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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3724.
36me année.
7PRSS, 8 Juin.
Rien n'est plus curieux pour un juge
impartial et désintéressé que la lecture des
élucubrations mises au jour par le Progrès
quand il prend pour sujet la défense des
intérêts et des actes de l'administration
communale; tout lui sert alors de prétexte
pourchanterleslouangesdel'édilitéyproise
ou pour trainer dans la boue quiconque est
assez indépendant de caractère pour ne pas
admirer comme lui, tous les faits et gestes
desillustrationslocalesdontils'estconstitué
l'avocat d'office. Cependant nous devons
convenir que depuis quelque temps l'ac
complissement de la tâcbequi lui incombe
est devenu d'une difficulté désespérante.
Les fautes accumulées pendant dix-sept
années sont maintenant si palpables; la
position faite la ville d'Ypres menace de
devenir tellement désastreuse que le Pro
grès lui-même, malgré toute son impu
dence n'ose aborder de front la discussiou
des dépenses communales.
Le confrère a compris parfaitement que
le terrain du budget est brûlant pour lui.
Sommés par le Propagateur de prouver la
possibililéde réaliser uneéconomieannuel-
le de 10,000 fr., sur les dépenses commu
nales ordinaires, non seulement nous avons
démontré, le budget en main, la possibilité
de celte épargne, mais un examen plus
approfondi de cette pièce importante, nous
a permis de prouver qu'il dépend de la
volonté de l'administration communale de
diminuer les dépenses publiques de plus
de 28,000 fr. par an, et cela sans entraver
en aucune manière les services publics ou
nuire des intérêts dignes de respect.
Le Progrès s'est bien gardé de défendre
l'uneou l'autre des dépenses que nousavons
signalées comme iuuliles ou exagérées. Il
a trouvé plus commode et surtout plus
prudent, de régaler ses bénévoles lecteurs,
d'une de ces turlupinades ordinaires qui
paraissent imiter les anciens discours de
M. Verhagen. Après quatorze jours de ré
flexion il vient nous foudroyer des grots
mots de réactionnaires, de démolisseurs, de
fanatiques, de bande noire et autres amé
nités semblables. 11 finit son grossier fac
tura par celle tirade caractéristique.
Rien ne peut trouver grâce devant la
bande noire, car tout ce qui est de nature
développer l'intelligence humaine, le goût, les
facultés nobles de C homme, tout cela est con
damné. Ce qu'il faut la réaction, ce sont des
congrégations, des petits frères en masse, un
système d'espionnage largement organisé, des
couvents partout, et par conséquent une four
milière de moines noirs, gris, blancs et bruns.
Nous ne nous donnerons pas la peine de
réfuter celte phraséologie dégouttante, qui
ne prouve guère eu faveur ni de l'intelli
gence, ni du goût, ni des nobles facultés
du misérable chez qui de pareilles idées
ont pris naissance. Ces folles rêveries que
l'on croirait écloses dans le'cerveau d'un
monomane ou d'un clubiste en délire n'ont
rien de commun avec les 10 addition
nels ou le déficit communal.
La question se réduit celte proposition
très simple; est-il possible oui ou non, d'ef
fectuer des économies sur les dépenses
communales? Nous soutenons l'affirmative
et nous avons indiqué les articles du bud
get susceptibles de réduction. Le Progrès
soutient la négative, mais pour appuyer
sa dénégation il ne trouve rien de mieux
que d'aboyer la soutane et de crier la
réaction. Il est possible que celte manière
d'escamoter la discussion d'une question
financière i m porta n le soi l fortemen l goû tée
par notre administration libérale. Nous
doutons cependant que le public en gé
néral et les contribuables en particulier
éprouvent la même satisfaction, et nous
craignons que tout en admirant comme
ils méritent de l'être, les hautes capacités
de nos gouvernants, la bourgeoisie yproise
ne pourra s'empêcher de douter un peu de
leur'habilité financière et de lëur science
administrative.
La pétition qui circule en ville, dans Té
but d'obtenir une garnison convenable,
rencontre partout d'unanimes sympathies.
Dans toutes les classes de la bourgeoisie,
chacun se montre empressé d'y souscrire.
