JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
SIÈGE D'YPRES,
>0 3808.
3 7111(1 année
7PP.2S, 29 Mars.
DÉCLARATION DE GUERRE
A LA RUSSIE.
Feuilleton du Propagateur
par le0 Anglais ft les (Pantois, m l'ait 1383
LA TUIiNDAG,
Voyez, dit-on lorsque M. Malou a quitté
le ministère, il y avait juste un déficit con
staté de 43 millions; MM. Frère, Rogier et
consorts l'ont considérablement réduit, et
l'ont fait descendre au chiffre de 16 mi liions;
de plus ils ont ramené l'équilibre entre les
recettes et les dépenses du budget, et ils
ont laissé le trésor rempli en quittant
l'hôtel ministériel. Bon! puisqu'il y a
encore des gens qui semblent croire ces
stupidités, nous dirons que M. Hubert, con
seiller la cour des comptes, a publié en
1847, un travail remarquable sur la situa
tion financière de la Belgique: il démontre
que le déficit cette époque était de 10
millions seulement, au lieu de 43 ou 44
millions, comme on l'avance quelque fois,
en se gardant bien du reste de citer au
cune preuve l'appui. En outre les chif
fres accumulés par l'honorable et savant
conseiller prouvent d'une manière péremp-
toire que la fondation,.de notre nationalité,
la réorganisation coûteuse de tous les ser
vices publics, la nécessité d'entretenir une
forte armée, la création de nos chemins de
fer etc., sont les causes naturelles et légi
times de l'accroissement de la dette et du
déficit constaté. Mais les grands financiers
du parti libéral avancé ne tiennent pas
compte de ces faits: supposé qu'ils eussent
été au pouvoir aux jours de notre émanci
pation politique, et depuis: en présence
des mêmes difficultés que les conserva
teurs, ils auraient dit: et tout se serait fait
de rien, sans argent, c'est-à-dire. Et non
seulement on ne tient pas compte de ces
faits, mais on va même jusqu'à exagérer
singulièrement le déficit existant en 1847,
et voici dans quel but: A l'avènement de
M. Frère, le déficit était de 43 millions;
quand ce ministre a déposé son porte-
feuille, le déficit n'était plus que de 16
millions, de manière qu'en fort peu de
temps, il avait subi une réduction de 27
millions: Donc M. Frère est un grand
financier, peut-être le plus grand linan-
cier du monde entier. C'est cela qu'on
veut faire accroire au public. Mais par
quelles combinaisons M. Frère est-il donc
arrivé des résultats si étonnants? nous
voudrions bien avoir quelques explications
précises sur ce point, car c'est là une chose
que jusqu'ici nous ne sommes pas parvenus
comprendre. Tout ce que nous savons,
c'est que sous le règne de MM. Frère et
Kogier, on s'est mis rogner quelques
budgets, et que de cette façon, on a réalisé
des économies comparativement insigni
fiantes: et ce que nous savons aussi, c'est
que sous le même règne, on a doté le pays
d'impôts nouveaux et onéreux, entre au
tres de l'impôt sur les successions en ligne
directe, et que le produit de ces impôts a
servi toute autre chose qu'à combler le
VÉRITÉ ET JCSTICE.
On s'alioniie Yprès, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PHI1 DE I/4IIO V\EME\Tpar lrlnie«trc,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un u° û5 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (Insertion* M 7 centime» la ligne.)
Celle déclaration a eu lieu hier simullane'ment
Londres ei Paris, au moyen de communica
tions faites aux Chambres.
A Paris, M. Fould, ministre d'Etat, a lu au
Corps Législatif un message de l'Empereur, qui
déclare la guerre h la Russie, tout en rejetant la
responsabilité de cette grave mesure sur le gou
vernement russe.
Des applaudissements enthousiastes ont accueilli
cette communication.
A Londres, uu message royal a porté la décla
ration de guerre a la connaissance des deux Cham
bres qui ont décidé qu'elles s'occuperaieol vendredi
de la réponse.
Les fonds anglais ont baissé a Loodres tant par
suite de cette déclaration que par un double bruit
répandu en ville, que lord Aberdeen quittait le
ministère, et que les Russes étaient eD marche
pour fraucbir le Danube.
Ou attribuait la déleriniuatiou de lord Aberdeen
au parti pris par le gouvernement anglais de pous
ser la guerre avec la dernière vigueur.
et origine de la kermesse dite
Traduit d'après l'ouvrage de feu Jeun-Jacques LAMRIV,
en sou vivant Archiviste de la ville d'Yprès, membre de
plusieurs sociétés savantes, Chevalier de l'Ordre de Léo-
puld, etc., etc.
Siège.
Le général Anglais s'élant approché de la ville
et l'avant assiégée, détacha mille soldats, avec ordre
d'attaquer sur-le-champ la porte du Temple.
