propositions de paix indiquées ne sont pas incom
patibles avec ce que l'Emperenr Nicolas s'est déjb
déclaré prêt b admettre comme point de départ
d'un arrangement pacifique. Le gouvernement
prnssien tient nn langage si pressant, que l'on peut
croire b juste titre qu'il exercera une grande in
fluence sur la détermination du Czar. Dans tous les
cas, si le cabinet de S1 Pétersbourg est décidé b ne
pas accepter les conditions de paix contenues dans
la sommation autrichienne, il est bien plus pro
bable que sa réponse sera évasive, au lieu de con
tenir un refus net et formel.
Le Lloyd confirme le fait que les Russes se
renforcent b Ibraïla et b Foskebaoi, et dit que le
géuéral Luders se prépare b Galatz b une résis
tance sérieuse: ce qui semble impliquer de la part
du gouvernement russe l'intention formelle de dé-
fendre les principautés. Ou parle d'un projet
qu'aurait Omer-Pacha de se porter b la tête de
80,000 hommes contre les Russes, dans le but de
les rejeter derrière le Sereth par la force des armes.
Probablement que le général ottoman fait publier
ses plaos de campagne dans tontes les gazettes de
l'Europe, afin d'apprendre aux Russes b quoi ils
doivent s'en tenir. Quoiqu'il en soit, il parait qu'à
cette heure l'armée ottomane presque entière a
passé en Valacbie. Trois camps ont été établis b
Negoecbti, b Obilecbti, et b Coleotina. Tout porte
b croire que les Turcs vont continuer sous peu leur
marche vers la Moldavie, et poursuivre les Russes
dans leur mouvement rétrograde.
Pour les nouvelles de la Baltique, voici b peu
près b quoi elles se réduisent. Le 16 août, le gé-'
néral Baragnay-D'Hilliers et le vice-amiral Napier
sont partis pour Uango. Les Russes, en leur pré
sence, eu out fait sauter les fortifications et se sont
retirés b Abo, où ils ont 15,000 hommes de troupes.
Il y a lieu de croire que les escadres alliées sont
sur le point de tenter quelque nouvelle entreprise
sur l'un ou l'autre point du littoral de la Baltique.
Les Russes de leur côte se préparent b une vi
goureuse résistance. Des masses de troupes sont
concentrées sur Helsingfors pour s'opposer a un
débarquement des troupes de terre de ce côté.
Ces derniers jours, l'amiral français, le général
naraguay-D'Hilliers, et le général anglais Jones
ont en effet poussé une reconnaissance vers cette
place. La forteresse d'Abo parait surtout être le
point de mire des alliés quoique la passe qui mène
a Abo soit très-étroite, on assure néanmoins que
cette place va être attaquée. Le Journal de Lu-
becq dit même que le 22 août quatre navires de
guerre avaient déjb canonoé les batteries russes
d'Ersta, b un mille seulement d'Abo. Enfin une
dépêche du Standard parle d'un petit combat,
livré le 18 août, en vue de cette forteresse, par
quatre vapeurs anglais contre 18 chaloupes ca
nonnières et quatre steamers russes mais elle n'en
dit pas le résultat.
Quaod b Boraarznnd, les troupes françaises s'y
trouvent toujours. Mais l'état sanitaire est fort
alarmant. Les îles D'Aland sont déclarées officiel
lement atteintes du choléra. Le nombre des décès
au camp français s'élève b 60 par jour. Le Daily-
News assure que le fort de Bomarsood a été déjà
détruit.
Au sujet de cette place, nous ne pouvons nous
empêcher de reproduire ici les observations suivan
tes, publiées, il y a quelques jours, par le Moniteur
français
Il résulte des plans trouvés dans la forteresse,
que la Russie nourrissait de très-grands projets
sur l'avenir de Bomarsund. Les ouvrages de dé
fense qui formaient cette place devaient recevoir
un accroissement qui en eût fait la position la plus
formidable de la Baltique, et lui eût donné une
puissance supérieure b celles de Stveaborg et de
Crousladi.
Cette découverte, eo faisant comprendre toute
l'importaooe du service rendu par la prise de
Bomarsund b l'Allemagne maritime aussi bien
qu'aux étals Scandinaves, prouvera aussi que les
dangers de l'ambition russe ne sont pas moins
grands pour le Nord que pour le Midi, et que, si
l'on eût laissé b cette ambition le loisir de se déve
lopper, dans quelques années le Suud n'eût pas été
plus en sûreté que le Bosphore.
On assure que les canons et les munitioos qui
ont été saisis b Bomarsund par les Anglais sont
évalués 100,000 livres st.
Les correspondances d'Orient publiées par les
journaux parlent des préparatifs qui se font b
Varna et b Constanlinople, pour une expédition
formidable. Mais ce que l'on ignore toujours,
comme de juste, c'est le point adopté par les com
mandants pour le débarquement de l'armée.
Un correspondant du Times affirme que l'ex
pédition est déjb partie et qu'elle se dirige vers
Sébaslopol. Le maréchal de Saint-Arnaud a été
nommé commandant en chef des troupes alliées.
Du côté du Caucase la tournure des affaires
semble également n'être pas fort rassurante pour
la Russie. On dit que Schamyl avec ses bandes qui
s'élèvent b t5,ooo hommes a répandu l'effroi b
Tifllis. Pourvu d'un riche butin, il s'est provisoi
rement retiré de la Cachetée dans les montagnes.
Les nouvelles d'Espagne sont assez intéressan
tes. Le départ de la Reine Marie-Christine, la
dissolution des juntes et des clubs, et les mesures
prises pour comprimer la licence de la presse,
voila des actes qui indiquent le retour vers une
situation meilleure. Dans l'exécution des deux
dernières mesures, M. Sagarti, gouverneur civil de
Madrid, a déployé une énergie contre laquelle les
tentatives des anarchistes sont restées impuissantes.
