9
JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3642.
36me année.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonue Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABONNERENT, par trimestre,
Yprès fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 13 centimes la ligne.)
TPR.ES, 25 Août.
Depuis quelque temps déjà les feuilles publiques
entretiennent leurs lecteurs des ovations multi
pliées dont le jeune empereur d'Autriche est l'objet
de la part des différents peuples soumis sa domi
nation dans son voyage travers ses vastes Etats.
L'enthousiasme le plus réel, les transports de la
joie la plus vive éclatent partout sur son passage.
Aujourd'hui François-Joseph, quoique monarque
absolu est le Prince le plus populaire de l'Europe.
Et cependant qui ne se rappelle ces jours si rap
prochés de nous encore, où la monarchie autri
chienne ébranlée jusqu'en ses fondements par les
secousses de la révolution chancelait péniblement
sur les étaies vermoulues où le joséphisme et la
bureaucratie avaient prétendu la placer. L'insur
rection éclatait presque simultanément Milan,
Venise, Prague, Bude, Vienne, et la famille
impériale fugitive se trouvait trop heureuse de
trouver un refuge dans les montagnes du Tyrol,
province pauvre mais fidèle et catholique. La ruine
de l'empire semblait imminente; elle excitait la
joie chez les uns; la terreur chez les autres. Mais
on avait compté sans le prestige qui chez un peu
ple monarchique s'attache la couronne on avait
compté sans la puissance de l'idée et des traditions
nationales consacrées par les siècles; on oubliait
quel ascendant moral exerce un Prince confiant en
la justice de sa cause et en la force de son droit.
Le trône impérial s'est relevé du milieu des dé
combres, parce qu'à lui se rattachent le passé et
les gloires de la monarchie; parce que la maison
d'Autriche n'a pas désespéré de sa fortune et a osé
combattre l'hydre révolutionnaire corps corps;
parce que malgré les dangereuses innovations de
Joseph 2, les catholiques n'ont pas encore désap
pris reconnaitre en la maison d'Habsbourg les
défenseurs de la Religion, les fils des Ferdinand 2
et des Marie-Thérèse. Le trône s'est relevé plus
glorieux, plus puissant que jamais; il continuera
de présider aux futures destinées de l'empire; car
le jeune Empereur a compris que la prospérité des
Etats est proportionnel au bieo-être religieux qui
y règne, et que le catholicisme qui est le seul ga
rant de la sécurité publique est aussi la base vé
ritable du trône et des institutions politiques et
sociales des nations.
Dans notre dernier n°, parlant de la distribution
des prix aux élèves du collège S' Vincent de Paul,
nous fîmes mention d'un jeune homme qu'une
mort prématurée venait d'enlever ses compagnons
d'étude la veillemême du jour qui devait couronner
ses travaux. Ses funérailles, auxquelles le collège
épiscopal assistait en corps, ont été célébrées le
lendemain, 21 août, en l'église S' Pierre. C'est là
que M. l'abbé Vanderougstraetenprofesseur du
cours de seconde, qui comptait M. Julien Dehouck
parmi ses élèves, a prononcé l'oraison funèbre du
défunt. L'orateur, prenant pour texte ces paroles
de l'Écriture: La crainte du Seigneur est le
commencement de la sagesse, a su extraire de
son sujet les exemples les plus entraînants de
vertu. C'est qu'en effet une existence éphémère de
jeune homme, vouée la pratique modeste de de
voirs obscurs, recèle bien souvent des vertus plus
réelles, plus pratiques surtout que n'en offre
l'édification des hommes la vie éclatante et les
pompeuses vertus des grands et des personnages
célèbres, sujets ordinaires de ce genre d'éloquence.
A la suite de la cérémonie religieuse, les élèves
du collège S' Vincent ont accompagné la dépouille
mortelle de leur condisciple jusqu'au champ du
repos. Là M. Auguste Béague, élève de la classe
de seconde, a prononcé un discours d'adieux. Sur
la tombe de son ami ce n'étaient pas les fleurs ar
tificielles d'une rhétorique froide et frivole que le
jeuue orateur venait répandre. C'étaient de tristes
regrets, des vœux pieux, de touchantes réminis
cences, des motifs de consolation et d'espoir qu'il
évoquait tour tour; c'était enfin la prière qu'il
appelait sur ce jeune cercueil, la prière, lien sacré
entre ceux qui restent et ceux qui ne sont plus, la
prière, seul lien que le trépas ne puisse dissoudre.
Ajoutons que les paroles profondément senties
de l'orateur ont su communiquer tout l'auditoire
les sentiments dont lui-même était pénétié.
