9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3697. Samedi, 5 Mars 1853. 30me année. 7?P.53S, 5 Mars. LE LIBÉRALISME DU JOUR CONTRIBUABLES. Si nous obtenions la réforme électorale, les fonds de l'état serviraient améliorer le sort de l'industrie linière, créer des débouchés pour nos toiles et nos houblons, protéger l'agriculture et l'élève du bétail, plutôt qu'à faire prévaloir le libre échange, encombrer nos marchés des produits étrangers, et doubler de grande ville en grande ville des chemins de fer inutiles. Sous la domination du libéralisme con- terapleur, quelques sommités orgueilleuses du parti dirigent le mouvement, les créa- tures suivent tête baissée, moyennant une cueillerée du pot, applaudissant, courant sus suivant la consigne, et tout ce qui reste en dehors de la clique est impitoyablement sacrifié. La hiérarchie organisée est facile dé crire; A la tête la faction wallonne-liégeoise; donc tout pour la Meuse; rien pour l'Iser; Au second plan, les grandes villes pri vilégiées: Liège est en posse^ion de donner au Roi ses ministres, la Chambre son pré sident. Libre Bruxelles de puiser au tré sor pour sa colonne du Congrès, pour son palais de justice, pour l'incorporation de ses faubourgs: libre Gand de faire payer 150 fr. par bateau qui passe l'Escaut, et de rendre ainsi les Flandres entières tribu taires de ses ponts. Au troisième rang viennent les enfants gâtés, les professeurs des écoles sans in struction religieuse, toujours certains que leursappointements fixes sont une garantie contre la désertion de leurs bancs. Pour faire vivre un collège, il suffit dé deux choses, de l'argent et des boursiers. Le libéralisme sait qu'il y a des contribuables et des pauvres: c'est tout ce qu'il lui faut son idée. Au dernier rang sont les deux Flandres. Quand l'activité joyeuse de Comines- France, on oppose la morne tristesse de Comines-Belgique, le libéralisme ne s'en émeut guères et tourne le dos. A Ypres il relire sa garnison, et laisse l'Iser déborder son aise. Qu'est-ce en effet que les deux Flan dres? C'est un pays de paysans, un pays catholique, un pays du pape. Que peut-il y avoir de commun entre le libéralisme et une pareille contrée? La première règle de rigueur est que ce pays paie fort, de peur qu'il ne se relève de son abaissement, et n'exercé une in fluence rétrograde. La deuxième règle est qu'il soit couvert de gazettes dévergondées et d'écoles sans instruction religieuse, afin de déraciner peu peu l'esprit de religion qui y est trop fortement ancré. Voilà pourquoi, s'il s'offre J»ar hasard uu Beekman, il faut le soudoyer, lais des pauvres vicaires soumis, qui ré clameraient 200 fr. de légitime subside, une administration libérale fera la moue. Ou dirait vraiment qu'une troisième rè gle peut dans la manière de voir du libé ralisme, servir de complément aux deux premières, et qu'il n'est pas éloigné de croire que d'exposition agricole en expo sition agricole, d'ovation en ovation, du chou au potiron, du concombre la poire, il n'est pas impossible de mener nos popula tions rurales la réligiosité de l'ancienne Egypte. Gazettes, expositions, estaminets de co terie, collèges réprouvés par l'Eglise, et soutenus contr' elle, tout échoue devant la fermeté des Flamands; mais n'est-il pas déplorable que leurs ressourees^oient ex ploitées pour guerroyer contre leur culte, contre les traditions de leurs ancêtres, contre l'attachement au catholicisme dont ils s'honorent, contre les véritables inté rêts de leur commerce, de leur industrie, et de la diffusion utile d'un enseignement moral et sérieux, nous entendons d'un en seignement professionnel, positif et solide, et non du clinquant d'antichambre, de club et de théâtre? Que les temps sont changés, sortant du diner de Philippe le Bel, les Flamands lais saient sur leurs sièges les manteaux de brocard d'or sur les quels ils s'étaient assis, et maintenant nos ouvriers en haillons sont ramenés de temps autre par la gen darmerie française, tandis que le libéra lisme perore contre les prêtres, cabale dans les loges, et aplatit les masses. La réforme électorale peut rendre son importance politique au pays en face des grandes villes. La Belgique n'est pas une terre de centralisation, c'est