JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3730. 30"»' année. TPB.SS, 29 JUIN. Les dépenses arriérées, legs du minis tère Rogier-Frère, dont le chiffre s'élève 1,347,817 fr. ont donné lieu aux critiques les plus sévères mais en même temps les plus fondées, de la part du rapporteur de la section centrale, chargée d'en faire l'exa men,et l'exposé devant la Chambre. Toutes les autres sections, parmi lesquelles on compte un grand nombre d'amis de M. Rogier, se sont montrées unanimes aussi prolester contre les dépenses irrégulières que l'ancien chef de la politique nouvelle s'est permis de contracter, et personne hormis M. Rogier lui-même, ne s'est levé pour ainsi dire, dans le but de justifier la conduite financière de l'ancien cabinet que M. Roussel, dont on ne suspecte pas la par tialité, n'a pas craint de blâmer hautement. On voit des lors que M. Rogier a mau vaise grâce d'accuser ses adversaires de ne vouloir point de la constitution, lorsqu'il s'est agi d'élever un monument Bruxelles. La discussion des crédits supplémentaires au déparlement l'intérieur a prouvé en effet, que c'est M. Rogier lui-même qui dans plusieurs circonstances a violé la constitution, comme la observé si judi cieusement M. Osy dans la séance du 4 juin dernier. Lisez l'article 115 de la Constitution. 11 dit clairement que toutes les recettes et les dépenses de l'Etat doivent être portées au budget. Or, pendant les quatre ou cinq ans du ministère de M. Rogier, non seule ment une foule de crédits ont été démandés in globo, mais en outre toute une série de crédits supplémentaires ont été présentés, pour des sommes très fortes. Aujourd'hui, on s'est vu obligé de vider le sac, et l'on a reconnu que dans les cré dits demandés, il y a des sommes très con sidérables qui sont tout fait en dehors du budget et qui concernent des objets pour lesquels la chambre ne voulait pas que les crédits volés par elle, fussent dé passés. Sous ce rapport l'honorable M. Osy a prétendu avec une grande partie de la chambre que l'art. 115 de la constitution a été violé. L'honorable député d'Anvers a cité en core l'article 17 sur l'institution. Il dit positivement qu'il n'y aura d'instruction aux frais de l'État, qu'en vertu de la loi. Cependant le ministère du 12 Août a crée, sans loi, les écoles agricoles, dont l'entre tien ruineux plus que la nécessité essen tielle est reconnue par les hommes sensés. On voit dès lors, que ce n'est pas avec des monuments que l'on maintient laconsti- tulion, c'est aussi par des actes et certai nement les actes valent beaucoup mieux que de vaines parades. C'est dans la cham bre qu'on doit défendre la constitution, et personne croyons nous ne la défend mieux, que ceux qui prétendent que fe gouverne ment n'est en droit de contracter aucun engagement de dépenses avant d'avoir ob- tenu l'assentiment de la législature. Ceci est d'une vérité incontestable, et M. Rogier ferait bien de mettre l'avenir ce principe fondamental mieux en pratique. Ainsi on ne verrait plus engager la cham bre décréter des dépenses pour un ta bleau, sans savoir combien ces dépenses s'élèveront. On ne verrait plus commander des objets d'art, sans qu'on dise ni la som me, ni le sujet, ni la grandeur. On ne ver- rail plus surtout, un ministre prélever sur des souscriptions destinées tel et tel objet, des sommes considérables pour les affecter un autre emploi. Or c'est là pourtant, un abus dont l'ad ministration de M. Rogier s'est rendu cou pable: on sait qu'un arrêté royal a décrété qu'un monument serait élevé en mémoire du Congrès, et qu'un autre arrêté royal a décrété qu'une église serait construite en mémoire denolre bien-aimée Reine Louise- JVlarie. On a fait appel aux souscriptions; des sommes assez considérables ont été re cueillies. Que devait-on faire de ces sommes? Nos lois de finances voulaient qu'elles fussent versées au trésor public. Qu'a-t-on fait? Elles ont été retenues dans une caisse, espèce de succursale du trésor public qui se trouve au département de l'intérieur, et dont l'existence irrégu lière a fait l'objet de sérieuses critiques la chambre. Qu'a-t-on fait