JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3646.
36me année.
LES DEUX SYSTÈMES D'ÉDUCATION.
L'époque actuelle est des plus solennelles
de l'année: c'est en ce moment que le père
de famille délibère du sort qu'il destine
son fils, quel genre d'éducation il lui don
nera, en quelles mains il confiera ce dépôt
chéri. De là dépend tout une existence, delà
dépendent la tranquillité des jours du père
quand il sera devenu vieux, le bonheur ou
le chagrin d'une mère, souvent l'avenir et
la prospérité des familles.
Deux voies sont indiquées, et elles sont
diamétralement opposées.
Un esprit d'indépendance échevelée issu
des barricades et des cabarets, renforcé par
promoteurs d'insubordination et de dé
bauche, a enrégimenté sous ses drapeaux
toutes les forces nuisibles les plus con
traires. Ennemis décidés de la religion,
anciens valets de Guillaume, démagogues
par misère, chevaliers d'industrie, franc-
maçons, gobeurs des pillules romantiques,
paysans grands hommes en tournant le
dos leur curé, gros bourgeois riant aux
éclats de toute niche au clérical, tout se
trouve confondu pêle-mêle dans ce chaos.
La discipline a coordonné jusqu'à un cer
tain point ces éléments naturellement an
tipathiques, non pour l'entente intérieure
qui est impossible, mais pour le mouvement
agressif continu contre l'Eglise catholique,
qui est le but régulièrement uniforme au
quel convergent tous les instincts pervers.
Cette masse, dégagée de son air sauvage par
les exigences de parti, est ce qui constitue
le libéralisme du jour. Ses oracles sont
tous les appétits, tous les goûts, il ne dé
daigne rien depuisl'ordurier Méphistophelès
jusqu'à la pédantesque Indépendance, de
puis le malin Messager de Gand jusqu'au
maçonnique Observateur. Un cri unanime,
tantôt railleur, tantôt mielleux, menaçant
ou doctoral, s'élève de toutes les bouches
auxquelles le libéralisme impose son mot
d'ordre: Envoyez votre fils aux athénées
et collèges de l'État, le grec et le latin y
sont affranchis de lagêne du prêtre. Qu'est-
ce que le prêtre a se mêler ainsi partout?
Il est sa place au temple, qu'il ne porte
pas son ambition hors de là. Les institu
tions cléricales sont bonnes pour ceux qui
se destinent l'état sacerdotal. Votre fils
a appris son catéchisme dans le temps,
cela suffit pour le monde, le reste est du
temps perdu. Dans les établissements de
l'État, comme le prêtre n'y a pas d'accès
pour sa branche, on consacre plus de temps
au dessin, la gymnastique, la danse,
la musique et aux autres exigences du siè
cle. On y prononce mieux le français, les
élèves y sont mis davantage au courant de
la littérature du jour. Ils sont tenus au
courant de tout ce qui pique la curiosité,
du théâtre, des brochures, des journaux,
de la politique.
Si votre fils fréquente les établissements
de l'Etat, la porte lui est ouverte aux em
plois, la protection, la faveur des mi
nistres: le libéralisme tient la clé de toutes
les carrières. Malheur pour lui-même, mal
heur pour son fils qui ose recourir au
clergé. Le libéralisme doit se maintenir au
pouvoir de gré ou de force, car s'il ren
contre trop de répulsion, il révolutionne
le pays, et toujours il se souviendra avec
rancune de la préférence donnée l'édu
cation cléricale. Cet arrêt est inexorable et
le réseau des loges assure son exécution.
Ce langage intimide les familles, quel
ques unes le croient aussi vrai qu'il est
décidé, et cèdent. Mais les pères qui ont
quelque force de caractère, et les familles
où la religion n'est pas effacée, ne cèdent
pas. Us veulent attentivement examiner la
valeur de l'autre système d'éducation qui
s'offre, l'éducation avec le concours de la
religion. Ici rien de si bruyant, ni de si
hautain. Ou invite et on attend, on n'exa
gère rien, on ne menace pas. On rappelle
simplement qu'en alliant la religion et la
vertu au savoir, on développe le talent, en
même temps qu'on forme le cœur, et qu'on
apprend l'homme subjuguer ses pas
sions. On fait voir aisément que la religion
est de tous les états, qu'elle garantit seule
la probité dans toutes les professions et le
bonheur dans les diverses situations de la
vie, même dans les plus rudes épreuves.
Les jeunes gens formés dans les institu
tions où la religion domine, feront généra
lement mieux leur chemin, parce qu'ils
ont des principes plus sûrs de conduite.
