JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N0 3.843. Samedi, 29 Juillet 1854. 38mc année.
coin d'appel de g vad.
il
PROPAGATEUR,
VERITE ET Jl'NTICE.
On s'abonne Y près, rue de Lille, io, près la Grand
Place, et cbei les Percepteurs des Postes du Aoyaume.
PRIX DF. LV4DO.HF.1IKNTpar trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° a5 c.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertion* iî centime» la ligne.)
7PF.3S, 29 Juillet.
La nécessité de l'enseignement religieux
dans les établissements d'instruction pu
blique est généralement admise par tous
les hommes d'expérience; cet enseigne
ment, pour qu'il soit efficace, pour qu'il
pénètre le cœur de la jeunesse, a besoin
du concours du clergé, dont les membres
sont les dépositaires constitués de la mo
rale et des vérités religieuses.
Nier que l'éducation de la jeunesse ne
peut se passer du concours de la morale
et que l'élude, et l'amour de la morale es
sentiellement fondée sur la religion, ne
sauraient mieux se répandre que par ceux
qui en sont les gardiens, c'est commettre
l'absurdité la plus révoltante,c'est soutenir
un système paradoxal, et le plus contraire
l'opinion commune.
L'enseignement religieux dans les col
lèges, l'intervention du clergé en matière
de cet enseignement, par cela qu'ils con
stituent un principe social généralement
reconnu, constituent en même temps chez
nous un principe national dont l'applica
tion se concilie avec les vœux de tous les
pères de famille, soucieux du bonheur de
la jeunesse.
Pour établir ces vérités, les annales de
notre pays surtout, abondent en preuves
saisissantes. Sans avoir recours une épo
que quelque peu reculée, bornons-nous
rappeler les faits qui viennent tout récem
ment de se produire, et l'on sera forcé
de convenir, qu'en Belgique aujourd'hui,
comme en 1830, et un âge plus avancé
encore, le besoin de l'enseignement reli
gieux est profondément compris, et que le
sentiment de l'éducation religieuse domine
dans toute l'étendue de nos provinces: Que
s'est-il passé depuis 1830? L'autorité ec
clésiastique s'est forcément retirée des éta
blissements d'instruction moyenne après
que l'enseignement religieux en avait été
proscrit, et ravalé audessous de la danse
et de la gymnastique par les séides des
Clubs et des Loges maçonniques! Eh bien!
la voix de trente mille pétitionnaires n'est-
elle venue protester énergiquement contre
celte immolation arbitraire des vœux de
la grande majorité des pères et des mères
de famille, alors que dans la législature
des voix indépendantes et amies de la jeu
nesse se firent les échos constants de ces
plaintes et de ces réclamations univer
selles? C'est de ce concert de vœux, et
de ces cris d'alarmes résonnant de toutes
parts, que l'on a vu récemment éclore la
convention d'Anvers fondée sur ce prin
cipe, que l'enseignement religieux doit
marcher de paire avec l'enseignement des
sciences dans les écoles et dans les col
lèges. Soumise devant les Chambres, cette
convention, conclue sur des bases qui ne
froissent aucun principe, et qui ne bles
sent aucun sentiment, reçut, comme on
sait, l'accueil le plus sympathique. Sept
membres seulement refusèrent d'y donner
leur adhésion au parlement, et le nombre
des opposants au Sénalse réduisit quatre.
Cetleuniformité de vues en malièred'en-
seignement manifestée dans nos assemblées
législatives ne fut pas moins prononcée
dans la presse et dans tout le pays. A part
les organes de cette coterie haineuse qui
semble avoir pris lâche de continuer les
projets de destruction des idées religieuses
dont Voltaire dressa les plans; part, di
sons- nous, cesespritsaveuglés, tout homme
sage, tout vrai et sincère libéral accueillit
avec faveur ce traité d'arrangement, et
partout se manifesta ce désir, que la paix
se fasse sur le terrain de l'enseignement
religieux appliqué l'instruction moyenne.
