que personne n'a pu de'finir ni montrer aujourd'hui le pouvoir occulte est là organisé, vivant, agissant; il se dévoile, il se nomme habemus confidenlem reum. Mais ce parti des loges, qui prétend ainsi au monopole du pouvoir, qui est-il? Est-il un parti constitutionnel? Écoutons: Cette question des couvents (c'est-à-dire la ques- lion delà liberté d'association), il faudra bien que le pays en lier finisse par en faire justice, dût il même employer la force pour se guérir de cette lèpre. Voilà le droit d'association rayé de la Consti tution. Or, ceci n'est pas une phrase isolée, ap partenant au frère Bourlard, c'est un article du programme du Grand-Orient acclamé par les applaudissements des représentants de toutes les loges réunies, dicté par l'orateur élu, par l'organe officiel parlant au nom de tous et qui n'a été dé savoué par personne. Niera-t-on l'indivisibilité du programme, la solidarité et l'homogénéité des loges? On ue l'osera pas. Ce n'est donc pas une phrase, c'est un système. Ce système, du reste, n'est pas nouveau. Ce libé ralisme-la n'est pas né le a4 juin, il existait déjà l'époque du Congrès. Une minorité libérale de soixante membres, la tète de laquelle se trouvait M. Defacqz, a voté et a protesté contre la liberté religieuse, contre la liberté de l'enseignement et contre la liberté des associations religieuses et des couvents. M. Defacqz n'est-il pas le même qui a présidé le Congrès libéral de 1846 N'est-il pas, avec M. Verbaegeu, le pontife des loges belges? La filiatiou entre ces deux époques, entre cette minorité du Congrès qui protestait coutre la Con stitution telle qu'elle est écrite, et le parti des sociétés secrètes qui organise une croisade coutre l'enseignement catholique, contre la charité catho lique, contre l'association catholique, cette filiation n'est-elle pas claire aux yeux de tous Ces libertés, vous ne vouliez pas qu'elles fussent écrites dans la 'Constitution vous voulez aujourd'hui les en effacer, par des interprétations extra-légales, en attendant que le pays en fasse justice en les dé truisant par la force. Voilà la liberté que l'on veut, la Constitution dont ou parle tant, voilà ce que l'on entend par l'indépendance du pouvoir civil. Mais si vous n'êtes pas le parti de la Con stitution, êtes-vous un parti belge? Nous serions injustes assurément si nous préten dions qu'il n'y a pas parmi les maçons et leurs alliés des amis sincères de notre uationalité; mais il ne s'agit pas ici d'individualités, il s'agit du principe qui les domine souvent leur insu, de l'esprit qui inspire et dirige la maçonnerie dans son ensemble. Vous êtes, dites-vous, une société politique bien. Mais êtes-vous une société politique exclu sivement belge? Vous occupez-vous du seul inté rêt belge? Est-ce une pensée nationale, ou bien une pensée étrangère et cosmopolite qui vous réunit et vous fait agir Écoutons encore La maçonnerie, dit le Gr.'. Maît.*., doit être une, indivisible il n'y a qu'une maçonn.*., qu'un seul et même principe. Le frère Stevens ajoute La maçonnerie est une, elle est universelle; il n'y a pas de maçons belges, français ou aile— mands.... Non! la maçonn.-. est une institution cosmopolite; elle appartient tous les pays... Il y a, entre les mac.-, des traités les mac.-, belges ont des traités avec la France, l'Amérique, l'Angleterre, etcv, et ceux qui y ont adhéré ne peuvent les fouler aux pieds.... le libre examen n'est pas indépendant du maintien des chartes maçonn.*. reconnues dans l'univers m entier.» Après ce discours, les frères du Grand- Orient ont bu l'union maçonnique et la fraternité universelle. Que vous en semble Qu'y a-t-il de national en tout ceci? La solidarité vous enchaîne, des traités vous lient, des principes vous attachent et vous soumettent la maçonnerie étrangère et universelle. Vous n'avez pas, vous ne pouvez avoir d'autres principes que les loges révolutionnaires de l'Espagne, que les loges démocratiques de l'Amé rique et de la Suisse, que les loges inqualifiables de l'Italie. Le libre examen du maçon belge n'existe qu'à la condition d'abdiquer entre les mains des pontifes du Grand-Orient et de se courber devant les principes que ceux-ci proclament et le mot d'ordre qu'ils imposeut; le libre examen de ces pontifes eux-mêmes n'est pas indépendant, sou tour, des chartes maçonniques reconnues dans l'univers entier. Vous obéissez donc une pensée, une direction étrangère, et comment dès lors dites-vous et semblez-vous croire que vous êtes une institution belge, une association créée dans un but d'action politique et nationale? Vous n'êtes doue pas un parti constitutionnel et vous êtes moins encore un parti belge. Enfin le Progrès veut aussi avoir sa part dans les débats soulevés dans la presse l'occasion de la fêle maçonnique du 24 juin dernier. Pour venger largement Mr l'avocat Bourlard et réduire une bouue fois au sileoce les organes du parti conservateur, le pauvre journal aux abois ne trouve rien de mieux faire que de reproduire dans ses colonnes deux articles ridicules de la Gazette de Mons. C'est vraiment heureux pour le Progrès qu'il y ait une Gazette de Mons car quel que soit le point qu'il lui prend envie de traiter depuis six semaines, c'est toujours la Ga zette de Mons qui fournit la matière; elle est de venue comme le greuier d'abondance où la feuille yproise va régulièrement s'approvisionuer de ce qui lui manque d'idées. Est-ce que ses rédacteurs habituels ne seraient pas encore revenus de va cances