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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3616.
35™e année.
7FF.ES, 26 Mai.
DE L UNION BELGE.
S'il est une circonstance bien propre
éclairer le pays sur les funestes consé
quences de la politique ministérielle, et
dessiller les yeux de quiconque sent battre
un cœur de Belge au fond de sa poitrine;
c'est coup sûr, croyons-nous, l'étrange
prétention qu'affiche le ministère de gou
verner au nom d'un parti et de ne tenir le
pouvoir que de lui; c'est encore cet incon
cevable aveuglement qui fait ériger en sys
tème au parti libéraliste Yélernisation des
discordes politiques, système déplorable
dont on ne retrouve les traces dans l'his
toire, qu'à la cour des tyrans, dans les con
seils des gouvernements despotiques; là
enfin où le pouvoir trouve son avantage
affaiblir les forces nationales et cor
rompre l'esprit public.
Certes le parti conservateur n'a jamais
prétendu contenter tout le monde; ce se
rait vouloir l'impossible; ce serait de plus
oter au gouvernement toute force d'initia
tive et toute franchise d'allures. Mais les
conservateurs sont intimement convaincus
de la vérité de cet axiome, gouverner c'est
transiger; c'est dire, c'est respecter toutes
les prétentions honorables et légitimes,
c'est tenir compte des besoins et des vœux
de toutes les opinions honnêtes. Les con
servateurs savent qu'un gouvernement
ne peut, ni dans son intérêt, ni dans celui
de la société, se faire parti; qu'un gou
vernement, représentant le pays tout en
tier, ne peut pas se laisser dominer par des
influences qui, par cela seul qu'elles ne
sont pas nationales, ne doivent point pa
raître légitimes ses yeux; qu'un gouver
nement doit dominer, lui, tous les partis et
faire converger leur activité et leur énergie
vers un but digne d'eux et de lui. Les
conservateurs, eux, ont maintenu sur leur
bannière la glorieuse devise où la Belgique
de 1830 résuma le secret de son triomphe
et ses motifsd'espoir dans l'avenir; ils n'ou
blient pas que l'llnion fait ta force! Mais l'u
nion, telles qu'ils l'entendent, ce n'est pas
le pacte sacrilège que quelques ambitieux
aux abois signent en un jour de délire avec
les fauteurs de désordres et les suppôts de
l'étranger, avec les partisans de la France
ou de la Hollande, avec les républicains et
les socialistes. L'union, qu'ils révèrent et
qu'ils proclament, c'est ce noble concordat
que conclurent entr' eux, les Belges la
veille de leur régénération politique, et
dont, en remontant le cours des âges, on
retrouve la trace glorieuse partout où notre
gloire nationale jette un plus vif éclat. L'u
nion, dont ils voudraient assurer l'empire,
c'est en un mot l'étroite alliance de tous
les bons citoyens ralliés franchement mal
gré quelques dissidences secondaires, au
tour du trône et de la constitution pour la
défense du pays et de ses institutions po
litiques et sociales.
En vain le parti ministériel en brisant
l'union qui prépara l'œuvre de 1830, pro-
testera-t-il de son dévouement la Consti
tution; ses actes désavouent ses paroles;
ils attestent que nonseulement il renie la
devise nationale, mais qu'il pactise osten
siblement avec les antagonistes reconnus
de la Constitution Belge et du trône de
Léopold.
Du point de vue élevé où se place le parti
catholique, ne demandant rien pour lui-
même qu'une sage et bienfaisante liberté,
toujours prêt remettre (ainsi qu'il fit aux
jours de sa puissance) le pouvoir presque
tout entier aux mains du libéralisme con
servateur; qu'elle est mesquine l'attitude
hostile et exclusive du parti ministériel et
de ses alliés, qu'elles sont ignobles leurs
prétentions intolérantes!
Un publiciste catholique a récemment
dépeint l'esprit de parti sous des traits où
la chaleur du pinceau s'unit la profon
deur des pensées; écoutons les éloquentes
paroles de M. De Decker
L'esprit de parti
C'est une coterie se haussant la taille
d'une nation; c'est la passion usurpant le
rôle de la raison; c'est l'expédient détrô
nant le principe.
C'est l'ingratitude envers le passé, la
mobilité dans le présent, la stérilité dans
l'avenir.