On lit dans l'Indicateur d'Hazebrouck. M. Dé
siré Cbattelain de Bailleul, premier prix de gyin-
nace musical, vient d'obtenir au Conservatoire de
Paris, le 2°" prix de Trombone.
Ce jeune lauréat, est un ancien élève du collège
S1 Vincent de Paul, où il a suivi plusieurs années
le cours de musique, alors dirigé par M. Moennan.
i)8S»»
On lit dans la Patrie: Les journaux minis
tériels ne sachant de quelle manière expliquer la
défaite subie par leurs patrons dans l'élection de
Philippeville, ont prétendu qu'il y avait bénéfice
pour eux, en ce sens que leur candidat, M. Piéton,
avait obtenu plus de voix aujourd'hui que lors des
électionsdu 27 septembre dernier. L'Ami de l'Or
dre fait justice de cette prétention dans l'article
qu'on va lire:
L'appréciation que fait l'Indépendance de l'é
lection de Philippeville est d'un comique mer
veilleux d'un rare gasconisme. A l'en croire
le libéralisme forcené dont elle est l'organe et
l'humble servante, la politique nouvelle doit se
réjouir de l'élection de Philippeville, car elle y a
obtenuDon pas une victoire, mais un succès.
M. Piéton y a gagné 197 voix. L'opinion ministé
rielle, la politique outrance grandit dans l'estime
du corps électoral de Philippeville. Conclusion:
l'opinion conservatrice doit envisager le résultat
de l'élection comme une espèce d'échec, d'affaiblis
sement moral.
Admettons un moment le raisonnement de l'In
dépendance. Si le ministère envisage de la sorte
l'élection de Philippeville, voudra-t-il bien nous
dire comment il apprécie les élections de Gand et
de Tournai Voudra-t-il nous dire ce que signifie
son succès dans ces deux collèges électoraux où il
n'a triomphé que par l'appoint du socialisme? Où
il eût été battu, malgré la phalange de fonction
naires, sans l'appoint du socialisme? Où, malgré la
phalange de fonctionnaires, malgré la corruption
et l'intimidation, malgré l'appoint du socialisme, il
ne s'en est fallu de rien qu'il ne fût complètement
battu
Mais le raisonnement de l'Indépendance est-il
admissible
A Gand et Tournai l'opinion conservatrice
gagne tout ce que perdent l'opinion libérale et le
parti radical coalisés. A Philippeville, l'opinion
conservatrice non seulement ne perd pas une seule
voix, MAIS EN GAGNE QUATORZE: M. de
Cartier est élu le 27 septembre par 355 voix; M.
de Cesves est élu le 16 août par 36g voix.
D'où vient la différence des deux résultats rela
tivement M. Piéton.
En septembre i85i, le ministère n'ose entrer
en lutte contre M. de Cartier, et que fait-il? Il
donne des ordres ses journaux de ranger M. de
Cartier parmi les ministériels; il fait faire des dé
marches près de M. de Cartier par M. le com-
saire d'arrondissement qui vient promettre le
concours du gouvernement au candidat conser
vateur, si celui-ci consent accepter la loi sur les
successions, ou même s'il consent rester neutre;
enfin il ne se décide descendre sur le champ de
bataille que pour dire qu'il ne déserte pas la lutte.
En août i852 le ministère entreprend de lutter,
et celte fois il déploie toutes ses forces, toutes ses
ressources, et l'on sait ce que valent les ressources
de la politique nouvelle. Malgré cela il est battu.
Il est battu, et non-seulement il est résigné
comme le sont des gens habitués ces sortes de
malheurs, mais il est encore content! Ce consente
ment part d'un bon oaturel.
La Feuille d'Oslende publie le bulletin heb
domadaire de la pêche suivant:
Dimanche dernier deux chaloupes de la pêche
de Feroë ont apporté en ce port i55 tonnes morue,
qui ont été vendues le lendemain deux heures de
relevée. La demande pour morue était grande, il
en résulte que les prix ont été satisfaisants.
On a obtenu pour la morue du nord, poisson
que les chaloupes avaient pris en passant le Dog-
gerbank, fr. 55 58; et pour celui de Feroë
fr. 3g 4o.
Toute la semaine la minqne a été bien fournie
de poisson frais par les schuyts de Blankenberghe
et de la Panne.
On écrit de Gand, 21 août
Hier, une heure de relevée, un jeune homme
et une jeune fille,ouvriers de fabrique, traversèrent
le pont des Chaudronniers. On vit la jeune fille
tendre, en cet instant, la main au jeune homme
qui sembla la serrer affectueusement. Tout-à-coup
l'ouvrier monta sur le parapet et se précipita dans
l'Eescau, fort rapide en cet endroit. Des bateliers
détachèrent aussitôt une embarcation pour voler