JOURNAL D'TPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3623.
35me année.
TPS.BS, 19 Juin.
La position et les tendances des partis
se dessinent de plus en plus. Le libéra
lisme, parti presque tout-puissant durant
les dix premières années de notre indé
pendance, reçut une mortelle atteinte sous
le ministère Lebeau-Rogier, par la scission
qui s'opéra entre les libéraux unionistes et
modérés et les libéraux doctrinaires. Ceux-
ci rompant avec les traditions de 1828 et
1830 s'adjoignirent aux fractions radicales
de toutes nuances, et bien qu'ils parussent
marcher la tête de la coalition, on pou
vait clairement reconnaître qu'ils ne tar
deraient pas de se voir débordés par elle.
Ce qui manquait aux radicaux, ce n'était
ni l'énergie, ni la logique, ni même le nom
bre, c'était l'union et la discipline que les
doctrinaires surent momentanément leur
apporter en les guidant la conquête du
pouvoir; c'était surtout cette réhabilitation
morale qu'exigeait d'urgence la condam
nation dont le Congrès national frappa
leurs principes anarchiques ou intoléran
tes et que leur valut le concours intéressé
de quelques hommes de 1830 rénégats de
leur passé. Mais peine installés au timon
des affaires la suite des événements de
1846 et 1847, les doctrinaires durent don
ner satisfaction leurs alliés de l'opposi
tion. Alors tiraillé en tous sens, tantôt par
l'instinct de sa conservation, tantôt par les
clameurs du radicalisme, le cabinet ne sut
plus que vivoter; d'abord il paya de pro
messes, puis il passa aux concessions en
tout genre. Cependant d'élection en élec
tion son étoile décline et pâlit de plus eu
plus; et le jour n'est pas loin sans doute
où ces hommes qui parvinrent, on ne sait
trop comment, fasciner une nation en
tière tomberont pour toujours dans l'oubli.
Alors se dressera sur les ruines du pseu
do-libéralisme l'hydre révolutionnaire, qui
grandie sous l'égide de quelques prétendus
meneurs, s'est avancée jusqu'aux pieds du
trône, jusqu'au sanctuaire des loix. La Na
tion a nettement posé la question en ces
termes catégoriques: Pour le pays il ne
s'agit pas de faire un choix entre M. Ro-
gier et M. de Theux, entre M. Frère et M.
Malou, mais entre Pie 9 et Voltaire, entre
le Roi Léopold et M. Proudhon. Et néan
moins les feuilles ministérielles s'ingénient
rendre au radicalisme la partie plus belle
en enlevant devant ses pas la seule barrière
qui les pourrait arrêter: leurs antipathies
irréligieuses sont devenues deTanimosité
outrance. Convaincues, comme elles le
sont, des liens étroits qui existent entre le
Prêtre et le Culte, tous les jours le fiel qui
leur gonfle le cœur découle de leurs plu
mes en flots d'injures et de calomnies
l'adresse des membres du Clergé. Tantôt
il s'agit d'un prêtre anonyme qui devant
des inconnus se serait permis les propos
les plus outrageants envers la personne
d'un ministre; tantôt, d'un ecclésiastique
qui en pleines comices aurait fort leste
ment collellé un fonctionnaire. Sommés
de fournir des preuves l'appui de ces
contes incroyables et dégoûtants, ou con
vaincus la dernière évidence de men
songe et de calomnie nos folliculaires
libéralistes font la sourde oreille et ripos
tent en inventant quelque fourberie nou
velle! Aussi sont-ils tarés dans l'opinion
publique, et les républicains, qui les sau
vèrent dans la journée du 8, ne les sauve
ront plus.
D'une part donc, il ne restera debout
que le radicalisme; de l'autre, le parti con
servateur,qui renferme outre l'ancien parti
catholique la fraction du libéralisme restée
fidèle l'union. Les conservateurs ont su
joindre la Religion avec la liberté, c'est-à-
dire, l'immuable avec le*passager; les be
soins de tous les temps avec les besoins du
jour. Voilà le secret de leurs forces; voilà
ce qui établit la justesse du point de vue
où ils se sont placés en politique; voilà ce
qui répond de leur avenir.
Le lundi 28 juin, aura lieu Bruges,
l'adjudication des travaux de la section du
chemin de fer, de Courtrai Wervicq.
