JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
SIÈGE D'YPRES,
Samedi, 4 Mars 1854.
37me année.
7??.îS. 4 Mars.
Il y a déjà quelque temps qu'on nous
assura que M. Carton, commissaire de
l'arrondissement, convoitait le mandat de
représentant, et qu'à l'approche des co
mices de juin, M. le commissaire n'oubliait
rien pour se ménager l'appui efficace de
MM. les bourgmestres ruraux et les suf-
frageâdu public bénévole. Jusqu'ici cepen
dant, nous n'avions point voulu ajouter
foi celte nouvelle quelque généralement
accréditée qu'elle fut. Car, bien que le ca
ractère entreprenant de M. Carton ne soit
un mystère pour personne, nous avions
peine encore croire, même de sa part,
une outrecuidance aussi outrée. Aujour
d'hui, le doutene nous semble plus permis:
les renseignements que nous recevons tous
les jours nous forcent décidemmenl re
garder cette candidature, sinon comme
sérieuse, au moins comme réelle.
Au reste, quelque puisse être le naïf
espoir dont se berce l'ambition inassouvie
de M. Carton, nous ne craignons point de
lui prédire une triste mésaventure. Quelque
confiance il nourrisse dans la docilité ser-
vile des satellites habituels du parti; quel
que soit la pression administrative qu'il
exerce ou croit exercer sur certains fonc
tionnaires; nous nous permettrons de lui
dire qu'il se trompe étrangement dans ses
calculs, s'il pense que les premiers magis
trats de nos communes descendront hum
blement au rôle de raccoleurs subalternes,
ou s'il s'imagine que les électeurs de l'ar
rondissement d'Ypres, si indépendants de
l'influence des coteries, se laisseront fas-
Feuilleton du Propagateur
par Us Anglais et 1rs (Pantois, rn l'ait 1383
LA TUINDAG,
ciner l'éclat des galons d'or qui étincè-
lent son bel habit de parade, et suivront
la remorque l'instar des moutons de
Panurge du club libéral.
Le siège resté vacant par la mort de M.
le juge De Codt vient d'être rempli par la
nomination de M. lweins-Fonleyne. Celte
promotion est d'autant plus flatteuse pour
le nouveau titulaire que la succession du
magistral défunt était briguée par plu
sieurs candidats d'un mérite distingué.
Outre sa carrière administrative, M. Iweins
a fait valoir ses longs services comme
juge suppléant. Habitué prendre part
aux travaux judiciaires, le nouveau juge
ne change pour ainsi dire pas de place,
il rte fait que s'asseoir définitivement
celle qu'il occupait.
Aujourd'hui la gendarmerie de Warnê-
lon a transporté en la prison de cette
ville, quatorze.individus, arrêtés proba
blement pour vagabondage.
Le projet du budget du ministère de la
guerre pour l'exercice 1855, vient d'être
distribué la Chambre des Représentants.
11 eslétabliune forcemoyenne de40,100
hommes et 8,753 chevaux.
Les crédits demandés pour le service du
département de la guerre, pour l'exercice
1855 s'élèvent la somme de 52,159,000
francs. Les dépenses ordinaires et perma
nentes sont évaluées 30,267,599 fr. 52 c.;
les dépenses extraordinaires et temporai
res, 36,600 fr. 48 cent., et l'entretien du
corps de la gendarmerie 1,853,000 fr.
Le crédit pour 1854 a été voté au chiffre
de 55,129,095 fr. 15 cent. Il résulte de là
que l'ensemble des crédits demandés pour
1855, comparé au budget de 1854, pré
sente une diminution de près d'un mil
lion. Cette réduction provient surtout des
évaluations en moins pour le pain et les
fourrages.
Une famille, domiciliée depuis quelque
temps Sweveghem, vint s'établir Cour-
trai. Elle était pauvre et comptait trois en
fants. La mère tombemalade,on la conduit
l'hôpital de la ville. Mais unequestion est
trancher: est-ce aux frais de Courtrai ou
de Sweveghem que la santé sera rendue
la malade? Quel est son domicile de se
cours? Sweveghem dit Courtrai; Courtrai
dit Sweveghem. Là dessus on expédie la
souffrante de la ville la commune et de
la commune la ville. Cela fut répété
trois différentes reprises malgré les souf
frances de la malade. Il fallait une fin
cette comédie. Pendant que deux établis
sements de charité sécularisée et régularisée
faisaient valoir leurs droits ne pas ac
complir un acte de bienfaisance, la pitié
prit au cœur une pauvre veuve; elle se
chargea de loger, de nourrir, de soigner la
famille délaissée. Deux des enfants vien
nent d'être admis l'école dentellière,
dite des Paulines,à Courtrai. Leur martyre
avait duré quinze jours ne faut-il pas du
temps pour que la charité sécularisée dé
brouille les questions de domicile de se
cours? Heureusement la charité catholique
ne délibère pas autant. (Pairie de Bruges.)
