JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
SIÈGE D'YPRES,
>0 3805.
37me annee,
Feuilleton du Propagateur.
TIIRITÉ ET JCSTICE.
On iVhooDe Yprès, rue de Lille, io, près la Grand
Place, et citez les Percepteurs des Postes du Royaume.
l'IUY IIK monKtltKT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 C.
la Propagateur parait le HtlIKIH et le tll ltt IttlDI
d«- chaque semaine. (Iu*ertl«nw 12 eentluies la ligne.)
t8 Mars.
LA CHARITÉ AU XVIe SIÈCLE
A YPRES.
(Milite et lin.)
Nous avons constaté, dans le dernier n*
de ce journal, que la mendicité et le vaga
bondage s'étaient développés l'cpoque de
la prétendue Réforme, au point de consti
tuer un danger réel pour l'ordre et la sé
curité publiques. Nous avons vu comment
le pouvoir impérial s'était vu contraint
d'user de mesures de rigueur et comment
il venait d'assimiler la mendicité un délit
public. Mais si le pouvoir central ne savait
apaiser les plaintes des misérables qu'en
les étouffant, l'active charité de nos pères
tenta une voie plus efficace et plus chré
tienne de parer au mal. Toutefois le nou
veau règlement de l'assistance publique
que le sénat municipal établit de concert
avec le clergé, rencontra au sein de la ville
des répugnances et des contradictions. De
là celte correspondance fameuse entre nos
magistrats et la Sorbonne de Paris; de là
cette consultation, que nous avons fait con
naître, noble reflet, précieux témoignage
de ces mœurs simples et fortes, telles que
par 1rs 3nqlais rt les (Pantois, en l'an 1383
et origine de la kermesse dite
LA TUINDAG,
Traduit d'après l'ouvrage de feu ur* LA .VI RIA",
eu sou vivaut Archiviste de la ville d'ïpies, membre de
plusieurs soeiétés savautes, Chevalier de l'Ordre de Léo-
P'ild, elo., etc.
ÉVÉNEMENTS ARRIVÉS EN FLANDRE,
IMMÉDIATEMENT AVANT LE SIEGE.
(Suite.)
Les gens d'Artevelde, voyant que les Français
ne bougeaient point, s'en iinpalienlaient. Ils les
provoquèrent cependant au combat en faisant
usage de leurs frondes. Le roi et le comte divisèrent
leur armée en trois parties. Charles VI et le Con
nétable commandèrent l'avanl-garde. Eo un cliu
dmil, I armée Française se trouva disposée au
combat. L'oriflamtue, qui représentait un aigle
s accrochant avec ses serres au dos d'un dragon
vomissant des flammes, fut plantée sur un char, et
conduite par le roi, qui la déploya et la fit porter
par Pierre de Villers. Aussitôt on eu vint aux
mains.
Au commencement de l'action, l'armée des re
belles, qui n'était pas divisée, défit et dispersa
l'avaut-garde ennemie. Ce succès fut néanmoins
le catholicisme les avait faites au sein des
peu [des formés son école.
Aujourd'hui, il reste exposer la réponse
des théologiensde Sorbonne; elle achèvera
de nous apprendre comment on entendait
autrefois la pratique de la charité civile;
elle déterminera le sens véritable qu'il con
vient de donner l'œuvre de nos éclievins.
Le doyen et la Faculté de sacrée théologie de
l'école de Paris, tous ceux qui liront et enten
dront notre piésent édit, salut.
La forme de provision des pauvres conçue par
la magistrature d'Y prèset exprimée dans l'exem
plaire latin qui est joint a notre censure, nous
paraît être nue chose ardue, mais utile, pieuse et
salutaire, qui ne répugne ni aux lettres évangé-
liques et apostoliques, ni aux exemples de nos
ancêtres, si on observe ce qui suit
D'abord celte méthode doit être appliquée
avec tant de zèle et une si grande sollicitude que
tous les pauvres a la charge de la cité soieot suffi
samment et honnêtement soulagés, et qu'aucun
indigent forain otr étranger ne soit réduit par la
faute de C ordonnance ni l'extrême nécessité,
ni a ttn étal voisin de la dernière misère. Si la
bourse commune ne suffisait point, la mendicité
publique ne pourrait être interdite, et la condition
de coiitiibuer cette bourse commune ne dégage
pas les riches de l'obligation de subvenir aux be
soins des pauvres qu'ils savent être absolument ou
'a peu près dénués de ressources. Et. fi n cette or
donnance ne peut empêcher personne de faire
part de ses biens aux pauvressuivant sa dévo
tion, publiquement on autrement. Aucun obstacle
de courte durée, car le centre et l'arrière-gai de
de l'armée royale, attaquèrent en même temps les
Flamands, et parvinrent a les resserrer b tel point
que les rebelles ne pouvaient plus se servir de leurs
armes. Les Flamands ainsi pressés se blessaient les
uns les autres, et se foulaient aux pieds, (i) Le
centre de leur armée, se trouva dans l'impossibilité
d'opposer la moindre résistance et ce qui restait
encore des geus d'Artevelde, périt dans la mêlée,
ou se sauva par la fuite. Quant 'a Van Arte-
velde, il fut trouvé suffoqué, sons un monceau
de cadavres. Le roi fit enlever le corps du capi
taine Gantois et le fit pendre a tin arbre. (2)
Jacques de Rycke, Jean Herman et d'autres chefs
Gantois y perdirent pareillement la vie. Quoique
ce combat n'ait duré qu'une demi-heure, on
compte cependant du côté des Flamands une perte
d'environ vingt mille hommes. (5) Quelques écri
vains Français ont porté ce nombre b quaraute
mille. (4)Quoiqu'il eu soit, nous trouvons qu'outre
la garnison d'Ypres, cinq mille habitants de cette
ville, parfaitement armés se trouvaient dans cet
engagement. (5) Nous trouvons également, que
les Français auxquels s'étaient joints les Bretons et
les Bourguignons, quoique triomphants, y laissèrent
(1) Daniel, hist. de Frauce, tora. G, pag. 583.