C'est la petitesse dans les motifs, la
petitesse dans les moyens, la petitesse dans
le but.
C'est l'esprit public égaré par d'éter
nels préjugés; c'est la conscience publique
troublée par de continuels revirements de
systèmes; c'est le caractère national abruti
par des haines héréditaires.
Sous son règne, la conviction devient
un embarras, le dévouement un ridicule,
la fidélité un crime.
Chez lui, nul élan, mais du fanatisme
froid nul mouvement régulier, mais de
l'agitation dans le vide.
Il se mêle de tout, pour tout gâter; il
rejaillit sur tout, mais pour tout souiller.
Là où d'autres agissent, il critique et
il récrimine; agit-il lui-même, il embrouille
et il compromet.
Il possède le triste secret de trouver
du venin dans les choses les plus pures, et
de verser du fiel dans les âmes les plus gé
néreuses.
Maintenant, en regard des maux en
gendrés par l'esprit de parti exclusif, qu'on
essaie d'indiquer un seul bienfait social ou
national dû son influence!
Où sont ses grandes inspirations, ses
fécondes initiatives? Ce qui s'élève, il le ni
velle; ce qui est généreux, il le comprime!
Ou bien, même en obéissant une pensée
utile, il dépasse le but: il poursuit le pro
grès, et il arrive des bouleversements; il
croit ne donner que l'animation de la vie,
et il provoque l'irritation de la fièvre; il
s'imagine qu'il ne sème que de salutaires
émulations, et ce sont de fatales divisions
qu'il moissonne
Je vous citerai les libertés que l'esprit
de parti n'a ni comprises, ni respectées;
citez-m'en une qu'il ait largement inter
prétée et loyalement pratiquée!
Je vous indiquerai les institutions qu'il
a compromises et perdues; indiquez m'en
une qu'il ait ou développée ou sauvée!
Je ne vous demanderai pas de me mon
trer les œuvres grandes et durables que,
dans sa jolouse impuissance, il a su fonder
et achever; je vous demanderai quelles
créations nobles et utiles cet artisan de
démolition a laissées debout là où il a
passé
Samedi, Mgr. Gonella, archevêque de
Néocésarée, nonce apostolique du S1 Siège
en Belgique, s'est rendu Poperinghe et
au couvent des Trappistes dans les bois de
S' Sixte Westvleteren. A Poperinghe, S.
Exc. a visité le collège et quelques établis
sements. Revenu Ypres, Mgr. le nonce a
Dimanche rendu visite avec un affectueux
intérêt au collège épiscopal de S1 Vincent
de Paul, après avoir dit la messe l'Église
des Dames Thérèsiennes, et s'est rendu
ensuite aux divers couvents de la ville. Le
prélat était accompagné dans celte excur
sion de M. le chanoine Scherpereel de
Bruges, et de M. le sénateur Béthune de
Courtrai, qui l'a amené dans sa voiture.
M. le sénateur De Neckere la reconduit
avec son équipage Thourout.
ELECTIONS PROVINCIALES.
geS'
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'ahonue Ypres, rue de Lille, i o, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX Ull L'ABO.%ilEME1T par trimestre,
Yprès fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur païaît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 11 centimes la ligne.)
De Decker. De C esprit de parti et de Vesprit national.
T—,TiragHOHîT-—
Les élections provinciales de lundi se sont faites
avec le calme plat du défaut de concurrence. Sur
990 électeurs, 4i i ont fait acte de présence. 4oo
ont voté pour MM. Vandersticbele et Beke, 3g5
pour MM. Comyn et Merghelynck. MM. Yander-
stichele, Beke, Comyn et Merghelynck ont été pro
clamés conseillers provinciaux.
A Roulers, 234électeurs ont répondu l'appel.
M. Pierre De Geest, membre sortant, a été réélu
par 225 voix; M. Raymond Rodenbach, fils de
feu le colonel et neveu du représentant, a été élu
par 2i3 voix, en remplacement de M. le notaire
Termote, dont la résidence a été transférée Bru-
A Bruges, au premier tour de scrutin, les cinq
candidats du parti conservateur ont été élus,
l'exclusion de tons autres.
Il y avait 1 ig5 électeurs présents.
Loc. cit.