JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3610.
35me année.
Mercredi, 5 Mai 1852.
7P51SS, 5 MAI.
Les tendances de la politique ministé
rielle de Belgique, constituent depuis long
temps une exception déplorable, la règle
générale adoptée par toutes les puissances
européennes, dans le gouvernement des
peuples. Partout les hommes d'État amis
de l'ordre reconnaissant le vide affreux que
creuse dans le monde l'absence des idées
religieuses, se dépouillent des préjugés
l'aide desquels on se vantait de reconsti
tuer la société, et s'accrochent désormais
ces principes de religion et de morale,
contre lesquels l'esprit révolutionnaire a
fait une guerre si lâche et que nulle part
il n'est parvenu ébranler qu'en ébranlant
eu même temps les trônes et les couronnes.
C'est ainsi que la France, convaincue des
maux incalculables qu'une éducation ir
réligieuse engendre, se prépare réformer
les lois organiques de l'enseignement pour
laisser selon toute probabilité, au prêtre,
la pleine liberté d'exercer l'influence reli
gieuse sur les générations naissantes. Une
réaction non moins salutaire se prépare
en Allemagne. Là, aussi, le ver du scepti
cisme a rongé la jeunesse, et tout fait es
pérer, qu'on laissera la religion le soin
de réparer la brèche que le matérialisme
a pratiquée dans toutes les classes.
Seule, restée calme au milieu de la tour
mente révolutionnaire, seule, la Belgique
proscrit eu toute matière l'influence reli
gieuse, cet élément de force qui fit son an
cienne gloire, et dont la disparition doit
immanquablement causer son malheur!
Hélas, Peut-on pousser plus loin l'aveugle
ment que ne le font les hommes qui nous
administrent; et se peut-il que l'on suive
en fait de science gouvernementale une
conduite plus insensée que celle de MM.
Rogier et Frère!
Quel est l'homme en effet au cœur droit
qui ne reconnaisse l'absurdité du langage
tenu par la presse ministérielle l'encontre
de la domination ecclésiastique, et quel est
le citoyen honnête qui il ne répugne de
voir affecter des sommes si énormes pour
le soutien d'institutions d'où le prêtre et sa
morale sont exclus, tandis qu'on aban
donne leurs propres forces, des établis
sements d'éducation publique, que tant de
titres recommandent la sympathie des
pères et des mères?
La religion, le prêtre inspirent-ils du
reste chez nous, de légitimes défiances
pour qu'on les proscrive et qu'on insurge
contre eux, toutes les mauvaises passions.
Point du tout; les craintes qui se font
éprouver dans l'àme des Belges, vraiment
attachés leurs institutions glorieuses,
n'ont point leur origine dans celte opinion
laquelle le clergé se fait gloire d'appar
tenir; elles naissent au contraire, de la fa
tale doctrine adoptée par ceux qui font la
guerre au clérical, et qui, sous prétexte
d'améliorer la société, l'affaiblissent et la
mènent la ruine; c'est le libéralisme in
tolérant qui fait peur aujourd'hui; c'est
contre les suppôts de ce parti que les Bel
ges ont lutter si, comme il n'existe là
dessus aucun doute, ils tiennent con
server, leurs libertés, leur gloire, leur bon
heur. Non; mille fois non; ce n'est pas un
organe du parti dont le nom s'attache
nos souvenirs de 1830, d'immortelle mé
moire, qui a écrit dans ses colonnes; ou
la conslilulion sera changée légalement, ou
vous serez abattus révolutionnairement. Ces
menaces, c'est le Journal de Liège, qui les
a faites, et tout le monde sait que ce jour
nal est un organe de la politique libérale.
ffvClffi
Docile aux vues des ennemis de la li
berté religieuse, le ministère Rogier-Frère,
a cru qu'il suffirait de la manifestation de
sa volonté arbitraire, pour anéantir l'édu
cation catholique sur notre sol. Ne doutant
pas du succès de son entreprise, il formula
une loi inique modifiant radicalement le
système d'enseignement moyen adopté et
suivi depuis 1830. Une fois la pierre jetée,
il fit plier les chambres au gré de ses exi
gences et parvint obtenir de la législature
force millions, l'effet d'ériger des athé
nées et des collèges d'où la religion, et ses
ministres seraient bannis. 30,000 pétition
naires avaient protesté contre cette viola
tion des vœux de la nation. Il ne fut tenu
aucun compte de leurs adresses.