la nation eq- tière qui doit imprimer le cachet de son caractère sur les actes du gouvernement. Si Paris est la France, il en est autrement ici. Qu'on se souvienne de celle vérité, qu'on ose suivre une politique belge, et ce ne sera point une silhouette d'imitation du Piémont ni de la Suisse, deux états sur la pente qui mène Mazzini en même temps qu'à la défection de la foi, la jacquerie en même temps qu'au papier-mounaie. Rendez tous les électeurs belges égaux devant le scrutin comme l'a Constitution le veut, signez les pétitions qui demandent pour chacun la pleine, libre et facile jouis sance de son droit, et vous verrez vos con tributions diminuées et mieux employées, utilisées dans vos intérêts, et non pas esca motées comme l'enjeu des habiles l'assaut des factions. Aux arguments péremptoifes, aux don nés certaines, riches de faits et de chiffres, que nous avons émis dans un n® précédent, propos de la gestion financière et des actes politiques d'un échevin-représentant de cette ville, le Progrès n'oppose qu'un opiniâtre silence, déclarant d'un trait de plume que toutes les accusations qu'on lui lance son fétiche, bien entendu), ou ne sont que des mensonges ignobles cent fois réfutés, ou des actes qui, aii point de vue de Copinion libérale, sont en- lièrement louables. La réplique, il faut en convenir, est aussi leste qu'ingénieuse et commode. Toutefois, comme il se rencontre encore bon nombre de gens qui ont appris leurs dépens mettre en doute la véracité du confrère, celui-ci ferait bien de préciser un peu mieux en quoi consistent ces men songes ignobles dont il nous accuse si quar- rément. Mais ayons bon espoir, car voici que le Progrès nous apporte une nouvelle plus satisfaisante. Samedi prochain, il se trou vera, dit-il, en mesure de fournir la cu riosité publique une lettre qu'un conseiller communal élabore tête reposée. En at tendant, pour pallier les lenteurs de son confident, le véridique carré de papier prétexte l'abondance des matières: excuse pitoyable! puisque pour le moment il fié s'agite point de matières plus importantes au tribunal de l'opinion publique, que celles qui ont trait au déficit de nos finan ces et ses causes diverses. tUité et jchtice. On s'alunue Yprès, rue de Lille, 10, près la Grand Place, et cher, les Percepteurs des Postes du Koyaume. PRIX I/ABOSMEMEKT, par trlMMtre Vprès fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n" a5 c. Le Propagateur parait le atHEBI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertion. 19 centime, la ligne.) ET I.EN Nous oe perdrons certes pas notre temps b jus tifier les subsides alloués par la «ille pour frais de restauration de l'église monumentale de S' Martin, et d'achèvement de celle de S'Nicolas. Que le con frère du Marché au Beurre trouve, lui, que de l'argent employé b la construction ou b la répara tion d'une église forme de tout point une dépense inutile, ce langage n'a rien d'étonnant chez lui: est-ce que les philosophes du Progrès ont seule ment l'idée de ce que c'est que les intérêts re ligieux et moraux d'aDe commune? L'homme suivant eux est un animal qui mange, boit et digère comme les autres animaux consommer des pro duits, et produire pour consommervoilb tout notre rôle en ce monde. Comment donc des subsides votés pour une église trouveraient-ils grâce b leurs yeux? Aux chevaux on donne une écurie, de l'avoine et du foin: leur faut-il des temples? Les églises d'ailleurs dérangent quelque peu la théorie et la pratique de la consommation: motif de plus d'en restreindre le nombre autant que possible. Passons. Avec la permissioo du confrère, nous allons lui rappeler b notre tour quelques sommes dans l'em ploi desquelles il n'est question ni de S' Martin, ni de S' Nicolas, ni de curé, ni de vicaire ni de Il nous faut cependant excepter les maigres explications dont il s'efforce de justifier certains subsides affectés la con struction de plusieurs voies publiques; mais il y met tant de faiblesse et d'embarras qu'il convient Ini-métne que ors tra vaux dout il cherchait d'abord k faire uu titre d'honneur pour ses patrous, ne peuvent eu définitive que préjuger aux intérêt! de le ville.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 1