Sans doute on se rappelle quel concert de murmures, de menaces et de lamenta tions accueillirent le départ de notre garnison de cavalerie en 1846. Depuis la conclusion du traité de paix des 24 arti cles, Ypres avait joui, grâces au parti conservateur qui dominait alors, d'une garnison assez considérable, lorsque le général Prisse enleva la ville l'clat-major et deux escadrons d'un régiment de cava lerie. Un détachement d'artillerie vint les remplacer et l'infanterie notablement aug mentée, fournit une compensation réelle aux pertes essuyées du chef de ce départ, puisqu'elle montait, si nos souvenirs sont fidèles, deux bataillons et demi avec état-major et dépôt. Quoiqu'il en soit, les meneurs de la coterie libéralisie se dé chaînèrent sans désemparer contre celle mesure du ministère de la guerre; car il s'agissait avant tout de compromettre vis- à-vis de ses commettants un honorable collègue du général Prisse, et de faire retomber sur le ministre des finances les actes émanants du ministre de la guerre. Et cependant, nous le répétons, notre garnison était encore belle et forte; c'était au libéralisme qu'il appartenait de prendre l'initiative des actes si méchamment impu tés au dernier ministère catholique. 11 est vrai, le général Chazalcollègue de M. Rogier en 1847, établit chez nous l'école d'équitation; mais aussi nous ne lardâmes pas perdre les batteries montées et une notable partie de l'infanterie de ligne. La politique nouvelle ne s'est pas arrê tée en aussi bon chemin. C'est grâces elle que la ville d'Ypres se voit aujourd'hui démantelée petit bruit. Dépourvue de garnison durant tout l'été de 1852, elle sait maintenant que le même sort lui est réservé de nouveau celte année durant la période du camp, c'est dire, très-proba blement depuis mai jusques septembre. Pour combler la mesure, la commission que M. Rogier institua a décidé l'abolition de l'école d'équitation, et telle est la déca dence de cette ville, sous le régime inau guré en 1847, qu'aujourd'hui elle se croit trop heureuse de pouvoir loger pour quel ques semaines quatre compagnies de la ligne. Cela est triste; mais ce qui est plus triste encore, c'est de voir quel état d'impuis sance et de prostration en est réduite l'ad ministration communale. En effet, qu'a-t- elle su faire pour ses commettants, elle dont les amis siègent au pouvoir; elle, qui ne peut ignorer les souffrances de la moyenne et de la petite bourgeoisie?.... Qu'il y a loin de la triste réalité aux pro messes fanfarronnes, aux frénétiques ac clamations de triomphe dont l'organe de la Régence abasourdissait nos oreilles, lors de l'avénemenl du système libéral! Mais, pour en revenir au Conseil com munal, comment se fait-il qu'on n'ait plus rien appris l'égard de la députation qui devait porter aux pieds du Trône les do léances de la cité? Bien que depuis lors la garnison ail été encore diminuée de deux compagnies, la résolution prise en séance publique au sein du Conseil, resterait-elle lettre morte? Au reste, il ne tiendrait pas au Progrès de faire honneur M. Alph. Vandenpeereboom du retour en nos murs d'une poignée de fantassins. Mais, par contre, nous ne craignons pas d'affirmer que M. l'échevin-représentanl n'est pour rien dans cet acte d'incomplète réparation et que l'enlèvement subit de notre petite garnison ne fut jamais dans la pensée ministérielle qu'une mesure essentielle ment temporaire. Un garçon de 151/a ans ainsi que sa mère viennent d'être arrêtés et écroués la maison d'arrêt de celte ville. Ce jeune homme travaillant comme apprenti chez un joailler rue de Dixmude, a soustrait au préjudice de son patron, une boîte conte nant trois broches en diamant. Une de ces broches de la valeur de 75 francs a été en- agée au uiont-de-piéié pour une somme e 28 francs. Une visite faite par la police locale, dans la chambre qu'occupaient les prévenus, a eu pour résultat la saisie de plusieurs pe tites pièces d'or et d'argent, également provenant de vols. Un individu a été arrêté et écroué la maison d'arrêt de cette ville, comme ayant volé dans la nuit du vendredi au samedi dernier, S'-Jacques Ypres extra muros, au préjudice du fermier Desmet, un coq et cinq poules. Cet individu, qui est un repris de justice, était encore nanti des objets volés, qui ont été rendus au propriétaire. Aujourd'hui sont entrés dans nos murs, pour y tenir garnison pendant quelques semaines, quatre compagnies du 7me régi ment de ligne, commandées par notre concitoyen M. le major Vandenbogaerde. La musique de la garde civique a été leur rencontre. Hier matin, un chien qu'on croyait en ragé^ parcouru les communes de Wyt- schaete et Messines, il a attaqué plusieurs passants, déchiré leurs habits, sans toute fois les avoir mordu, il a été tué près Saint- Eloy, par le garde champêtre de la com mune de Wytschaete. 