On lit dans la Patrie de Bruges: «On
u'hj»iihiiiiiiw mau..~a—gm»3awsm^gaaenbagg—
VÉRITÉ KT Jl'STICE.
ET ORIGINE DE LA KERMESSE DITE
Traduit d'après l'ouvrage de feu Jean-Jarques I.tnilM,
en son vivant Archiviste de la ville d'ïpres, membre de
plusieurs sociétés savantes, Chevalier de l'Ordre d« Léo-
pold, eto., etc.
événements arrivés en flandre,
immédiatement avant le siege.
La prospérité antérieure avait considérablement
fait accroître i) les richesses de la Flandre, et les
arts et le commerce y avaient établi leur siège;
niais comme cela arrive souvent, cette opulence
avait entraîné avec elle la corruptioo des uiœurs,
et plongé le pays dans un abîme de malheurs. Le
feu de la discorde s'alluma Gand les étincelles
s'enflammèrent dans les environs et la flamme fit
bientôt sentir partout ses ravages. Aucune ville,
aucun village, et pour ainsi dire, aucunes maisons
où l'on ne sentit pas les suites de cette dissension.
Maintenant tantôt 1 un tantôt l'autre partisan se
croyait fondé dans son opinion comme cela a
(i) Mever, lib. la.
ordinairement lieu au temps de divisions intestines.
Quoi qu'il en soit, la désunion entre Louis de Mâle,
comte de Flandre, et les Gantois, qui sous prétexte
qu'il avait méconnu et anéanti leurs privilèges,
s'étaient armés et avaient arboré l'étendard de la
rébellion, était arrivé si loin, que renforcés par la
commune, qui séduite par l'espoir d'un bot assuré,
s'était jointe 'a eux, en i38o et 158 iils avaient
fait la guerre, contracté et rompu des négociations
de paix.
L'esprit de révolte avait déjà dans le mois de
mai delà même année i38o, fortement travaillé
sur les sentimeuts des tisserands d'Ypres et des
habitants de la paroisse de Saint-Jacques, qui
ayant pour chef Jacques Vau der Bersthomme
séditieux, entrèrent en lice avec les métiers et
d'autres bounes gens de la ville, qui fidèles a leur
Prince, refusaient de participer dans lesonlèvement
général dont le pays fut menacé, et sur lequel les
premiers remportèrent la victoire, après quoi, ils
firent venir Ypres, les Gantois, auxquels ils
étaient portés ceux-ci s'adonnèrent au pillage et
d'autres excès, et parcoururent toute la West-
Flandre, pour contraiodre le peuple a embrasser
leur parti. (2)
Entretemps, les chevaliers et les nobles que le
comte avait envoyés a Ypres pour engager les
(i) Sauvage, cliap. 107 (1) liantls. yau Clivier van Dixmuile.
citoyens a la fidélité', s'enfuirent de la ville.
Quelque temps après, savoir le 29 décembre
i58o, les Yprois rentrèrent sous l'obéissance de
Louis de Mâle, (1) probablement pareequ'ils sen
taient un dégoût de leur opiniâtreté. Il vint dans la
ville, mais non pas pour accorder aux habitants un
pardon général; il était juste qu'il fit punir les
coupables trois cents, et selon le chroniqueur
De Feu, sept cents de ceux qui avaient reçu les
Gantois dans la ville, furent condamnés mort, (2)
trois cents autres furent constitués prisonniers dans
différentes villes Flamandes, et les magistrats (a)
qui avaient été nommés par la commune, dans le
mois d'août de la même année, et sous lesquels
Jacques Van der Berst occupait la place de tuteur
(voogd), furent destitués par le comte, (3) qui en
1377, s'était réservé le droit d'élire le tuteur et les
(1) Buzelin, lib. 8. (2} Sauvage, chap. 107 en G. De Feu,
haudsch.
(a) Dans ce temps les échevins étaient Jan de Stier
Pieter de Vroede, Barlliolomeus Damman, Henrik Folkier,
Godin Coussiu, Bartholemeus Walryc, Jan Hote, Jacob de
Monic, Pieter Marchant, Jan de Vettere, Willen Moenin,
France van den Ghiltuze, Clais Hazebaert, et conseillers:
Jacob Van der Berst, (voogd,) tuteur, Sanders Vau den Pitte,
tuteur des orphelins, Alaert Struvin, Audiies de Me don», Jau
Boudekiu, Franse vau Jongy, trésorier, Michel de Wulf,
trésorier, Jan Cabilliau, J >cob van Belle, Henrik Palin, Clais
van den AckereJhu Trygtram Jan Boudery. (Archives.)
Nacmloos fîandschrift.