JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3755.
37me année.
C'est toujours avec joie, avec fierté que
la Belgique,salua l'anniversaire des mémo
rables journées, où elle reconquit son in
dépendance et sa vieille liberté. Elle a
droit, en effet, de s'enorgueillir de sa con
quête en présence des infructueuses ten
tatives faites en ces derniers temps par
la plupart des nations européennes. Pour
les unes, le régimé de la liberté n'est plus
qu'une dangereuse utopie; pour les autres,
une phraséologie mensongère est tout ce
qu'il faut pour masquer et rendre légiti
mes les empiétements du pouvoir civil;
ailleurs enfin, il semble qu'une oscillation
rapide entraîne fatalement la nation tan
tôt l'anarchie tantôt au despotisme. Grâ
ces au parti catholique, que la force des
circonstances plaça d'abord au timon des
affaires, la Belgique snt résoudre le grand
problême des peuples constitutionnels,
alors qu'elle consolida sa liberté du ciment
conservateur de la religion; elle sut encore,
par son moyen, se concilier la confiance
des Roté de l'Europe, et, au jour de l'épreu
ve, soutenir presque seule le choc du flot
révolutionnaire.
En ces jours difficiles, où l'union de tous
les vrais patriotes devient de plus en plus
nécessaire, il est des esprits chagrins et
tracassiers, qui, se joignant aux partisans
usés de la maison d'Orange, n'ont pas
craint d'imputer au parti catholique, au
parti national par excellence, des pensées
subversives l'égard de nos institutions
constitutionnelles. Tout Belge appréciera
sa juste valeur cette ridicule imputation;
car le Belge sait de quels rangs sont parties
les premières atteintes dont la constitution
et la liberté aient souffert, dans la question
de l'enseignement et dans celle de la cha
rité. Mais l'étranger qui ne demande qu'à
être trompé, n'a pas manqué d'accueillir
avec joie la grossière imposture que forgea
desang-froid la hainemesquined'un parti.
Car l'étranger sait bien que là où l'élément
catholique retire son appui, l'édifice poli
tique ne se peut soutenir.
Aux coins des rues de cette ville s'étale
un placard, sous forme de prospectus,
émanant de l'athenée de Bruges. Le royal
institut s'efforce de capter les sympathies
des pères de famille et ne dédaigne pas
de raccoler des élèves jusques sur la place
publique. Quand l'escarcelle est vide,
les histrions de foire vont de même aux
carrefours de la ville convier les passants
leur barraque oubliée, criant famine
coups redoublés de grosse caisse.
Un grand nombre de fidèles de la ville,
des environs et jusque du département du
Nord afflue chaque jour l'église des Pau
vres Claires l'occasion de l'octave de
Notre Dame de la Salelle. Parmi les pré
dicateurs de renom qui se sont fait en
tendre, nous signalerons Mr l'abbé Doignon,
ancien membre de la Chambre des Repré
sentants. Grâces aux bonnes Sœurs et au
concours pieux de plusieurs Dames de la
ville, l'église est décorée avec magnificence.
Plus de cent bêtes cornes, destinées
pour la France traversent hebdomadaire
ment notre ville. Nul doute que dans la
suite des troupeaux plus nombreux vien
nent passer, vu la réduction considérable
qu'ont subies les droits d'entrée en France.
Au marché d'aujourd'hui les grains ont
subi une légère augmentation-
La dépêche télégraphique suivante a été
adressée XIndépendance:
Le paquebot vient d'entrer, apportant
des nouvelles de Constantinople du 12 sep
tembre:
On s'attendait pour donner plus de
force au parti de la paix la destitution
du Ministre de la guerre et une dé
monstration des flottes alliées.
Omer-Pacha était Varna.
Change sur Londres 116 1/2, 117 2/2
sur Vienne 435.
On lit dans le Journal des Débats
On a reçu par la voie de Vienne des
lettres de Constantinople du 8 septembre.
