JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
LE
N° 3.845.
Samedi, 5 Août 1854.
38me année.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'A BONNEMENTpar trlmeatrc,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° a5 c.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (InnertlonM II centimes la ligne.)
7PE.33Q, 5 Août.
La religion catholique crée les institu
tions de charité; le libéralisme, lui, se
donne la mission de les persécuter.
Quelle que soit la bonne œuvre en ce
genre qui apparaît dans un coin du pays,
fût-elle la meilleure possible; dût-elle ex
tirper la mendicité, le vagabondage, la
lèpre du paupérisme dans les localités où
elle vient s'établir: si c'est une idée re
ligieuse qui l'a inspirée; si des prêtres, des
religieuses la dirigent ou la prennent sous
leur protection, cela suffit: l'œuvre est jugée
mauvaise par nos libéraux clubistes, qui
se mettent l'observer d'un œil défiant.
Ils tâchent de la discréditer etde l'entraver
dans son développement par toutes sortes
de manœuvres. On invente, on organise
contre l'œuvre tout un système de petites
tracasseries, qui, la longue, doivent en
amener la ruine. Les occasions ne se pré
sentent pas tous les jours, il est vrai; mais
on peut affirmer que depuis plusieurs an
nées, on n'en a pas manqué une seule,
lorsqu'il s'est agi de susciter quelque chi
cane la charité catholique. En voici un
nouvel exemple, signalé, il y a une quin
zaine de jours, par les journaux conser
vateurs.
Tout le monde sait qu'il se trouve dans
nos Flandres un grand nombre d'écoles
d'apprentissage qui se sont fondées, sub
sistent et prospèrent sous les auspices du
clergé et des religieuses. Cotnmel'a dit fort
bien le Journal de Bruxelles, les filles pau
vres, qui s'y rendent en grand nombre,
s'initient au travail de la dentelle d'après
les procédés les plus perfectionnés: elles
reçoivent, avec l'instruction, des secours
qui diminuent la misère de leurs ménages.
Des produits de l'atelier se distribuent aux
enfants pauvres des soupes, du pain, des
vêlements pour l'hiver. L'enfance contracte
ainsi des habitudes d'ordre, de travail, d'é
conomie; elle amasse un capital moral qui
ne sera pas perdu pour l'âge mûr.
A coup sûr, c'est bien là une œuvre émi
nemment utile; et cette fois du moins le
clérical pouvait penser qu'il aurait trouvé
grâce devant les seigneurs philanthropes
du libéralisme exclusif. Mais vite! Caveant
consules! la patrie est en danger: voilà que
les agents fiscaux du district d'Eecloo vien
nent de découvrir que les prêtres et les
religieuses qui dirigent ces sortes d'écoles,
ne paient pasde droitde patente! Monsieur
le contrôleur, Messieurs les receveurs des
contributions ont tremblé d'effroi la vue
de l'immense danger que courait la chose
publique: pour conjurer le péril, ils dépê
chent la hâte leurs commis vers le pres
bytère pour réclamer le droit de patente
du prêtre et de la religieuse, qui, bien loin
de retirer le moindre profit de leurs écoles,
ne parviennent les soutenir au contraire
que moyennant des sacrifices souvent con
sidérables. Du reste personne n'ignore que
le gain des élèves dentellières est complè
tement abandonné leurs parents. Mais
qu'importe en vérité? Qu'importe que le
législateur, en établissant la loi sur les
patentes, ail eu en vue les entreprises seu
lement où il entre des intentions de spé
culation? 11 est de règle avant tout chez
les adeptes du parti maçonnique, que tout
établissement dont des prêtres se mêlent,
doit être persécuté, et ils le persécutent. Si
du moins ils avaient quelque chose pour
mettre la place de ce qu'ils cherchent
faire disparaître, nous comprendrions jus
qu'à un certain point cette ardeur de dé
truire qui les anime. Mais nous le deman
dons, qu'ont-ils mettre la place? Le
monde est couvert d'inslilutionsde charité
fondées par le Catholicisme; il y en a de
toutes les espèces, et pour toutes les mi
sères physiques ou morales qui affligent
l'humanité souffrante. Mais quels sont les
établissements de ce genre qui ont été
créés et dotés par le libéralisme Voilai-
rien? Voyez, examinez bien: pourrez-vous
en compter deux.... un seulement, je ne
dirai pas en Belgique, mais sur toute la
surface de notre globe? Cela ne vous em
pêche pas pourtant de faire tout propos
parade de votre philanthropie, de votre
grand amour pour l'humanité, et de ton
ner bravement contre l'égoïsme du clergé
et des catholiques en général, qui, chaque
jour, prodiguent leurs biens, leur santé et
leur vie pour le soulagement des misères
et des souffrances d'une foule de malheu
reux. Il est vrai que ceci est bien plus com
mode, et coûte surtout infiniment moins
d'argent que de fonder des asyles chari
tables.
