L'hôtel de Mm" la vicomtesse de Biolley est situé une très-grande distance de la station de Ver viers, le parc est traversé par le chemin de fer. A l'endroit où doit s'arrêter le convoi impérial, un débarcadère a été établi. C'est nn portique élégant, composé de tentures, de feuillages et de drapeaux autrichiens et belges. On eût difficilement trouvé a Verviers une mai son qui, comme celle de Mm* la vicomtesse de Biolley, fut assez vaste pour réunir les conditions que réclame la cérémonie de la remise de S. A. R. l'Archiduchesse aux plénipotentiaires belges. Ou sait de quelles précautions solennelles l'étiquette et la politique ont entouré celte cérémonie. Le canon a annoncé l'arrivée de la princesse. Elle est descendue du convoi, suivie a distance par les personnes que nous avons nommées. En entrant h l'hôtel de Mm* la vicomtesse de Biolley, S. A. R. s'est dirigée vers son appartement. Là, elle a quitté la mise simple du voyage pour prendre le costume de cour une robe blanche décolletée, un long manteau de velours et les diamants. Ainsi habillée, S. A. R. s'est dirigée vers la salle où la cérémonie de la remise devait se faire. A ce moment les deux portes opposées de cette salle sont ouvertes, et pendant que la princesse se présente, la main droite appuyée sur le poing de M. le prince de Schwarzenberg M. le comte O'Sullivan de Grass, commissaire royal, ambassa deur extraordinaire pour le mariage, se présente également. La princesse fait trois pas M. le comte O'Sullivan en fait trois en même temps. La suite entre dans la salle et se range des deux côtés. A gauche (côté femelle), Mm" la comtesse de Clara- Martinicz, grande-maîtresse; MM. les commissaires impériaux, M. le secrétaire impérial de Humelauer, les gardes des Arciers et les Trabans. Du côté belge (côté inale) se rangent près du trône, vis-à-vis des personnes autrichiennes, M"" la comtesse de Mérode-Westerloogrande maî tresse; \1. le secrétaire royal Materne, M. le lieu tenant-général le baron Chazal, le major Van der Meersch et quatorze élèves de l'école d'application. Eu dehors montaient la garde du côté des Belges, quatre élèves de l'école militaire avec le fusil; du côté autrichien, les Trabans avec leurs hallebardes. A une heure l'ordre a été donné de faire avancer le convoi royal. S. M. a daigné témoigner M"" la vicomtesse de Biolley sa satisfaction du concours qu'elle a prêté l'accomplissement de celte importante cérémonie. La famille royale est montée dans la berline royale, et dans les autres voitures ont pris place les nobles étrangers qui avaient accompagné S. A. I. et R. Les archers de la garde noble, les trabans et les gendarmes de la garde impériale, ayant accompli leur mission, pour laquelle S. M. leur a fait adresser ses gracieux remerciements, sont partis pour Aix-la-Chapelle, excepté M. le feldmaréchai baron Pirquet et MM. le baron VVildburg et de Wirtb, auxquels le Roi a désigné des logements au palais. A une beuie et demie précise, le Roi, la famille royale et leur suite, ont pris l'embarcadère de Biolley, le convoi royal qui de Verviers doit les conduire Bruxelles. Dans la station c'a été presque une émeute pour pouvoir la saluer, lui donner déjà uue marque d'affectueux dévouement et pour témoigner uue fois de plus au Roi l'énergie des sentiments patriotiques qui animent les popu lations de ces localités. Eu mettant la tête aux portières des diligences, on ne voit que des têtes humaines, on n'euteud qu'un cri, que plus de vingt mille bouches profèrent. Le convoi royal se remet en marche; mille ac clamations le saluent au départ. A Haut-Pré, une société lyrique vient exécuter un morceau de chant d'ensemble au moment du passage la station: la vapeur n'a pas d'oreilles; le convoi continue sa route. Mêmes témoignages de sympathie