JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
3.866.
Mercredi, 18 Octobre, 1854.
38me année.
PROPAGATEUR,
ViniTF, ET JCSTICE.
Ou s'dbuutie Ypres, rue de Lille, 10, prè« la Graucy
Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume.
Di: 1/ IIO> par trlmc«tre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MFRrHKDI
de chaque semaine. (Insertion* *3 centimes la ligne.)
7FR.2S, 18 Octobre.
Voilà les élections communales qui sont
proches, et pourtanton n'en parle pas plus
dans notre ville que de l'an quarante.
Sans aucun doute nos contribuables sau
ront conserver la tète des affaires locales
tous les anciens et illustres conseillers qui
possèdent si bien la science des receltes et
des dépenses, et surtout l'art d'établir et
de faire payer de nouvelles contributions
au moment même où leurs administrés
ont déjà de la peine acquitter les an
ciennes. D'ailleurs, il s'agit bien, pour les
Yprois, de contributions, de dépenses,
d'emprunts, d'augmentation de dix pour cent
et autres choses semblables! Que leur ira-
porte de payer peu ou beaucoup? La
grande affaire, c'est que les deux ou trois
personnages qui sont les adeptes du libé
ralisme des sociétés secrètes, continuent
trôner l'hôtel-de-viIle. L'avantage, qui
résulte de là est de nature réparer am
plement les dégâts et ravages que,de temps
autre, nos édiles, au moyen de quelque
impôt extraordinaire, viennent exererc
dans les finances des contribuables.
Et par exemple, que deviendrait la cité
d'Ypres si quelque jour M. Ernest Merghe-
lynck et consorts, ces intrépides pourfen
deurs du clérical, allaientcesser d'apparte
nir la vie publique? qui nous prémunirait
contre les empiétements du pouvoir oc
culte? qui hait plus l'Eglise et les prêtres?
qui, dans des journaux soudoyés pour cet
ignoble métier, sait mieux déverser la ca
lomnie et l'outrage sur les catholiques et
le catholicisme? Qui est plus dévoué la
Franc-maçonnerie,et qui tient plusà cœur
de réaliser le programme anti-chrétien ar
rêté dans la réunion générale des loges du
24 juin?
Donc les maîtres du libéralisme maçon
nique de notre ville triompheront aux
élections communales de la fin d'Octobre.
Mais nous espérons du moins que les con
servateurs ne voudront pas se rendre com
plices de ce triomphe, et que pour ce motif
ils s'abstiendront en niasse de prendre
part au scrutin. Pour cela, il ne leur fau
dra que tout juste la volonté et le courage
de rester chez eux. Ici ie silence sera de
la d ignité, et l'on peut être assuré que
cette espèce de protestation muette aura
aussi sa valeur.
Que les esclaves des clubs et les admi
rateurs des gros impôts aillent au vote,
rien de mieux: mais pour nous, abste
nons-nous.
Le pays attend avec one bien le'gitirae impa
tience le jour où les chambres pourront se re'unir
et s'occuper de la question des denre'es alimen
taires.
Il est d'autant plus nécessaire de mettre promp-
tementfin h l'e'lat de choses actuel et de défendre
la sortie des céréales, que l'on peut croire juste
titre que c'est partir de ce moment que les ex
portations vont prendre un accroissement considé
rable. Qu'on juge par le passé de ce que nous avons
attendre pour l'avenir. Pendant les mois de no
vembre et de décembre i853 les exportations de
froment ont été le double de ce qu'elles avaient
été pour le mois d'octobre de la même année,
tandis que les importations, au contraire, ont di
minué de plus d'un quart. Que sera-ce donc cette
année quand la France, quand l'Angleterre surtout
qui a besoin d'une énorme quantité de grains, ne
peuvent plus aller s'approvisionner dans les ports
de la mer Noire et de la Baltique? N'est-il pas
plus que probable qu'elles vieudront s'approvi
sionner chez nous et par suite, qu'elles finiront par
nous enlever la plus grande partie de notre ré
colte
Donc, la prudence commande qu'aujourd'hui
ou jamais nous prenions des mesures pour em
pêcher la libre sortie des principales denrées ali
mentaires. En prohibant l'exportation des céréales,
nous sommes assurés d'abord de conserver ce que
nous avons et ensuite, nous sommes également
sues que, pour autant que faire se peut, les impor
tations ne manqueront pas d'avoir lieu dans la
mesure des besoins du pays. La France regrette-1-
elle, 'a l'heure qu'il est, d'avoir décrété la mesure
que nous désirons de voir mise en vigueur chez
nous? La Belgique a-t-elle eu s'eii plaindre
lorsqu'elle l'a adoptée a d'autres époques? Seuls,
quelques spéculateurs avides, quelques Iripoteurs
la hausse et la baisse, se trouveront déconte
nancés dans leurs tristes calculs: Voila tout l'in
convénient qu'il y a h défendre la libre sortie des
grains. Mais ce n'est assurément pas pour sauve
garder de pareils intérêts que le gouvernement et
les chambres voudront s'imposer compromettre
la subsistance du peuple. Nous sommes persuadés
qu'entre deux partis prendre, nos législateurs
sauront choisir celui qui, éventuellement, doit pré
senter pour la Belgique le moins de dangers. On a
beau dire qu'il y a lieu de présumer que nos ap
préhensions au sujet du libre échange ne se réali
seront pas; nous disons de notre côté que du moins
elles peuvent fort bien se réaliser, et que si jamais
elles se réalisaient, ce serait pour le pays un im
mense et irrésistible désastre. C'est coutre cette
éventualité l'a qu'il convient de se mettreeu garde.
