9 JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3732. 36me année. L'abondance de matières nous contraint renvoyer notre prochain N°, la répliqué que nous avons préparé en réfutation de la dernière philippique du Progrès contre M'le curé de Locre. l'agriculture. On a souvent loué l'agriculture dans les livres et au sein des Assemblées législa tives. Tout le monde en a parlé avec in térêt; cependant peu de gouvernements l'ont sérieusement aidée. Celte industrie mère sans laquelle aucune autre ne sau rait exister, pnise sa force en elle même, elle n'existe que parce qu'elle est indispen sable. S'il avait dépendu des politiques, depuis long temps elle cesserait d'exister parcequ'il n'est pas d'obstacles qu'on ne suscita contre sa marche, et son dévelop pement. Pour preuve, il suffit d'entendre nos soi-disant réformaleursou libres échan gistes. Laissez faire, nous crie-t-on, laissez passer; supprimez et tarifs et douanes et toullemonde s'enrichira rapidement;com- merce, agriculture tout vivra sans inter vention, sans protection aucune. Voilà le système qu'on n'a cessé de prôner depuis bien des années et que ceux là même qui le vantent ont le plus violé. En effet! toutes les industries belges sont protégées, hor mis une seule, la principale la plus inté ressante, l'agriculture. Celle qui occupe trois millions de nos compatriotes; qui a tant souffert pendant les années calami- teuses de 1845 1848, et qui encore au jourd'hui entretient ses dépens la moitié de nos pauvres. Abandonnée aux incon vénients de la concurrence étrangère l'a- gricullurechez nous est condamnéea payer encore les frais de la forte protection dont jouissent d'autres industries. L'agriculteur dans la position où il se trouve hors du droit commun paye des primes toutes les applications du travail national sans recevoir la moindre compensation de ses sacrifices. 11 achète la toile, le drap, le colon, le sucre, la faïence, le fer le cuivre, tous ses vêlements, tous ses ustensiles plus cher qu'il ne se les procurerait sous le ré gime du libre échange; il acquitte donc de ce coté là un véritable supplément de con tributions. Voilà où conduit le système de ceux qui ne professent qu'à demi la doc trine du libre échange. Nous l'avons vu mettre en pratique sous l'administration Rogier-Frère de funeste mémoire. Alors sur toutes les gammes on entendit mettre du ban le système protecteur; on le traita comme bien d'au treschoses, de vieller ie usée ou de doctrine rétrograde. Le cabinet dé chu, dès son origine partagea les idées, les utopies de nos soi-disant libre-échangistes et il en fil l'application l'agriculture. L'a griculture seule fut soumise au régime du libre échange, et comme il semblait nos sauveurs libéraux qu'il fallait d'autres pro digues encore, ils poussèrent plus avant leurs réformes ridicules. Les agriculteurs belges étaient taxés de ne pas être au ni veau du siècle; on les traita d'ignorants, de charrues qui adorent Dieu. Il fallait les instruire autrement. On créa donc un bon nombre d'écoles professionnelles, des ex positions agricoles des comices agricoles et de larges distributions de médailles d'images et de subsides suivirent ces si magrées. Ce ne fut point tout encore: L'agriculture, par suite de sa position ex ceptionnelle, était en plein droit d'obtenir un dégrèvement d'impôts; au contraire, une aggravation de charges lui fut dé volue. Plus lard, le cabinet quenousavons vu tomber, a imposé au pays et malgré le pays le droit des successions en ligne di recte; et elle pèse exceptionnellement sur les immeubles sur les possessions rurales. L'industrieagricolepourse perfectionner comme les autres industries a besoin com me elles, d'une protection efficace et non factice. Ce n'est pas au moyen d'images, de médailles et de livres qu'on parviendra rendre nos champs fertiles et éclairer nos laboureurs. Le meilleur moyen de ré pandre l'instruction dans les campagnes, c'est de rendre le travail productif et la vie facile, car le progrès des lumières comme l'a dit un savant agronome, suit toujours le progrès du bien être matériel. Les pay sans anglais ne sont les paysans les plus éclairés du monde entier que parceque des lois protectrices leur assurèrent toujours un certain monopote de la consommation intérieure. Le Progrès rapporteavecjubilation qu'un banquet vient d'être offert M. Frère, l'occasion de son retour Liège. Le con frère voit dans cette démonstration un événement de haute