Voici maintenant quelques détails sur le départ de
la Reine-mère.
C'est le 28 Août, b 8 heures du malin, que
Marie-Christine est partie avec toute sa famille
pour le Portugal. Sa majesté était escortée par un
corps de cavalerie, placé sous les ordres du général
Garrigo, homme d'une bravoure et d'un dévoue
ment b toute épreuve. En outre, un régiment
d'infauterie avait quitté Madrid dès la veille pour
couvrir la route d'Estramadure et s'échelonner sur
le passage de la Reine jusqu'à .ffadajoz. C'est ainsi
qu'elle a été escortée jusqu'aux frontières du Por
tugal, où l'on annonce qu'elle est heureusement
arrivée.
Aussitôt que l'on eut connaissance b Madrid du
départ de la Reine-inère, des rassemblements se
formèrent en ville. A deux heures de l'après-midi,
il a fallu battre le rappel de la garde nationale et
rassembler les troupes en toute bâte. Les boutiques
se sont fermées dans l'appréhension de quelque
tumulte populaire, et tous les ministres restèrent
en permanence dans l'hôtel de l'un d'entre eux.
Des barricades ont été élevées sur quelques
points de la ville et tout annonçait une répétition
des sinistres journées de juillet. Mais l'attitude
décidée du gouvernement et de la garde nationale
a suffi pour faire rentrer les anarchistes dans l'or
dre, et rétablir la tranquillité sans aucune effusion
de sang. Quelques centaines d'émentiers ont été
désarmés et faits prisonniers. Ceux qui ont été pris
les armes b la main seront traduits devant le con
seil de guerre.
Toutefois le ministère espagnol a crû devoir
faire une concession importante au parti révolu
tionnaire il a ordonné de mettre le séquestre sur
les biens de la Reine-mère, et le paiement de la
pension de 7 millions de réaux qui lui avait été
accordée a été suspendu, jusque ce que les Cortès
aient définitivement statué b ce sujet. La Reine
Isabelle n'a pas voulu signer ces décrets qui frap.
paieot sa mère.
Dans les provinces on signale des symptômes
alarmants pour l'avenir de l'Espagne. Dans l'Es-
tramadnre et dans l'Andalousie le socialisme fait
beaucoup de progrès. Dans un grand nombre de
villes, dit l'Epola, il y a déjb de nombreux refus
de paiement du loyer.
VOYAGE DE ROI EN FRANCE.
CALAIS, 2 septembre, a heures.
Le Roi des Belges et son fils le duc de Brabant
sont arrivés dans notre ville vers 2 heures et demie.
L'Empereur avait désiré que ses augustes hôtes
reçussent les honneurs suprêmes de la journée, et
b cet effet, il était venu seul et sans escorte du
camp et avait donné des ordres pour que les troupes
échelonnées le long de la roule restassent b leur
poste, pour former une escorte au Roi et l'accom
pagner en cortège jusqu'à l'hôtel Dessin, trans
formé pour la circonstance en palais impérial.
L'Empereur a donc fait son entrée dans la ville,
sans gardes, sans guides, précédé d'un simple pos
tillon. Son courrier s'était cassé la jambe en route
et a dû être transporté dans un fourgon b l'hôpital
civil de Calais.
L'arrivée du Roi des Belges a été annoncée,
ainsi que l'avait été celle de l'Empereur, par une
salve de 101 coups de canon.
Dès que les voitures de poste royale ont été
signalées sur la route, un officier d'ordonnance,
posté en vedette an carrefour de Si-Pierre, est ar
rivé bride abattue, apporter la nouvelle l'Em
pereur.
Aussitôt les troupes ont repris les armes, les
tambours ont battu aux champs, les officiers ont
parcouru la ligne en criant Soldats! Criez:
Vive le Roi des Belges et cet appel a été en
tendu, car sur son passage, le souverain de la
Belgique et son fils ont été salués des plus chaudes
acclamations.
Le Roi était dans une berline de voyage, sans
armoiries, attelée en poste et conduite par des
postillons b la livrée belge. Le voyage du Roi,
comme celui de l'Empereur, a été signalé par un
accident. Une des voitures, celle du service, a
versé en route et a été brisée, sans que personne
en ait souffert.
Le Roi est venu d'Oslende en poste par Ghis-
telles, Fûmes, Dunkerqne et Gravelines. M. le
prince de Chimay, arrivé le matin même de Bou
logne, et descendu b l'hôtel Quilliacq, s'était
rendu au devant de Sa Majesté avec le capitaine
Prisse, et M. le général-major Prisse, aide-de-camp
du Roi.
Le Roi a été reçu b l'entrée de Calais par M.
Du Hamel, le préfet du département, le maire et
le colonel deFerqne; les troupes qui formaient la
haie se sont repliées devant et derrière la voiture
royale, qui est arrivée b l'hôtel Dessin précédée
d'un détachement de cuirassiers et suivie d'un pe
loton du 24° léger, de cuirassiers et de gendarmes.
Les musiques des différentes troupes jouaient
l'air Parlant pour la Syrie et des pas redoublés,
mais paraissaient ignorer absolument la Braban
çonne.
La voiture du Roi était fermée, au grand désap
pointement des dames de Calais, qui avaient
envahi toutes les fenêtres de la rue Royale pour le
voir mieux a 1 aise. S. M. portait l'uniforme d'of
ficier géuéral belge, le duc de Brabant avait
l'uniforme de son grade tous deux étaient tête
découverte.
Quand la voiture est entrée dans l'hôtel, l'Em
pereur est descendu avec les officiers de son état-