Car si nos céréales allaient être, en majeure partie,
enlevées par l'étranger, où trouveiions-nous de
quoi combler le déficit occasionné par ces ex
portations En France Mais elle ferme ses
frontières. En Angleterre? Mais il lui manque h
elle-même d'énormes quantités de grains. Aux
Etats-Unis? Mais la hausse continuelle du frèt
ne permet pas de souger cette ressource. Dans
les ports de la Baltique et de la mer Noire C'était
bon autrefois Mais aujourd'hui ces régions sont
inaccessibles au commerce par suite de l'état de
guerre où se trouve l'Europe. Pour terminer plus
ou moins heureusement la crise alimentaire, que
resterait-il h l'État belge si ce n'est de mener
paître ses sujets dans les herbages publics?
NOUVELLES LOCAEES.
Dans sa séance du 12 octobre, le conseil com
munal d Ypres a décidé que, pour la fête commu
nale de 1855, il y aura une exposition artistique,
agricole et industrielle des produits de notre ar
rondissement.
C'est fort bien mais quant 'a l'exposition agri
cole en perspective, si elle est organisée sur le
modèle de toutes celles qui, jusqu'ici, ont vu le
jour dans les divers districts du pays, nous pou
vons donner la parfaite assurance qu'elle excitera
les risées de tous les cultivateurs.
Encore, si ces exhibitions de gros choux, de
gros navets, de grosses carottes etc., n'avaient qne
leur côté plaisant, cela ne serait rien mais per
sonne n'ignore qne tout ce charlatanisme admi
nistratif coûte fort cher aux communes qui en
usent. Est-ce que les contribuables ne paient pas
assez d'impôts, et faut-il gaspiller leur argent en
des enfantillages ridicules?
Voici, d'après le Moniteur de notre commune,
le compte de la ville, tel qu'il se trouve clos pour
l'exercice de x853. Les recettes se sont élevées a
la somme defr. 20t,46i-84
Les dépenses celle de. 196,780-80
Excédantfr. 4,701-00
Donnons encore, toujours d'après ledit Mo
niteur quelques autres comptes spéciaux. Le
compte du fonds d'encouragement pour la re
construction des façades en bois, présente en re
cette fr. 9,654-63
En dépense3,900-00
Excédantfr. 5,754-63
Le compte de la caisse de réserve, présente en
recettesfr. 40,671-77
Et en dépenses. i4,002-88
Excédantfr. 26,668-89
Enfin, le compte de la caisse de retraite de quel
ques employés communaux, offre en recette, y
compris un subside de fr. 3,5oo de la caisse com
munale, la somme defr. 4,693-05
Et en dépenses4,096-66
Excédant fr. 569-37
Les pensionnés de cette caisse sont au nombre
de douze; trois anciens employés et oeuf veu
ves d'employés, jouissant d'une pension qui, en
moyenne, s'élève fr. 34i-38.
Avant de se séparer, le Conseil approuve d'ur
gence le budget de l'école communale gratuite
pour l'exercice de 1855h la somme de 5,55o fr.
Le subside de la ville s'élève h 3,484 fr. Dans le
chapitre des dépenses le traitement du personnel
figure pour 4,55o fr. Le chauffage et fournitures
de classe pour 700 fr. Enfin un subside de 5oo fr.
est alloué a une institutrice.
Le fils de M. le Président Biebuyck, courtier
maritime h New-York se trouve eu ce moment
dans sa famille, a l'occasion d'affaires commerciales
sur le continent.
La Dlli;Eugéuie Vandromme établie au Détroit,
état du Michigan, y dirige uue école sous la direc
tion des missionnaires belges. Il y a un an qu'elle
partit dans ce but pour l'Amérique. Après une
traversée pénible, elle fit uue maladie, dont
elle s'est 1 établie graduellement.