9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. li No 3712. 36me année. 7PB.23S, 27 AVRIL. 16,200 FRANCS DE PROFIT PAR AN. En traitant de la question financière de notre ville, il a été dit et prouvé maintes fois que le collège communal, par le subsi- de de 20 30,000 francs qu'on affecte son soutien, devenait une cause essentielle de gène et de ruine pour les contribuables, tandis qu'il n'offrait en compensation de ces sacrifices, que des avantages très pro blématiques. Par contre on a signalé plus d'une fois l'utilité du collège épiscopal, au point de vue social et religieux. Un fait en tout digne de remarque, et qui n'a point été signalé encore, c'est le profit matériel qui résulte de l'existence en notre ville de l'institution épiscopale, et ce profit ne saurait être révoqué en doute. Car, outre les 10 ecclésiastiques qui diri gent cette institution, le collège S'-Vincent compte une vingtaine de pensionnaires. En n'affectant chacun d'eux, pour frais de table et d'entretien, qu'un franc cinquante centimes par jour, on arrive pourtant une somme de 4,350 francs par mois, et de 16,200 francs par an, que l'institution épis copale fait jaillir dans le sein des divers détaillants, commerçants et lîvranciers de la ville. 16,200 francs de profit, n'est-ce donc rien pour une ville privée de garni son et pliant sous le poids des impôts que l'imprévoyance et les libéralités de l'admi nistration communale forcent de lever sur ie public. 16,200 francs de profit n'est-ce rien? Qu'on réponde! Et cependant le col lège S'-Vincent n'excite, au lieu de justes sympathies, que le dédain des hommes hissés sur les fauteuils de l'Hôtel de Ville. Vraiment, on avouera qu'il faut être doué d'une raison libérale pour juger ainsi des choses, et pour s'obstiner consumer un système aussi préjudiciable que funeste. Indépendamment des avantages déjà si frappants que le collège S'-Vincent pré sente pour le commerce nous pouvons affirmer qu'il en offrirait de bien plus sen sibles si la Régence, entrant dans une voie de conciliation et d'économie, lui accordait son appuiou n'entravait tout au moins sa marche, par l'action protec trice dont elle entoure l'institution boiteuse de la ville. Et ceci nous le prouvons par un fait cité entre plusieurs notre con naissance. Un père de famille parfaitement honorable de l'arrondissement avait a met tre ses enfants dans un collège. Le collège communal ne lui offrait point, disait-il, les garanties requises pour une bonne éduca tion. Volontiers, il les eut confiés aux soins des hommes qui se dévouent l'enseigne ment dans l'institution ecclésiastique. La crainte de déplaire aux dominateurs du libéralisme le fit prendre une résolution différente, et le décida placer ses enfants dans une ville étrangère. Noilà comment notre cité devient dupe de I esprit de parti et de vertige. On gémit sur le déplacement de ressources et de profits indépendants du pouvoir de l'autorité locale, et l'on paraît indifférent sur la privation des avantages qu'il serait facile d'assurer par l'exécution d'une mesure d'économie,d'un acled'union auquel la ville plus que jamais s'empresse rait d'applaudir. 1 Nous avons dit, il y a huit jours, que c'est la politique nouvelle que nous devons la démolition de nos remparts, ainsi que la perte de notre garnison. Tout le monde savait cela aussi bien que hous, puisque les faits rapportés sont de' notoriété pu blique. Cependant il ne tiendrait pas au Progrès de faire accroire qtjie c'est au gé néral Dupont, ministre de1 la guerre en 1843, que revient le projet de démolition des fortifications de la place. Or, le général Dupont ne se contenta pas, celle époque, de démentir ce faux bruit, il fit mieux que nous payer de vaines protestations, il dota la place d'Ypres d'une importante garnison en infanterie et en cavalerie. Ces actes de bon vouloir valent bien, croyons-nous, les frivoles promesses de la politique nouvelle. Mais tout cela u'einpê- cbait pas, en 1843, certains gros bonnets du parti de fomenter imprudemment la discorde entre les militaires et les bour