9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N« 3714. 36me année. 7P?.SS, 4 MAI. En matière d'enseignement, comme en matière de finances, nous différons d'opi nion avec les adeptes du soi-disant libé ralisme. Pour nos adversaires, l'éducation pourrait se résumer dans l'enseignement vague des sciences et des lettres, donné en dehors de l'action religieuse;- pour eux l'é ducation, c'est une série d'écoles et de col lèges, élevés grands frais, et dirigés parfois, par des hommes que le seul in térêt jette deux fois- par jour au milieu d'une classe, et qui n'ont du vrai précep teur que le titre et le nom. Comprenant dans toute leur portée le principe et la fin de l'éducation; sachant quelle haute influence l'éducation publique exerce sur les destinées d'un peuple, sur le sort des familles, sur la vie des particu liers, nous ne pouvons admettre le système matérialiste que les fils de Voltaire s'effor cent d'implanter dans les divers dégrés de l'enseignement. L'éducation telle que nous la compre nons c'est la pensée qui préside aux éludes, c'est cet esprit de religion et de vertu in dispensable, qui nourrit les purs senti ments de l'âme des enfants; qui les plie aux fortes et saintes habitudes de la vie, en même temps que se dévéloppent chez eux les belles facultés de l'intelligence. Cette distinction établie, nous avançâmes maintefois qu'instruire les enfants, ce n'é tait point là, répondre la mission noble et digne de professeur. Ce qu'il faut avant tout, c'est que la jeunesse instruite,soit bien instruite, c'est-à-dire qu'en faisant grandir ses élèves dans les sciences il eât du devoir essentiel d'un maître de les faire grandir aussi dans l'amour de la religion et dans la pratique des vertus. Pour cela, on ne saurait méconnaître, que le choix des hom mes appellés occuper une chaire dans un collège doit être des plus importants, et que la prudence commande expressément aux pères et mères de veiller en quelles mains se trouvent confiées les destinées de leurs enfants chéris. L'époque actuelle est pleine d'enseignements ce sujet. Un maî tre vertueux, réunissant toute la tendresse et les précautions d'un père ne suffit par fois guère pour préserver certains élèves de la contagion du vice; dès lors que doit- on attendre de maîtres indifférents et lé gers, pour ne rien dire davantage? Traitée dans ses rapports moraux, dans son caractère social, la question de l'enseig nement devrait éveiller sansaucundoutela sollicitude bienveillante de quiconque s'in téresse au bien-être des états et des familles. Malheureusement elle ne rencontre que trop souvent, de nos jours, la froide indif férence des uns et la colère passionnée des autres. Osezavancer qu'un collège n'offrant guère les garanties requises ne saurait mé riter l'appui de l'autorité, ni la confiance des familles, et vous verrez quelle discus sion décente et raisonnable entamera sur ce chapitre la^resse libéraliste. Des argu ments contradictoires bàsées sur la raison, des motifs d'opposition plausibles! en vain vous en appellerez; mais défaut de rai sonnements, les organes de la presse hon nête recourent un système de défense plus facile; les preuves manquant leur réplique, ils y suppléent par le sarcasme, l'injure et les gros mots. Evidemment, telle est la tactique des écrivains dont nous combattonsles funestes tendances. Dès qu'une vérité fondamentale est mise en avant, dès qu'une question ir réfutable se trouve défendue, sans aborder même le point le plus saillant du discours, outre un éternel cortège de sobriquets de jésuite, de basile, de clérical, les scribes aux gages du libéralisme vous offriront pour toute réplique, une bordée d'insultes, et se diront vainqueurs comme Alexandre. Pour ne citer qu'un seul fait, quelle a été la réponse du Progrès (CYpres, lorsque nous apitoyant sur la gène et la misère de nos concitoyens, nous critiquâmes la ges tion financière irréfléchie de noire régence communale et que nous démontrâmes que le nouvel impôt de 10 qu'elle venait d'é tablir était un coup de mort pour la classe commerçante et ouvrière? quelle a été sa réponse? passant l'éponge sur les chiffres de dépenses volés sans profit trop reconnu pour la ville; et marchant sur les preuves établies comme sur des charbons brûlants, le Progrès s'est vu réduit pour la millième fois nous traiter de congréganistes, (Ces- cobars, de