Us sont moins portés la dissipation et
la dépense. Us ont une précoce maturité
pour les occupations sérieuses. Par là mal
gré toutes les influences hostiles, ils parvien
nent plus tôt aux emplois, les remplissent
mieux, et ont ainsi plus de chances d'avan
cement successif. On finit presque toujours
par leur rendre justice. Non seulement ils
étudient mieux parce qu'ils sont moins
préoccupés d'amusement, mais ils conti
nuent par goût et par amour du travail
travailler plus tard, ce qui seul forme les
grandes capacités. Les liens de l'éducation
religieuse sont le ciment de l'union des
familles, du respect filial, de la franche
amitié, du dévouement mutuel entre con
citoyens.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX l>r, L'AIIOlIIEiIlKNT, par trimestre
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-50. Un n° 2$ C.
Le Propagateur paiait le NillEUI et le NKRCKEDI
de chaque semaine. (insertions 19 centimes la ligne.)
7P^3S, 8 Septembre.
Les journaux ministériels ne savent comment
atténuer l'impression produite par le scandale de
la lecture de Napoléon-le-Petit aux élèves de
l'athénée de Gand, et par la distribution de livres
protestants a ceux de l'athéoée d'Anvers; dans ce
but, ils essaient du mensonge le plus cynique, le
plus palpable, c'est le juif hollandais, correspon
dant du Journal de Liège, qui attache le grelot.
Dans la lettre qu'il adressait hier cette feuille»
nous lisons
Le crime du professeur, M. Novent, on le con-
naît c'est d'avoir lu quelques passages, inof-
fensifs par eux-mêmes, du livre de Victor Hugo,
Napolêon-le-Petit. Eh bien les dénonciateurs
n'ont pas le droit, en vérité, d'être si sévères
pour les professeurs de l'État. Il ni!est revenu
que pareille lecture a été faite dans deux
établissements du clergéJ l'un Namur, l'au-
tre b Malines. Que pensez-vous de ce petit évé-
neruent, et comme messieurs les jésuites ont beau
jeu vraiment de-jeler la pierre l'État?
Nous en sommes certain, c'est là un grossier
mensonge, dicté par la haine, dicté par le dépit, et
dès maintenant, nous osons défier le Juif de nom
mer le ou les professeurs qui ont fait la lecture, le
ou les élèves qui l'out entendue. S'il ne le fait pas,
et il ne saurait le faire, nous serons en droit de le
flétrir comme calomniateur. [Patrie de Bruges.)
Nous avons déjà eu l'occasion de signaler les
efforts que fait en Belgique la propagande protes
tante hollandaise pour égarer nos populations ca
tholiques. A cet effeton inonde notre pays de
publications protestantrs; on répand partout l'ar
gent pour gagner des conseiences catholiques. Un
journal prolestant de la Hollande le Dordrechl-
sche Courant, avoue lui même les efforts de cette
propagande pour favoriser l'hérésie chez nous.
On lit dans celte feuille
Les délibérations de la trente septième réunion
des députés des églises wallonnes et les décisions
qui y ont été prises sont -d'une haute importance.
Parmi ces dernières, il faut mentionner qu'entre
les églises wallonnes de la Néerlande et l'Eglise
protestante nationale de Belgique, il a été noué un
lieu de mutuel intérêt et de coopération pour fa
voriser le protestantisme par des efforts communs,
dans les deux pays. La réunion a chargé la commis
sion wallonne d'ouvrir des correspondances avec
les églises protestantes en général, et avec celles
de France et celles qui se servent de la langue
française en particulier, afin de connaître conti
nuellement la situation du protestantisme, et de
mettre réciproquement l'étranger la hauteur du
mouvement religieux, ecclésiastique et scientifique,
tel qu'il se développe dans l'Église protestante en
Néerlande. La réunien a encore posé les bases pour
l'établissement d'une bibliothèque wallonne, dans
laquelle on admettera tout ce qui a rapport l'his
toire et aux vicissitudes des églises wallonnes eu
Néerlande.
Voilà un avertissement donné aux Belges par
ceux-là mêmes qui cherchent leur faire aban
donner la foi catholique pour les entraîner dans
l'erreur. Il semble que les divisions religieuses qui
règneut parmi les protestants de la Hollaude,
soient un motif pour les engager développer leur
propagandeà l'étranger. Ils veulent ainsi se dédom
mager des défections qu'ils prévoient la suite
d'une conversion éclatante qui a fait grande sen
sation en Hollaude.
M. Dekker, naguère rédacteur en chef de la