Mais le courage des citoyens fit échouer leur entre
prise et ils furent obligés de se retirer, après avoir
perdu un grand nombre d'hommes. Parmi ceux ci,
se trouvait un Chevalier Anglais, nommé Guillau
me Tarenson, qui s'étant éloigné du gros du déta-
cfcemeut et s'étant montré sous les murs de la place,
fut tué d'un boulet de canon. Les assiégés crurent
y reconnaître un bon présage. Les Anglais, au
contraire, s'étonnèrent de ne pas voir reculer les
Vprois et de se voir défiés par les assiégés. Ils en
fureot d'autant plus surpris que les Gantois leur
avaient représenté les Yprois comme des hommes
lâches et efféminés.
Pendant la première nuit du siège, les bourgeois
de la ville iaceodièrent eux-mêmes les faubourgs,
sptès avoir transporté dans leur cité tout ce qui
put servir a renforcer leurs remparts. Telle fut
La nouvelle du passage du Danube par les
Russes arrive la fois par la voie de Londres et
par celle de Vienne. Elle mérite confirmation.
la clarté que produisit cet incendie, que, durant la
nuit, on voyait aussi bien qu'en plein jour. (1)
Nous trouvons aussi qu'aussitôt que les Yprois
eurent appris l'arrive'e prochaine de leurs enne
mis, ils livrèrent aux flammes tout ce qu'ils trou
vèrent hors des premiers retranchements. Ce fut
alors que les e'glises de la Sainte-Croix, hors la
porte du Temple (n) et celle de Saint-Michel,
hors la porte de Lille, furent réduites en cendres.
Les couvents, les hospices, les béguinages et les
demeures des citoyens, l'exception des églises
paroissiales de Saint-Jean et de Notre-Dame-lez-
Brielen, éprouvèrent le même sort. (2) Ce qui
précède nous paraît plus fondé que ce que nous a
avancé Sauvage et après lui Van Schrieck, parce-
qu'il u'est rien moins que probable que les bourgeois
de la ville auraient été dans la possibilité d'incen
dier les faubourgs de leur cité, dans un temps où
l'armée Anglo-Gantoise les occupait et se trouvait
assez forte pour empêcher les Yprois de les réduire
(1) Sauvage, chap. 113.
(n) 11 esl fait mention de la porte du Temple, dans un
document de l'année \ii\. Elle tire son nom de la maison des
Templiers, qui était située au dehors de cette poite, l'endroit
nommé Opslal ou Upstal. Cette maison datait de l'année 1 i3a.
Dans des temps plus reculés, les foires annuelles se tenaient
sur les domaiucs des Templiers. (Atchiv.) (c) 11 est fait men
tion de la porte de Messiues ou de Lille dans un document de
l'année iai4» par lequel la Comtesse Jeaune accorde la cité
le droit de pécher dans les fossés de la ville, l'exception de
ceux qui se trouvent cutie la porte de Messiues et celle du
Temple. (Livre rouge, page *4? recto
Manuscrit de Jean de Dixmude. (Il ne faut pas coufou-
dxece mauuscrit avec celui d'Olivier de Diimude.)
en cendres. Toutefois les habitants d'Ypres furent
forcés de recourir a ce moyen extrême pour em
pêcher les ennemis de s'en servir pour leur défense.
Aussi préférèrent-ils perdre tout ce qu'ils possé
daient et de voir les habitants des faubourgs, jeter
au feu tout ce qu'ils ne pouvaient emporter, plutôt
que de se trouver dans l'impossibilité de conserver
la ville au pouvoir.de leur Comte légitime, (1) et,
dans le but de faire voir aux pauvres, autant que
les circonstances le permettaient, que les Magistrats
s'intéressaient leur bien-être, et que durant le
siège, ils n'auraient a souffrir aucune privation, ou
défendit sévèrement d'augmenter le prix des den
rées alimentaires. (2)
Pendant que les rebelles et quelques exilés de la
ville, voyaient s'élever l'incendie qui allait dévorer
les faubourgs, ils criaient aux Yprois de massacrer
leurs Magistrats, s'ils voulaient se sauver d'une
ruine iuévitable et qu'ils devaient souger an passé;
que les assiégeants allaient les secourir et les traiter
en bous amis. Mais les Yprois se moquèrent de
ces iusoleutes propositions et ne se trouvèrent que
mieux disposés défendre la justice de leur cause.
Et, loin de tomber dans les pièges que leur dres
saient leurs ennemis, ils n'eu fureot que plus irrités
contr'eux, et, resserrèrent davantage les liens déjà
indissolubles qui les unissaient, c'est ce qui empê
cha les ennemis de s'emparer de la ville.
Les assiégeants étaient très-mécontents de voir
(1} Manuscrit d'Olivier de Dixmude.
(2) Sauvage, ohap. ua.