(a) Manuscrit d'Olivier de L)ixmude.
(3) Meycr, lib. i3.
(i) Heuault, Pam-koucLc.
(5J Arch d'Yjres.
ne peut être opposéaucune peine ou amende ne
peut être infligée b ceux qui veulent exercer les
œuvres de miséricordeEn outre, les magistrats
séculiers doivent prendre garde que, sous prétexte
de piété ou de soulagement des pauvres, ils n'aient
l'audace sacrilège de s'emparer des biens des églises
ou des membres du clergé... Ce qui n'empêche pas
que nous reconnaissions que les ecclésiastiques sur
tout sont tenus par leur office d'employer pieuse
ment leur avoir. En dernier lieu, aucune convention
ne pourra interdire la mendicité publique aux re
ligieux mendiants approuvés par l'Eglise. D'ail
leurs, par cette ordonnance, les pauvres des bourgs
voisins ne sont point privés du secours qui leur est
dû, quand ils sont dans une telle misère qu'ils ne
peuvent se soutenirNous voulons qu'il
soit bien compris que celte méthode (le projet de
nos magistrats) de soulagement des pauvres ne
doit point être considérée absolument et en gé
néral, comme une loi immuable de sa nature,
qu'aucun pacte, dans aucun temps, ne peut abroger;
mais que l'interprétation et la modération doivent
en être évidemment laissées an jugement des hom
mes [lieux et prudents, qui, suivant les lieux, les
temps, les personnes, les circonstances, sauront
modifier leurs opinions.
Ainsi nous avons fait et conclu,... le 16' jour
de Janvier de l'an du Seigneur i53o.
Arrêtons-nous sur ce document, qne^ious ap
pellerions volontiers ta grande charte des indi
gents. L'ordonnance de l'échevinage d'Ypres nous
mettait eu face d'un faii éloquent, d'une belle ma
nifestation de l'influence drt christianisme sur la
vie civile. La censure de la Sorbonne upus trans-
beaucoup de leur inonde, (t)
A peine, les Flamands qui assiégeaient Ande-
naerde, eurent-ils appris l'échec de leurs frères,
qu'ils levèrent le siège, eu abandonnant devant la
place tout leur matériel de guerre. Louis de Mâle
et le duc Philippe, usèrent auprès du roi de tous
les moyens possibles pour sauver le reste de la
Flandre, et pour la faire regarder comme n'ayant
pris aucune part dans l'entreprise d'Artevelde et
de ses partisans. Mais ils n'eurent pas assez d'in
fluence pour préserver Courtrai de sa vengeance.
Le roi ne pouvait oublier l'échec que les Français
y avaient essuyé dans les plaines de Groeningue,
c'est pourquoi il ordonna que celte ville fut sacca
gée et réduite en cendres. (2) Après cela, Charles
VI retourna dans son royaume. Le comte de son
côté mit tout en œuvre pour rétablir son autorité
dans toute la Flandre. Le roi, avant son retour en
France, en passant par Tournay, y ordonna aux
Gantois de lui envoyer trois cent mille écris pour
punition de leur révolte, d'abandonner l'alliance
des Anglais, et d'obéir au pape Clément. Les Gan
tois ne voulurent pas écouter ses exigences, quoique
Charles les menaça de les y contraindre par la
force. (3)
Malgré cette défaite des insurgés les troubles
(1) D'Ou'legbersl, chap. 1^8.
(a) Dauiel, hist. de Fiauce, looi. 6, pag. 58G. Maur.s*
crit d'Olivier de Oixuiude.
(3) Wielaut, ch;»p. 95.