JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Mercredi, 6 Septembre, 1854. 38me annee. î\o 3,834. PROPAGATEUR, VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grand Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABO.WEMEIÏTpar trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.) 7P3.ES, 6 Septembre. Il en est bien peu parmi les hommes qui se rendent compte des principes qu'ils entendent professer, et qui en pèsent les conséquences. Ainsi, combien de fois n'entendit-on dans les journaux du pseudo-libéralisme, la tribune du parlement, entre les pots bierre de l'estaminet, proclamer en axiomes incontestables le principe de la souveraineté du peuple, la séparation complète de l'Église et de l'État, et les fameuses prérogatives de l'élément laïque en matière de charité et d'enseignement. Établir en détail les fatales conséquences de ces doctrines, prônées avec autant d'em phase que d'étourderieexigerait des développements que ne comporte pas le cadre de ce journal. Aussi nous renferme rons-nous en quelques réflexions som maires. La souveraineté du peuple dans le jargon libéràlre ne se dit point par allusion l'absolutisme monarchique, non plus qu'à l'oligarchie de certaines classes privi lèges; elle se dit par antithèse au principe calholiquequi fait remontera Dieu l'origine du pouvoir. Ainsi le catholicisme place les sources de l'autorité publique la source de toute justice et de toute bonté; le libé ralisme au contraire ne reconnaît que la puissance du nombre, et chez lui le bien- être du pays se trouve confié aux caprices de la multitude, ou plutôt la merci des meneurs qui l'exploitent. La liberté forme le corollaire inévitable du système catho lique; le despotisme et l'anarchie sont les produits naturels (l'histoire de tous les temps l'a prouvé) des ineptes utopies du système libéral. La séparation complète et radicale de F Eglise et de l'État, telle au moins que l'en tendent les maitres de l'école libéraiiste, dénote pareillement une ignorance si fon damentale des principes les plus essentiels de l'ordre social, une légéreté aussi cou pable, pour ne rien dire de plus, dans l'énoncé de principes les plus évidemment subversifs des bases de la société civile, que l'on ne sait de quoi s'étonner davan tage ou de l'ignare outrecuidance des oracles du parti ou de l'incurable cécité de leurs dupes. En effet, s'il est un axiome élémentaire et presque trivialc'est sans doute que le principe religieux est le ciment qui empêche l'ordre social et politique de se dissoudre enlevez ce lien sacré du milieu du peuple, il ne restera plus au service de l'ordre public que la force brutale, que la logique des bayon- nettes. Enfin, les prétentions de nos adversaires au monopole de la bienfaisance et celui de l'enseignement n'aboutissent guère des conséquences moins déplorables. La religion est lame et la raison d'être de la bienfaisance; sans elle la bienfaisance n'a point d'avenir; c'est un fleuve dont la source est tàrie. En tant que prérogative du pouvoir civil, la bienfaisance ne se conçoit qu'au point de vue de ces réfor mateurs modernes qui proclamèrent le droit absolu du pauvre l'assistance. Ainsi, c'est au socialisme qu'aboutissent en der nière analyse les reformes humanitaires du prétendu libéralisme. Tantôt nous faisions allusion aux idées du parti en matière d'enseignement. Là aussi, en effet, éclate sans vergogne son ignorance profonde des choses mêmes qu'il prétend régenter en maître. Là aussi le libéralisme a méprisé la voix de l'ex périence et celle de la raison il n'a point voulu comprendre quel formidable levier est aux mains des fauteurs de désordre l'instruction séparée de principes religieux. Bacon l'a dit la religion est l'arôme qui empêche la science de se corrompre, et Porlalis ne s'est pas énoncé avec moins de justesse Il est temps, dit-il, que les théories se taisent devant les faits. Point d'instruction sans éducation; point d'édu cation sans morale et san= religion. Mais le libéralisme n'entend rien aux vérités les plus élémentaires de l'ordre social; sa doctrine lui n'est qu'une suite de négations; il n'a mission que pour dé