Voici dans quelles circonstances horri bles le fratricide dont nous parlions dans notre dernier numéro, a été perpétré di manche passé, pendant la célébration de la grand'uaesse Winkel St-Eloi: Le nommé Ives Sinaeve occupait, avec sa sœur, Ida, âgée de 59 ans, une petite ferme Winkel St-Eloi, qu'ils faisaient assez bien valoir l'aide d'un seul domes tique, la fois premier garçon de ferme et garçon d'écurie. En rentrant de la messe, le frère trouva, l'entrée de la porte de la laverie, le ca davre ensanglanté de sa sœur, qui venait d'être assassinée. Il courut avertir les voi sins et rentra la ferme, accompagné de plusieurs d'entre eux. On trouva en effet le cadavre d'Ida gisant dans une mare de sang. La victime avait reçu la gorge deux coups de couteau d'une grande profon deur. La mort a dû être instantanée. Dans la laverie, on trouva sous la pompe les nombreux débris d'une écuelle en gré, qui paraissait s'être tout récemment brisée en tombant. Apparemment que la victime a reçu la première blessure en pompant de l'eau dans cette écuelle, car il y avait du sang sa main droite. Sa tête était tout en sang et les blessures béantes. On se hâta d'avertir M. le bourgmestre, faisant fonc tions d'ofïicier de la police judiciaire, le quel accourut aussitôt sur le théâtre du crime et dépêcha un exprès pour informer le procureur du Roi. A peine instruit de ce meurtre, accompli avec une singulière audace, au grand jour et dans une ferme qui est loin d'être isolée, M. le procureur du Roi, accompagné de M. le juge d'instruction, d'un commis-greffier du parquet, de la gendarmerie et des deux médecins légistes, se rendit sur les lieux du crime, où commença aussitôt une mi nutieuse instruction. Ce qui a paru frapper de prime-abord l'attention des officiers du parquet, c'est qu'ils trouvèrent le cadavre de la victime encore en possession de tous les bijoux que les habitants des campagnes ne mettent que le dimanche. Rien non plus n'avait été dérangé dans la ferme. Aucune armoire n'avait été fracturée et aucun ar gent enlevé. Les soupçons ne se portèrent donc pas sur des malfaiteurs, dont nulle part on ne voyait des traces, soit de leur arrivée,soitd'un départ précipité. Le bourg mestre avant l'arrivée des magistrats judi ciaires, avait adressé quelques questions Ives Sinaeve qui avait répondu d'une ma nière fort tranquille, disant qu'il ne pou vait soupçonner que le domestique, qu'il prétendait avoir laissé seul la ferme avec sa sœur, en se rendant l'église. Il était évident que ce n'a pas été en vue de commettre un vol que la fermière avait été tuée. Le crime était-il le résultat d'une vengeance personnelle? C'était difficile croire. Après quelques heures d'instruc tion, pendant lesquelles on entendit un grand nombre de personnes, la justice porta ses soupçons sur le propre frère de la victime. Ives Siuaeve désirait depuis longtemps contracter un mariage, mais il paraît que le seul obstacle était la pré sence de sa sœur dans la ferme. La future d'Ives ne voulait aucun prix entrer dans une ferme dont elle n'était pas la fermière. Dienlôl de nouvelles charges, plus acca blantes s'élèverent contre ce dernier, et les magistrats délivrèrent un ordre d'ar restation. On conduisit le soir même l'ac cusé dans les prisons de Courlrai, où il a passé la nuit fort agité. Plusieurs fois il s'est reveillé en sursaut, en s'écriant d'une voix étouffée comme par le remords: Ida! Ida! wat heb ik uw gedaeti? Ida! Ida! que t'ai je fait? Lundi, le parquet s'est de nouveau rendu Winkel St-Eloi et a mis l'accusé en pré sence du cadavre de sa sœur. A toutes les questions qui lui étaient adressées, il n'a vait, d'après les renseignements que nous avons pu prendre, qu'une seule réponse: Ik wect van niet; ik ben het niet die myne zuster vermoord heb; je ne sais rien; ce n'est pas moi qui ai tué ma sœur. Après un dernier interrogatoire sur le théâtre du crime, les médecins légistes ont procédé l'autopsie du cadavre et le plan de la ferme a été levé. Ives Seinave a été reconduit en prison et mis au plus rigou reux secret. Sa future a également été ar rêtée, mais après avoir subi, lundi matin, qn interrogatoire devant M. le juge d'ins truction, elle a été mise en liberté. Pas le moindre soupçon ne peut planer sur elle. Enfin, mardi le prévenu, accablé sous la masse des présomptions et des preuves qui le désignaient comme le seul coupable, a fait l'aveu de son crime dans ses moin dres particularités. 