JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N0 3.856. Mercredi, 13 Septembre, 1854. 38me anne'e. 7PP.23S, 13 Septembre. Il y a des journaux qui visent évidem ment se moquer du public. Ainsi pour ne citer qu'un exemple, certains organes du libéralisme voudraient faire accroire leurs lecteurs que les associations reli gieuses etcbarilables, fondées sous les aus pices du catholicisme, ne sont que des espèces de clubs qui se donnent pour mis- sionde s'occuper d'affaires politiques. Sans doute que les très-honorables journalistes qui ont fait cette découverte, admettent une exception en faveur des ordres reli gieux contemplatifs; car il est clair que des hommes qui restent éternellement ren fermés dans des cellules ne peuvent pas beaucoup, ni fortulilernent pour personne, s'occuper d'élections, ni, en général, de tout ce qui se ratlacheà la politique. Quant aux autres associations religieuses ou ayant un caractère religieux, tout homme quel que peu au courant de ce qui se passe sous le soleil, sait parfaitement bien que toutes elles ont été établies dans le triple but notamment d'apporter remède aux mi sères physiques, morales et intellectuelles dont le monde est rempli. Les unes ont pour mission de répandre l'instruction dans les diverses classes du peuple, d'é lever la jeunesse dans les principes de la religion catholique et de la former de bonne heure la pratique de toutes les vertus chrétiennes; d'autres travaillent l'extirpation du concubinage, de l'ivro gnerie, du vagabondage et de tout ce cor tège de vices qui dégradent l'homme et sont la honte de notre civilisation mo derne; d'autres encore ont adopté pour œuvre la visite régulière des pauvres do micile, celle des prisons et des hôpitaux; les soins donner aux mourants; le patro nage des jeunes libérés, des ouvriers, des apprentis, des orphelins, des écoliers, des enfants dans les manufacturesPas une seule de ces associations chrétiennes dont les njembres ne soient dévoués âme et corps au soulagement de l'une ou l'autre des misères sans nombre qui affligent l'hu manité. Et l'on sait jusqu'à quel point elles sont parvenues réussir dans cette belle mais pénible entreprise: l'histoire atteste qu'elles font plus dans un seul jour pour le bien- être et la civilisation du peuple, que le libéralisme avec tout son fracas ne fait dans un siècle entier. Et ce sont là pour tant les associations que des gazetiers igno rants ne craignent pas de mettre sur la même ligne que les clubs de la franc-ma çonnerie. Mais dans quels cas, quand et où des associations ayant un caractère re ligieux se sont-elles livrées des occupa tions politiques? Et d'abord, quelles sont ces associations? Car on ne se risque pas même jusqu'à préciser sa pensée là-dessus. Si dans un autre ordre d'idées, nous ac cusions les apôtres du libéralisme clubiste de corrompre les masses; de patroner et de répandre sans relâche toutes sortes d'ouvrages d'une morale hideuse; d'attiser dans notre pays le feu de la révolution; d'être les amis et les alliés des républicains et des socialistes; de haïr notre Constitu tion et nos libertés; de travailler jour et nuit pour aboutir la ruine du trône et de l'autel; apparemment qu'on se recrie rait contre nos accusations, et peine vou drait-on nous croire, lorsque, en témoignage de la vérité de nos dires, nous citerions les écrits, les actes et gestes de nos adver saires eux-mêmes. Pourquoi voudraient-ils qu'on les crût sur simple parole? Sans doute, nos adversaires le savent bien eux-mêmes, leurs accusations contre lesassociationschrétiennes ne sont que des calomnies dictées par Ieur haine pour tout ce qui porte le cachet religieux ils sont les premiers ne pas croire un mot de tout ce qu'ils débitent. Mais que serait-ce, nous le demandons, si toutes ces associations qu'on décrie, venaient disparaître de la surfacede l'Europe? Qu'y gagnerait le pau vre? Qui irait le chercher dans ses tristes réduits pour lui porter des secours et des consolations? Et lorsqu'il serait malade et chargé d'infirmités, qui se chargerait de lui donner les soins convenables; qui veil lerait au chevet des mourants et des morts? Eh! mon Dieu, l'heure qu'il est, l'ef froyable choléra ravage les trois quarts de l'Europe: trop souvent