truire. Supprimez le catholicisme, a dit un illustre magistrat, et il n'y a plus de libéralisme. En effet, du jour où le ca tholicisme, ce boulevard de la civilisation moderne, s'affaisserait sous ses coups, le torrent des doctrines socialistes, désormais libre de toute entrave, emporterait dans ses flots les aveugles démolisseurs qui s'ingénient lui frayer un chemin. Qu'il y ait des gens de bonne foi dans leurs rangs, des dupes tirant pour autrui les marrons du feu; on ne le conteste pas; mais ce qu'ici nous avons prétendu signa ler, c'est avant tout cet incurable aveugle ment qui tient leurs yeux fermés l'évi dence. nonveli.es locales. Hier, dans la matinée, S. G. Mgr. l'Évêqtte de Bruges a administré, dans les églises de S1 Martin et de S' Nicolas, le Sacrement de Confir mation un grand nombre de jeunes gens appartenant aux paroisses des susdites églises. Aujourd'hui, l'auguste prélat a également con féré l'Onction Sainte dans les églises de S' Pierre et de S' Jacques. M. Charles Van Praet, de celte ville, vient de passer devant le jury combiné de Liège-Bruxelles son examen de docteur en sciences politiques et administratives, avec grande distinction. Ajoutons ce propos, que des succès identiques n'ont jamais fait défaut M. Van Praet dans tout le cours de sa carrière d'étudiant. Sorti en i848 du collège S'-Vincent de Paul, de cette ville, il acquit lotis ses diplômes avec distinction ou gran de distinctionet ce fut notamment avec ce der nier grade qu'à la dernière session de Pâques il passa docteur en droit. Nous avons un nouveau sinistre enregistrer, cettenuit,lafermeappartenanteausieur Rom mens Vlamertinghe, qui l'exploite, est devenue la proie des flammes. Le feu a commencé dans la grange très proche de l'habitation, toutes les ré coltes sont dévorées par les flammes. On ne sait quoi attribuer ce malheur. Cependant il est crain dre qu'il ne soit dû la malveillance. La servante s'élanl éveillée en sursaut, a aperçu le feu de trois cotés la fois. Heureusement qu'elle a donné de suite l'alarme, sans quoi tout le personnel de la maison aurait infailliblement péri: on a pu sauver le bétail et quelques coffres. Les meubles, bijoux et tout ce que contenait la ferme est perdu. On nous rapporte que les bâtiments étaient assurés. Au moment où nous écrivons ces lignes, la justice se rend sur les lieux. Ou a répandu le bruit qu'un enfant aurait trouvé la mort dans le brasier, mais des rapports postérieurs ont contredit ce surcroît de désolation. La distribution des prix aux e'Ièves du pension nat de Moorslede, qui a eu lieu le 28 août, y avait attiré, comme d'habitude une foule considérable. Une déclamation en Allemand, suivie d'un chœur, chanté avec beaucoup de verve par les élèves et un dialogue Français-Anglais, ont fortement égayé les assistants. Ce qui frappait le plus, fut l'accent propre des langues Française Anglaise et Alle mande, qu'on doit, non seulement aux bonnes institutrices, mais encore, au grand nombre d'élè ves Anglaises, Françaiseset Allemandes. Moorslede peut être compté parmi les premières maisons d'éducation du pays. Non seulement on se fami liarise avec les différentes langues modernes, mais encore la main d'oeuvre qui complète l'éducation; son prix modique fixé 2y5 francs par an en permet l'accès toute la classe bourgeoise. KEYIE POLITIQUE. Les nouvelles du théâtre de la guerre sur le Danube sont toujours fort peu importantes. Les bruits de paix répandus par la presse allemande perdent beaucoup de leur consistance. On a même reçu de Vienne une dépèche télégraphique, datée du 2 septembre, qrri annonce que la réponse de la Russie la demande des quatre garanties exigées par les puissances occidentales est négative sur tous les points. Toutefois cette nouvelle a besoin de confirmation. Après la dépêche du i5 Août, adressée par M. de Manleufel M. de Werther, envoyé prussieu Saint-Pétersbourg, on pourrait eu effet s étonner de ta réponse négative du cabinet russe. Dans celte note, le cabinet de Berlin insiste auprès du gouvernement du Czar pour qu'il ac cepte les bases du traité du 8 Août. Il croit que les

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