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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3607
35me année.
7PB.SS, 24 Avril.
SCIENCES ET DES HUMANITÉS.
A diverses reprises nous avons signalé
les tendances du gouvernement asseoir
les hases de l'enseignement non plus sur
l'élude des langues et de la littérature,
mais sur les mathématiques. La France
cependant a fait un pas de plus dans celte
voie que nous déplorons comme éminem
ment nuisible l'instruction publique.
Par un décret récent du président de la
république, les cours d'humanités aujour
d'hui obligatoires pour les jeunes gens
qui se destinent soit aux lettres soit aux
sciences,cesseront en quatrième pour cette
dernière catégorie d'élèves. Dès lors leurs
études seront toutes scientifiques et basées
uniquement sur les mathématiques. Le dé
sir de fournir des spécialités aux diverses
carrières libérales a dicté ces dispositions
où se revêle néanmoins une double erreur.
La première, en ce qu'il est fort peu de
jeunes gens qui au milieu de leurs études
moyennes (de treize quatorze ans) soient
même de faire avec discernement le choix
d'une carrière, d'où dépeud tout leur ave
nir. La seconde en ce que la mesure ten
dant développer les connaissances et
l'aptitude de la jeunesse destinée aux car
rières savantes (telles que la médecine,
l'état militaire, le génie civil, etc.) démen
tira la fois ces prévisions et ces espé
rances.
On se tromperait grossièrement coup
sur, si l'on s'imaginait que les études
moyennes soient autre chose qu'un ingé
nieux exercice qui développe les facultés
intellectuelles, et qu'elles aient un autre
objet que de rendre apte de plus hautes
spéculations. Or, les mathématiques, qui
certes, exercent puissamment la réflexion
et le jugement, supposent la raison déjà
formée, déjà développée jusqu'à un certain
point. Les humanités ou l'élude des lan
gues, au contraire, nonseulement exercent
l'entendement; mais se prêtent avec succès
aux premiers développements de l'intelli
gence qu'elles conduisent jusqu'à sa matu-
rite. Le sens d'une phrase dans une langue
étrangère forme un problème grammatical
et intellectuel la fois, qui se complique
mesure que croissent les forces intellec
tuelles de l'élève. D'abord il n'y voit que
des mots; mais bientôt en les combinant,
.ji-déehiffre le sens de la phrase; plus lard
l'harmonie du langage, la noblesse de la
pensée se révélant son intelligence, l'é-
lèveront aux plus sublimes.conceptions.
Car, ainsi que l'établit si bien M,r Du pan-
loup, perfectionner tes deux prérogatives
qui constituent la dignité de l'homme,
savoir la raison et la parole, et par là, ho-
minem hurnaniorern facere: tel est le grand
but des Humanités, d'où leur vient leur
nom liumaniores lillerœ C'est par la pen
sée et par. la parole que l'homme est homme:
ce sont les deux prérogatives tes plus éle
vées de la nature humaine. Mais que sont'
les langues et les littératures, sinon les
monuments de la parole et de la pensée?
C'est donc avec une profonde raison
qu'un des littérateurs les plus éminents
qui aient paru au commencement de ce
siècle, disait, en parlant des humanités
Il faut d'abord cultiver dans les jeunes
gens l'instrument qui s'applique tout
le reste, il faut former leur entendement,
cultiver leur raison, il faut leur appren-
dre penser et exprimer leur pensée....
Il a fallu donc établir un enseignement
propre ce premier âge, qui consiste
leur interpréter les ouvrages des hom-
mes qui oui pensé de la manière la plus
juste, la pins agréable et la plus natu-
relie; c'est assurément le meilleur moyen
de leur apprendre penser et écrire.
Après avoir meublé leurs têtes des idées
d'autrui, après s'être essayés longtemps
les rendre dans différents dialectes, les
jeunes gens peuvent penser, réfléchir,
j» raisonner, écrire; c'est alors qu'ils sont
propres tout. (Spectateur français au
xix* siècle, t. vi.)
Au reste le jugement n'est pas toute l'in
telligence; l'imagination est aussi une de
ses plus nobles prérogatives. Or, tandis que
les mathématiques l'élouffent; les lettres,
au contraire, la guident et l'embellissent.
