9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3647. 36me année. La situation que le cabinet Frère-Rogier a faite la Belgique devient tellement em brouillée que personne vrai dire, ne sau rait y voir clair. Serviteurs dévoués des loges maçonniques dont tous les efforts tendent constamment seiner ce vent cor rupteur qui produisit tant et de si effroya bles tempêtes, nos hommes d'État semblent avoir pris tâche de sacrifier nos intérêts les plus précieux et en même temps les plus sacrés, la haine et aux vengeances des ennemis de la paix et de la prospérité publiques. Chacun prend pitié de cet état des choses, et se demande avec un senti ment d'axiété, jusqu'à quand notre chère patrie sera livrée aux cruelles étreintes des suppôts de ces sectes infernales dont l'in fluence ténébreuse contribua tant de fois faire trembler le sol de l'Europe. Déjà trop de germes de révolution, trop d'éléments de dissolution sociale sont ré pandus dans toutes les classes du peuple; trop de systèmes blâmables ont été rais en pratique; trop de lois impopulaires et an- thipathiques au caractère proverbial des Belges ont été sanctionnées par la législa ture composée en grande partie d'hommes courbés sous le joug des sociétés secrètes. Et ceci personne ne saurait le nier: En séparant la religion d'avec l'éducation pu blique; en affectant des sommes énormes pour le soutien et la prospérité d'une série d'établissements d'instruction, d'où le prê tre, sa religion et sa morale demeurent exclus, le gouvernement expose ainsi l'É tat, la société, les familles aux maux in calculables qu'engendre toujours l'impiété greffée sur le jeune âge. L'Education com me l'a si bien observé un écrivain savant et judicieux, c'est tout l'avenir des peuples. Or de quel œil peut-on envisager notre avenir, quand on considère le gouverne ment s'armer de défiance et d'un ignoble dédain envers le clergé, modèle de toutes les vertus chrétiennes et civiques qui se consume en efforts constants dans le but d'élever les générations naissantes dans la crainte de Dieu, et dans l'amour de ses lois, tandis que d'un autre coté on voit ce même pouvoir, ouvrir le trésor public pour combler de faveurs, des maisons que dirigent parfois des hommes aux mœurs et aux principes suspects, et dont la con duite estune insulte continuelle la dignité sacrée de formateurs de la jeunesse dont ils se trouvent investis? Et puis, que signifient ces mesures vexa- trices contre la charité privée? où tendent ces lois immorales qui relâchent la piété filiale et autorisent le fisc s'asseoir au chevet paternel pour y receuillir sa part dans l'héritage qu'à la sueur de son front le père a gagné pour ses enfants. Où nous mènent en un mot ces traités qui jetent la perturbation dans le commerce et l'in dustrie? Tristes tendances, funestes symptômes! nous voilà pourtant réduits cette pénible extrémité, grâce aux manœuvres d'une secte politique qui déploya son drapeau, sous les apparences les plus flatteuses. Daigne la sagesse de notre Monarque bien- aimé, daigne surtout le bras protecteur de la providence détourner de notre patrie les maux qui nous menacent. Un violent orage vient d'éclater sur notre ville, dans la soirée du 8 de ce mois. La foudre est tombée vers les 7 heures sur la grange de la ferme occupée par le sieur Boussemaere, sise proximité de la ville. Le bâtiment avec les récoltes qu'il renfer mait est devenu la proie des flammes. On évalue les pertes 6,000 francs. Nous appelons l'attention spéciale des pères et des mères, sur la lettre pastorale publiée par sa Grandeur l'Evêque de Gand, propos des doctrines anticatboiiques et anlichrétiënnes enseignées l'Université de Gand, parun professeur de philosophie. Les cris d'alarme poussés par le chef du diocèse ne sauraient manquer de rencon trer un puissant écho dans le cœur de tous ceux qui s'intéressent au bonheur de la jeunesse, et les sages avertissements du digne Prélat feront comprendre une fois de plus combien il importe de distinguer dans le choix des établissements d'éduca tion et d'instruction publique. Voici la circulaire que Mp l'Evêque de Gand a adressée MM. les Curés de son diocèse VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX lli: L'AROIIEMRNT, par trlmeitre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu u° 25 c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine.(Insertions 11 centimes la ligne.) 7P3.SS, H Septembre. circulaire a mm. les curés sur des cahiers de philosophie. Gaiid, le 2 septembre i852. Monsieur le Curé, Pendant la visite pastorale d'une partie de notre diocèse, où la simplicité heureuse des enfants, la sainte résignation de tant de pauvres malheureux et la sincère piété de nos diocésains inondaient notre cœur des pins doux sentiments, une nouvelle bien affligeante vint troubler notre joie; des doc trines anticatholiques, 011 plutôt anlichréliennes, se propageaient au sein même de notre ville epis- copale! Dans un vif désir de trouver celte triste révélation mal fondée, nous voulûmes lire et exa miner mûrement les cahiers philosophiques qui dous étaient déférés. Quelle fut notre surprise et notre douleur en voyant s'y accumuler tant d'erreurs grossières, tant de propositions diamétralement opposées anx dootrines de l'Eglise de Jésus Christ, dont le dépôt nous est confié dans ce vaste diocèse Il nous parut entendre retentir h nos oreilles les avertissements que donnait Saint Paul h l'évèque Timothée Gardez le dépôt de la foi qui vous a été confié, fuyant les profanes nouveautés de paroles et toute doctrine contraire qui porte faussement le nom de science, dont quelques- uns faisant profession, se sont égarés de la foi. Nous nous trouvons ainsi dans la pénible néces sité de vous signaler ces cahiers de philosophie dictes Gand en i85i,afin d'empêcher la propa gation de l'erreur, semblable la gangrène dit encore Saint Paul, qui répand insensiblement la corruption. Nous remplisons ce devoir de notre charge pastorale le cœur navré de douleur, mais nous ne pouvons garder le silence h la vue du dan ger, nous ne pouvons vous laisser ignorer quelles tentations et quels périls se trouve exposée la foi de ces jeunes geDs, que vous voyez s'éloigner du toit paternel, pour aller chercher la science dans notre grande ville. Qui penserait sans frisotiner l'avenir du pays, quand on y voit travailler les savants eux-mêmes 'a corrompre l'intelligence de la jeunesse studieuse Sans doute on fera sonner bien haut le mot de philosophie: la philosophie, nousdira-t-on, n'est pas la théologie, et nous ne prétendons pas empiéter sur le domaine des théologieos, mais nous borner anx lumières de la raisou. Nous aussi, M. le curé, nous connaissons la dis tinction essentielle faire entre la philosophie et la théologie nous admettons volontiers qu'on se serve- de la raison, qui est sans doute un doD de Dieu, dans les recherches de la sagesse; nous ap prouvons ces discussions savantes qui ont pour but d'éclairer la vérité et d'arracher la nature ses derniers secrets, mais jamais la raison ne peut être contraire h la révélation, qui est également un don de Dieu; jamais la philosophie ne peut être enne mie de la parole de Dieu ou de l'enseignement de l'Eglise. N. S. Jésus-Christ est la vérité; lui- même nous le dit Ego sum Veritas. La vérité est une, et tout ce qui lui est contraire n'est qu'er reur' et mensonge tout enseignement, tout sys tème qui contredit la parole divine, nos Saintes Ecritures, est condamné d'avance, et tout homme qui s'y attache se sépare de sou Dieu. Oui, toute doctrine cou traire la doctrine de l'Eglise est également fausse, car J.-C. avant de monter au ciel, a promis infailliblement, il a dit a ses chefs: ne craignez riencar voici que je suis moi-même avec vous, tous les jours. Jusqu'à la consom mation des siècles. Par conséquent, tout enseigne ment philosophique qui est opposé l'enseigne ment de la Sainte Eglise, qui l'attaque, le réprouve ou le blâme; cet enseignement philosophique est radicalement faux et rien ne saurait l'excuser. Nous croyons avoir prouvé suffisamment et jus qu'à l'évideuceque nous ne combattonsaucuoement la philosophie proprement dite et qui reste dans sa sphère; nous reconnaissons son utilité et les services qu'elle peut rendre la vérité: nous la nommerons de bon cœur l'assistante, la protectrice et la sœur de la théologie toutes deux viennent du ciel. Mais cette philosophie bâtarde, orgueilleuse, insolente, qui ose blasphémer les choses divines, ne vient pas d'en haut, et jamais nous ne permettrons que notre silence contribue lui laisser lever la tète parmi nous.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1852 | | pagina 1