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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3651
36me année.
7PP.ES, 25 Septembre.
ET LE FRANC-MAÇON VERHAEGEN.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX. RE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu u° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions f? centimes la ligne.)
A de nombreuses reprises il nous a fallu signaler
l'ignorance et la légèreté qui depuis l'avènement
de la politique nouvelle présidaient la gestion
des intérêts généraux du pays.
On sait de quelle manière inintelligente elle a
compris en tant de circonstances les intérêts mo
raux de la Belgique. Ce point est maintenant jugé,
et l'immense majorité du pays sait fort bien au
jourd'hui quoi s'en tenir.
Le cabinet Rogier n'a pas mieux compris nos
intérêts matériels. C'est grâce ses innovations
financières que le libre-échange, appliqué pres-
qu'exclusivement aux céreales et au bétail, a con
sidérablement restreint les ressources des classes
agricoles c'est encore sous son administration que
l'industrie liuière et la typographie ont été sa
crifiées par le traité commercial récemment conclu
avec la France. Aujourd'hui de nouvelles avaries
sont venues fondre sur l'industrie nationale et
restreindre les ressources du pays.
Protégées par des stipulations verbales annexes
au traité de commerce de i845, les fontes et les
houilles Belges jouissaient la frontière française
de grandes faveurs de tarif. La presse conservatrice
signala la counexion étroite qui reliait ces clauses
secrètes aux stipulations écrites du traité. Mais le
ministère se riait de ces justes préoccupations, et
ses journaux s'inscrivaient en faux contre les allé
gations des feuilles modérées. A peioe cependant
le traité de i845 a-t-il cessé d'être en vigueur que
déjà l'événement vient justifier les prévisions des
conservateurs et que le gouvernement français
s'empresse de soumettre nos charbons et nos fontes
au régime du droit commun en élevant de beau
coup les droits douaniers qu'il prélève sur ces
produits.
Mais si les intérêts généraux de la Belgique se
trouvent compromis ce point sous le régime
libéraliste, notre cité n'a guère davaotage se fé
liciter des faveurs particulières qui lui sont faites.
Jusqu'ici, il est vrai, on a eu soin dans le camp
ministériel de faire sonner bien haut la convention
qui nous assure la jouissance d'une voie ferrée
Courtrai et Poperinghe. Mais cette faveur pré
tendue est-elle donc d'une utilité si incontestable
et surtout si générale? Car en effet, si dorénavant
les communications devenues plus directes et plus
rapides favoriseront certains négociants en facili
tant le transport des matières pondereuses; d'un
antre côté, elles engageront les débitants aise's de
la ville et de la campagne, qui avaient coutume de
faire leurs achats en nos murs, s'approvisionner
Ce qui agraveles torts du miuislère en cette circonstance,
c'est qu'il resuite des explications fournies par VIndépendance,
organe de sa politique, qu'il ne teuait qu'à lui de renouveler
le traité de 1845 et par suite les stipulations favorables l'in
dustrie lisière.
ailleurs, et elles causeront de notables préjudices
un grand nombre de marchands dont les cha
lands auront toute facilité de faire ailleurs, dans
les magasins de quelque grande ville leurs em
plettes les plus importantes.
A ces résultats ne'gatifs que le chemin de fer
nous offre en perspective est-il besoin, pour me
surer nos pertes depuis l'avènement du cabinet de
1847, d'ajouter la diminution annuelle de notre
garnison, de'jà réduite si peu de chose et des
tinée dans un avenir prochain l'être encore da
vantage, par la suppression probable de l'école
d'équitalion et la démolition prévue de nos rem
parts?
LE MINISTÈRE
Le malencontreux cabinet Rogier-Tesch et con
sorts, ne sachant plus quel Saint se vouer pour
sauver son existence précaire, vient d'inventer un
expédient tout aussi curieux que contraire aux
principes constitutionnels, pour se tirer de la po
sition compliquée où il se trouve engagé. Il est de
la connaissance du pays entier, que notre politique
extérieure souffre des embarras survenus avec une
nation voisine dont nous avons redouter la fière
puissance; et trop longtemps déjà, de tous les
points du royaume, l'ou se récrie contre l'usage
insensé que foDt de leur pouvoir et de leur in
fluence parlementaire, ces hommes issus des loges
maçonniques, qui président.à nos destinées.
En présence de cet état des choses, il est évident
que la Belgique, par la voix de ses mandataires
exige du gouvernement un examen approfondi de
ses actes et de sa conduite. Un cabinet la hauteur
de sa dignité, saurait-il redouter les explications
que le pays demande. Point du tout. Et, que fait
cependaut le ministère? Aux vœux du pavs, ex
primant hautement le de'sir d'avoir des renseigne
ments précis sur la cause du malaise qui travaille
le commerce et l'industrie, M. Rogier consent-il
ouvrir devant les Chambres, le grand livre de
l'examen public. Qu'on parcoure les organes du
libéralisme et l'on verra en quelles mains le pou
voir est livré.
