indications qui auraient eu infailliblement pour effet de dévoiler le secret dont sa profession l'avait rendu dépositaire. Des poursuites ayant été intentées par le ministère public contre le médecin pour contravention l'art. 57 du code civil, cette affaire se plaidera le jeudi 21 de ce mois, devant le tribunal de première in stance Ypres. XVIII* ANNIVERSAIRE DE S. A. 11. LE DUC DE BRADANT. de la naissance RÉCEPTION de s. a. r. le duc de brabant au sénat. La proclamation officielle de la majorité consli- tutionnelle de S. A. R. le Duc de Brabant, a eu lieu samedi au palais de la Nation, au milieu d'un appareil imposant et surtout émouvaut. Les abords du palais étaieut occiipés par les es cadrons du régiment des guides et des détache ments du régiment des grenadiers. Une garde d'honneur du régiment des carabiniers se trouvait, en outre, dans le vestibule et formait la haie des deux cotés du grand escalier jusqu'à la porte d'entrée de la salle des séances du Sénat. Cette salle était ornée d'une manière sévère et même avec une grande simplicité. Le fauteuil du Prince se trouve placé en face du fauteuil présidentiel, au troisième rang, entre les places de MM. d'Oraalius et le comte de Renesse, vice-présidents. Le siège du prince royal n'est dis tingué des autres que parce qu'il est recouvert de velours vert au lieu d'être tendu de maroquin et parce qu'il est surmonté d'une couronne royale sculptée. En avant de la place de S. A R. se trouve un tout petit pupitre faisant saillie sur la, table du pourtour. Les pieds droits des rampes de l'escalier condui-. saut au fauteuil de M. le président sont surmontés de lious sculptés supportant les armes de la Bel gique; au-dessus se trouvent, sur des consoles, les bustes en marbre blanc du Roi et de la Reine. Les trois médailles commémoratives destinées au Prince étaieut sur le bureau renfermées dans un écrin de velours rouge lambrequiné d'or. La loge royale, placée h côté de la lôge de MM. les membres de la Chambre des Représen tants, était ornée de tentures de velours cramoisi, frangées d'or. L'ouverture de la séance était fixée midi, mais dès dix heures et demie les tribunes étaient rem plies et la plupart de MM. les Sénateurs étaient présents a leur poste. Ainsi qu'on l'a annoncé ils étaient tous en costume officiel M. le prince de de Raphaël Et pour apprécier ce dévouement, il faut connaître en détail et avoir longtemps exa miné le peuple, pour juger ce qu'il y a de grand daus l'un, et quelquefois de misérable en l'autre. Il y a deux misères, deux pauvretés bien diffé rentes. L'uue est la plus noble des souffrances humaines. L'autre n'en est que l'hypocrisie. La première, c'est ('homme réduit par la mala- ladie ou par une impuissance passagère l'impos sibilité de gagner sa vie. Courageux, persévérant, assidu au travail, quand il peut, il est le soutien d'une famille entière; accablé, il demeure invo lontairement inutile. Alors son âme est sublime dans son désespoir, alors ce désespoir est réel, et les larmes qu'il cause brisent le cœur. Sa misère est vraie, ses privations positives. Tout est noble dans l'homme réduit ce degré d'infortune, le malheur a grandi ses pensées et élevé ses sentiments. C'est le propre de toutes les peines morales; elles élèvent l'âme en rétrécissant le cœur. Au moins si elles rendent l'un plus mauvais, elles Ligne seul avait conservé son uniforme d'ambassa deur. MM. tes Ministres étaient tous présents et égale ment en costume. Le corps diplomatique se trouvait réuni au grand complet. Le devant de la tribune diplomatique est oc cupé par Mme la comtesse de Montalto, née mar quise de Trasignies, et par une autre dame. La séance ouverte a midi par l'appel nominal, a constaté la présence de 42 membres. La première députation pour recevoir LL. AA. RR. le comte de Flandre et la princesse Charlotte, a été composée de MM. le marquis de Rodes et le comte de Ribauconrt, questeurs, et de MM. les sénateurs De Munck et le baron d'Anethan. La seconde députation était composée de M. d'Oinalius, premier vice-président, de MM. les questeurs et de MM. les séoateurs Daminet, che valier de Bélhuue, chevalier de Wouters de Bou- choule et Van Woumeu. Après que ces nominations eurent été faites la séance a été suspendue; a t heure moins dix mi nutes la séance est reprise, les clairons annoncent au dehors l'arrivée de LL. AA. RR. le comte de Flandre et la princesse Charlotte. MM. les mi nistres quittent leurs places pour se joindre aux dépulatious; les jeunes Princes paraissent dans la loge royale, la salle entière se lève et salue avec les plus vives acclamations. La jeune princesse et le comte de Flandre sa- lueut avec effusion et s'essayent. La princesse porte un charmant costume blanc et bleu; le comte de Flaudre, l'uniforme de major du régiment des guides. A une heure, l'huissier annonce le Prince royal tout le moude est debout, une triple salve d'ap plaudissements et les cris de: Vive le Roi éclatent spontanément. Le priuce royal est accompagné de la députation