18™ ANNIVERSAIRE DU DUC DE BRABANT. SI a £i A CXBIaS, Dimanche 17 Avril 1855. Bataillon de garde civique. Compagnie spéciale dartillerie. Sapeurs pompiers. notre joie est pour ces malheureux une nouvelle douleur Oh si l'on pensait bien h cela, quel plaisir ne serait troublé! quelle fête ne serait appauvrie! Au moins, si nous devons y prendre part, n'ou blions pas les malheureux qu'on oublie! Au matin de chaque fête, faisons une aumône qui rachète nos plaisirs; chaque robe, donnons un pain de plus une pauvre famille; h chaque inutilité, pen sons aux besoins impérieux de ceux qui manquent de tout! et oous serons tout étonnés d'avoir mé connu si longtemps que la charité est un vrai bon heur, une sensation délicieuse et la plus sainte partie de la vertu. Sœur Geneviève, accoutumée toutes les pri vations, connaissant le tableau de toutes les misères et de toutes les pauvretés, ne put entrer dans cette chambre sans avoir le cœur serré l'aspect du dé- nument qu'elle y trouva. C'était uu grenier, dont les planches mal joiotes laissaient passer la bise comme travers uue mousseline. Sur un matelas, posé entre deux chaises de paille, la pauvre mou rante était sans connaissance. Une autre petite fille, de cinq 'a six ans, dans l'âtre de la cheminée, cher chant en vain quelque chaleur, ne trouvant que le froid de pins qui venait de l'oHveriure. Elle pleu rait, tuais ses larmes s'entendaient peu. On voyait que depuis l'agonie de la pauvre petite la pauvre mère n'avait même pas écouté les plaintes de son autre enfant. Qu'as-tu dit sœur Geneviève. J'ai faim, dit l'enfant, qui tremblait de froid. La bonne sœur chercha partout, ouvrit les ar moires; tout était vide; la huche était sans pain; dans le bûcher, pas un morceau de bois! Eu ce moment la pauvre femme entra. Eh bien ma sœur, il va venir. Mais com ment trouvez-vous ma chère petite? Que répondre? elle était mourante! mais elle vivait encore! Pourquoi hâter la douleur de cette malheureuse mère? Sœur Geneviève ne sut que dire. La pauvre femme s'approcha de l'enfant, la prit dans ses bras, et s'assit en silence sur un escabeau qui était près de la cheminée éteinte. Elle contem plait avec des yeux égaréscettejolie figure blanche, ces yeux bleus, cette petite bouche rose; tout cela livide présent, et défiguré! Elle essayait encore (tant on est fou dans la douleur) de faire prendre le seiu h la pauvre petite, mais l'enfant n'en avait pas Voici les noms des personnes qui ont remporté des prix i" Prix. Médaille en vermeil, M. Dumord, Hippolitle, caporal, 6° comp. a"" Prix. Médaille en argent, M. Dekeerle, Auguste, caporal, 5° comp. 3m" Prix. Epinglette eu argent, M. Liégeois, François, garde la 3° comp. 4™* Prix. Epinglette en argent, M. Briou, Charles, garde 'a la 2* comp. 5m° Prix. Epinglette en argent, M. Mahieu, Henii, caporal la 6° comp. i" Prix. Médaille en vermeil, M. Ceriez, Henri. 2me Prix. Epinglette en argent, M. Ferryn, Désiré. i" Prix. Médaille en vermeil, M. Voisin, Casimir, pompier. i*r Prix. Médaille en vermeil, M. Angiliis, Pierre, musicien des pompiers. 2me Prix. Médaille en vermeil, M. Névejan, Honoré, pompier. Après le tir un banquet donné pat la société des Gardes civiques présidé par le Chef de la Garde a réuni tous les concurents, des trois corps qui ont obtenu des prix. Ce banquet a été honoré de la présence des officiers de la Garde qui formaient la commission du tir. Nous apprenons avec satisfaction que par arrêté royal, en date du 18 avril, le sieur Vandeuboo- gaerde candidat notaire Poperinghe, est nommé notaire h la résidence de celte commune, en rem placement de son père décédé. la force! et la mère n'avait plus de laitdepuis plusieurs jours. Comment n'êtes-vous pas venue plus tôt! dit la sœur Geneviève. Eb, mon Dieu venir et où Vous ne pouvez suffire h tous ceux qui vous demandent. Si c'eût été comme autrefois, h la bonne heure, je serais venue J'ai travaillé, jusqu'ici mon travail uous donnait du pain. Mais il l'a tuée, dit-elle en fixant le visage mourant de sa fille. Mon lait s'est échauffé; et la douleur de la voir ainsi l'a fait passer depuis deux jours. Depuis deux jours je suis folle! voyez-vous. Et elle pressa sa tête affaiblie sur le corps de son enfant. L'autre petite arriva près de sa mère, pleurant et demandant du pain. Je vais en chercher, dit sœur Geneviève, ue pleure pas, mon enfant, sois tranquille et calme-toi. Voila pourtant ce que j'entends depuis plu sieurs jours, dit la mère avec un accent déchirant, les cris de celle-ci, les plaintes de l'autre. L'amour maternel me fait oublier que je suis deux fois mère {Pour être continué.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 2