Aussi rien de si naturel que cette sponta
néité avec laquelle le public appuyé de ses
suffrages et de son approbation une sup
plique destinée faire comprendre au chef
du département de la guerre, combien le
retrait de notre garnison serait préjudi
ciable aux intérêts de la cité. La présence
Ypres d'une belle garnison est la res
source la plus importante dont la bour
geoisie ait joui depuis longues années.
Nous priver de celle avantage c'est plonger
a bourgeoisie dans la gène et dans les ein-
jarras de la pauvreté. Il suffit dès lors de
connaître l'importance des profits que com
porte avec elle la présence chez, nous de
quelques centaines de militaires pour se
convaincre que l'idée de présenter une re
quête au ministre de la guerre ail trouvé
l'accueil le plus parfait. (Jne seule obser
vation dans ces circonstances, frappe aux
yeux de maintes personnes; c'est que la
régence communale n'ait dévancé le pu
blic dans celle démarche; que tout au
moins elle n'ait eu soin de signer en corps
la tête de la pétition qui se colporte,
grâce l'initiative bourgeoise, et qu'ainsi
notre administration locale semble vouloir
laisser trop exclusivement aux contribua
bles le soin de défendre leurs intérêts, et
leurs droits. Nous ignorons quelles inten
tions louables ont pu guider le conseil com
munal dans cette occurence. Le Progrès
qui nous apprit il y a bientôt deux mois
que nos édiles se proposaient de se rendre
Bruxelles, saura peut-être nous informer
sur ce point.
Aux infirmités morales dont se trouve
atteint le Progrès, est venue s'ajouter une
infirmité physique des plus tristes. Une
bande noire, empêche continuellement la
vue du confrère, et le chagrine tant qu'il
en parle vingt fois dans chaque numéro.
Où diantre! le regard du Progrès se porte-
t-il pour que cette bande noire lui tombe
continuellement sous les yeux? Serait-ce
peut être sur le chapeau bandé en noir de
son rédacteur en chef?
Plusieurs journaux de province ont an
noncé dans le courant de la semaine der
nière que la musique des pompiers de
notre ville se rendrait au festival du 12
donné Furnes. Le public n'est pas encore
positivement informé si en effet nos pom
piers artistes prendront part celte fête.
S'il faut en croire les renseignements qui
nous sont parvenus, Furnes on lient
beaucoup leur présence. Le vœu en au
rait été ouvertement exprimé par M. Van-
develde, président du tribunal Furnes.
Ce magistrat se serait, dit-on, rendu
Ypres tout exprès pour solliciter le con
cours de notre musique, et il aurait même
assisté une de ses répétitions son local
de la Pomme ifOr. M. le Président Vande-
velde se serait cru d'autant plus fondé
voir couronner ses démarches de succès,
qu'étant le chef de l'opinion libérale
Furnes, sesinslancesauprèsdu libéralisme
municipal d'Ypres ne pouvaient rester in
fructueuses. Un généreux régal la Pomme
d'Or doit avoir aussi stimulé l'ardeur des
exécutants. Quoi qu'il en soit, le voyage
des pompiers Furnes n'est pas sans ob
jection sérieuse on se demande si des
centimes additionnels ne sont pas la con
séquence de ces dépenses, et si le moment
est bien choisi pour aller en goguette aux
dépens des contribuables.
Les travaux du chemin de fer avancent
rapidement. Déjà des constructions s'élè
vent autour de la station Wervicq. De
Wervicq Comines tout est achevé, et les
rails posés. A Comines le bâtiment de la
station est construit; en deçà de Comines,
vers Houthein, on travaille aux terrasse
ments. Entre Houlhem et Hollebeke, le
terrain est peu accidenté. De Hollebeke au
Moulin Brûlé,une locomotive, remorquant
une série de waggons sur des rails provi
soires, transporte les terres des hauteurs
dans les ravins et les bas fonds. Au Moulin
Brûlé, le percement de la montagne est
presque achevé, le sol y présente en ce
moment un marécage. Du Moulin Brûlé
Ypres, on a peine mis la main l'œuvre,
de même qu'entre Ypres et Poperinghe aux
remparts d'Ypres, la besogne est activée.
Le procèsdeM. Dewildeen expropriation
a été plaidé aujourd'hui. Les experts nom-
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Yprès, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABDNNEMEICT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ll(ne.)