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JOURNAL D'TPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3574.
35me année.
7PH.3S, 31 Décembre.
A WOS ABONNÉS.
L'année 1831 touche son terme. Cette
année fera époque dans nos annales his
toriques. Jamais, depuis la proclamation
de notre indépendance, la Belgique ne fut
exposée de plus cruelles épreuves; ja
mais elle n'eut traverser des jours plus
sombres, et plus conlristants que pendant
les mois dont nous voyons clôre demain la
série annuelle
L'enseignement religieux de la jeunesse,
dont la liberté fut toujours inhérente aux
mœurs des Belges, a été sacrifiée la haine
impie du libéralisme révolutionnaire.
Par ses molestations, ses chicanes et ses
tracasseries, un pouvoir passionné n'a pas
craint de comprimer la charité privée,
dans ses élans généreux et philanthro
piques.
Un système de lois financières, réchauffé
puantde l'odieux despolismedeGuillaurae,
est venu profaner l'inviolabilité du secret
des familles, disjoindre les liens de la piété
filiale, et livrer la propriété aux appétits
de l'hydre socialiste. Ce n'est pas tout.
L'agriculture, cette branche essentielle
de la richesse nationale, s'est vu dépouiller
de toute protection douanière comparative
aux autres industries; les contribuables
sont réduits l'impossibilité de satisfai
re aux exigences sans cesse croissantes
du fisc; le trésor est bout de ressources;
en un mot le pays est compromis dans son
existence matérielle et sociale.
Soldat volontaire de la justice et du droit
militantcontre le despotisme et l'arbitraire,
le Propagateur défendit constamment la li
berté du peuple opprimée et battue en brè
che. Le public exempt de préjugés a su
apprécier nos efforts désintéressés et pure
ment patriotiques: Pendant le cours de
celle année, nous avons vu avec plaisir le
chiffre de nos abonnés augmenter dans une
proportion encourageante. Et, de plus en
plus, nous le disons avec reconnaissance,
MM. les Notaires nous honorent de nom
breuses insertions.
En dehors de ces lémoignagnes de sym
pathie, il est pour nous d'autres motifs
capables de stimuler notre zèle et notre
courage; nous les puisons dans l'impo
sante majorité qui se groupa autour de
nous, une époque récente, pour pro
clamer M. Malou-Vandenpeereboom séna
teur.
En vain nous rappellera-t-on le résultat
des élections communales. La dépendance
absolue où se trouve la masse électorale
de notre cité, vis-à-vis la coterie libérale,
et l'action oppressive qu'exerça ce parti
sur la conscience de nos concitoyens en
lèvent cette défaite la portée que lui at
tribuent nos adversaires.
Fiers donc d'avoir avec nous la partie
indépendante et sage de l'arrrondissement
et de la ville, nous continuerons notre tâche
en 1832, avec courage et avec une ardeur
nouvelle, attaquant les abus partout où ils
se présentent, et approuvant les mesures
prudentes et convenables, sans acception
de personnes.
Puissent nos efforts, joints ceux de
nos amis amener bientôt un meilleur état
des choses! puisse surtout le doigt de la
Providence,s'étendanlsur la Belgiquenous
tirer de l'impasse dangereuseïoù nos hom
mes d'Etat l'ont conduite. Puisse enfin un
pouvoir comprenant la volonté du peuple
prendre la place d'un gouvernement ré
trograde et intolérant. Lecteurs ce sont
les vœux que nous vous présentons titre
d'étrennes. De leur réalisation dépend no
tre bonheur commun et celui de notre
chère patrie.
UNE DEBANDADE.
Les inepties systémaliques du ministère
commencent évidemment dégoûter tout
le monde. Déjà ses partisans les plus dé
cidés se demandent où nous /nènera cette
manie toujours croissante "d'innovations
et de bouleversements qui le possède. C'est
ainsi que dans la discussion du traité hol-
lando-belge, on a entendu des hommes
tels que M. Manilius, M. de Steenhault, M.
Verhaegen exprimer hautement leurs ré
pugnances l'encontre de l'œuvre ministé
rielle, bien que leurs commettants fussent
dans ce cas, comme toujours, privilégiés
aux dépens d'autrui. C'est ainsi que les sa
tellites les plus intraitables du cabinet, les
feuilles les plus fanatiquement dévouées
sa cause n'ont eux-mêmes osé se taire en
présence de cette explosion de murmures.
