JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3710. Mercredi, 11 Mai 1S53. 30me année. 7FB.3S, Il Mai. La politique nouvelle dont M. Rogier était le chef et le grand maître, cette po litique soi-disant libérale qui, pour nous servir du langage de M. de Liedekerke, de défaillance en défaillance n'a expiré que trop tard pour le bien-être du pays, a laissé ses successeurs de funestes conséquences de son système imprudent et passionné. Comment se dissimuler qu'ellea légué dans les questions les plus importantes, les plus vitales, dans les questions les plus pré cieuses pour le pays, l'anarchie ou l'injus tice? Laquelle de nos grandes lois, lequel de nos grands intérêts, le ministère du 12 Août 1847, n'a-t-il point atteints ou boule versés? quelle réforme n'a-t-il point tentée pour laisser inachevée? Toujours celte ad ministration s'est montrée la fois témé raire et insuffisante. Parcourez quelques uns des principaux actes de cette politique, et l'instant sursissent une infini té de preu ves de celle assertion: Dans les matières économiques, le cabinet Rogier-Frère a voulu cesser d'être protecteur, et il n'a su être libre-échangiste; aussi aujourd'hui en core, les intérêts agricoles supportent-ils le poids et la peine inique de son insuffisante réforme. S'agit-il de la situation financière, il nous dépeignait sans cesse, l'abyme du déficit et au même moment il réduisait les péages, il diminuait les tarifs, il suppri mait des impôts qui étaient acceptés, ac cueillis par le pays, tel que le timbre des journaux; et il torturait et le parlement et le pays en lui imposant des impôts détes tables et détestés, tels que l'impôt de suc cession en ligne directe. Les deux grands éléments, l'élément ci vil et l'élément religieux n'est-ce point le ca binet Rogier-Frère qui est parvenu les séparer, par l'organisation de l'enseigne ment surdes bases liberticideset contraires aux vœux de la grande majorité des fa milles? La bienfaisance, la charité cette touchante vertu, qui l'a frappée par la plus odieuse des interprétations? quia détourné du sein des pauvres maints et maints dons et legs que la bienfaisance leur eut trans mis en héritage, sans les obstacles et les tracasseries suscités contre elle? qui a tenu privée la commune de Vlamertinghe et tant d'autres peut-être, d'un pieux asile pour la vieillesse indigente que des cœurs compa tissants voulaient élever? Sectaires du faux- libéralisme, répondez si vous en avez le courage! Tu l'exiguïté du cadre de notre journal, il serait impossible de rappeller dans toute leur étendue, les actes de la politique pré cédente que les élections de 1852 ont fait tomber et que celles de 1854. îl Tnrift l'es pérer achèveront d'ensevelir. Il suffit que l'on sache que c'est la suite des erreurs, des faiblesses, et des étourderies de ce mi nistère, issu des loges maçonniques que le pays se trouve présentement dans une si tuation regrettable où de tous les points, dans tous les rangs de la société, on n'en tend que les cris de réparation, de réforme, d'économie, d'allégement des charges publi ques La garde civique vexée par d'inutiles corvées a levé la voix pour qu'on adou- cissàt son service. La chambre faisant droit ses réclamations, a introduit dans cette législation d'importantes réformes. Les campagnes exploitées; par les villes, qu'exploitent leur tour Iqs loges et les clubs, appellent par de milliers et de mil liers d'échos, l'attention de la législature sur la nécessité de placer les électeurs ru raux, dans une position équitable et égale vis-à-vis des électeurs des villes. L'armée, que l'esprit libéral est parvenu décourager, en jetant le doute sur sa per manence, sur sa durée, sur la nature de son avenir demande qu'on la place la hauteur de sa bravoure, de son dévoue ment, de sa fidélité, des besoins éventuels de l'avenir. Elle réclame ave :1e pays sensé que, ne servant plus d'enjeu, de calculs politiques, on lui accorde ces conditions d'existence et de force, telles qu'elle puisse au jour du danger servir d'invincible bou clier notre nationalité notre trône, et conserver intactes son antique gloire, et sa vieille renommée. Et les pères et les mères de familles bienfaisants et religieux, en si grand nom bre dans notre pays! désolés et effrayés en même temps, des désordres sociaux qu'en gendre d'ordinaire une éducation superfi cielle et irréligieuse, avec quelle ardeur digne d'un plus prompt