Et pourquoi ce désir ne pourrait-il se
réaliser ailleurs qu'à Anvers? les difficultés
qu'on y est parvenu aplanir, ne parvien
drait-on les aplanir dans d'autres cités?
n'a t-il pas suffi d'un homme se dépouil
lant de tout préjugé et sachant se mettre
audessus de loulevaine susceptibilité, pour
que l'école moyenne de Bruxelles obtînt
immédiatement le concours du clergé? Eh
bien! ce qu'on a pu faire déjà après une
explication nette et franche se fera encore,
nous en avons l'espoir, dans la plupart des
villes, et le jour si vivement désiré doit pa
raître, où la religion réprimant dans les
collèges le trône usurpé des préjugés et de
l'esprit de parti, répandra dans le cœur de
la jeunesse ses innombrables bienfaits, et
fera goûter dans les villes qui placent leurs
établissements d'instruction sous sa luté-
laire égide, les douceurs de la paix et la
puissance de l'union.
LE MESSAGER ET LE PROGRÈS.
Les rédacteurs du Progrès ne se sentent
pas de joie; et tout cela propos d'un ar
rêt de la Cour de Gand qui n'a certaine
ment rien d'extraordinaire, et d'un article
du Messager qu'ils reproduisent dans les
colonnesdeleur journal. Voici maintenant,
d'après le Rien public de Gand, de quoi il
s'agit, et la réponse que ce journal a faite
au Messager:
La cour d'appel de Gand vient de
rendre un arrêt qui déclare nul l'acte par
lequel la directrice d'une communauté re
ligieuse et d'une école de pauvres Re-
ninghe, avait fait l'acquisition d'un bien
au profit, non-seulement des sœurs faisant
actuellement partie de la congrégation,
mais encore des sœurs qui perpétuité
pourraient leur succéder.
L'acte déféré la cour de Gand était
évidemment vicieux dans la forme, et nous
comprenons fort bien que la cour ait cru
devoir l'annuler, quoique le tribunal d'Y-
pres l'eût déclaré valable. Ce que nous
comprenons moins, ce sont les cris de
joie poussés par le Messager de Gand l'oc
casion de cet arrêt. Sa joie tient quelque
peu du délire, et l'on serait tenté de croire
qu'elle lui a fait perdre la raison, lors
qu'on le voit écrire que c'est le système de
M8' Malou qui vient de succomber devant
la cour d'appel.
M8' Malou, dit-il, a écrit sa brochure:
la Charité libre (sic), dans le but principal
d'établir que l'art. 20 de la Constitution,
en permettant la liberté d'association,
donnait aux congrégations religieuses le
droit d'acquérir comme les particuliers.
La Constitution, dit-il, en a fait des corps
moraux libres. Sont-il encore libres, si
vous ne leur reconnaissez le droit d'ac-
quérir ni de posséder.
La cour de Gand avait choisir entre
ce système et celui de M. Frère, etc.
Nous devons croire que le Messager
n'a pas lu l'ouvrage de M8' Malou, dont il
ne se rappelle pas même le titre. Faut-il
s'élonnerdès lorsqu'il enailtronquéla pen
sée avec l'audace et la mauvaise foi qui lui
sont habituelles, lorsqu'il rend compte des
opinions d'un adversaire?
Il est faux que M8' Malou ait émis une
seule des prétentions que vient de lui at
tribuer le Messager; nous mettons ce jour
nal au défi de le prouver par une seule
citation loyalement empruntée l'ouvrage du
savant prélat.
Ce que demande M8' Malou, et avec lui
tous les catholiques, c'est une loi qui déter
mine les conditions requises pour obtenir la
personnification civile, de manière quelles
soient adaptées aux circonstances où nous
vivons; c'est une loi qui ait égard aux ser
vices que les institutions libres rendent
l'Etat, qui tienne compte des grands be
soins des pauvres et qui pourvoie l'insuf
fisance des établissements officiels; enfin,
c'est une loi qui encourage les généreux
instincts et les efforts de la charité chré
tienne.
Ce que M8' Malou demande, c'est
qu'une pareille loi soit appliquée avec sa
gesse, avec bienveillance et impartialité,
de manière que le gouvernement autorise
les établissements utiles, dès que leur uti
lité est constatée.
Ce que M8' Malou demande, c'est que
la loi et le gouvernement ne proscrivent
pas priori l'existence des corporations
charitables, sans tenir compte des services
i mmensesqu'elles ont déjà rend uset qu'elles
peuvent rendre encore!
Enfin ce que M8' Malou demande, c'est
qu'on n'essaie-pas de supprimer toutes les
corporations charitables, dans la crainte
d'en avoir trop!
Voilà ce que M8' Malou désire, voilà ce
que les catholiques réclament, au nom de
la liberté de la charité.
Liberté de la Charité en Belgique, page ioa.