ensuite de ces valeurs? On s'en est servi sans scrupule, pour payer les frais résultant de la publication d'une édi tion illustrée de la constitution. Etil parait que 25,000 fr., ont été prélevés sur les sommes destinées élever la colonne au Congrès national; et cela contrairement l'intention bien positive des souscripteurs. Il parait d'ailleurs que d'autres dépenses ont été imputées encore sur ces fonds, qui sont restés la disposition du département de l'intérieur. L'expérience prouve donc que les valeurs ne sont pas faites pour res ter déposées au département de l'intérieur puisque lorsqu'il éprouva le besoin de fonds, le cabinet Rogier en usa pour un usage contraire leur destination. Voici encore une autre irrégularité que le ministère s'est trop légèrement permise. Par suite d'une phrase prononcée dans un discours par M. le ministre de l'intérieur, le gouvernement s'est figuré qu'il était au torisé disposer des économies qui se réa lisent l'école vétérinaire, pour faire des constructions nouvelles dont la réalisation des plans nécessitera une dépense d'en viron 300,000 francs. C'est ainsi, que petit petit, et l'insu des chambres, on engage le pays dans des dépenses considérables, et abusives. D'après ceci, nous le demandons, est-ce là, procéderconslitutionnellement. On con viendra que c'est de l'arbitraire au moins, et que M. De Renesse bien qu'appartenant au parti libéral a déclaré avec autant d'a- propos que de raison, qu'il n'appartient pas un ministre d'augmenter indirecte ment les budgets des dépenses; que c'est aux Chambres seules fixer et voter les budgets, sans cela l'on augmenterait indé finiment les dépenses de l'état et il faudrait nécessairement de nouvelles recettes, pour y subvenir. L'honorable représentant de Tongres a ajouté fort convenablement, que depuis quelques années, on a augmenté considérablement les contributions. Il est temps que l'on s'arrête dans cette voie; le meilleur moyen de sauvegarder notre na tionalité c'est de diminuer les charges des contribuables, déjà assez lourdes et de ne pas suivre les errements de l'ancien gouver nement de MM. Rogier-Frère, qui augmen tait constamment les dépenses au moyen d'un budget occulte. Toutefois s'il se fai sait que les irrégularités commises par le cabinet Rogier se renouvellaient par la suite, nous croyons que la Chambre com prendrait qu'il est de son devoir de rejeter les crédits demandés et de charger l'or donnateur de couvrir la dépense de ses propres deniers. Samedi dernier, la musique de l'école communale, est partie pour Gand l'effet de figurer au festival qui y devait avoir lieu le lendemain l'occasion de la ker messe. Lundi, 27, elle a fait sa rentrée dans nos raurs, escortée d'un détache ment de sapeurs-pompiers qui s'était rendu, musique en tête, sa rencontre. Elle rapporte, nous a-t-on dit, le prix de belle tenue, ainsi qu'une médaille com- mémorative. Apparemment ce voyage de plaisir doit avoir plu beaucoup aux jeunes gens de la Loye. Reste savoir cependant qui s'est chargé d'en solder les frais, et qui ensuite paiera nos gardes municipaux la corvée qu'on leur a imposée cette occasion. Serait-ce le trésor communal, tout obéré qu'il soit déjà, qui aurait trouvé bon de subvenir une pareille superfluité? Ou plutôt quelque philanthrope rebours, quelque avide amateur de popularité au rait-il bénévolement pris sur lui de pour voir de sa bourse aux frais de celle excur sion? Nous ne saurions le dire; mais au point de vue moral, toujours est-il, ainsi que nous eûmes l'occasion d'en faire la remar que il y a deux ans, en une circonstance identique, toujours est-il, que les trélaux delà place publique, que les applaudisse ments de la foule sont un apprentissage bien peu convenable pour ceux que leur position sociale appelle aux rudes épreu- VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand Place, et chei les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX. DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3r5o. Un n° a5 c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 1® centimes la ligne.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 1