9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N® 3720. 36me année. 7PF.ES, 25 Mai. Tandis que le Progrès organe officiel ou officieux de l'administration communale, annonce depuis plusieurs semaines qu'une dépulalion se prépare partir pour Brux elles l'effet de solliciter du Ministre de la guerre une garnison convenable, pour notre ville, un des représentants conser vateurs de noire arrondissement, M. VAN RENYNGHE, prenant cœur les plaintes fondées de ses commettants d'Ypres, vient d'interpeller le gouvernement au sujet du retrait de nos troupes. La ville d'Ypres saura gré l'honorable Bourgmestre de Poperiughe de l'initiative qu'il vient de prendre, dans le but de rendre notre cité sa principale ressource. Mous donnons d'après les Annales parlementaires son dis cours prononcé ce sujet, dans la séance de la Chambre des Représentants du 21. La ville entière se plaira reconnaître dans les paroles de M. Van Renynghe, le haut intérêt qu'il porte l'égard des Yprois. Il eut été désirer que stimulé par les plain tes de ses commettants, M. Alph. Vanden Peereboom, qu'on a vu, hier encore, se promener en ville, se fut trouvé son poste, Bruxelles, l'effet de témoigner de son appui aux justes observations de son collègue, autrement que par un solen nel mutisme, et une inexplicable absence. SISCCTTF.S PRONONCÉ PAR M. VAN RENYNGHE Partout où le libéralisme promène son influence désorganisalrice, s'il ne renverse pas l'œuvre de ses devanciers, il la mutile ou il eu fausse l'application. Ainsi, tout en maintenant l'instruction et la charité pu bliques, ces deux puissants leviers de la civilisation moderne, telle que le christia nisme l'a faite, il a trouvé cependant moyen de pétrifier l'une et l'autre son image et de les convertir en institutions purement administratives, voire même politiques. Sur une moindre échelle son action s'est fait aussi fatalement sentir dans la consti tution de la bibliothèque publique de cette ville, dont nous nous proposons ici de dire un mot. Convaincus qu'il importait de combattre l'invasion des doctrines subversives de l'or dre politique et social au sein des classes ouvrières et de la bourgeoisie, un certain nombre d'habitants de celte ville, parmi lesquels bien peu de libéraux daignèrent compter, se cotisèrent en 1858 l'effet d'ériger une bibliothèque de bons livres, prêles domicile, telle enfin qu'en possè dent beaucoup d'autres localités. Les fonds recueillis en celle circonstance, sans être considérables, pouvaient suffire un pre mier établissement, en attendant que l'a venir ouvrit de nouvelles ressources, ainsi qu'il était permis de l'espérer. D'ailleurs une institution de ce genre, n'entraînant aucune dépense en fait de bâtiments ou d'ameublement, n'exige pas des frais si élevés. Cependant la commission administra tive nommée a cet effet, prit tout d'abord une résolution indiquant qu'elle n'avait pas compris la pensée et les vœux dont la plupart des signataires étaient animés, et livra les fonds comniis ses soins entre les mains de l'autorité communale. En déliant les cordons de leur bourse la voix de quelques missionnaires, les souscripteurs avaient cru favoriser la mo- ralisalion des classes peu favorisées de la fortune, en mettant leur disposition une VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABOHIEHRNT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 2^ c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.) AD fDJET •V RETRAIT DE Ll GtltXINOA D'YPRES. Messieurs, j'ai vole' la nouvelle loi organique de l'armée, parce que je ne voulais pas assumer sur moi la resporisabiliié d'un voie contraire. Je crois que, dans une pareille question, les in- létêts les plus respectables doivent céder au pa triotisme, surtout quand le gouvernement déclare que les besoins de noire nationalité exigent de nous des sacrifices pour la prémunir contre les éven- tualiiésqui pourraient compromettre son existence. J'espère que cette nouvelle charge ne sera pas permanente, car, si les puissances étiangères désar maient, la Belgique, sans aucun doute, diminuerait son étal d'armement. Et pnuiquoi ne pourrait-on pas, en temps opportun, effectuer des économies avec la loi d organisation que nous venons de sanc tionner, attendu