JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
IVo 3.850.
Mercredi, 23 Août 1854.
38me année.
PItOP YGATEUR,
TI RITI; ET jrsTiCE.
On s'<il»oiiiie Ypres, rue de Lille, io, pies la Grand
Place, et chez les Percepteurs «les Postes du H«>yaiime.
PRIT lit L'A BOMBEMENT, par trlnirMtre-,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un u* a5 c.
I.e Propagateur paraît le N.lNi:DI et le MERCREDI
de chaque semaine. (InaertlonM centimes la ligne.)
7FP.3JS, 25 Août.
REVUE POLITIQUE.
La prise de Bomarsund, officiellement nnnonce'e,
voilà la grande nouvelle du jour.
Bomarsund est au pouvoir des troupes alliées.
2,ooo Russes ont élé faits prisonniers, 100 pièces
de canon sont touillées au pouvoir des troupes
anglo- françaises. Les pertes de la flotte et de l'ar
mée sont insignifiantes. Tel est le contenu de la
dépêche parvenue au gouvernement français.
On a annoncé que le quartier-général russe al
lait être transporté de Buzeo ou Buzeu a Foskchnni,
sur la frontière moldo-talaque. Les avant-postes
des Turcs s'avancent de leur côté sur la Jalom-
nitza, en occupant successivement le terrain qu'a
bandonnent les Russes.
Le Journal des Débats publie des détails cu
rieux sur un combat livré le 3, dans l'Ile de Léro
près de Sa m os, a une bande de pirates grecs, par
l'équipage du Chaptal
Les représentants de l'Autriche et de la Prusse,
ont communiqué a la Diète germanique, dans sa
séance du 17, la réponse du cabinet de Saint-Pé
tersbourg a la sommation autrichienne et les pièces
qui s'y rapportent, en proposant de les renvoyer au
comité de la question orientale. Celte proposition
a été adoptée.
Ce qu'on a appelé la sommation autrichienne
consistait, comme on sait, dans une note jointe par
le cabinet de Vienne l'envoi du protocole du 9
avril au cabinet de Saint Pétersbonrg. Le corres
pondant viennois du Journal de Francfort a rap
porté un passage de cette Note qui en fait connaître
le caractère. On y lisait que l'Empereur s'inspi-
raol des devoirs que lui imposent les intéiêis de
ses peuples, s'est vu dans le cas de prendre par le
protocole ci-joint en copie, des engagements de
vant C accomplissement desquels il ne saurait
reculer.
Ou parle toujours de la mobilisation des con
tingents d'une partie de l'aimée fédérale. On dit
que les deux grands Étais allemands ne sont pas
d'accord sur ce point. On dit oui Vienne, on dit
non a Berlin. C'est la Diète se prononcer.
Les nouvelles d'Espagne ne cessent d'être alar
mantes. Les correspondances particulières affirment
qu'un dissentiment profond existe entre Espartero
et O Donnel. Le premier, paraît-il, voudrait con
traindre la Reine "a abdiquer, tandis que le second
reste inébranlable dans sa résolution de maintenir
le trône de la Reine Isabelle. On comprend que
cette lutte eotre les deux opinions représentées au
pouvoir par le duc de la Victoire et son collègue,
ne peut avoir que de tristes résultats. On annonce
aussi qu'une députatioo s'est rendue auprès d'Es-
partero pour lui faire effacer du décret pour la
couvocatioo des Cortès l'article qui interdit cette
assemblée de mettre eo question le maintien de la
monarchie. Espartero aurait répondu au vœu ex
primé par celte députation d'une manière évasive
et en disant qu'on devait partager la confiance
que la nation avait placée en lui.
Il se confirme aussi que la démission de M. Col-
lado, ministre des finances, a produit a Madrid une
très-fâcheuse impression. Tout cela, on le voit, oe
présage rien de bon pour l'avenir.
Les révolutionnaires accusant de réaction les
timides mesures priseé pour rétablir l'ordre; de
l'antre, Espartero cédant an flot des passions poli
tiques surexcitées par le langage des journaux.
Une réunion nombreuse a eu lieu dans l'un des
théâtres de Madrid pour délibérer sur les périls de
la situation, la révolution étant arrêtée dans sa
marche, a dit le président de l'Assemblée, par les
réactionnaires, qui ne larderont pas a en annihiler
les effets, a-t-il ajouté. Un autre orateur s'est plaint
de la conduite du ministère qui a limité les pou
voirs de la Constituante, s'appuyant sur ce que
Espartero lui-même avait combattu, dans le sein
du cabinet, la réserve relative a la question dynas
tique, introduite dans le piéambule de l'acte de
convocation des Cortès.Ce langage des orateurs
populaires n'a pas besoin de commentaires.