Indépendamment des placards que
l'on continuait afficher chaque nuit sur
les murs des principales mosquées, les
habitants de Constantinople signaient pu
bliquement des adresses au sultan et ses
ministres pour les engager marcher con
tre l'ennemi, sans attendre plus longtemps
l'appui de l'Angleterre et de la France.
Ces adresses et ces placards produisaient
une assez vive émotion parmi le peuple.
La Porte avait publié dans la Gazette
d'État son second Manifeste. Nous n'avons
pas encore reçu ce document. C'est en
grande partie le récit fait la nation de
ce qui s'est passé au sujet de la Note de
Vienne et des motifs qui ont porté le gou
vernement y faire des modifications.
Sans être aussi belliqueux qu'on l'avait
annoncé, ce document serait beaucoup
plus énergique que le premier, et contien
drait de plus l'assurance que la Porte per
sistera jusqu'au bout dans l'attitude qu'elle
a prise.
M. Kossuth avait fait pressentir la
Porte sur le désir qu'il éprouverait de re
venir Constantinople. La Porte 11e se
montrerait nullement empressée d'en
courager cette velléité.
Le bey de Tunis ayant informé la
Porte que son contingent était prêt, mais
que les moyens de transport lui man
quaient pour l'envoyer Constantinople,
l'ordre avait été donné l'arsenal de pré-
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Yprès, rue de Lille, 10, près la Graud
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3* Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque seiiiaiue. (Insertions 19 centimes la ligne»)
7P?»3S9 25 Septembre.
Voici une nouvelle pcçi'je i. -nfiance tou
jours croissante qu'obtiennent les établissements
d'instruction libres quinze jours nous séparent
encore de la fin des vacances, et quarante inscrip
tions de nouveaux élèves internes sont déjà prises
au collège de Roulers.
Il serait curieux de connaître qu'elle est l'aug
mentation du nombre d'élèves l'athénée de Bruges
qui coûte aux contribuables des sommes si impor
tantes. [Patrie.)
Une dépêche télégraphique de Constantînople
du 12, arrivée par Triesle, annonce qu'une dépu-
tation des Ulemas aurait posé au Sultan l'alterna
tive d'une déclaration de guerre la Russie ou de
son abdication. On lui aurait fixé pour tout délai
jusqu'au i3, jour où commence le Baïram.
Une autre dépêche de Vienne, en date du 22
septembre, anuonce, de sou côté, qu'à la demande
réitérée de l'ambassadeur d'Angleterre, lord Red-
cliffe, de nouvelles conférences sur la convenance
et l'opportunité d'une démarche collective ont eu
lieu il a été décidé que les représentants des gran
des puissances Constatitinople, déclareront que la
Note de Vienne ne renferme pas, pour la Souve
raineté du Sultan, les dangers que la Porte semble
y voir. Aucune autre démarche collective ne sera
faite.
On a des nouvelles des bords du Danube, en
date du 7. Orner-Pacha venait de quitter son quar
tier-général pour visiter les ouvrages de défense
qu'il avait fait élever sur les bords du fleuve. Il
paraissait très-satisfait de la manière dont ces tra
vaux avaient été exécutés. Les Russes établis dans
le centre des provinces, u'avaient pas paru snr la
rive gauche du Danube qui était impraticable en ce
moment, et Orner-Pacha ne songeait nullement
traverser le fleuve pour aller les attaquer.
Il se fortifiait toujours et se préparait passer
l'hiver dans ses cantonnements pour le cas où les
nécessités de la politique l'exigeraient. Son plan
paraissait être de se tenir sur une énergique défen
sive, et de ne pas prendre l'offensive. Il déployait
beaocoup d'activité et un grand esprit d'organi
sation.
Le Ministre de l'intérieur de S. M. le Roi des
Grecs vient d'adresser une circnlaire tous les no-
marches ou gouverneurs des provinces, afin de leur
recommander de ne plus délivrer aux sujets grecs
des passeports pour Constantinople ou tout autre
point de l'empire ottoman. Sont exemptés de l'effet
de cette mesure les négociants qui justifieront d'af
faires pressantes.
TRIESTE, mercredi.