que nous en avons réalisé avec celle de i845? Par ce moyen on pourrait par venir, plus lard, h ménager les ressomces finan cières de l'Etat et alléger le service des miliciens. Ayant volé la loi d'organisation de l'armée, je suis amené naturellement voter les dépenses qui doivent la mettre exécution. Mais comme ces dé penses doivent être supportées par tout le pays, je voudrais aussi que, autant que possible, toutes les parties du pays pussent en profiter. C'est cause de la répartition inégale h cet égard qu® je me trouve obligé de faire des observations a M. le ministre de la guerre en ce qui concerne l'ar rondissement que j'ai l'honneur de représenter. Je dois dire ici que c'est avec une véritable tristesse et un découragement complet que la ville d'Ypres a vu récemment, deux reprises diffé rentes, ses murs abandonnés par sa garnison, dé sespérant de pouvoir en obtenir une nouvelle de quelque importance. Ce n'est pas seulement la ville d'Ypres qui souffre de cet état de choses, mais aussi tout son arrondis sement qui est essentiellement agricole. Si cet état de choses se prolongeait, cette partie importante du royaume ne profilerait pas des dépenses qui sont faites pour l'armée, tout eu y contribuant pour un^assez large part. Je ne me permettrais aucunement de faire ces observations si la ville d'Ypres ne se trouvait pas dans la position la plus avautageuse pouvoir ré clamer uue garnison importante. Elle a de belles casernes, pour une partie desquelles elle s'est im posé des sacrifices énormes, de vastes plaines d'exercice, etc. Ou m'objectera, peut-être, que la ville d'Ypres est comprise parmi celles dont les fortifications seront démolies. Je ne veux pas entrer dans la question straligique pour une fort bonner raison, c'est qu'elle n'est pas de ma compétence. Cepen dant je ferai remarquer que, dans mon opinion, en démolissant quelques unes de nos fortifications vous abandonnerez uue partie importante du pays, et l'exposerez aux terribles vicissitudes d'une in vasion. Celte mesure de la part du gouvernement, peut avoir pour but d'augmenter la force de l'ar mée; tuais, en atteignant ce but, n'affaiblira-t-il pas la force morale des populations, force avec laquelle, je crois, on doit compter surtout dans des circonstances critiques? Mais dans la supposition que les fortifications d'Ypres fussent rasées, (ce que je verrais pourtant avec regret), celte ville conserverait néanmoins ses casernes et ses plaines d'exercice et, se trou vant alors dans la même position que d'autres villes non fortifiées, ayant des garnisons impor tantes, elle devrait jouir du moins de la même fa veur accordée ces localités, d'autant plus que par la construction de son chemin de fer, le dépla cement de sa garnison,en cas d'éventualité, pourrait s'effectuer avec toute la facilité et toute la rapidité désirables. Ce n'est pas un privilège que je demande en fa veur de la ville d'Ypres et de son arrondissement, c'est une justice distr ibutive, c'est, sur tout pour celte ville, un droit, pour ainsi dire acquis. La ville et ses habitants ont cru pouvoir s'imposer de grands sacrifices en vue de la possession d'une gar nison importante et des bénéfices qui doivent en résulter. Leur enlever ces avantages c'est amener uue crise financière dans l'administration de l'une et compromettre la fortune des autres. Je ne doute aucuuemeut que M. le miuistre de la guerre ne satisfasse ces justes réclamations. 11 ne voudra pas que tant d'iutéiêls soient lésés k la fois. Lors de la discussion récente sur les distilleries, n'a-t-on pas accordé une espèce de privilège h la ville de Tournai dans l'intérêt des recettes de son octroi Dès lors pourquoi enlèverait-on, sans but plausible, la ville d'Ypres une garnison dont les bénéfices qu'elle a le droit d'en attendre doivent compenser les sacrifices qu'elles faits et équilibrer ses recettes avec ses dépenses? Encore une fois, ce n'est pas un privilège qu'elle réclame, c'est, un droit qu'on peut nommer acquis, vu qu'elle en a été en possession sans discontinuer, h peu près, pendant trente-neuf ans. J'espère que M. le ministre de la guerre daignera obtempérer a ma juste demande. J'ai dit. DE LA BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 1