succès, ne sup plient-ils, de commun accord avec le digne clergé Belge, le gouvernement de conclure en faveur de la jeunesse studieuse, ce pacte d'union entre le pouvoir civil et religieux, qui doit faire cesser, l'encontre de ren seignement public, les griefs les plus fon dés, les plaintes les plus légilimes. Finalement les contribuables en masse, expriment le vœu de voir diminuer les impôts et les charges qui pèsent sur leurs familles. A coté des contributions récla mées par l'État, la bourgeoisie, en bien de localités, et notamment Ypres, succombe sous le faix des charges locales, que l'im prévoyance ou les trop grandes largesses des administrations communales font éta blir. Dès lors il est urgent qu'on aborde franchement le système des économies, inoins de réduire l'état de misère et de paupérisme, une grande partie des popu lations commerçantes ■et industrielles. Ses vœux pressants seront-ils écoutés? Plus que jamais nous sentons naître de la confiance ce sujet. Doué d'une haute sa gacité financière, le ministre des finances actuel, au talents duquel nous aimons rendre hommage, M. Liedls, disons nous, comprenant la situation que lui a faite son prédesseur de nom M. Frère a proclamé déjà du haut de la tribune la nécessité comprise de mettre des bornes toutes dépenses qui ne sont pas indispensables. Cette déclaration est de nature sans doute inspirer au pays, de douces prévisions, l'intelligence financière de M. Liedls qui est parvenu déjà augmenter de 2,000,000 le revenu public sans aggravation de char ges doit fortifier encore l'attente que nourrit le pays entier, de voir prochainement dé grever les contribuables, du trop lourd des impôts, et notamment de l'odieux impôt sur les successions paternelles, que M. Frère, auquel M. Delfosse même déniait le titre de génie financier, est parvenu établir. VÉRITÉ ET jrsTICF.. On s'dlxjnne Y prèsrue de Lille, 10, près la Grand Place, et cher, les Perceptèurs des Postes du Royaume. PRIX DE E'ABDNNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 35 c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions IX centimes la ligne.) C'est dans le courant de cette semaine ce qu'on assure, qu'est fixé le départ de notre garnison. Ypres se verra donc de nouveau privée de troupes, pendant un temps indéterminé. Peut- être même la garnison assez insignifiante qu'on nous a momentanément accordée, ne sera-t-elle plus rendue dans la suite. Cette perte comme il est facile de le comprendre, préoccape vivement la bourgeoisie locale. Dans ces circonstances on s'é tonne que notre administration communale, ne se montre pas plus enyressée réme'dier, autant que possible, li la situation qo on doos prépare. On se rappelle, en effet, que passé quelques semaines, l'organe officiel ou officieux de l'hôtel de ville, annonçait qu'une députation était sur le point de partir pour Bruxelles, b l'effet d'exposer au mi nistre de la guerre, les justes réclamations de leurs subordonnés. Cette démarche est elle abandonnée, depuis qu'une poignée de soldats nous ont été donnés en garnison mais alors on se demande si la Régence, attendra la levée du camp, c'est-b-dire l'époque où l'emplacement des troupes est faite, avant de se mettre en route. De Yperling, journal flamand qui se publie Ypres, appelle l'attention du public, sur les som mes ruineuses qu'on alloue l'enseignement de l'Etat de cette ville, comparativement aux frais qu'entraînent ces établissements partout ailleurs, h Paris même. Pour faire ressortir d'autant plus, l'emploi arbitraire des fonds de l'État et de la commune fait en faveur d'un établissement d'ins truction moyenne de cette ville, ce journal établit un parallèle entre le subside des collèges de la capitale de la France, et celui du collège commu nal d'Ypres. Les 5 lycées, on collèges communaux de Paris coûtent ensemble 265,ooo fr.; le seul collège com munal d'Ypres prélève lui seul 5o,ooo fr. des contribuables. On compte que dans les 5 collèges de Paris, 5,ooo élèves reçoivent l'instruction, ce qui équi vaut 6oo dans chacune de ces institutions. Le collège d'Ypres ne compte que 70 élèves; d'où il est facile de tirer pour conclusion qu'a Paris, chaque étudiant ne coûte h l'Étal, que 38 francs, tandis qu'à Ypres, chaque élève du collège communal pressure de la bourse des contribuables 4oo francs, où h peu près cinq fois plus qu'un élève de Paris.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 1