JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3620. 35me année. RÉSULTAT DES ÉLECTIONS. TOURNAI. EECLOO. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Yprès, rue de, Lille, 10, près la Grande Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° î5 c. Le Propagateur païaît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.) 7FS.ES, 9 JUIN. DES RAPPORTS DE LA BELGIQUE AVEC LA FRANCE. Nous avons récemment emprunté un article im portant une feuille française, le Constitutionnel, organe officieux du gouvernement du prince Louis- Napoléon. Traitant s, Des rapports de la Belgique avec la France M. Granier de Cassagnac (c'est l'auteur de cette pièce remarquable) signalait les périls que faisaient courir l'industrie belge la politique du cabinet Rogier-Frère, et son hostilité patente envers le Prince-Président. Vivement dé sappointée notre presse ministérielle affecta de dénier aux déclarations précises et catégoriques du publiciste français toute valeur réelle et prétendit n'y reconnaître que l'expression de la pensée indi viduelle de l'écrivain. C'est 'a ces allégations que M. Granier de Cassa gnac vient de repondre dans un second article, que son étendue nous empêche regret de publier en entier. Toutefois nous devons la vérité de recon naître que le Moniteur français a paru démentir, dans des termes ambigus, ces dernières déclarations fort catégoriques pourtaDt de M. de Cassagnac; disant que leur auteur s'exposait au reproche d'infidélité ou d'exagération.» Quoiqu'il en soit un démenti donné en ces termes est peu propre a dé truire l'effet des allégations si précises du Consti tutionnel. Voici les passages les plus saillants de son second article Après avoir sommairement passé en revue le journalisme bruxellois soit ministériel, soit anii- ministeriel, la feuille française ajoute: Voilà, dans son expression générale le dénom brement des organes principaux de l'opinion en belgiqne. Le ministère belge y a pour amis, et le gouvernement français pour ennemis, les philoso phes, les francs-maçons et les émeutiers; le gou vernement français y a pour amis, et le ministère belge pour adversaires, le clergé, les populations rurales et les amis de l'ordre et de la paix. Il est de principe de ne pas disputer des goûts mais, faire un choix, nous n'aurions pas fait celui du ministère belge. Examinant ensuite si les prévisions menaçantes pour la Belgique, que contenait son dernier ar ticle, lui étaient personnelles on inspirées de haut lieu, le publiciste se demande Aquel horamesérieux persuadera-t-on qu'ayant l'honneur et le devoir d'approcher le chef de l'É tat, nous aurions b ce point manqué au respect dû a sa personne et b son. pouvoir, que d'engager sa politique en des matières si éminemment graves et délicates, sans avoir au préalable pressenti son in tention et sa convenance? Ce sont ces déclarations du Constitutionnel qui dé sapprouve comme nous disions plus haut, le Moniteur fran çais. Ce n'est donc point en notre propre nom, qu'on veuille bien le croire, que nons avons parlé du cas où les relations commerciales de la belgique avec la France pourraient être rompues. D'ailleurs, le gouvernemeot belge a un ambassadeur pour s'as surer de la vérité, s'il ne trouve pas qu'elle ressorte suffisamment de nos paroles. Caractérisant ensuite les allures du libéralisme; le Constitutionnel, dit Il paraît que le parti libéral belge en est en core a faire la guerre aux jésuites et b ce qu'il nomme le parti clérical. C'est l'âge d'or des ba dauds politiques; nous l'avons passé. La France a aussi vu le temps où le pauvre prêtre qui évange- lise les campagnes, en babit de bure, les pieds dans la neige et dans la boue, était fort agréablemeut raillé par les bons drilles des loges maçonniques, célébrant Camour et le vin aux soupers du Ca veau. Depuis lors, les choses ont bien chaogé les drilles philosophiques et auacréontiqnes, endormis dans le vin versé par l'athéisme, se sont réveillés dans le sang versé par les révolutious; et les géné rations, qui avaient été élevées b rire des prêtres, se sont émues d'admiration et de respect au spec tacle de ces vertus que rieo ne lasse, pas même l'insulte, et de ce courage que rien n'effraie, pas même la mort. Naguère, lorsque le socialisme hi deux