tombèrent sur cette curée emportant chacun de son
côté un morceau de viande. Cela fit oublier la
première dispute, l'ouvrier perdit sa rancune de
vant la piteuse position du garçon boucher, qui
avait assez faire avec son chien, h préserver sa
marchandise contre les assauts dont elle était l'ob
jet. Pendant cinq minutes (le chien du boucher
donna le spectacle d'une vigoureuse chasse a ses
pareils, qui avaient gagné le large avec leur proie.
Il parvient enfin a ralrapper le tout, mais dans
un état fort peu apprétissant.
On écrit de Mouscroo, que la pleuropneu-
monie règne assez violemment parmi le bétail dans
cette commune et dans celle avoisiuante de Rolle-
ghem. Plusieurs bêtes cornes ont déjà été abat
tues et des mesures sont prises pour empêcher
l'extension de la maladie.
Dans la nuit de samedi dernier, un douanier
a tué son camarade avec lequel il était de garde a
Middelkerke, l'aide d'une arme feu. A l'instant
même, il est allé annoncer son crime au brigadier
et a été conduit en prison a Nieuport.
Le procureur du Roi, le juge d'instruction et le
greffier du tribunal de Furnes se sont rendus le
même jour h Nieuport et ont conduit l'assassin près
du cadavre du douanier Bemet.
Il paraît qu'un dispute aurait eu lieu entre les
deux douaniers et que le crime aurait été commis
taodis que la victime dormait.
Dans la nuit du 5 au 6 de ce moisdes vo
leurs se sont introduits par une des fenêtres dans
l'église de Jabbeke; ils ont enlevé quelques objets
de peu de valeur, et brisé l'armoire des maîtres des
pauvres.
Il règne depuis quelques jours un temps
épouvantable sur notre côte. Un accident causé par
la tempête est arrivé mercredi soir h dix heures et
demie. Le beau navire a vapeur Panther de la
GeneralSlearn Navigation Company en entrant
dans le port, a été chassé par la violence des vagues
sur l'estacade d'ouest et a essuyé quelques avaries
au tambour de la roue de tribord. Les avaries ayant
été réparées le Panther est reparti d'Ostende
pour Londres. Nous n'avons aucun autre malheur
déplorer.
Le gouvernement va faire exécuter d'im
portants travaux au port d'Ostend; 4oo,ooo fr.
seront affectés a des opérations d'approfondisse
ment et a l'établissement d'une écluse de chasse k
la suite desquels les bâtiments d'une fort tonnage
pourront entrer dans le port et en sortir toute
heure.
La ville de Gand vient d'être témoin d'une
rer c'est impossible!... ce serait nous tuer l'un
et l'autre... Tu ne partiras pas, n'est-ce pas, Vic
tor Tu n'auras pas la lâcheté d'abandonner la
mère, qui t'a sauvé de la mort... Tu me dois deux
fois la vie, vois-tu, mon enfant... Oh! reste avec
moi
Je ne m'appartiens plus répondait Victor
en pleurant; et quand le tambour battra... il
faudra que je m'éloigne!...
Jamais! jamais!...
Hélas! a peine disait-elle ces mots, qu'un long
roulement se fit entendre. Le son de l'instrument
guerrier déchira le cœur de la pauvre mère, qui
jeta un cri et s'évanouit. La providence venait k
son secours: sans cet évanouissement la sépara
tion eût été impossible. Victor se précipita sur le
corps immobile de sa mère, il la couvrit de baisers
et de larmes, et ce ne fut qu'avec peine qu'un de
ses nouveaux camarades parvint a l'entraîner hors
de cette maison, où sa jeunesse s'était passée si
douce, près de celle qu'il quittait pour la pre
mière fois.
ii.
