JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N» 3734.
36mc année
La réforme électorale que plus de dix
mille électeurs ont demandée la législa
ture par voie du pélitionnemenl, continue
de faire l'objet des appréciations passion
nées et déloyales dont la presse libérale
offre des modèles si multipliés. S'il fallait
en croire les organes des clubs et des loges
maçonniques, la loi de 1848, ne saurait
être retouchée sans commettre une incon
séquence des plus graves, un abus des plus
criants; et rien selon nos adversaires, ne
justifie les réclamations nombreuses sou
levées contre le mode électoral actuelle
ment en vigeur.
Or, le fait est d'une évidence démontrée:
La loi de 1848 est d'une injustice criante
envers les habitants de la campagne en ce
sens, qu'elle donne aux villes deux fois et
même plus d'électeurs qu'aux campagnes.
La loi de 1848 est une loi de parti, faite
pour surprendre le plat pays et les petites
villes dans un intérêt de parti, pour conso-
liderla nomination préméditée des grandes
villes, et pour mieux assurer l'usage de
toutes les influences dont les clubs et les
associations électorales des villes dispo
sent. En un mol les vices de la loi de 1848
sont notoires. La population des campagnes
n'a que 14 électeurs par 1,000 habitants,
tandis que les villes en ont trente et un, ce
qui forme plus du double. Cette inégalité
dérive de ce que qu'il n'est rien compté
l'habitant des campagnes, des impôts fon
ciers qu'il paye pour son propriétaire, et
qui devraient lui donner le même droit qui
est attribué au citadin en ce qui touche ses
impôts personnels et son droit de patente.
line autre inégalité, contre laquelle les
électeurs des campagnes s'élèvent avec
droit, c'est que les habitants des chefs
lieux des districts, exercent leur droit élec
toral sans aucun déplacement, sans rien
négliger, sans encourir aucune dépense,
landisque les électeurs des campagnes sont
obligés de négliger leurs occupations, de
faire un long chemin et de dépenser leur
argent pour se rendre au scrutin.
L'examen attentif de ces griefs fondés,
constituent une injustice réelle faite aux
campagnes au profit des villes, doit faire
comprendre, combien il est juste et équi
table que la loi de 1848 soit réformée.
La population rurale de la Belgique, la
quelle forme les trois quarts des habitants,
ne peut être livrée plus longtemps l'ar
bitraire, aux caprices des villes, de même
que les précieux intérêts de l'agriculture
ne sauraient rester sacrifiés la domina-
lion de la population urbaine. Nous pen
sons qu'il est juste qu'il y ait égalité dans
les moyens d'exercer les droits civiques;
les uns ne sauraient être astreints plus
de frais que les autres sans inéconnailre ce
principe fondamental de notre Constitu
tion qui déclare tous les Belges égaux de
vant la loi.
Ce n'est pas que nous voudrions établir
un privilège en faveur des campagnes con
tre les villes: ce que nous demandons c'est
la justice distribulive, la parfaite égalité
devant la loi; ce que nous voulons, c'est
que tous les électeurs puissent voter, sans
que l'âge, la crainte des fatigues, la dé
pense la plus légère infirmité dût les ar
rêter ou les retenir.
Les facilités que l'on réclame, du reste
pour les électeurs ruraux de Belgique, ont
été accordées récemment aux électeurs en
Angleterre et dans les Pays-Bas, comme le
fait remarquer si bien M. Jacques, dans
son rapport remarquable sur les nom
breuses pétitions relatives la réforme
dont il s'agit.
L'art. 63 de la loi Anglaise du 7 juin
1832 porte que chaque comté ayant la no
mination d'un, deux ou trois membres de
la Chambre, et chaque division de comté
ayant la nomination de deux membres,
seront divisés convenablement en districts
pour le vote.
Dans les Pays Bas, l'art. 38 de la loi
électorale du 4 juillet 1830 porte, que la
réception des suffrages a lieu, soit dans la
commune où l'électeur est inscrit sur la
liste électorale, lorsque celle commune
forme seule un sous district, soit daris le
chef lieu du sous-district, lorsque la com
mune est réunie d'autres communes pour
former un sous-district, soit au bureau
du sous-district dans lequel l'électeur ha
bite, lorsque la commune forme plusieurs
sous-districts.