tâchait de sang le pavé de nos villes, et de souillures infâmes le sanctuaire domestique, qui est allé mourir résolumeut, b côté du gendarme et du soldat, pour sauver la vie, les biens et la femme d'autrui? C'est le prêtre! Nous passons sur les vœux qu'émet la feuille Ëlysienne pour que le parti catholique arrive au pouvoir, dans Cintérêt même de ceux qui Cin sultent! Sans doute nous lui savons gré des sympathies qu'il témoigne b notre opinion; mais ce que les catholiques recherchent pour prix de leurs travaux et de leurs combats, ce n'est pas l'exercice du pouvoir, ce n'est que le retour aux traditions unionistes et conciliatrices dont la pensée présida b ces mémorables époques qui nous firent jadis tout ce que nous sommes. Enfin M. Granier deCasssagnac revient sur les dangers que la politique nouvelle suscite b nos re lations commerciales avec la France, et il s'exprime en ces termes. Depuis quand un individu ou un pays sont-ils obligés de voir, de recevoir chez eux leurs ennemis déclarés? L'article 7 du traité du 19 avril i83g, signé par la Belgique, par la France, par l'Au triche, par l'Angleterre, par la Prusse, par la Rus sie, et par les Pays-/?ps, porte: La Belgique, dans les limites indiquées, formera un État indé pendant et perpétuellement neutre. Elle sera tenue d'observer cette même neutralité envers les autres Étais.» Or, nous le demandons, le gouvernement belge tient-il loyalement la couduite d'un gouver nement neutre? Est-ce rester neutre, que d'entre- tretenir des relations publiques avec des journaux, avec des personnages qui attaquent le gouverne ment français? Est-ce rester neutre que d'autoriser des outrages perpétuels contre un prince que la France entière a, deux fois, librement et solennel lement élu? Est-ce que la France n'avait pas le droit, de se sauver de l'abîme, en sauvaot l'Ea- rope? et ne pouvions nous pas, sans le bon plaisir des libéraux belges, fonder, sur le suflrage de huit millons d'hommes, un gouvernement de notre choix Eh bien le gouvernement français, qui aurait eu le droit de déooncer le traité du 19 avril 1839, ne l'a pas fait il avertit le peuple belge de la con duite de son gouvernement il lui fait savoir qu'un système d'hostilités imméritées amènerait nécessai rement, prochainement, la rupture des relatione commerciales entre les deux pays; il met le peuple en situation et en demeure de réfléchir et de pro noncer il fait un appel b sa loyauté et a son équité et l'on se plaint Valait-il donc mieux ne rien dire, ne prévenir personne, rompre les négocia tions relatives au traité de commerce, et jeter ainsi le trouble dans les iutérêts des deux nations, prises b l'improviste Aucun homme sensé ne le croira. Il y a un étrange argument inventé par les libéraux français et fort goûté par les libéraux belges: Qu'y a-t-il de commua,disent-ils, entre le commerce et la politique? Si le traité de com merce est bon en lui même, il faut le renouveler, quelles que soient les relations des deux gouver nements. Ce qu'il y a de commun entre le commerce et la politique? Tout; et bien fins ou bien fous seraient ceux qui prétendraient les séparer. Est-ce que tous les intérêts d'un pays ne sont pas soli daires? Est-ce que le commerce a une base ferme, lorsque le gouvernement chancelle? Est-ce que les transactions sont assurées, lorsque les pouvoirs publics sont minés et attaqués? Est-ce qu'il peut y avoir des avantages particuliers, dans uu détriment général? Ce qu'il faut que le commerce demande, c'est que le pouvoir soit fort, et ne se laisse jamais entamer, ni au dedans ni au dehors. A quoi nous servirait de tirer quelques bénéfices partiels et lo caux de ootre commerce avec la Belgique, si le système d'hostilités, au moins toléré par le gouver nement belge, réagissait sur les affaires générales, inquiétait les esprits, affaiblissait la sécurité, resser rait les transactions et se soldait, pour la Frauce, en une perte considérable dans toutes ses opérations financières. Sont élugi MM. DeBocarmé 2289 Dumou 2249 Allard-Pecquereau 1335 Lehou 1280 Louis Dumortier a obtenu 1267 Votants 816; majorité absolue 409; M. Des- maisières 482 voix, M. D hondt 534. En conséquence M. Desmaisières a été élu.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1852 | | pagina 1