Landen et Waremme. Arrêtons-nous Tirlemont: on y fait bien les choses. D'abord on y aime l'ordre; de sages me sures de police y ont fait éviter la confusion. Et puis on ny fait rien demi. La décoration de la station est ordonnée avec luxe et avec goût. Deux estrades parallèles sont réservées aux dames et aux invités. Uue troisième tribune, placée d'une ma nière transversale, relie entre elles les trois con structions richement ornées. Dans la tribune du centre des sièges en velours ronge sont disposés pour le Roi et la famile royale. S. M. et LL. A A. RR. descendent de voiture. Elles sont reçues par les autorités. Le bourgmestre et M. le curé-doyen prononcent des discours auxquels le Roi répond de la manière la plus affable. On part et presque aussitôt on arrive Louvain. La façade du bâtiment de la station est décorée d'écussons, de draperies et de drapeaux arrangés eu faisceaux. La garde civique forme la haie; les cuirassiers portent les armes l'artillerie fait des décharges. Une tente élégaule, d'une étoffe rouge rayée de hland, se dresse sur un monticule. Le Roi et la famille sont reçues par les autorités. Toujours la même affabilité et le même pro pos dans les réponses du Roi. Le voyage triomphal des jeunes et royaux époux et de leur auguste famille approche de son terme. Encore une halte Malines nous y sommes. La station est somptueusement décorée; cette décoration a déjà été décrite par les journaux, dans la relation qu'ils ont faite dernièrement du retour du Roi dans son voyage d'Allemagne. Le seul détail nouveau qu'il y ait signaler, c'est, on l'a déjà deviné,que l'initiale d'un nouveau nom, qui nous deviendra chaque jour plus cher, s'enlace partout l'initiale d'un nom qui, depuis longtemps, nous est déjà cher, plus d'un titre. Et puis ceci c'est que là où le Lion Belgique se dresse sur un champ rouge, jaune et noir, l'Aigle impériale, celle des Césars,déployé sur un champ d'or ses larges et puissantes ailes. S. Em. le Cardinal-Archevêque de Malines prononce le discours suivant: MKK, Votre Majesté se rappelle avec quels senti ments de reconnaissance nous l'avons accueillie, lorsqu'à son retour d'Allemagne, Elle nous a apporté l'heureuse nouvelle de l'union prochaine de son auguste fils avec une Princesse de l'illustre maison d'Autriche. Aujourd'hui que Votre Majesté conduit cette auguste Pl iucesse au milieu de nous, notre accueil est plus cordial encore et empreint d'une plus vive gratitude. OuiSire, cette nou velle preuve de votre constante sollicitude pour le bonheur de notre chère patrie restera profondé ment gravée dans nos cœurs et redoublera encore les sentiments de respect, de reconnaissance et de dévouement que nous vous devions déjà tant de titres. ntlSEICVeiB, MADAME, Nous accueillons Vos Altesses Royales avec toute la cordialité dont nous sommes capables et avec les sentiments du plus parfait dévouement. Nous vous prions d'agréer l'expression des vœux les plus sincères que nous formons pour le bonheur de votre union, vœux que nous déposons tous les jonrs aux pieds des autels, et que bientôt nous adresserons Dieu d'une manière solenuelle, en invoquant sur vos augustes personnes les bénédic tions du Ciel. Le convoi se me en marche. On fait route pour Bruxelles. L'afïlnence est immense. Les édifices publics, les hôtels de la capitale et du faubourg de Cologne, de même qu'un grand nombre de maisons particulières ont arboré les cou leurs nationales. A la station du Nord, le drapeau jaune aux armes de la maison d'Autriche, flotte côté du drapeau belge, de distance. Tous les navires du port sont richement pavoises. Le convoi royal est arrivé la station du Nord vers 6 heures et demie du soir. L'heuthousiasme est indescriptible. Des bravos unanimes ont accneilli ces patrioti ques paroles. C'était