geois, sans trop se soucier des impressions fâcheuses que leur conduite pouvait laisser cbez plus d'un militaire de haut grade. Aujourd'hui, la face des choses est bien changée, et ces mêmes militaires, qui alors ne pouvaient s'assembler en société parti culière, sans encourir la disgrâce des po tentats d'estaminet, ces mêmes militaires, si par hasard il en vient une poignée tenir garnison ici durant quelques semaines, se voient l'objet d'une ovation civique. Triste retour des choses d'ici-bas! Le Progrès affirme que l'on est redevable de l'envoi de quatre compagnies de la ligne, aux représentations énergiques de l'autorité communale, du gouverneur et de M. Alph. Vandenpeereboom. Et cependant il oublie de nous dire ce qu'il est advenu des dé marches projetées par le Conseil Commu nal en séance publique, l'effet d'obtenir du gouvernement une garnison un peu plus considérable. Quanlaux représentations que le Progrès attribue quelques-uns de ses amis, nous nous soucions peu de les contester; mais coup sûr ces messieurs doivent avoir joué en tout ceci le rôle de la mouche du coche. Chacun en effet se convaincra que l'absence de la troupe de ligne ne pouvait être dans la pensée du ministère que momentanée et passagère, si l'on vient faire remarque qu'il est sans exemple qu'une ville de l'importance de la nôtre et possédant de superbes casernes soit privée de toute garnison régulière. D'ailleurs le Progrès lui-même doit par tager implicitement le même avis, puis qu'il attribuait, dans son n" du 17 courant, le départ imprévu du bataillon d'infanterie des complications politiques en-dehors de sa compétence. Une cérémonie bien intéressante se pré pare en notre ville pour le 12 du mois de Mai. Monseigneur Malou,Evéque de Bruges, dont la haute sollicitude pour tout ce qui louche au bonheur de la jeunesse, se trouve empreinte un si haut degré dans tous ses actes, a bieu voulu honorer de sa présence la solennité de la première communion des élèves du collège S1 Vincent de Paul. Sa Grandeur officiera la messe qui aura lieu 7 heures daus l'église de S' Jacques, pendant laquelle elle prêchera un sermon de circonstance, et administrera les sacre ments de l'Eucharistie et de la Confirma tion. Celle faveur particulière accordée au collège épiscopal de notre ville, est un té moignage irrécusable de l'intérêt spécial que l'éminent prélat porte l'établissement d'instruction moyenne de sa ville natale. Elle est aussi une marque visible de la sa tisfaction et de la consolation que sa Gran- deur éprouve la voe de la prospérité toujours croissante d'un collège que la so lidité de l'enseignement, le bon esprit des études, le zèle paternel des professeurs et la charité de la bourgeoisie catholique dé fendent et protègent seul contre une foule d'obstacles suscités contre sa marche et son existence. Amis autant que quiconque de la bonne éducation pareeque nous en goûtons les doux fruits, nous remercious de toute la force de notre âme, notre digne Évêque, de là protection si efficace dont il entoure notre collège ecclésiastique, et daus l'ex pression de nos sentiments de gratitude nous osons nous nommer les interprêtes fidèles des pères et mères des 170 étu diants qui fréquentent ses cours. Un de nos concitoyens, M. Verbaegen pharmacien, vient d'envoyer la Chambre une pétition, demandant que les chefs de famille exempts du service de la garde civique, ne soient guère tenus de payer une indemnité de ce chef. Le but et la signification de cette démarche, c'est d'ob tenir une diminution des impôts si lourds déjà en notre ville. Pénétrés de la néces sité qu'il y a d'alléger les charges qui pèsent sur la bourgeoisie nous rendons volontiers hommage la requête de M. Verhaegen, et nous le félicitons du cou rage et du caractère dont il fait preuve, en osant isolément exprimer un vœu dont la ville d'Ypres toute entière appelle la réalisation. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DK L'ABONNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 11 centimes la ligne.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 1