Ainsi en Angleterre et dans les Pays Bas,
pour chaque circonscription électorale,
ayant élire un deux ou trois députés, les
électeurs ne sont pas obligés de se trans
porter au chef lieu de la circonscription;
l'onyaélablicinq six, sept eljusqu'à quinze
chefs-lieux de sons dristricis où les élec
teurs vont déposer leurs bulletins ou donner
leurs suffrages.
La majorité de la commission des péti
tions a été d'avis que le moment était venu
d'introduire en Belgique les facilités qui
ont été accordées aux électeurs en Angle
terre et dans les Pays Bas, et qui sont ré
clamées avec tant d'instance par la plupart
des campagnards.
II est très porbable et pour ainsi dire
hors de doute, que la majorité des Cham
bres, adoptera l'avis de la commission sus
dite, et que justice sera faite aux plaintes
nombreuses formulées par les électeurs
des campagnes. Nous comprenons fort
bien, que devant la perspective de la ré
forme annoncée, les loges et les clubs s'a
gitent. Leur règne touche sa fin, et du
moment qu'il sera donné, la partie véri
tablement intelligente du pays, aux élec
teurs ruraux, de faire valoir leurs droits,
les sectaires du faux libéralisme se verront
obligés de plier leurs tentes et de laisser
aux hommes vraiment soucieux du bon
heur du pays, le soin de gérèr nos affaires
publiques, la satisfaction et selon les
vœux de celte grande majorité des Belges
qui, fidèles aux principes de 1830, appel
lent de tout leur cœur l'abolition des œu
vres liberlicides et vexatoiresde la politique
Rogier-Frère.
Dans le compte rendu de la séance du
conseil provincial du 9 juillet, nous remar
quons que M. Lagae, au nom de la commis
sion d'examen, fait rapport sur la demande
de l'administration communale d'Ypres,
l'effet d'obtenir sur le budget provincial un
subside destiné la création de bourses
pour le collège communal de celte ville.
Ce rapport conclut au rejet de la demande.
Nous aimons croire que la décision
prise par la commission sera confirmé par
le conseil la grande majorité de ses mem
bres. Demantler un subside provincial
l'effet de créer des bourses, pour un collège
qui ne jouit guère de la confiance d'un
quart de la ville, qui ne compte sur ses
bancs qu'une soixantaine d'élèves que la
pression et l'influence dont le parti libéral
dispose y maintient; demander un nouveau
subside, disons-nous pour un établissement
assis sur des bases peu recoinmandables
sous le rapport religieux, et qui pressure
déjà environ les 30,000 francs des contri
buables, c'est là une proposition de dé
pense, dont l'utilité serait difficile éta
blir.
Si l'aide des moyens dont elle dispose,
si grands renforts d'argent, la régence
ne parvient jusqu'ici imprimer son
établissement d'instruction moyenne une
marche prospère, s'il lui faut maintenant
recourir au trésor de la province pour
garnir quelque peu les classes presque dé
sertes de l'institution libérale, alors que
dans l'espace de 10 années, la caisse com
munale d'Ypres a payé plus de 150,000
francs titre de subside pour le collège
dont il s'agit, pourquoi, ouvrant les yeux
l'évidence, et reconnaissant les vœux
de leurs administrés nos édiles ne deman
dent-ils au lieu de nouveaux subsides la
suppression de cette institution chétive et
languissante? outre l'adhésion du couseil
provincial, nous sommes persuadés que le
conseil communal, rencontrerait dans ce
projet l'assentiment général des contribua
bles gémissant sous le poids des impôts
que l'entretien du collège, en grande par
tie, a forcé de lever.
ré ET JVflflCB.
On s'abonne Yprès, rue de Lille, o, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs dés Postes du Royaume.
PRIE UF. L'ABRNWEMKIIT, par trlmeatre,
Y près fr. 3, Les autres localités fr. 3-5o. Un u° a4» c.
Le Propagateur paraît le S.VT1RDI et le MKIKCREDI
de chaque semaine (Insertions 19 centimes la ligne.)
7PF.3S, 13 Juillet.
On se rappelle que M. Ernest Merghelynck,
dont les accointances avec la rédaction du Progrès
sont connues, vient d'être nommé secrétaire du
Cooseil Provincial. C'est Ik sans doute mie bonne
fortune pour un homme qui n'était jusqu'ici que
secrétaire de la Concorde et, croyons-nous, du