Un fait attesté par l'histoire c'est que
parmi le petit nombre de législateurs il
lustres issus de la classe lettrée, on compte
un certain nombre de poètes, fort peu de
philosophes, et pas de savants. Il est éga
lement reconnu qu'aux seuls hommes de
lettres, orateurs, poètes, historiens, philo
sophes, il appartient une part d'influence
dans la marche des esprits et dans la con
duite des peuples. Cela se conçoit fort bien
si l'on vient faire remarque que les ma
thématiques (base des sciences) ne tiennent
qu'une place bien secondaire dans l'empire
des idées; que de plus elles n'enseignent
juger du vrai et du faux que d'une ma
nière absolue; tandis que le grand art dans
le gouvernement consiste démêler dans
le pêle-mêle (qu'on nous passe le mot) des
idées et des opinions le vrai du faux, le nui-
sibledçl'uiile, l'accidentel du nécessaire
C'est du développement excessif, de la pré
dominance même donnés aux études pro
prement scientifiques que date parmi nous,
de même qu'en France et ailleurs, cette
génération entêtée et myope de politiques
équilibrisles, qui, après avoir effacé le nom
de Dieu du fronton de l'édifice social, ont
entrepris de réorganisée leçrçç>n|^tulions
des peuples, d'après les Càtav^elroils de
leur orgueilleuse science; sans s'inquiéter
ni du caractère propre chaque nation,
ni de ses antécédents historiquesni des
besoins des âmes, ni des instincts les plus
vitaux de l'homme.
Basée, sur .les sciences l'éducation ne
produira que d'orgueilleux demi-savant^
de froids calculateurs ne concevant rien
au-delà de la logique dès chiffres et de la
force matérielle ou mécanique. Basée sur
les belles-lettres elle développera les plus
belles facultés de l'esprit, les plus nobles
sentiments de l'âme; elle enseignera en
un mot rechercher avant toutes choses
le beau intellectuel et moral, c'est dire
la vertu, la justice et la vérité.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonue Yprès, rue de Lille, 10, près la Graude
Place, et chez, les Percepteurs des PosteS du Royaume.
PRIX DE L'A DONNER! EST, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c.
Ue Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.)
des
L'ou sélonue quelquefois en voyant certains élèves
de l'École polytechnique n'aboiAir qu'à une médiocrité dé
plorable sous tous les rapports je ne m'en suis jamais étonné'
Ces pauvres jeunes gens subissent les lois de leur faible nature
et les conséquences inévitables de la triste instruction qu'ils
ont reçue. Ou les a appliques l'étude des sciences exactes,
avant que leur esprit suffisamment développé et affermi en
fut capable: ils n'ont pu en soutenir le poids: les mathéma
tiques les ont desséchés, épuisés, ruinés pour toujours: loin
d'avoir été élevés par leur éducation, ils n'ont pas même été
instruits: ils ont été écrasés (De l'éducation, des huma
nités, etc. p. Mgr. Dupaoloup.)
IiBBOrar»
Les électeurs sont convoqués pour le 24 mai
prochain, l'effet de renouveler la moitié des
conseils provinciaux. Voici les noms des membres
sortants de notre province
Canton de Bruges. MM. le baron C. Pec-
steen, Si-André; C. Jooris-Rorre, b Oostcarap;
vicomte de Croeser de Berges; L. Delescluze,
Van De Walle-Vermeulen C. Van Lede, FI.
Roels, A. Jullien, J.-B. Coppieters 't Wallaut,
tous Bruges.
Canton de Ruysselede. M. Van Outrive,
a Ruysselede.
Canton de Haringhe. M. J. De Grave, b
Sluyveketiskerke.
Canton de Nieuporl. MM. E. de Vrière,
'a Bruges; baron J. Mazeman, Proven.
Canton d'Ypres. MM. le baron Van der
Slichele-De Maubus, a Ypres; E. Mergbelynck,
ibidem; A. Comyn, a Langemarck; P. Beke, a
Ypres.
Canton de Passcliendaele. MM. L. Comyn,
a Passcheodaele E. De Necker, Moorslede.
Canton de Poperinghe. M. B. Vrainboudt,
Ypres.
Canton d? A oelghem. MM. H. Dumortier,
a Aulryve; A. Bataille, Avelghem.
Canton d'Harelbeke.MM. Gbeysens, Ha-
relbeke; J. Storme, Waereghem.
Canton dfIngelmunsler. MM. Ameye-De
Gheus, a Iseghem A. Van Ooteghem, b Ingel
munster.
Canton de Meulebehe. MM. A. Tylgat, a
Meulebeke J. Opsonier, Denterghem.
Canton de Menin. MM. J. Defort, b Lede-
ghem A. Ghesqniere, a Menin.
Canton de Roulers. MM. P. De Geest,
Roulers; E. Termote, b Y près.