Donc daus un premier article extrait de la Ga zette de Mons, le Progrès s'occupe du discours de M. Bourlard qui a causé daus le public tant de scandale. Nos lecteurs couuaissent ce discours, inu tile de revenir là-dessus. Tout le monde devine que l'organe de notre libéralisme yprois ne manque pas d'approuver hautement le langage tenu par le frère Bourlard la Gazette de Mons ne l'ap- prouve-t elle pas? et d'ailleurs, louer et prôner ce qui est ordurier et itupie, traîner dans la boue tout ce qui est digue de respect et de vénération, n'est-ce pas là précisément la tâche imposée ses rédacteurs par les deux ou trois individualiés qui donnent le tou notre cité et la régentent leur guise Ainsi voilà nous avons Ypres également nos personnages qui, l'exemple du frère Bourlard et des têtes fortes de la Gazette de Mons, savent aussi tourner en dérision les miracles et la canoni sation des saints; qui se moquent de la grave question de la transsubstantiation, c'est-à-dire du mystère le plus auguste de la religion de Jésus- Christ; et qui surtout proclament ouvertement qu'il y a nécessité pour le pays, dut-il même em ployer la force, de se guérir de la lèpre des couvents et des établissements religieux. Ces per sonnages-là, ce sont les scribes du Progrès, ce sont tous ceux qui le soutiennent et qui applau dissent l'œuvre de démolition sociale et reli gieuse entreprise par celte feuille furibonde. Tou tefois pour amener la destruction des couvents en Belgique, ils protestent qu'il n'entre pas dans leur intention d'employer la force brutale on veut seu lement avoir recours l'espèce de force légale dont vient d'user le Piémont pour se guérir de grangrène monacale... Est-ce clair qu'en pen sent les optimistes du parti conservateur Dans son deuxième article, toujours extrait de la Gazelle de Mons, le Progrès s'occupe parti culièrement des ordres religieux et d'un travail de M. De Decker, où cette matière se trouve traitée d'une manière fort remarquable. D'abord pour les sœurs de charité, pour les re ligieux et les religieuses qui s'occupent de soigner les infirmes, les enfants, les vieillards, les pesti férés etc., la feuille libérale passe lestement là- dessus comme sur des charbons ardents; tout au plus convient-elle d'assez mauvaise grâce que le sentiment religieux peut inspirer de grands dé vouements, et qu'il se trouve dans le clergé régulier des honnêtes gens qui vivent selon l'Évangile. Mais les autres ordres religieux, les Réderapto- ristes, les Capucins, les Jésuites surtout, voilà ce qui effraie le Progrès! Ceux-là, dit-il, ont des temples magnifiques, des hôtels splendides, des richesses mondaines! Eh! bien, soit pourtant, si les membres de ces diverses corporations vivent dans la pauvreté, si ces richesses, ils les emploient faire l'aumône, répandre l'instruction, créer et soutenir des institutions où l'on forme les hommes la pratique de toutes les vertus, quel mal y a-t-il? Mais vous qui vous constituez les détracteurs des couvents, quel usage faites-vous de votre fortune? vous mangez et vous buvez bien; vous dissipez votre argent en des frivolités coûteuses; vous donnez des festins et des bals, pendant qu'à dix pas de vos maisons somptueuses l'indigent meurt de froid et de faim et vous osez crier contre les moines qui se contentent de la nour riture du pauvre et emploient ce qui leur reste faire le bien Vous parlez, il est vrai, de moyens frauduleux mis en œuvre par les ordres religieux pour aug menter leur avoir mais voudrait-on préciser les faits et citer des exemples? Alors notre tour nous ouvrirons l'histoire, et nous citerons une une les fables odieuses qui de tout temps oui été inventées et accréditées par les ennemis de notre religion, uniquement dans le but d'égarer l'opinion et d'obtenir, contre les Jésuites surtout, des décrets ou des sentences iniques. Autre chose les théologiens du Progrès croient que dans les pays catholiques le clergé séculier suffit amplement la direction des fidèles, d'où il conclut que la coopération des ordres re ligieux est inutile. Eh! bien que l'on veuille per mettre: le clergé, les évêques, les conciles, les souverains Pontifes, l'Église en un mot a toujours trouvé que le ministère évangélique des corpora tions religieuses est de la plus haute utilité pour maintenir les peuples dans la foi et dans la voie des vertus chrétiennes: sont-ce les rédacteurs d'une gazette, même libérale, ou est-ce l'Église qui est juge de ce qui convient aux besoins spirituels des fidèles? Et d'ailleurs les faits ne parlent-ils pas? lout-à-coup on annonce que quelque religieux, arrivé on ne'sait d'où, va prêcher deux fois par jour pendant une semaine entière; chaque ser mon l'église est littéralement remplie comme aux plus grands jours de fête durant toute l'octave, les fidèles se pressent auprès des confessionnaux et de la Sainte-Table; et chacun se propose de mener une vie plus régulière et plus chrétienne: ce n'est pas tout ce qui s'est fait dans une ville, se fait successivement dans toutes les villes du pays: Est-ce qu'en tout ceci le ministère évangé lique des Pères religieux ne sert de rien Dites plutôt qu'il s'est exercé avec le plus grand fruit et c'est précisément parce que vous le comprenez, parce que vous savez que les ordres religieux sont la sentinelle vigilante de l'Église; parce qu'ils donnent des missions et viennent souvent réveiller

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Le Propagateur (1818-1871) | 1854 | | pagina 2