JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3758.
37me année
TPRES, 5 Octobre.
SOUSCRIPTION
POUR L'ÉGLISE DE POLLLNCHOVE.
Reçu précédemment
Un particulier.
Un propriétaire
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UNE AVENTURE DE BAUDOUIN IX.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On sMumiie Y près, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez, 'es Percepteurs des Postes du Royaume.
PHIX DE L'tBOlKEllEfT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur paraît le AA.HKIII et le MERCREDI
de chaque semaine. (Inoertlttiis 19 centimes la ligne.)
I.
En l'année 1198, le comte Baudouin IX, mé
ditant déjà la croisade qui devait pins tard l'élever
sur le trône de Conslantiuople, s'occupait de don
ner ses peuples des lois sages. Ce prince voyait
tien que le genre humain commençait se mettre
en marche, et que la civilisation faisait des progrès,
mesure que l'Évangile était répandu.
Les Flamands avaient obtenu de ses prédéces
seurs des privilèges et des franchises. Il voulut leur
donner des chartes complètes, qui assurassent leurs
droits. Il favorisa largement le commerce; et ce
n est pas se tromper que de le regarder comme
un des pères de la prospérité du nord.
Il disait souvent que, «selon les lumières de la
s-une raison, les princes devaient être aidés et lio-
II est au sein du parti libéral une coterie active,
puissante et intraitable d'esprits chagrins, atrabi
laires, s'ingéniant semer le trouble et perpétuer
la discorde; lactique odieuse, sur laquelle se fon
dent leurs rêves ambitieux. Le parti catholique,
en vue des dangers communs de la patrie, prêle-
t-il noblement son appui ses adversaires politi
ques; celte initiative si noble, si courageuse
n'éveille dans les rangs des incorrigibles qu'un
hargneux mépris et de nouvelles bordées d'injures.
Un ministère libéral homogène, répondant
aux vœux non-équivoques de la nation, ainsi qu'à
ses besoins dûment reconnus, croit-il devoir sub
stituer un régime équitable et modéré au régime
odieux des partis; aussitôt on le harcèle, on lui
lance pleines mains les épitbètes de renégat et
de félon.
Mais il ne suffisait pas au libéralisme exclusif de
perpétuer nos dissensions intestines, il fallait qu'il
répandit au-dehors la démangeaison qui le pos
sède, de quereller tout le monde et de jouer par
tout le rôle de brouillon. C'est propos de la
conduite au moins intempestive, tenue en ces
derniers temps par les organes principaux de la
presse ultra-libérale, l'égard du gouvernement
français, que le Journal de Bruxelles publie un
article dont nous croyons opportun de donner
l'extrait suivant
Ce qu'il y a de beau sous la couronne,
c'est le pouvoir de faire des heureux.
Fobjot,
Dans l'état critique où se trouve l'Europe,
avons-nous dit plus d'une fois, il importe que la
presse belge redouble de prudence et qu'elle
montre ta plus grande circonspection vis-à-vis des
gouvernements étrangers et spécialement vis-à-vis
de celui de la France.
Il ne faut point semer l'alarme dans le pays
par des bruits fâcheux qui peuvent n'être fondés
sur rien. Mais il faut aussi tenir compte des inten
tions qu'on piête nos voisins, afin de ne fournir
aucun prétexte leur mauvaise volonté, si tant est
qu'ils aient quelque mauvaise volonté l'égard de
la Belgique.
S'il est vrai, par exemple, que la liberté de la
presse telle qu'elle est appliquée dans notre pays
soit l'objet de leurs réclamations, et qu'ils aillent
jusqu'à demander une modification la Constitution
belge, rien de plus facile que de désarmer les ré
clamants. Cela dépend des journalistes eux mêmes.
Pour peu qu'ils aiment réellement leur pays, ils
comprendront que, dans l'intérêt du pays même et
de sa Constitution, ils doivent s'abstenir de nourrir
la défiance et l'aigreur du gouvernement français,
De pas s'immiscer dans ses affaires afin qu'il ne
s'immisce pas dans les DÔtres. Alors la presse belge
cessera d'être regardée comme un brandon de dis
corde menaçant pour les pays voisins.
Il serait beau, il serait honorable aux journa
listes belges de sacrifier spontanément quelques
méchantes tirades contre la France, pour assurer
la paix. Ce serait de leur part un acte de patriotis
me plus méritoire que toutes ces démonstrations
fastueuses et fanfarones d'hostilité cootre de plus
puissants que nous, qui iuterpièteut dans un sens
très-complet la position de neutralité que les traités
ont faite la Belgique.
