JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3.825. 37me année. PROPAGATEUR, VÉRITÉ ET JTSTICE. Ou s'abouue Ypres, rue de Lille, 10, près la Graud Place, et cher les Percepteurs des P«*stes du Royaume. PRIX 1)1! LMiumilllDIT, par Irlvnratre Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° a5 c. Le Propagateur parait le 0AHRBI et le MERCREDI de chaque semaine. (Inaertlona lï centimes la ligne.) 7PP.20, 27 Mai. DU DESPOTISME DES CLEBS. (Premier artlrle.) Il y a quelques années peine, l'opinion conservatrice voyait une formidable réac tion se déchaîner contre elle. Grossi de toutes les cupidités inassouvies, de toutes les passions révolutionnaires que la licence de la presse et un certain malaise social avaient fait éelore, le vieux libéralisme, voltairien et orangisle, marchait d'un pas assuré la conquête du pouvoir. Fourbe et effronté tour tour; tantôt il simulait une ridicule terreur l'égard des catholi ques Belges et inventait l'épouvantai! de la dîine, de la main-morte, de l'influence occulte; tantôt, jetant le masque, il dévoi lait hardiment la fin réelle de toutes ses menées, et par l'organe du Journal de Liéqe résumait sa pensée en ce dilemme catégorique Ou la Constitution sera révisée légalement, ou vous serez abattus révolutionnairement! Et la gente moutonnière que l'intérêt privé ou qu'un engouement servile rivaient au pseudo libéralisme, se laissait fourvoyer tout la fois et par ces fictions mal-combi- nées et par ces incartades dégoûtantes; elle en était venue se passionner pour un parti, qui avait l'art de travestir le ser- vilisme des uns sous de beaux dehors d'indépendance et de dignité personnelle, et promettait d'assouvir les cupidités des autres au nom de l'équité et en vue de leur mérite. Ce fui alors que le congrès libéral, triste parodie de l'union de 1829 et du congrès national, faisant appel aux mécontents de toute couleur, entreprit de faire converger ces éléments hétérogènes la ruine de l'ennemi commun, du grand parti national, fondateur de notre indépendance et de nos libertés constitutionnelles. Celle coalition aveugle d'intérêts et de passionsaussi disparates ne pouvait qu'être éphémère. Un but identique et commun tous, la chute du système unioniste, aux affaires depuis 1850, servit quelque temps de lien la ligue; mais il était facile de prévoir que du jour où la chute de l'enne mi commun ferait tomber le seul principe d union qu'elle renfermât en son sein, I heure d une dissolution rapide aurait fa talement sonné pour elle. Les faiseurs du congrès libéral, mieux que personne, avaient prévu cette inévita ble conséquence; ils n'ignoraient pas que les passions s usent, que l'engouement de la foule est passager, que bien des calculs ambitieux ou cupides allaient se voir déçus du jour au lendemain. Alors les meneurs du parti, pour obvier au défaut de princi pes et d'un lien moral commun, imagi nèrent d'enchaîner les volontés et les in telligences dans les entraves du mandat impératif et des prescriptions des clubs. Ainsi, l'approche des comices électo rales, le club local convoque ses membres; quelques meneurs avec leurs affidés s'as- seienlau bureau ou en occupent les abords; d'autres, échelonnés de distance en dis tance, surveillent et mènent en laisse le gros du bétail; ils ont reçu le mot d'ordre; ils savent le nom propre désigné en comité secret aux suffrages du corps électoral. Tous les rôles ainsi commis en mains sûres, la mise-en-scène ne tarde pas s'ouvrir: d'une voix en apparence indécise, un initié met enfin en avant le candidat agréableaux meneursmurmures d'ap probation aux divers recoins de la salle les sentinelles ont répondu la consigne; l'enlour du bureau l'enthousiasme éclate alors avec une louchante spontanéité; quelques applaudissements s'élèvent de nouveau du fond de l'auditoiie, et le bu reau lui-même, n'y tenant plus, s'empresse de faire droit la bruyante manifestation d'un vœu aussi unanime que clairement accentué. Voilà en raccourci l'édifiant spectacle que présente une élection préparatoire au sein des clubs du pays intelligent. Après quoi, les pauvres hères, qui s'intitulent (nous ne savons pourquoi) libéraux, n'ont qu'à se le tenir pour dit; le candidat de