0
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N« 3783.
Samedi, 31 Décembre 1853.
37me année.
C'est du dernier jour de l'an que nous
datons ces lignes. 1854 est nos portes.
Au début de ces renouvellements périodi
ques de l'année, ne semble-1 il pas qu'un
autre horison se lève devant nos pas, et
que le ciel assombri de la réalité s'éclaircit
sous les feux d'une aurore nouvelle, pro
digue d'espérances? Mais si portant ensuite
sa pensée en arrière, on demande au passé
les secrets de l'avenir, bien souvent le bel
échafaudage d'illusions ne tarde guère
s'effondre.
Ce n'est pas sans une secrète répugnance,
que nous portons aujourd'hui un regard
scrutateur sur la situation créée aux peu
ples européens durant l'année qui termine
son cours. Ce n'est pas sans une appréhen
sion légitime que nous interrogeons les
éven tu a I i tés~prôhat)leS' que rèctffe le passé.
D'une part, a surgi cette épineuse question
d'Orient; faible grain d'orage, qu'on avait
pris d'ahord pour une nuée fugitive et qui
est venu éclater sur les nations en formi
dable tempête; ainsi le différentlurco russe
s'est envenimé sourdement, et tel point
que, malgré les efforts combinés des diplo
mates les plus experts, malgré les Itois,
malgré les peuples, il semble qu'une main
fatale poussel'Éuropeenlière surunepente
rapide vers la guerre universelle!
Ailleurs, et sur un tout autre théâtre,
nous avons vu les tristes héritiers de l'in
tolérance calviniste poursuivre nos frères
catholiques de Hollande dans l'exercice de
leurs droits les plus sacrés.
Ailleurs encore, dans le grand-duché de
Bade, un gouvernement s'est montré assez
oublieux des leçons d'un passé récent pour
ourdir une persécution sans nom et sans
motif contre ceux-même qui le soutinrent
avec le plus d'énergie alors qu'il chancelait
sous la tourmente révolutionnaire. Prin
cipe conservateur par excellence, le catho
licisme se trouvait alors l'ancre de salut
de ces hommes d'état; aujourd'hui ils ont
conspiré sa ruine; ce qu'ils redoutent, ces
sages, ce n'est pas la démagogie qui brûle
de sortir de l'ombre, c'est la Religion Ca
tholique seule dont le caractère divin leur
fait ombrage, parce que son caractère la
relève au dessus des atteintes de leur pou
voir, et qu'afin de la ravaler la hauteur
de leur étroit génie, ils visent la convertir
en une institution bureaucratique.
Au reste, qu'on ne se méprenne point
sur la portée de nos paroles. Si nous dé
plorons les attentats du pouvoir civil, ce
n'est pas tant en qualité de catholiques,
qu'en qualité de conservateurs; il est vrai,
nous plaignons un gouvernement aussi
aveuglé sur ses intérêts les moins dou
teux; mais, d'un autre côté, nous savons
bien que les triomphes de l'Église ne s'a-
chètentqu'auxprix desplusrudesépreuves;
nous savons que l'Église ici-bas est mili
tante de sa nature, et nous sommes tiers
du nouveau fleuron d'honneurque la sainte
constance de Mfr de Vicari vient d'ajouter
sa couronne. Depuis les temps des Aiha-
nase et des Chrysostôme. jusqu'aux temps
des Frankemherg et des Droste de Vissche-
ring, la vérité a toujours fini par prévaloir
contre la force brutale.
C'est aux deux faits saillants que l'année
qui se ferme a laissé en héritage celle qui
la suit, que nous bornons ces faibles ébau
ches de la situation des peuples étrangers.
D'une part, les grandes puissances invin
ciblement enlrainées vers la guerre; de
l'autre, des gouvernements secondaires
(ainsi, le Piémont, la Suède, la république
helvétique, le Mecklepibourg, outre les
pays dont nous avons parlé plus au long;
puis encore, quoiqu'à un degré moins pro
noncé, le Portugal, la Bavière)-des gouver
nements, disions-nous;oubliant le soin de
leur propre conservatron pour obéir de
mesquins préjugés, de honteuses ran
cunes.