basile, et de jésuites, et de ces prémices le digne folliculaire a tiré pour conséquences, que l'impôt n'est pas impo pulaire, que le peuple n'est point las de nouvelles contributions, qu'il ne sent point la verge fiscale qui le frappe, et que jamais notre ville n'a été aussi heureuse, aussi prospère que sous l'administration des co ryphées du libéralisme. Avec des logiciens de cette trempe toute discussion devient sinon impossible, tout au moins inutile. Pour eux les questions les plus vitales deviennent des questions de parti; et leurs arguments les mieux servis ne sont que des mots, et des ipvec- lives. Dès lors, n'opposez plus rien, du mo ment qu'on vous qualifie de clérical tout est dit et le nœud gordien est tranché. Pé nétrés de l'inanité d'une pareille polémique nous voudrions volontiers n'avoir jamais subir l'ennui de lire les élucubrations de nos adversaires. Aussi nous ne nous im posons aucunement ce travail ennuyeux dans le but de les ramener la raison. Nous savons que chez bien des follicu laires libéralistes, les idées sont arrêtées et que nos confrères sont placés dans la position dej^-bomme's dont parle Cha teaubriand, qui s'emmuraillent tellement dans leurs préjugés, qu'on ne trouve pas le moindre petit soupirail pour faire pé nétrer la lumière jusqu'à eux. Mais cote et en dehors de ce petit cercle d'individus obstinés et pétris de préjugés il est un pu blic honnête, que les déclamations men songères étourdissent parfois il est vrai, mais qui ouvrent les yeux au bon sens et la raison pour apprécier sainement des choses établies et contestées. C'est pour convaincre cette partie de nos concitoyens que nous continuons signaler les abus qui se commettent au nom du libéralisme menteur et hypocrite, et pour unique prix de nos efforts, nous ne desirons d'autre faveur, que le bien commun de notre ville et de notre patrie. roao' TRIBUNAL D'YPRES. Défense de M. le Docteur Lecluyse de Poperinghe. (1) VKBITÉ ET JUSTICE. Ou s'abonue Yprès, rue de Lille, 10, près la Grand Piafr;,-' et chei les Percepteurs des Postes du Boyau me. l'IUX. DE L'ABOWllMlVrpar trlmetitre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c. Le Propagateur païaît le SAMEDI et'le MEIICREDI de chaque semaine. (Inwertlonm il centimes la ligne.) La poursuite ne tend h rieu moins qu'à détruire une des prérogatives les plus nécessaires d'une noble profession. La discrétion du médecin sur les secrets est le sceau de la confiance placée en lui. Ces débats intéressent ainsi le corps médical en tier, et si M. Lecluyse encourt ce que le Ministère pnblicappelle un désagrément,c'est qu'il est intime ment convaincu que le d«voir ne loi permettait pas de condescendre ce qu'on exigeait de lui pour éviter cette procédure. Quand la conscience parle l'homme, aucun motif ne doit l'empêcher d'o béir celte voix. Heureusement, devant des magistrats éclairés, nous croyons pouvoir nous tranquilliser sur les conséquences d'un refus qui se justifie tant par la comparaison des dispositions législatives que par de hantes considérations mo rales. Nous pouvons nons approprier au début cet argument que M. le substitut invoquait tout l'heure. Vous craignez de révéler le secret, mais cette appréhension ne doit pas vous troublercar l'art. 378 ne punit que le secret révélé par mal veillance ou par négligence, il suppose comme tout délit une intention ou une volonté repro- chable, qui n'existe évidemment pas quand on ne révèle que poursatisfaire!)unedéclaratioo voulue. De même M. Lecluyse ne s'est assurément abstenu de quelques mentions ordinairement énoncées dans les actes de naissance ni par mauvaise volonté ni par négligence, mais a cause d'un autre prescript qui lui paraissait plus grave, et pour ne pas con trevenir ce même article 378. Après ces réflexions, le défenseur rappelle que la cour de cassation de France a uniformément jugé que l'art. 345 du code pénal ne concerne pas le médecin qui a raison du secret n'a pas déclaré les mentions d'usage concernant la mère dans un acte de naissance. Les conrs impériales qui ont décidé contrairement cette jurisprudence ont vu leurs arrêts cassés. Si quelques-uns ont échappé la censure,c'est que par indifférence,oubli ou d'autres circonstances, les parties ne se sont point pourvues (1) Voir notre N° du ï3 Avril dernier.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 1