leur choix est désigné; qu'ils volent en con séquence. Telle est la somme de liberté que le libéralisme laisse la disposition de ses adeptes dans l'exercice de leur droit élec toral. A leur tour les candidats de la cote rie directrice ne sont pas astreints de moins gênantes entraves. Mais, pour ne point prolonger outre mesure le présent article, nous nous proposons de revenir sur ce point dans un prochain numéro. Aujourd'hui nous nous dispenserons de toute rétlexion ultérieure. Les faits que nous constatons ici, en disent d'ailleurs assez par eux-mêmes, et nous dispensent de nous étendre davantage sur le honteux servage qu'un libéralisme menteur fait peser sur l'buuible troupeau soumis sa boulette. Hier le nommé MillevilleÉtienne-Jo- sepb, natif de Zandvoorde, garçon de ferme, s'est pendu un arbre, hors la porte de Bailleul, non loin de la station. 11 avait cessé de vivre depuis quelques minutes, quand on a défait le nœud de la corde. On a immédiatement transporté son cadavre l'hôpital S' Jean. Les événements se précipitent avec une rapidité effrayante dans le grand-duché de Bade. La persé cution redouble. L'Arche» êque n'est plus respecté. Peut-être demain apprendrons-nous qu'il a été traîoé eu prison comme un vil criminel. Peu s'eu faut que la violence n'ait été poussée jusque-là. La Gazelle de Fribourg annonce que l'instruction judiciaire dirigée contre le vénérable prélat s'est terminée par un arrêt d'emprisonne ment. L'exécution s'est faite sur-le-champ, seule ment on s'est borné jusqu'ici séquestrer l'Arche vêque dans ses appartements. Les rares correspondances allemandes qui en ont reçu avis ne nous fournissent encore aucun détail circonstancié sur cette mesure. Seulement la Ga zette de Fribourg annonce qu'un attroupement qui s'était formé sur la place de Munster la suite du décret d'emprisonnement, a été dissipé par l'in tervention de la police et de la patrouille militaire. Notre ville continue être tranquille, ajoute ce journal. Le clergé hier soir a suspendu l'usage des sonneries dans les deux paroisses catholiques et aujourd'hui les messes ont été célébrées sans chant ni cloches. Il en a été de même des rogations. L'au torité communale est intervenue pour faire cesser cet état de choses. Elle a exigé que les cloches fussent sonnées le matin, midi et le soir, et elle a revendiqué en même temps la propriété de la ca thédrale. A midi les sonneries se faisaient entendre comme d'habitude. Dans les antres cercles du pays, des niesnres militaires ont été prises pour assurer l'exécution des dernières ordonnances. La Fulkshalledit avoir appris de bonne source qu'un bataillon d'infan terie et un escadron de dragons, en garnison Mannheim, ont reçu l'ordre de se tenir constam ment prêts se mettre eu marche. Le Mercure du Souabe annonce son tour que le 21 mai, la gar nison de Mannheim a consignée pendant toute la journée. D'après ces journaux, ces mesures auraient été prises dans la crainte qu'il n'éclatât des troubles dans certaines localités de l'Obemvvald ou du Tau- bergruud, la suite des ordonnances ministérielles. Le Journal de Maye.nce ajoute que le gouverne ment a envoyé dans diverses contrées du pays des commissaires extraordinaires, munis des pouvoirs les plus étendus. Pour compléter ce bulletin, ajoutons encore que la Deutsche- Volksblall annonce que le curé de Breginzen a été mis en prison. (.7. de Bruxelles.) Dans la dernière séance du conseil communal de Courtrai, M. le bourgmestre a rendu compte de la réception faite par le Roi la députation qui s'est rendue dimanche Bruxelles, l'effet d'in viter S. M. et la famille royale visiter la ville, l'époque de son voyage dans le Hainaut. Le Roi a promis de se rendre Courtrai après les fêtes de Tournai, c'est-à-dire le 10 ou le i3 septembre prochain. Le jour n'est pas encore définitivement fixé. On écrit du canton de Bastogne M. d'Hoflschmidt continue sa tournée électorale, d'où il rapportera plus d'illu sions que de réalités. On est candidat, on se présente poliment ou plutôt humble ment chez l'électeur; il faudrait que l'élec teur fût le plus mal élevé des hommes

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Le Propagateur (1818-1871) | 1854 | | pagina 1