Le ministère persista, maisil se vit trompé
bientôt dans ses calculs. L'odieuse loi de
l'enseignement, loin d'atteindre le but voulu
par les démolisseurs de l'éducation reli
gieuse, tourna au grand désavantage des
institutions gouvernementales. Les collèges
épiscopaux au lieu de souffrir par la con
currence, virent et voient encore affluer
chez eux un essaim de nouveaux élèves, et
leur existence prend un caractère de force
et de prospérité surpassant de beaucoup
les établissements au sein desquels ladanse
prime sur l'étude des vérités morales. Pour
se faire une idée de la défiance qu'inspire
aux parents vraiment soucieux du bonheur
de leurs enfants, les collèges où le prêtre
ne met point le pied, il suffit de jeter un
regard attentif sur le collège S1 Vincent de
Paul de notre ville. Depuis la rentrée des
vacances, 160 élèves fréquentent les cours
de cet établissement éminemment recoin-
mandable. Et quel est le chiffre des étu
diants du collège rival qui dévore tous les
ans près de 20,000 francs du trésor? Y a-t-
il plus de 60 élèves et sur ce nombre s'en
trouvent-ils 20 qui payent la pleine pension
et qui n'y sont forcément placés?
Ailleurs les mêmes faits se constatent.
Aussi il fallait aux ennemis de nos libertés
religieuses une manifestation non moins
éclatante de la part des pères et des mères
de famille. On avait accusé les Belges, de
renier leur antique caractère, et de vouloir
se passer du prêtre dans l'éducation. Mais,
ce défi; les Belges répondent et répon
dront toujours par leur conduite: Amour
sacré de la liberté religieuse, tu resteras
jamais gravé dans nos cœurs!
Par décision de M. le Major Comman
dant de la Garde Civique l'exercice obliga
toire, qui devait avoir lieu Dimanche 9
courant, a été contremandé. En déchar
geant ainsi nos milices citoyennes d'une
corvée toujours plus où moins onéreuse,
M. le Major Vandenbogaerde a voulu recon-
naîlreet récompenser le zèle et la discipline
exemplaire dont elles n'ont cessé Jus
qu'aujourd'hui de faire preuve. Un acte
de cette nature est fait plus que tout autre
pour raviver de plus en plus l'ardeur de
nos gardes civiques, puisqu'il doit les con
vaincre qu'on aprécie leur-zèle, qu'on rend
justice leur dévouement.
On lit dans la Pairie de Bruges4 niai
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abouue Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX UE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. Insertions M 9 centimes la ligne.)
LES CONSERVATEURS ET LES LIBÉRALISTES.
ÉDUCATION RELIGIEUSE.
La procession du St-Sang ne s'est terminée hier
qu'à 1 heure et quart. Une foule considérable l'a
suivie, et tontes les rues que le saint cortège a tra
versées, étaient remplies de monde. Un détache
ment de cuirassiers ouvrait et fermait la marche;
la musique de la garde civique et celle de» cuiras
siers se sont fait alternativement entendre.
Quatre prélats se trouvaient dans la procession;
Mgr. Gonella, nonce du Saint-Siège; Mgr. Dele-
becque, évêque de Gand; Mgr. d'Eussac, évêquu
de Vinceune (États-Unis], et Mgr, Malou, évêque
de Bruges.
Après la châsse du St-Sang venaient les mem
bres de la noble confrérie, puis MM. le baron de
Pélichy, bourgmestre de la ville, accompagné de
MM. les échevins Van der Hofstadt, Verhulst et
Delescfuze et de quelques membres du conseil com
munal.
On écrit de Dixmude, 29 avril
Ou a annoncé le suicide de M. P. Blondel,
négociant en notre ville. Voici dans quelles cir
constances malheureuses cet acte de désespoir a été
commis.
M. Blondel avait une fille âgée d'une tren
taine d'années qui prenait une part active aux
affaires de la maison. M11" Blondel s'était rendue
il y a quelques jours Furnes pour y payer un
effet de 5oo fr. qui venait échéance le lendemain.
S'étant présentée chez l'individu en faveur de qui
l'effet était créé, celui-ci lui dit qu'il était chez
l'huissier chargé d'en faire l'encaissement. M11"
Blondel trouva singulier qu'avant l'échéance, l'ef
fet eût été remis un huissier elle se rendit avec