les populations épouvantées, et jusqu'aux autorités admi nistratives, fuient l'approche du terrible fléau Mais quels sont les hommes qui res tent leur poste, et qui cent fois par jour affrontent la mort pour secourir et soigner les pestiférés? Combien compte-t-on de frères-maçons, d'affiliés quelque club li béral qui sont morts victimes de leur zèle pour le service du pauvre? Convenez-en: seuls les prêtres, les reli gieuses, des membres de l'une ou l'autre association chrétienne, quelques catholi ques zélés portent dans le cœur assez d'a mour pour le pauvre, assez de courage et de dévouement, pour être toujours prêts le servir au péril de leur vie. Au lieu décrier,faitescommeles congré gations catholiques que vous calomniez; faites mieux, si vous le pouvez. Moralisez le peuple. Ne bornez pas votre zèle quel ques actes d'une charité d'apparat: fondez des associations, ou des clubs, comme vous voulez, dont les membres aient pour mis sion de visiter les prisons, d'aller voir chaque jour le pauvre dans sa triste de meure, de soigner les malades et les in firmes, desecourirles pestiférés;Quand vous aurez entrepris ce peu seulement, qui ne comprend pas la millième partie de la masse totale des bonnes œuvres nées sous les auspices du catholicisme, alors criez si cela vous fait plaisir; du moins vous pour rez paraître jusqu'à un certain point excu sables: le monde croira peut-être qu'un excès de zèle vous consume et que vous criez contre les associations catholiques parce que vous désirez avoir le monopole des bonnes œuvres et que vous ne voulez plus laisser rien faire aux autres. PROPAGATEUR, VÉRITÉ ET JUSTICE. Ou s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Graud Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'A BONNEMENT par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n® a5 c. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertion» centime» la ligne.) NOUVELLES LOCALES. M. Antoine Ruelle, d'Ypres, vient de passer son examen de candidat en sciences naturelles, devaut le jury central. M. Jules Gerste, d'Ypres, vient de passer son examen d'e'lève universitaire, devant le jury de la. Flandre-Occidentale, siégeant Bruges. Hier, 10 heures du matin, a été célébré en cette ville, en l'église de S1 Pierre, le mariage de M. Aimé De Kytspotter de Cassel (France) avec Mu° Maria De Neckere, fille de M. le sénateur. L'union a été bénie par le frère de la fiancée, recteur du collège S' Julien des Belges Rome. Nous apprenons avec plaisir que notre con citoyen, M. le major Vancien Bogcierde, du 7' de ligne, vient d'être nommé lieutenant-colonel. REVUE POLITIQUE. Des nouvelles d'Asie confirment que Schamyl a remporté d'importants avantages dans la Géorgie. Profitant de ce que le général russe BébutofT avait affaibli les garnisons de toutes les places fortes pour livrer bataille dans les environs de Kars, Schamyl, la tête de 18,000 Circassiens, a fondu tout a coup sur la Géorgie, saccageant et brûlant tout sur son passage. Les Russes out dû abandonner le terrain qu'ils avaient conquis sur les troupes ottomanes quelques jours auparavant, et ont été forcés de rentrer sur leur propre territoire, pour secourir d'autres corps attaqués par les Circassiens. Voici peu près a quoi se résument les nouvelles du théâtre de la guerre sur le Danube il est cer tain maintenant que les Russes abandonnent Galatz et Ibrnïla et qu'ils vont complètement évacuer les principautés. Lanavigation du Danube est entièrement libre. Une flotille de chaloupes canon nières franco-anglaises est entrée dans ce fleuve par les bouches de la Sùlina; une autre flottille également de chaloupes canonnières avait ordre de forcer les bouches de la Keria dans la prévision d'une attaque des forces alliées du côté de la Bessarabie. On dit que les Russes out eu recours une mesure qui prouverait jusqu'à quel point ils sont prêts se défendre. Ils ont détruit toutes les pompes et autres objets nécessaires pour l'exstitic- tion des incendies Odessa, Reni, Galatz et Is- rnaïl dans l'intention de réduire en cendres ces villess'ils étaient forcés de les abandonner. Il n'y a plus de doute former sur la réponse

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Le Propagateur (1818-1871) | 1854 | | pagina 1