Le Précurseur, journal la dévotion de
M. Rogier, assurait hier soir que S. M. le
Roi, avant son départ pour Wiesbaden, a
exprimé l'opinion que te cabinet ne doit pas
songer quitter la direction des affaires.
Il n'y a pas là seulement une haute in
convenance, une atteinte portée l'inviola
bilité royale, nous y voyons surtout une
lâcheté. Ou brûle de conserver son porte
feuille, malgré le verdict de condamnation
prononcé par le jury électoral, mais on
n'a pas le courage de son ambition, et l'on
compromet le Roi, on se fait un masque
de la Couronne!
Nos lecteurs nous rendront la justice de
reconnaître que nous n'avons jamais fait
intervenir une auguste prérogative dans
les luttes de parti. Quelle que soit notre
répugnance suivre le Précurseur sur le
terrain glissant où il nous convie, force
nous est de lui dire en deux mots qu'il a
méchamment imprimé la chose qui n'est
pas. Journal de Bruxelles.)
Il est tout naturel qu'on se soit préoc
cupé dans la journée de la nouvelle que
nous avons donnée le malin, au sujet du
départ pour Paris de M. Liedls. En général,
on trouvait ce départ un peu tardif. Puis
que l'on reconnaît que M. Firmin Rogier
est insuffisant pour amener bonne iin les
négociations pendantes, depuis plusieurs
mois, en France, pourquoi, disait-on, n'a
voir pas songé plus tôt M. Lieds? Aurait
on craint, il y a quelques jours, d'accré
diter le bruit qui courait que M. Firmin
Rogier avait été arrêté dans ces négocia-
lions par des difficultées inattendues.
Nous ne voulons pas savoir ce qu'il y a
de vrai dans toutes ces suppositions. Notre
vœu bien sincère est que M. Liedts puisse
faire ce qu'il devient constant que M. Ro
gier n'a pas jusqu'à présent obtenu.
(Émancipation.)
Quoique rienne transpiresurlechoix
d'un nouvel évêque de Liège, on assure que
la nomination du prélat sera connue d'ici
au 1" juillet.
On va démolir tous les ouvrages mi
litaires de la plaine de Lintboul, le maga
sin de poudre qui s'y trouvait pour les
manœuvres feu va être vendu publique
ment.
Une exposition industrielle aura lieu
Luxembourg au mois prochain d'août.
L'administration des douanesduZolIverein
a accédé aux propositions qui lui avaient
été faites pour faciliter l'envoi des produits
étrangers celte exposition. Elle a pres
crit ce sujet quelques formalités que la
commission fera connaître aux industriels
qui désireront participer cette exposition.
Mgr l'évêquede Bruges a prescrit ces
jours derniers des prières publiques pour
obtenir du ciel la cessation des pluies qui
portent un grand préjudice aux fruits de
la terre.
L'autorité judiciairedeGand poursuit
avec activité l'instruction des désordres qui
ont suivi les élections dans cette ville. L'é
diteur du Conservateur a été appelé devant
le juge d'instruction, qui a également en
tendu les agents de police qu'on dit avoir
assisté ces saturnales.
Le Roi des Belges est arrivé Wies-
bade le 12.
On écrit d'Aix-la-Chapelle le 15: Hier,
le général Lamoricière arrivait ici dans l'in
tention d'y prendre les bains, régime qui
lui avait été conseillé par son médecin;
peine était il arrivé et sa présence fut-elle
connue de la police que signification lui
fut faite de rentrer immédiatement en Bel
gique.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Yprès, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DR L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. TJn n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (Insertions 19 centimes la ligne.)
a Pour le pays il ne s'agit pas de faire un choia
entre M. Rogier et M. de Theux, entre M. Frère et
M. Malou, mais entre Pie 9 et Voltaire, entre le Roi
Léopold et M. Proudhon.
(La Nation
On lit dans la Tribune:
La démocratie verviétoise a fait les élections
«i Verviers, nous portons a qui que ce soit le défi
de le nier. Elle a imposé ses conditions, ses can
didats, et si on ne les avait pas acceptés, si la Ré
forme de Verviers n'avait pas fourni son appui,
les ultramontains triomphaient Verviers, deux
candidats au moins l'auraient emporté. Voila ce
qui est vrai.
Le 9 a éclaté h Tolna (Hongrie), un incendie
qui a dévoré 65 maisons.
Un affreux malheur a signalé la procession
de la Fête-Dieu, h Lille.
De longues baoderoltes blanches avaient été