du Sénat, de MM. les Ministres et de la maison militaire du Roi au grand complet. Il est revêtu du grand-cordon de l'ordre Léopold et de la plaque. L'uniforme de sénateur sied bien sa taille éle vée, il salue avec grâce, et guidé par M. le vice- président, il se rend sa place, il s'assied. M. le président fait signe aux membres du Sénat de s'as seoir également et prononce le discours suivant Monseigneur, Le jour est arrivé où la majorité politique de Votre Altesse Royale l'appelle prêter serment b la Constitution et a prendre possession de son siège dans cette Assemblée. Depuis l'époque mémorable où il y a 22 ans, le Roi, votre auguste Père, vint embellissent l'autre, car si l'âme est devenue vi cieuse après une grande infortune, c'est qu'il n'y avait rien de bon en elle. 11 n'en est pas de même du cœur; il souffre deux passions la fois la cor porelle et la morale. Il a ses larmes, ses émotions, ses crises douloureuses; il change comme le visage change après avoir beaucoup pleuré. Le premier malheur le désenchante, les autres le gâtent et le corrompent. C'est déjà beaucoup, lorsqu'après de grandes douleurs nous ne sommes pas plus mau vais. Mais il ne faut pas croire que le chagrin rende meilleur; cependant la pauvreté est une des peiues qui gâtent le moins la bonté du cœur. On trouve dans l'artisan malheureux, dans la pauvre journa lière sans ouvrage, des piétés, des inquiétudes pour autrui, qu'on rencontre rarement dans les gens riches et aisés. Mais il est une autre misère, confondue souvent avec celle dont nous venons de parler. C'est celle du pauvre, devenu tel parce qu'il ne veut rien faire. Souvent c'est un être fort et robuste, actif consacrer sa vie îi l'indépendance et au bonheur de notre pairie en jurant de maintenir ses institutions, aucun jour plus solennel n'a marqué les fastes de notre histoire. Les manifestations qui éclatent sur tous les points du royaume, l'attitude des populations prou vent toute la part qu'elles prennent h cet événe ment et combien elfes en ont compris la haute importance. Quelle plus grande preuve aux yeux de l'Eu rope de l'attachement du peuple belge b sa mo narchie constitutionnelle, b sa nationalité et h sa dynastie, qui a jeté dans le pays de si profondes racines! Déjà le temps les a sanctionnées, mais l'impo sante cérémonie d'aujourdhui les consacre encore. Nouveau gage de sécurité, elle les consolide dans le présent, elle les perpétue dans l'avenir. Héritier du trône, fils d'un Rot modèle de fidélité la foi jurée, vous continuerez un jour ses nobles et patriotiques traditions. Guidé par sa sa gesse, votre route sera toute tracée, Monseigneur. Le Sénat recevra le serment que V. A. R. va prononcer. Venez donc, priuce, vous initier a la vie par lementaire, nos cœurs vous attendent. Du haut du Ciel, la Reine, votre auguste Mère, de mémoire si vénérée, vous regarde. La Belgique entière vous écoute. (Applaudissements prolongés.) Léopold, Duc de Brabant, Prince royal, jurez- vous fidélité la Constitution (Le discours de M. le prince de Ligne a été écouté avec la plus vive sympathie et avec la plus grande bienveillance. Il a vivement impressionné l'auditoire et le Priuce lui-même qui cependant a su maîtriser assez son émotion pour prononcer d'une voix fortement accentuée la formule du ser ment.) Son Altesse Royale. Je jure fidélité la Constitution. (Des acclamations unanimes ac cueillent de toutes parts le serment du Prince royal.) Son Altesse Royale. C'est profondément touché par le discours de notre honorable prési- dent, que je viens prendre parmi vous, Messieurs, ia place que la Constitution m'y assigne. Appelé désormais b partager vos travaux, je m'associe avec bonheur a la tâche que le Sénat a poursuit depuis vingt-deux ans avec un patrio- tisme si soutenu. Il ne m'a pas encore été donné de m'adresser b la nation tout entière. Jamais, pourtant, Mes- sieurs, je ne pourrai lui parler avec un cœur plus dévoué et plus reconnaissant. Les acclamations dont le peuple belge veut pour s'amuser, indolent pour le travail, qui ne sachant b quoi s'occuper, ne voulant aucune solli citude, se laisse réduire b l'état le pins affreux plutôt que de chercher un ouvrage quelconque. Il faut qu'il ail été d'une profonde apathie, pour n'avoir pas su rencontrer une seule branche com merciale au milieu de nos besoins multipliés, et même de nos inutilités. Il n'y a que la maladie qui puisse ôter le travail au pauvre. Mais dans ces âmes endormies, le plaisir est la seule chose qui veille encore. Si tant de crimes sortent du milieu du peuple, si, pour un que nous commettons, nous avons a leur en opposer mille, venus de son sein, ce n'est pas la pauvreté qui les enfante, c'est la paresse; c'est le besoin d'un plaisir, et non celui de la faim. Car l'homme vraiment pauvre, le père on la mère de famille, hounêtes et malheureux, sont incapables d'une action criminelle, ou du moins n'en sont ni plus ni moins capables que nous. Pour être continué.)

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 3