Une commission nommée dans la réunion s'est
transportée chez le duc de la Victoire, suivie de
tous les membres de l'assemblée, pour inviter le
général se rendre eo Catatagne, afin de sauver
cette province de la tyrannie sous laquelle elle
gémit. On sait que c'est la province où les révolu
tionnaires se sont livrés aux plus grands désordres:
les réprimer, c'est de la réactioo aux yeux de leurs
amis de Madrid.
Espartero a répondu qu'il est toujonrs disposé
marcher en avant avec la volonté nationale, et
que si les désirs du peuple étaient conformes
ceux manifestés par la commission, il était prêt a
leur donner satisfaction. La commission s'est aus
sitôt mise en devoir de faire circuler dans le public
une pétition conçue dans le sens d'inviter Espartero
se rendre en Catalogne.
Les questions religieuses sont aussi a l'ordre du
jour. Les prétentions mises en avant sont telles que
le Nonce du Pape aurait déclaié, dit un journal de
Madrid qu'il demanderait ses passeports si l'on
touchait au Concordat sans un accord préalable
avec le St-Siège.
Parmi les questions sur lesquelles le ministre de
la justice porterait son attention, dit le même jour
nal, serait celle de la complète suppression des
maisons des Jésuites et des couvents d'hommes. Il
s'agirait aussi de négocier avec Rome dans le but
de faire attribuer aux autorités diocésaines la
faculté d'expédier les dispenses de mariage.
La malle de New-York a été apportée Liver-
pool par IAfrica. Le Congrès s'est ajourné au
mois de décembre. Le clipper Grapeshot a quitté
le Mississipi, emportant une quantité considérable
d'armes feu. Le consul d'Espagne a envoyé un
scboonerâ la Havane pour en informer lesautorités.
On dit que les réclamations des sujets français,
anglais, espagnols et américains, qui ont souffert
du bombardement de Greytown s'élèvent 2
millions de dollars. Le ministre de France en ré
clame 600,000 au nom de ses nationaux.
Si quelqu'un désirait avoir une juste idée de la
franchise, de la bonne foi des adeptes du libéra
lisme exclusif, qu'il se rappelle un moment tout
ce qui a précédé et suivi l'adoption de la loi sur
l'instruction moyenne.
Lorsqu'en i85o, les journaux et les orateurs
du parti conservateur se permirent de dire que le
projet de loi sur l'enseignement moyen, tel qu'il
venait d'être élaboré par MM. Frère et Rogier,
était une machine de guerre dirigée contre le ca
tholicisme; qu'il tendait écarter le prêtre de
l'enseignement donné aux frais de l'État, et que
c'était pour ce motif qu'on se refusait si obstiné
ment inscrire dans la loi des garanties en faveur
de la religion alors, les principaux organes du
parti dominant se récriaient contre de telles énor-
mités; ils protestaient de leur dévouement h la
chose religieuse; «on calomniait les intentions
des auteurs du projet de loi si des garanties en
faveur de l'instruction religieuse ne se trouvaient
pas inscrites dans la loi même, c'est que des
garanties simplement administratives valaient
mieux: de cette manière le gouvernement et le
clergé supérieur conserveraient chacun toute
leur liberté d'actioo; on n'aurait pas les mains
liées par un texte légal, et l'on parviendrait
bien plus facilement asseoir un arrangement
sur des bases larges et durables. Du reste, pour
obtenir le concours du clergé, le gouvernement
ferait toutes les concessions possibles; il irait
jusqu'aux dernières limites,
La loi est votée. Cinq ou six mois après qu'elle
eut été publiée, et que déjà elle se trouvait en
graode partie exécutée, M. Rogier songe enfin h
entrer en correspondance avec l'autorité ecclésias
tique supérieure; il demande que lesévêques veuil
lent bien lui nommer des pi êtres pour donner
l'enseignement religieux dans les établissements
d'instruction qui viennent d'être placés sous le
régime de la loi nouvelle. Mais quant aux garan
ties administratives dont, quelques mois aupara
vant, ou avait fait tant de bruit dans les chambres,
et dont on devait être si généreux, de cela il n'est
plus question maintenant: le prêtre aura un
traitement il pourra donner son cours de re
ligionles élèves auront la Jaculté de suivre
ce cours voilà les dernières limites des con
cessions proposées par M. Rogier; au-delà, le s
lois et la Constitution n autorisent plus rien. Et
lorsque les négociations avec les chefs diocésains
eurent échoué sur le terraio de ces concessions
dérisoires, bien entendu que ce n'était pas par la
faute du gouvernement, qui avait montré les dis
positions les plus bieoveillantesmais c'était la
faute des prélats: ils avaient émis, disait-on, des
prétentions effrayantes; ils avaient voulu s'em
parer du pouvoir civil mais grâce la perspicacité
et I éuergie du premier ministre, leurs projets
avaient été déjoués et l'État se trouvait hors de
péril.
Aujourd'hui on ne tient plus précisément le
même langage on a compris que toutes ces petites
ruses de guerre sont usées jusqu'à la corde. D'après
une note que nous avons reproduite il y a une