âme de son en
veloppe mortelle, ils épargneront aux survivants
le regret de voir euterrer comme des chiens ceux
qui n'ont vécu que comme des brutes.
Monsieur Callens curé Elverdinghe est décédé
avant hier 5 heures du matin il était né a Moor-
seele le 29 janvier 1778, reçut la prêtrise Gand
eu i8i4, fut nommé vicaire Ardoye en i8i5,
curé Proveu en i8a5, et curé Elverdinghe en
i83o. Il fonda dans cette dernière commune une
école aujourd'hui d'une haute utilité pour la classe
pauvre, dont il fut constamment l'appui et l'ami
sincère.
L'Indépendant du Luxembourg annonce que
M. Zoude, qui avait volé précédemment la loi des
successions directes, s'abstiendra par la suite, de
prendre part au vote, vu la répugnance que cet
impôt éveille dans tout le Luxembourg.
fi I 1
S. G. Msr l'évêque de Bruges vient d'adresser
aux professeurs ecclésiastiques et laïques de son
diocèse une importante instruction sur l'enseigne
ment de la religion dans les collèges.
Les habitaots de Thielt et de Roulers com
mencent connaître le chemin de l'émigration. La
semaine dernière, une cinquantaine de cultiva
teurs, qui n'étaient pas tous sans ressource, sont
partis pour St Louis (États-Unis), où les appelaient
les lettres de parents qui ont trouvé dans l'État de
l'Union l'aisance qui leur manquait dans la mère-
patrie.
Samedi matin, au marché de Courtrai, un
incident assez plaisant a égayé les passants.
Un garçon boucher traversait la place portant
sur sa tête un énorme panier plein de divers quar
tiers de viande, et était suivi d'un énorme chien,
tel qu'en ont d'ordinaire les bouchers. Cet animal,
jouant avec un autre chien,alla donner en plein
contre le derrière deà jambes d'un ouvrier qui
passait. Les jarrets de celui-ci plièrent sous le choc,
et il s'assit brusquement sur le pavé.
Bien qu'aucun mal n'en fût résulté pour lui,
l'ouvrier se releva de fort mauvaise humeur,surtout
en remarquant l'hilarité de ceux qui avaient été
témoins de l'accident. Il alla donc tout droit cher
cher querelle au garçon boucher, conducteur du
chieo, qui riait comme les autres, et lui donna une
violente poussée. Autre incident alors. Le panier
que celui-ci avait sur la tête tomba, et toute la
viande qu'il contenait s'étala sur le pavé.
Presque aussitôt, deuj ou trois chiens accourus
mort pour m'être enlevé si cruellement Loi
barbare rien ne peut il donc l'arracher mon fils
Elle se jeta avidement sur le texte de la loi, et
parcourant les cas d'exemption:
«Rien! continua-t-ellerien!... Fils de
veuve?... il ne l'est pas... Malade? il ne l'est
plus... Je l'ai guéri moi-même... Je lui ai rendu
peu peu la force qui lui manquait... Je suis moi-
même l'instrument de mon malheur... Je l'ai fait
assez fort pour aller se faire tuer!... Oh! oui...
il se porte bien maintenant... Mon Dieu! mou
Dieu
La pauvre mère s'abandonna h un désespoir
sans bornes. Victor en fut effrayé.
Espérons encore, lui dit-il;le départ
p'çst pas fixé... Peut-être d'ici là...
Non non il n'y a plus d'espoir Ne faut-
il pas de quoi fournir la guerre?... ne faut-il pas
aux ennemis des hommes égorger Oh laisse-
moi pleurer...
Cette journée fut douloureuse, mais elle ne peut
ge comparer encore celle du départ. Une agita
tion fébrile s'était emparée de Mmo Derville dès le
matin de ce jour terrible; elle ne cessait d'em
brasser son fils.
Nous séparer criait-elle, nons sépa-