Triste perspective, sans doute, dont le
spectacle de notre propre patrie est peu
propre nous consoler. Ici nous voyons
s'apprêter fondre sur la population des
villes et de la campagne le paupérisme
dont tout conspire agraver les ravages,
les rigueurs de l'hiver, la cherté des vivres,
la pénurie de travail, la perle au moins
partielle et probable des débouchés de
France etd'Allemagnequi menace diverses
branches de travail national. Et, d'autre
part, nous voyons l'œuvre le libéralisme,
sourd tant de misères, sourd tout ap
pel conciliateur, s'ingénier encore pour
suivre sa politique d'exclusion. Malgré le
bon vouloir individuel de ses membres, le
ministère saura t il se soustraire la puis
sante influence du parti, saura -1-il éviter
les errements de ses prédécesseurs? Nous
ne le croyons pas. L'état peu prospère des
finances ne l'a pas rendu plus économe
des deniers publics, et aujourd'hui, pour
complaire aux libéraux intraitables, il ne
craindra pas, tout l'annonce, de semer au
sein du pays une agitation dangereuse en
portant de nouvelles entraves la liberté
de l'enseignement.
Ayons foi cependantenl'avenir!.... Dans
le courant même de l'année qui finit, que
de gages consolants, que de motifs d'es
poir la Providence ne nous a t elle pas
ménagés? En saluant avec transport la
majorité de l'angusie héritier du trône et
son heureux mariage avec une petite fille
de Marie-Thérèse, le peuple Belge ne s'est
point mépris sur la portée de ce double
événement; il a compris qu'aurore bril
lante se levait sur le ciel de la patrie, et
que dorénavant le vaisseau de l'État vo
guait le vent en poupe vers de glorieuses
destinées.
Dans la séance du 28, le Sénat a main
tenu l'unanimité des 44 membres pré
sents la libre sortiedescéréales. Cependant
plusieurs orateurs ont fait leur reserve;
et parmi eux on dislingue M. le baron
d'Aiielhan. L'honorable sénateur deThielt
a défendu avec un rare talent la prohibi
tion éventuelle. M. le ministre des finances
dans un discours également remarquable
a répliqué M. d'Anethan. Champion de
la libre sortie, il a soutenu que les grains
exportés étaient presque tous en transit,
et que dans un espace de neuf mois, le
froment belge exporté ne montait qu'à
24,000 hectol. sur une production moyen
ne de 8 millions.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abonne Y près, rue de Lille, >o, prés I» Graud
Place, et cliei les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABONNERENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. U» ii° a5 c.
Le Propagateur paraît le AAIMEDI et le MERCREDI
de chaque^euirfiiie. (Insertions 19 centimes la ligne.)
31 Décembre.
Nomination* ecclésiastiques.
Mgr. l'Étêqne de Bruges a réuni jeudi malin le
chapitre de sa cathédrale, et lui a annoncé qu'il
vient de nommer
Archiprèlre du chapitre, M. le chanoine Van
Beselaere, curé de S'-Sauveur;
Pénitencier de la cathédrale, M. le chanoine
Lecocq
Chanoine titulaire, M. le vicaire-général Scher-
pereel
Vicaire-général et chaDoine honoraireM.
Brouiyn, doyen de Thourout
Vicaires-généraux honoraires, M. le chanoioe
Ryckewaerl, professeur de théologie au sémiraiae
et M. le chanoine Bruneel, président du séminaire;
Chanoine honoraire, M. l'abbé Faict, supérieur
du petit séminaire de Roulers
Curé de l'église paroissiale de Notre-Dame a
Bruges, M. le chanoine P. Tanghe, secrétaire de
l'évêché.
Ensuite, Mgr. l'Evêque a fait part au chapitre
d'un décret, par lequel il a divisé le doyenné de
Biugesen trois doyennés distincts, dont le premier
comprend les paroisses de la ville de Bruges, le se
cond, la partie méridionale de l'ancien doyenné, 'a
partir du canal de Darnme Bruges et de Bruges 'a
Ostende; le troisième, la partie septentrionale de
l'ancien doyenné comprise entre ces deux canaux
et la mer.
Le doyenné de la ville est réservé de droit
l'nrcbi-prêtre du.chapitre.
Le doyenné de Bruges-Sud a été confié M. le
chanoine Tanghe, curé de Notre-Dame h Bruges.
Par suite de la division que nous venons d'indi
quer, ce doyenné comprend ifi paroisses, savoir
Assebrouck, Heerneni, Dainine, Lapscheure, Lo-
phcni, Moerkerke, Oedelem, Oostcamp, St André,
St-Georges, S^-Croix, Sl-Michel, Soelleghem,
Svsseele, Varsseuaere, Wardanime.
Le doyenné de Brirges-Nord a été confié M.
Van Coi I lie, curé de la paroisse de St-G il les, en
cette ville. Ce doyenne comprend 17 paroisses,
savoir
Blankenberghe, Coolkerke, Dudzeele, Heyst,
Houcke, Houttave, Koocke, Lissewegbe, Meet-