Nous y gagnerions d'abord la sécurité, si né
cessaire eu toutes choses, et si nécessaire spéciale
ment au commerce et l'industrie. Nous prévien
drions, en tout cas, des représailles qui pourraient
aller loin et tout remettre en quesiiou s'il surgissait
norés par leurs sujets; mais que, réciproquement,
les droits des sujets devaient être saiuteineut res
pectés et maintenus par le prince
Pour lui, loin de porter atteinte ces droits, il
les agrandit; et, s'il eût régné plus long temps, la
F'Iandre eût devancé davantage encore les peuples
voisins dans les sentiers du progrès. Il voulait éta
blir partout des lois, des mesures, des poids et des
monnaies uniformes. Il ne rêvait qu'améliorations;
et son pins grand soin était d'étudier les besoins
de ses états.
Souvent il allait seul, comme il disait, la dé
couverte, vêtu de manière ne pas se faire recon
naître. Il parcourait les campagnes et les lieux de
réunion dans les villes; il se mêlait aux bonnes
gens, vidait familièrement avec eux le pot debierre;
et, se faisant passer pour uu marchand de l'Artois
ou du pays de Liège, il s'entretenait librement de
leurs usages, de leurs désirs, de leurs goûts; il re
cueillait leurs observations et leurs remarques; il
étudiait les mœurs; il prenait note des vices qu'on
lui signalait dans l'administration de la justice,
quelque conflit en Europe. Or les causes immédiates
de conflit ne manquent pas par le temps qui court.
Si l'orage n'a pas encore éclatéc'est grâce au désir
sincère de tomes les puissances de ne pas mettre en
feu le continent européen.
Nous le répétons la séenrité de la Belgique
dépend exclusivement du bon vouloir de quelques
individus qui tienneut la plume dans certains jour
naux belges. C'est ce que reconnaît une feuille
libérale de Mons,le Constitutionnelqui, dans une
correspondance bruxelloise relative aux difficultés
du moment, s'exprime ainsi La Belgique doit
être en droit de compter assez sur le patriotisme
et la sagesse des écrivains belges poor que, par
des écarts voisins de la licence ils ne créent pas
leur patrie des embarras de la nature de celui
que je crois devoir vous signaler et dont les con-
séquences préoccupent avec raison tous les hoin-
mes qui s'intéressent la nationalité belge.
Malheureusement, on ne peut guère espérer
de sagesse de la plupart de ces écrivains, dont la
tête est aussi vide que le cœur. Ils ne trouveraient
rien écrire d'utile pour le public qu'ils sont
censés éclairer, s'ils n'avaient pas chaque jour
déclamer, diffamer ou exterminer quelque
ennemi. Quant la France, en particulier, s'il est
vrai qu'elle ait des vues ambitieuses sur notre pays,
ces journalistes-là font ses affaires* merveille, et
ils mériteraient un salaire ce litre, car ils s'atta
chent lui fournir un thème quotidien de récri
minations menaçantes contre notre gouverne
ment.
M. le directeur du chemin de fer, M. Chantrell
de Bruges, a été grièvement blessé hier vers midi
sur les travaux au Moulin brûlé. Avec son activité
connue, il encourageait les ouvriers par ses conseils
et sa présence, donnant ses ordres, surveillant tout,
et partageant les fatigues de ses agents, lorsqu'ino-
pinéinent il a été victime de son zèle. Des rails
provisoires voie double ont été placés pour accé
lérer les remblais l'aide de waggons en file. M.
dans la perception des impôts; il s'instruisait des
empiétements et des vexations que se permettaient
parfois les baillis ou les seigneurs. Et souvent,
sans pouvoir deviner comment leurs griefs avaient
été connus du souverain, les opprimés se trouvaient
tout surpris de les voir réparés, et de recevoir jus
tice avaut de l'avoir sollicitée.
Les légendaires ont recueilli ce sujet plusieurs
avautures de Baudouin IX. Celle que nous allons
raconter u'est cependaot pas telle qu'on pourrait
l'attenJre, d'après le préambule qu'on vient de
subir. Elle n'a pas rapport seulement aux bonnes
gens que Baudouin surveillait pour les protéger.
Maison s'est abandonné ce petit avant-propos,
pour rendre hommage la vie privée du grand
prince qui fut le héros de l'histoire que voici
Un jour que Baudouin IX on ne l'appelait pas
encore Baudouin de Constanliuople) se trouvait
depuis peu avec sa cour dans sa bonne ville de
Bruges, il lui prit envie, après dîner, d'aller faire
une de ses promenades solitaires dans les villages
qui avoisinaienl la ville. Bruges était déjà riche et