vraiment un spectacle admirable que celui de cette foule qui se pressait autour du Roi et de la famille royale, rivalisant d'ardeur ex primer par d'éclataDtes acclamations les patriotiques sentiments qui l'animait. Le Roi, le jeune Duc et la jeune Duchesse étaient extiêinement émus. Le cortège débouche de la place des Nations au milieu de formidables acclamations parties de tous les rangs de la fonle et des troupes. Les cris de: Vive le Roi! Vivent le Duc et la Duchesse de Brabant et Vive la famille royale retentis sent saus interruption avec une force, un entraî nement irrésistible. La marche du cortège était ouverte par la mu sique et deux escadrons du régiment des guides. Puis venaient deux voitures de la cour 2 chevaux conduisant les officiers d'ordonnauce. Trois voitures 6 chevaux, conduisant les per sonnes de la suite de la Duchesse de Brabant. La maison militaire de S. M. le Roi et la maison militaire de S. A. R. Mgr. le Duc de Brabant. La voiture de Sa Majesté. Le Roi et le Duc de Brabant se trouvaient pla cés dans le même carrosse avec la Duchesse de Brabant et la princesse Charlotte, qui occupaient le devant de la voilure. Après la voiture dans laquelle se trouvait S. A. R. le comte de Flandre, venaient les autorités militaires et les officiers cheval de la garde civi que et de la garnison. Deux escadrons de guides fermaient la marche. Sur la place des Palais l'empressement de la foule était si grand, quérien n'a pu l'arrêter; elle a rompu les lignes de soldats et s'est précipitée autour de la voiture royale en poussant de bruy antes acclamations. Après l'arrivée du cortège au palais, la famille royale s'est montrée au balcon et a été saluée com me partout des cris les plus enthousiastes. A 7 heures, il y a eu grand dîner au Palais; le corps diplomatique et tous les hauts dignitaires y assistaient. La cérémonie du mariage civil du Duc de Bra bant et de l'Archiduchesse Marie-Henriette s'est accomplie lundi 10 heures 1/2 au palais. Il était un peu plus de onze heures quand la cérémonie de l'acte de l'état— civil se trouvait terminée. A midi, commençait la célébration du mariage religieux. Le service intérieur de l'église ponr le placement des invités, a été fait avec un zèle digne d'éloges. Les estrades élevées près des portes d'entrée latérales, étant exclusivement réservées aux dames, elles se sont peu peu remplies. Les corps consti tués, les membres du corps diplomatique, les chefs des départements ministériels, les Ministres d'État, les hauts fonctionnaires et les personnes invitées la cérémonie un titre quelconque, avaient envahi longtemps avant l'arrivée du Roi et de la Famille royale, la partie des bas côtés s'étendait du pied des estrades la ligne de clô ture du trausept. Vers midi les acclamations du dehors annoncent l'arrivée du Roi et des augustes époux. La grande cloche retentit encore une fois et l'orgue jette ses sons puissants dans la vaste église. S. Em. le Cardinal-Archevêque, Mgr. Engel- bert-Sterckx assisté de ses deux vicaires-géné raux, les chanoines Corten et Collier; Mgr. Labis, évêque de Tournay; Mgr. Dehesselle, évêqne de Namur; Mgr. Delebecque, évêque de Gand; Mgr. Malou, évêque de Bruges, et Mgr. de Montpellier, évêqne de Liège, et leurs vicaires-généraux, des cendent jusqu'au parvis, précédés de la croix et de quatre longues files de chanoines et de prêtres, pour recevoir S. M. et LL. AA. RR. et I. Les tambours battent aux champs, les fanfares retentissent dans l'église, et l'auguste Famille royale fait son entrée. S. Em. le Cardinal-Archevêquearrivée h l'entrée du chœur, indique aux jeunes Epoux la place qu'ils doivent occuper. Sur les côtés de l'estrade droite, se placent les témoins de S. A. R. le Duc de Brabant.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 2