Un arrêté récent, comme on sait, convoque les
deux Chambres pour le 27 de ce mois. Le but de
cette re'union pour la nation entière c'est d'emettre
son jugement sur ses affaires publiques. Mais il
s'agit bien de cela pour M. Rogier, et ses frères en
libéralisme. Toute la question, pour eux se résume
savoir, si le siège de la présidence, la repré
Il y avait le courant parade militaire des troupes
de la garnison, l'occasion des journées de Septembre,
mais cela faisait pitié car sur cette magnifique grande
place, où l'on était accoutumé sous le régime des cabiuets
précédents voir la suite des bataillons nombreux de
l'infauterie se déployer les brillants escadrons de la cava
lerie, où jadis le pavé retentissait sous les pas des chevaux
et sous les lourds attélages des batteries montées, où les
éclats harmonieux des musiques militaires se repoudaieut
et se faisaient entendre tour a tour- sur cette immense
place publique, disons-nous, de rares spectateurs virent
hier vendredi, eu guise de parade, un petit groupe de
fantassins précédés de quelques tambours exécuter uu mo
ment quelques évolutions en un coin de la place déserte;
puis disparaître petit bruitcela faisait pitié
sentation nationale sera maintenue ou retiré M*
Verhaegen.
En voyant tant d'oubli des convenances, tant
de passioo politique primer sur les intérêts des
masses, les Chambres et le pays entier consentiront-
ils plus longtemps demeurer livrés aux étreintes
des loges? Et comment M. Rogier ne se voilerait-
il pas la face de honte, en faisant une question de
cabinet de l'élection d'un homme dont le nom est
une insulte la dignité et au caractère du peuple
belge; car ceci n'est-il pas vrai; n'est-ce pas des
mains de M. Verhaegen que sortit ce manifeste
insultant pour la représentation nationale? N'est-ce
point ce triste personnage qni s'en fut offrir une
plume d'or au cynique Sue dont les écrits corrup
teurs distillent le venein dans toutes les veines
sociales, et c'est un tel homme que la Belgique
devrait nommer son président la Chambre, et
c'est de ce choix dont le ministère fait dépendre
son existence!
Le ministère se joue évidemment du régime re
présentatif, comme il se joue de la dignité publique.
En i83o, un homme comme Verhaegen n'ait ren
contré dans les Chambres que des voix pour flétrir
sa conduite et eu i852, on lui renouvellerait une
fonction dont il est en tout indigne. Nous avons
d'autres idées de nos mandataires. L'honneur chez
eux ne sera pas un vain nom, et si le ministère veut
tomber avec Verhaegen ils tomberont tout les
deux aux acclamations du pays.
Mardi au soir un accident est arrivé au der
nier convoi du chemin de fer de la Flandre occi
dentale partant de Courtrai. A la hauteur de Heule,
où un excentrique se trouvait tourné, le convoi
s'est engagé sur l'embranchement en construction
de la route conduisant Ypres. Le chauffeur est
tombé sur le lender et a en la jambe brise'e. On l'a
transporté l'hôpital de Courtraile convoi n'est
arrivé Bruges qu'à onze heures du soir.
On lit dans le Courrier suisse, journal du Lau
sanne, du 19 septembre:
«Oron le 17 septembre*
Un triste accident vient d'avoir lieu cet après-
midi même, sur la route d'ici Promasens, canton
de Fribourg. La duchesse d'Orléans, accompagnée
de ses deux fils et d'une quinzaine de personnes de
sa suite, se rendait Berne, lorsqu'en arrivant
Moudon, elle apprit que le pont de Courtilles avait
été empoi té par les eaux la nuit précédente. Force
lui fut donc de rétrograder avec ses deux voitures
de voyage, et de prendre la route de Romont, Fri
bourg, etc.
Elle avait passé Oron environ midi, lors
qu'à deux heures on voit revenir Oron une des
voitures contenant la duchesse, les deux princes
ses fils, sa dame d'hooDeur, etc., tous trempés
jusqu'aux os, et la duchesse elle-même blessée.
Sa voiture, par l'imprudence du cocher, ce
qu'il paraît, avait versé dans un graud fossé plein
d'eau, l'entrée do village de Promasens, et s'était
entièrement culbutée. La duchesse a eu, dit-on, la
clavicule rompue, et les autres voyageurs en ont été
quittes pour quelques contusions.