Cinq semaines plus tard, un fort détachement
de recrues rejoignait l'armée au delk du Rhin.
nouvelle espèce de vol, qu'on pourrait appeler le
voici la pâmoison. Vendredi, une paysanne entra
dans le magasin de cotons de la dame Lunenschlos,
place des Récollets, n° 12, et y acheta quelques
aunes d'étoffe, qu'elle paya. Déj'a elle s'apprêtait
partir, quand tout coup elle se laissa tomber
sur une chaise, se disant indisposée par suite de la
longue route qu'elle avait faite k jeun, et demanda
un verre d'eau. La marchandemue par la com
passion et pensant que sa cliente souffrait de fai
blesse, alla lui chercher un verre de bière. Qu'on
juge de son étonnement, en reveoant de la cave,
de ne plus trouver la paysanne dans la boutique.
Le mystère s'éclaircit bientôt deux chals-tarlans
avaient disparu avec la fugitive.
Toutes les recherches pour retrouver la voleuse
ont été infructueuses.
Bruxelles. Une très-vive altercation a eu
lieu jeudi au Ca/é-cles-Mille- Colonnes, entre M.
Dumon-Dumortier et M. le baron d'Udekem. Il
paraît que ce dernier avait dit au premier, nous ne
savons par suite de quoi, qu'il De lui avait pas
donné sa voix pour la présidence du Sénat, parce
qu'il n'avait pas trouvé que lors de la discussion
sur la loi des successions, il eût présidé avec im
partialité. M. Dumon-Dumortier a répondu qu'il
s'était passé de la voix de M. d'Udekem et qu'il
méprisait ce qu'il venait de dire. M. d'Udekem a
répliqué qu'il lui rendait mépris pour mépris. On
s'échauffait de part et d'autre, lorsque quelques
membres de la Chambre des Représentants assis
auprès de deux honorables membres, sont iuter-
veuus pour faire cesser ce conflit qui avait causé
quelque émotion parmi les assistants et qui mena
çait de tourner mal. Les choses en sont restées là
heureusement, et nous n'aurions rieu dit de cette
scène, si nous ne savions qu'on cherche k la grossir
par des récits exagérés. [Étoile.)
La démission offerte par le sous-lieutenant
E.-F.-F. CriqujlloD, du \n régiment de ligne,
détaché au 1" régiment de chasseurs k cheval, est
acceptée.
Avant-hier k midi il s'est passé k Anvers,
dans la 5m° section, une scène burlesque dans la
forme, mais très-affligeante au fond, puisqu'elle
nous prouve k quel degré de dépravation l'ab
sence de tout sentiment religieux peut conduire
des adolescents.
Un jeune homme de 17 ans, rentrant le matin
chez lui d'uu lieu où il avait passé la nuit en com
pagnie d'une jeune fille d'une conduite équivoque,
réclama de sa mère ses habits du dimanche; sur le
refus de celle-ci et k la suite de quelques sages
Afin que, dans un poste dangereux, ils fissent plus
promptement l'apprentissage de la guerre, on plaça
les conscrits k l'avant-garde. Victor était du nom
bre. Sa tristesse, que rien ne pouvait dissiper,
l'avait fait remarquer de ses camarades.
Tiens qu'est-ce qu'il a donc, celui-là, avec
sa mine de carême?disait l'un,il a l'air
d'aller k un enterrement.
Eh! non, répondait un autre,tu ne
vois donc pas qu'il regrette le coin de son feu.
Il craint de gober une prune autrichienne,
disait un troisième.
C'est un pqltron il a peur il a peur sor
tait de toutes les boucbes.
A ces plaisanteries, a ces insultes, Victor ne ré
pondait pas, et. son silence venait encore ajouter
k la mauvaise opinion que l'on avait de lui. Lais
sait-il, malgré lui, percer le dégoût quand il se
trouvait forcé de manger k la gamelle, les plaisan
teries renaissaient plus mordantes.
Voyez donc Monsieur le difficile; apportez
des assiettes de porcelaine a Monsieur
Victor, veux-tu du nanan disait un
autre.