11 aurait coupé la gorge sa sœur avant de se rendre l'église, où il avait été aperçu calme et recueilli pen dant toute la durée du service divin, bien qu'il eût laissé la maison le cadavre sanglant de sa sœur, en faisant tous ses efforts pour écarter de lui les soupçons. AVIS. —g M1XISTÉHE UE8 FIV1MKW. déchéance des créances a charge de l'état. Le Ministre des finances rappelle aux intéressés que la loi du 8 novembre i8i5 prononce la dé chéance de toute créance ou prêtentiori charge de l'État dont les titres ne sont point présentés dans le délai de six moisaprès l'année courante de la dette. Toutes les personnes qui ont effectué, pendant le courant de ï'aunée 1862, des travaux, fourni tures, livraisons, etc., pour compte de l'État et qui n'ont pas encore reçu le montant des sommes qui leur revieouent, sont invitées faire, avant le 1" juillet prochain, sous peine de déchéance, la remise de leurs déclarations, mémoires ou états aux ad ministrations, autorités ou fonctionnaires qui ont ordonné les travaux fournitures, etc. Bruxelles, le 6 juin i8à3. Le Ministre d'Etat, gouverneur du Brabaut, chargé temporairement du département des Uuauces. Liedts. La Chambré a adopté avaut hier trois projets de loi: i° relatif aux conditions d'admission dans le service de santé de l'armée 2° relatif a un crédit de 3 millions 5oo,ooo fr. au déparlement de la guerre pour démolition de certaines places fortes, restauration du matériel du géuie et de l'artillerie, renouvellement d'une partie de l'armement, de la bufilelerie, du harnachement, etc.; 3° relatif au chemin de fer de Fleurus Landen et de Groe nendael Nivelles. La Chambre a commencé ensuite la discussion du projet de loi relatif au chemin de fer de Hasselt au Limbourg par Maeslricht. La Chronique de Courlrai prétend aujour d'hui qu'elle n'a pas été condamnée comme elle l'avait annoncé il y quelques jours que la con damnation prononcée atteint le nommé Jaspin elle ajoute qu'une somme de trois mille francs, montant des dommages-intéiêls alloués aux de mandeurs, a été mise sa disposition par des per sonnes qui s'intéressent a la Chronique que celte somme a servi h libérer Jaspin, et qu'elle continue sa publication. Comprenne qui pourra. Dans la dernière séance du conseil communal de Courlrai il a été donné lecture d'une lettre de M. le Ministre de l'intérieur M. le gouverneur de la province. Le gouvernement se propose d'é tablir trois marchés aux laines dans le pays: h Bruges, h Matines et h Huy. Le conseil communal de Courtrai étant depuis longtemps en instance pour obtenir un marché aux laines, le conseil a autorisé le collège 'a réclamer la priorité et h faire valoir les motifs qui militent plutôt en faveur de Courtrai que de Bruges. La facilité des moyens de transport; la proximité des villes de Tourcoing et de Roubaix la situation de la ville sur les limites du Hainaut où les éleveurs de moutons sont nombreux, etc., etc. On écrit d'Ostende: Les expéditions de bétail de la Belgique pour l'Angleterre, deviennent de plus en plus considérables. Les navires Dart, Neptune et Renard, exportent chaque semaine une grande quantité de veaux, bœufs et chevaux. Le Roi et la Reine de Hanovre quitteront leur résidence le 15 de ce mois pour se rendre en Angleterre. Leurs Majestés s'arrêteront le même jour a Cologne, traverseront la Belgique, pour être Calais le 16. On lit dans le Siècle Le courrier de Saint-Pétersbourg est arrivé. On assure qu'il apporte des nouvelles laissant peu d'espoir que l'Empereur de Russie s'abstienne d'en trer dans les provinces danubiennes. Les ordres de se mettre en mouvement le 15 juin ont été donnés aux troupes russes. La flotte sera rendue le i4 l'entrée des Dardanelles. La Gazelle de Trieste publie une correspon dance d'Odessa qui annonce que le personnel de l'ambassade russe veuaut de Constantiiiople restera dans cette ville, tandis que le prince Mentscbikoff se rendra Saint-Pétersbourg pour prendre de nouvelles instructions de l'Empereur. Des correspondances respectables d'Odessadit la Gazette de Cologne.rapportent ce fait singu lier qu'on y a défendu, avec beaucoup d'osteuta- tion, au commerce russe, de vendre ses grains a l'étranger, et qu'on lui en a donné toutefois secrè tement la permission. Ceci semble fournir la preuve, ajoute la Gazette, que la Russie se fait passer pour beaucoup plus belliqueuse qu'elle ne l'est réelle— meut. Les nouvelles de Galatz du 4 juin annoncent que les Russes continuaient leurs armements, cette date, mais n'avaient pas encore passé le Pruth. Le 2, la flotte aoglaise était toujours h l'ancre h Malte. ACTEI4 OFFICIELS. Par arrêté royal du 5i mai M. N. Van den Eynde, contrôleur des douanes de 3° classe h Fumes, est nommé contrôleur des douanes de 2° classe Turnhout. M. F. Delahaye, lieutenant des douanes Fur- nes, est nommé contrôleur des douanes de 3e classe en la même ville. M. F. Garnier, receveur des contributions di rectes et des acccises Zillebeke, est nommé eu la même qualité Elverdinghe. M. E. Blancquaert, receveur en disponibilité dans la province d'aovers, est nommé receveur des contributions directes et des accises Zillebeke. cours d'assises de la flandre occidentale. Dans les audiences d'hier et d'avant hier de la cour d assises siégeant Bruges, ont comparu les nommés i° Jean Gryspeerd, âgé de 26 ans, tisse rand, né et domicilié a Stadeu 2" Léonard VaD

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 2