REVUE POLITIQUE.
Au fond, la situation de l'Espagne reste a peu
près la même depuis quelques jours. Si le calme
n'est pas dans les esprits, du moins on ne se bat plus
pour le moment dans les rues. Une seule chose
ressort clairement des derniers événements, c'est
l'avilissement de l'autorité royale qui se trouvera
livrée désormais a la merci des factions.
Quant Espartero, c'est toujours l'homme qui
va sauver la patrie. Il a fait sou entrée dans la
capitale le 29 juillet au milieu des acclamations
des Madrilènes. Mais les détails manquent encore
au sujet de cette entrée. On ignore égalemeot
jusqu'ici sous quelles conditioDS Espartero a voulu
se rendre a l'appel de la Reine Isabelle et se
charger de la direction des affaires. Ce qui paraît
positif c'est qu'il est maintenant l'unique arbitre
de la situation.
Le Moniteur français fait connaître la compo
sition du nouveau cabinet espagnol, constitué sous
la présidence du Duc de la Victoire. C'est, disent
les journaux, une espèce de ministère de coalition,
formé d'éléments hétérogènes dans le but de con
tenter un peu tout le monde et de prévenir une
guerre civile. Reste a savoir combien de jours les
coalisés se trouveront d'accord si les partis mécon
tents ne se légueront pas leur tour, et si une
coalition n'en renversera pas une antre. Déjà la
junte de Saragosse a publié UDe proclamation des
plus violentes ce qui n'est pas fort rassurant pour
le nouveau gouvernement qui vient de s'installer a
Madrid.
On annonce que M. Salamanca a été arrêté.
Cette fois il y a des nouvelles assez importantes
du théâtre de la guerre en Orient.
La retraite de l'armée russe de Fratescbti sur
Bucbarest est pleinement confirmée. Pressés, dit le
Moniteur français, par les troupes ottomanes qui
se présentent eu force supérieure sur le Dauube,
les Russes abandonnent toutes les positions qu'ils
conservaient encore sur la rive gauche de ce fleuve,
et se replient vers le Serelh. Une dépêche publiée
par le Times annonce que les Turcs ont déjà oc
cupé Fraleschli et OItenilza et que l'évacuation
complète de Bucharest par l'armée russe a dû avoir
lieu le 31 juillet.
Quant a la véritable signification donner ce
mouvement de retraite, les journaux foDt là-dessus
une foule de conjectures. Mais une chose snr
laquelle tout le monde est d'accord c'est que les
Russes n'ont aucune intention d'évacuer les Prin
cipautés danubiennes. Maintenant vont ils se re
plier sur la Jalomnilza, sur le Sereth, ou sur tel
autre point? Leurs troupes se concentreront-elles
dans la partie orientale de la Valachie, ou se reti
reront-elles dausla Moldavie? C'est ce qu'on ignore
jusqu'ici.
On dit toujours que les Autrichiens vont entrer
prochainement dans la Valachie.
Quant l'expédition contre la Crimée, elle
n'aura probablement pas lieu cette année; la ma
jorité des membres du cabinet Anglais voudrait
l'ajourner jusqu'à l'aune'e prochaine.
Il y a également enregistrer une nouvelle assez
importante du théâtre de la guerre daus la Baltique:
c'est la prise de Bomarsund qui est maintenant un
fait accompli on annonce qu'il y a eu de grandes
pertes tant du côté des alliés, que du côté des
Russes. Mais il paraît d'un autre côté que les
flottes alliées ue soul pas disposées entreprendre
quelque chose contre Crousladl et Helsiogfors, qui,
dit-on, ne peuvent être approchées qu'avec une
perle certaine de six ou huit vaisseaux de ligue.
VILLE D'YPRES.
résultat du concours de bestiaux
du 3i Juillet i854.
Boeufs, 1' classe.
La i® prime, 200 fr. et une médaille en vermeil,
au sieur Philippe Vereecke, boucher, Dixmude.
La 2° prime, 100 fr., au sieur Louis De Wille,
marchand de bestiaux, Nieuwcappelle.
Boeufs, 2° classe.
La 1® prime, îôo fr. et une médaille en ver
meil, au sieur Philippe Vereecke, boucher,
Dixmude.