Garçon 1 apportez une îetviette k M. Vic
tor
remonstrances sur sa conduite déréglés, l'adoles
cent éclata en invectives et menaça sa mère d'aller
se jeter k l'eau pour mettre fin k ses jours, En effet,
il sortit et se dirigea vers les fossés extérieurs de
la ville, poursuivi par sa mère, qui craignait de lui
voir mettre k exécution ses menaces, et qu'a son
tour suivaient des voisins. Arrivé sur les lieux, ce
jeune écervelé ôta sa blouse et se débarrassa bientôt
tout vêtement.
Mais la vue de l'eau et la fraîcheur de la tem
pérature le firent hésiter el réfléchir. Alors un ro
buste gaillard, que le bruit avait fait accourir sur
les lieux s'enquit de l'affaire, et mit fin k le scène,
par un moyen plus expédilif et plus énergique que
les supplications de sa mère et des personnes qui
essayaient en vaip de faire entendre la voix de la
raison. Il prend le jeune bretteur entre ses bras, et
le plougea rudement dans l'eau, qui en cet endroit
est peu profonde. Complètement dégrisé par ce
bain glacé, le mauvais fils insista pour en être re
tiré et jura d'être plus sage k l'avenir. Ou lui fit
grâce, mais la foule acheva néanmoins la leçon en
l'accompagnant jusque chez lui sans se montrer
trop avare de coups de poings et de pieds. Puisse
cette punition k la lynch profiter k celui qui l'a
subie.
Les délégués des démocrates belges se trou
vent en ce moment k Londres, pour présenter l'a
dresse k Kossuth. M. Gendebieq ne se trouve pas
parmi les délégués, mais il s'y trouve un autre
membre qui a été élu en dernier lieu par une réu
nion d'ouvriers c'est M, Désiré Brismé, imprimeur.
Namur. Il y a quelqut*temps, le nommé
P..., des environs d'Auvelais, se présenta dans une
des premières maisons de notre villç, muni d'un
billet de la valeur de 2,5qq fr., portant la signa
ture d'une riche propriétaire de sou canton; il dit
que le signataire ayant besoin d'argent priait le
négociant d'avancer 2,000 fr, et de tenir le reste
pour commission, s'il le jugeait convenable.
M. C..., crut voir en l'individu un chevalier
d'industrie, et se contenta de dire qu'ayant dû ef
fectuer ses paiement, il regrettait de ne pouvoir
satisfaire au désir d'une de ses pratiques, et qu'il
n'aurait voulu exiger aucun intérêt.
M. C... connaissait le notaire du riche proprié
taire k qui il fit part de l'aventure ce fonctionnaire
parut fort surpris du fait et assura que le billet
portait probablement une fausse signature il mon
tra ensuite plusieurs papiers revêtus de la véritable,
ce qui confirma M. C... dans l'opinion qu'il avait
failli être victime d'une escroc.
Hier matin, le même individu se présenta de
Une fois, poussé k bout par les sarcasmes qu'il
s'était attirés, il ne put se contenir, et fondait eu
larmes; les éclats de rire de ses camarades accueil-
rent ce mouvement de sensibilité enfantine. Pauvre
garçon toutes ses actions tournaient k son désan-
vantage. Accoutumé a la vie douce et uniforme de
l'intérieur, il se trouva gauche et emprunté devant
ces milles riens qui composent le service d'un sol
dat. Fallait-il nettoyer son fusil Victor ne savait
comment s'y prendre... Un bouton venait il k man
quer a ses vêtements? il paraissait embarrassé pour
le recoudre. S'il y avait un fardeau a porter, il
pliait sous le poids, et se voyait contraint d'y re
noncer.
Quel changement pour lui, que sa mère avait
habitué k ce que rien ne lui manquât combien il
trouvait dure el pénible cette vie active des camps
combien enfin il regrettait la maison maternelle
Sans doute il était ridicule de voir un soldat
pleurer comme un enfant, recevoir patiemment
une injure et plier sous un fardeau supportable;
sans doute tout cela prouvait un manque d'éner
gie, et cependant ce n'était pas sa faute c'était un
des résultats de la vie qu'il avait menée jusque
alors, de sa constitution maladive.
[Pour être continué.)