11 n'est pas jusqu'au Progrès d'Ypres qui ne
constate avec regret que laconvention sera
adoptée, mais que c'est notre province
qui en payera les frais, que c'est la Flan-
dre Occidentale qui se trouve direcle-
ment et spécialement frappée. Jusqu'ici,
ajoule-t-il, il n'a été guère fait de sacri-
fices pour venir au secours de notre in-
dustrie et de notre agriculture. Nous
désirons que, dans les traités faire avec
d'autres puissances, nos intérêts soient
débattus avec le même succès qu'ont ob-
tenu les industries des autres provinces
de la Belgique. Quel aveu de la part
d'une feuille inféodée des hommes po
litiques, qui déclaraient, au jour de leur
avènement, que le salut des Flandres était
pour eux une affaire d'honneur, quel aveu,
disons-nous, que de reconnaître aujour
d'hui avec nous qu'il n'a été guères fait des
sacrifices ni en faveur de l'industrie, ni en
faveur de l'agriculture de la Flandre Occi
dentale, et de se voir réduit souhaiter
qu'à l'avenir, sans doute, on nous traitera
tout aussi bien que le reste du pays!
C'est avec empressement que nous pre
nons acte de ce remarquable aveu nous
l'enrégistrons d'autant plus volontiers que
nous nous attendions moins nous trou
ver d'accord en cette circonstance avec le
confrère. En effet, la vivacité excessive
qu'il avait mise jusqu'ici défendre le libre-
échange, et les gros mots dont il honorait
les défenseurs de la protection douanière,
nous l'avaient fait ranger dans la catégorie
des libres-échangistes. Il parait aujour
d'hui que nous nous sommes trompés et
que la feuille doctrinaire se soucie tout
aussi peu de lalogiquequedu libre-échange
et aussi peu du libre-échange que dés épi-
thètes mal-sonnantes dont elle gratifiait
les protectionnistes et qu'on pourrait bien
maintenant lui renvoyer.
Nous aimons encore constater que la
cause du commerce et de l'agriculture a
trouvé devant la Chambre des champions
éloquents et courageux dans la personne
de nos trois députés. M. Jules Malou, rap
porteur de la section centrale, M. A. Van-
denpeereboom et M. Yan Benynghe ont
défendu tour tour ces intérêts vitaux de
notre arrondissement. En leur adressant
ici nos sincères félicitations, en réunissant
ces trois noms dans une pensée de con
corde et de reconnaissance, nous ne fai
sons que correspondre un sentiment que
tout le district d'Ypres partage. Que le
Progrès approuve et admire l'opposition
faite au traité hollando-belge par M. A.
Vandenpeereboom et injurie M. Van Re-
nynghe parce qu'il a parlé et voté dans
un sens analogue, nous concevons cette
appréciation contradictoire: la feuille vol-
tairienne nous a habitué ce travers, (2)
et d'ailleurs elle est l'organe en titre du
parti intolérant et exclusif. Mais nous, dé
fenseurs du principe modéré, nous saurons
jusqu'au bout être équitables même l'é
gard de nos adversaires. Qu'on se le tienne
pour dit: ni de basses rancunes, ni une
mauvaise honte, ni même des intérêts de
parti ne nous feront mentir notre dra
peau; nous n'avons pas nous, ainsi que le
Progrès, coutume de faire usage de deux
poids et de deux mesures.
Malgré les nobles efforts des amis du
commerce et de l'agriculture le traité a
été adopté par 57 voix contre 30 et deux
abstentions. Mais la première chambre hol
landaise l'a unanimement rejeté se fondant
sur ce que les explications fournies par le
cabinet belge la chambre des représen
tants ne sont guère conformes ni l'esprit
ni la lettre du traité. Cet incident est
d'une grande importance.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'alioriue Y près, rue de Lille, io, près la Graude
Place, cl clrei les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX l»E L'.tlIOllEHEIT, par trimestre
Ypies fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. TJu 11° a5 c.
l e Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. Insertions 13 centimes la ligne.)
(1) 11 qualifie l'acte que pose M. Van Renynglie de re-
0lame électorale. Or personne n'ignore que Cet honorable
représentant a toujours défendu les intérêts agricoles et les
droits protecteurs.
(2) Elle tenait un langage identique dans lit question du
oheinin de fer d'Ypres et de Poperinghe.