importance. Nous ne voyons dans tout ceci qu'un acte de con venance. Liège peut bien offrir un banquet M. Frère, pour les millions qu'il pres sura des contribuables dans le but d'acca bler cette province de faveurs de toutes sortes. Pourle reste, nous n'y voyonsqu'une chose, c'est que le libéralisme de M. Frère se sent faiblir considérablement puisqu'il se voit obligé de faire tant de tapage, en l'honneur du chef de la politique des tré passés. Une correspondance de Bruges, nous signale de nouveau l'apparition de la ma ladie des pommes de terre. Les symptômes du fléau se montrent aussi, ce qu'on nous assure, sur les vignes et les fèves. Jusqu'ici nous n'avons rien appris des cultivateurs des environs qui soit de nature confirmer cette triste nouvelle, pour ce qui concerne nos contrées. Un grand malheur est arrivé Lundi au soir sur la chaussée de Warnêton Co- mines, territoire de Bas-Warnêton. Vers dix heures, le domestique du voilurier Tack d'Ypres, est tombé de son chariot sous les roues qui l'ont écrasé. Quand on le relevait, il a pu dire qu'il s'était endormi. Mr le vicaire de Warnêton ne tarda pas lui prodiguer les secours religieux. M'le docteur Marhem s'empressa également de l'entourer des soins les plus louables mais après quelques moments, le malheureux expira dans des cruelles souffrances, il n'avait aucun papier près de lui. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abouiie Yprès, rue df Lille, o, près U Grand Place, et chez les Percepteurs de» Postes du Royaume. PRIX UK LUBOKiENKIIT, par trimestre, Yprès fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un uu 25 c. Le Propagateur parait le MAMEOI et le MERCREDI de chaque seotaine (Insertion** 19 centimes la ligne.) 7PB.SS, 6 JciI.LET. Comme la plnpart des plaisirs de ce monde, il parail que la joie éprouvée par les enfants de la Looye, n'a point été ni tout a fait pure, ni tout fait durable. Maintenant que la fête est passée, et que le son des fanfares et le bruit du tambour a fini d'étourdir les oreilles, on commence a réfléchir sur l'inanité de ses sortes de démarches, et bien des parents qui s'en allaient coulenls chez eux, le soir de l'ovation qu'on avait préparée leurs enfants, regrettent aujourd'hui l'argent qu'a dû coûter celte excursion ridicule. Hier encore uu ouvrier honnête s'exprimait en critiques les plus vives contre la frivolité de ces promenades. Il paraitra du reste que ces observations ne sont point sans fondement, car outre la vauité et l'esprit du monde que ces plaisirs font e'clore, elles augmentent encore la gène où bien des pauvres se trouvent réduits. En effet, s'il faut en croire nos renseignements, en sus du produit des 5 centimes versés cette fin pendant bien des semaines et des mois, le festival deGand, aurait coûté chaque enfant un supplément de fr. 5-5o, li supporter par les parents; soit eu tout pour chaque musicien 11 12 francs pour des pauvres dépourvus de ressources, et gémissant sous le poids des 10 centimes additionels que l'admi nistration communale vient d'imposer récemment c'est là, il fant en convenir une dépense assez pé nible, puisqu'elle réprésente déjà la valeur de 4o pains et le salaire d'une semaine de travail. Nous admettons que pour M. le Directeur anx besoins duquel le budget commuoal pourvoit largement, eette somme ne parail qu'une bagatelle. Mais la tnèiue chose ne pourrait être dite des élèves qoi composent sa musique, des 6 ou 8 gardes civiques et des 10 12 Pompiers qu'on est parvenu en gager (le public peut-être saura comment,) grossir la musique communale, mais l'âge des quels les Gantois auront eu de la peine se croire en présence d'une école d'enfants. Des désordres de nature grave ont eu lieu l'Université de Gaud. Un étudiant M. S. ayant adressé l'autorité judiciaire plainte contre un condisciple, M. L, se serait vu moralement con traint par ses camarades d'étude de quitter l'Uni versité. Trois cours de la faculté des sciences ont été suspendus, les élèves de ces cours ont refusé de fréquenter les leçons, taut que M. S. qui avait eu le tort selon eux, d'en appeller anx tribunaux, aurait été admis dans les dits cours. Nous appel ions sur ces faits l'attention spéciale des pè'es et des mères de famille. Ils devront s'y convaincre que ce n'est pas tort que nous fîmes ressortir maintes fois, les dangers que présente l'enseigne ment public organisé en dehors de l'influence religieuse.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 1