TESTAMENT POLITIQUE DE PIERRE Ier. L'Europe est engagée dans une lutte armée dont personne ne saurait prévoir le terme ni les conséquences. Tout ce que l'on peut présumer, c'est que la guerre actuelle durera de longues an nées, qu'elle prendra des proportions de plus en plus formidables, et que pour toutes les parties belligérautes il y aura des chances de revers et de succès. Il est permis de le croire du moins, du Danube elle s'étendra jusqu'au Rhin, et c'est peut-être sur les bords de ce dernier fleuve ou dans les plaines de l'Allemagne que viendra se dérouler la dernière phase de cette immense ques tion d'Orient. C'est là du moins l'opinion de publicistes émioents qui ont l'habitude de voir juste et de loin. Croire que tout sera fini lorsque les puissances occidentales auront gagné quelques batailles, détruit quelques forteresses, coulé quel ques vaisseaux, ou même occupé pour un temps quelques provinces du Czar moscovite, ce serait vraiment se faire d'étranges illusions et s'exposer bien des mécomptes L'histoire atteste que ce n'est pas de cette façon que se passent les choses entre grandes puissances. Un Etat comme la Russie n'est pas bout de ressources par suite de trois ou quatre campagnes malheureuses. Pendant six an nées ou battra plus ou moins les années du Czar, et la septième année elles seront encore là debout, prêtes recommencer la lutte. Et quaud bien même les revers contraindraient la Russie ac cepter momentanément des conditions de paix hu miliantes, on n'en sera guère plus avancé: jamais, elle ne cousidérera un pareil traité que comme un moment de répit dont elle profitera pour réparer ses forces et se mettre en état de regagner la première occasion le terrain qu'elle aura perdu. deux heuresce qui n'est pas du tout fort agréa ble. Mais ce qui est pire encore, c'est quedans ce cas, les voyageurs pour Gand, arrivant trop tard Courtrai, y arrivent trop tard aussi pour se rendre la première de ces deux villes par le convoi de l'Etal. De pareils abus n'an- nihilissent que trop l'utilité de la voie ferrée. Nous espérons qu'il suffira de les signaler l'administration pour les faire cesser immé diatement. Notre marché aux céréales d'aujourd'hui était approvisiouué de 1,555 hectolitres de froment, coté en moyenne h fr. 26-4o; 74 hect. de seigle, h fr. i4-6o; Au marché aux pommes de terre il y avait bq hect. Ces turbercules ont été vendus au prix de fr. 6-44 les 100 kilogr. Pour avoir une juste idée des projets de la Russie, de sa politique la fois tranchante et as tucieuse, des dangers auxquels elle expose l'Eu rope, ainsi que de la persévérance avec laquelle elle soutiendra la guerre où elle se trouve en gagée, il suffira de jeter les yeux sur une pièce curieuse que beaucoup de nos lecteurs doivent sans doute connaître déjà Nous voulons parler du testament politique de Pierre-le-Grand, dont la copie se trouve inserrée dans les Mémoires du chevalier d'Eon. Voici textuellement quelques- uns des enseignements que Pierre 1°' a laissés ses successeurs, en les recommandant leur attention et leur constante pratique, précisément de la même manière, dit un auteur, que Moïse avait recommandé les tables de la Loi au peuple israélite. I. Maintenir la nation Russe dans un état de guerre continuelle, pour tenir le soldat aguerri et toujours en exercicene le laisser reposer que pour améliorer les finances de l'État réorganiser les armées et choisir les moments opportuns pour l'attaque; faire aiosi servir la guerre la paix et la paix la guerre, dans l'intérêt de l'agrandisse ment et de la prospérité croissante de la Russie. III. Prendre part en toute occasion aux af faires ou aux différends de l'Europe quels qu'ils soient, et notamment ceux de l'Allemagne qui, cause de son voisinage, intéresse plus directe ment. V. Prendre le plus possible la Suède et savoir se faire attaquer par elle pour avoir un prétexte de la subjuguer. Pour cela, isoler la Suède du Danetnarck et le Danemarck de la Suède, et entretenir avec soiu leur rivalité. VI. Choisir toujours les épouses des princes russes parmi les princesses d'Allemagne, afin de multiplier les alliances de famille, de rapprocher les intérêts et de rattacher naturellement la Ger manie notre cause eu y développant notre in fluence. VIII. S'étendre sans relâche vers le Nord, le long de la Baltique, comme vers le Sud le long de la mer Noire. IX. Se rapprocher le plus possible de Con- slanlinople et des Indes. Susciter en conséquence des guerres continuelles tantôt la Turquie, tantôt la Perse établir des chantiers sur la mer Noire; s'emparer peu peu de cette mer comme de la Baltique hâter la décadence de la Perse, pé nétrer jusque dans le golfe Persique, rétablir, si cela est possible, avec la Syrie l'antique commerce du Levant et s'avancer jusqu'aux Indes qui sont le magasin du monde. Arrivé là, ou pourra se passer de l'or de l'Angleterre. X. Rechercher et maintenir l'alliance avec l'Autriche; appuyer en apparence ses idées de future domination sur l'Allemagne, et exciter sous main coulre elle la jalousie des princes. Chercher faire invoquer l'appui de la Russie par les uns et par les autres et exercer sur le pays une sorte de protection qui prépare la domination future. XI. Intéresser l'Autriche chasser le Turc d'Europe, et neutraliser ses jalousies, au temps de la conquête de Constantiuople, soit eu lui suscitant une guerre avec les ancieus Etats Je l'Europe, soit en lui dounaut une portion de la conquête. XII. Travailler réunir au tour de soi tous les Cirées séparés ou Schismaliques qui sont ré pandus soit dans la Hongrie, soit dans le Midi de la Pologne; se faire leur centre, leur appui, et établir d'abord un commencement de domination universelle au moyen d'une sorte de direction ou de suprématie sacerdotale ce seront autant d'amis que l'on aura daus la maison des ennemis. XIII. Après avoir démembré la Suède, vaincu la Perse, subjugué la Pologoe, nos armées étant réunies, et la mer Noire ainsi que la Baltique gar dées par nos vaisseaux, il faudra proposer séparé ment et secrètement d'abord la cour de Versailles, puis celle de Vienne, de partager avec elles l'em pire de l'univers. Si l'une de ces deux cours accepte, se servir d'elle pour dompter l'autre, puis dompter son tour celle qui restera en engageant contre elle une lutte dont l'issue ne peut être douteuse. XIV. Si chacune d'elles refusait l'offre de la Russie, il faudrait savoir leur susciter des querelles et les ruiner l'une par l'autre. Alors profilant du moment décisif, la Russie ferait avancer les troupes réunies sur les frontières de la Germanie en même temps que deux flottes considérables partiraient, l'une de la mer d'Azof, l'autre du port d'Ar- cbangel, chargées de hordes asiatiques et escortées par les flottes armées de la mer Noire et de la mer Baltique. En s'avançant travers la Méditerranée et l'Océan, elles inonderaient la France d'un côté, pendant que la Germanie serait inondée de l'autre; et ces deux contrées une fois vaincues, le reste de l'Europe passerait sous le joug facilement et sans coup férir. Le chevalier D'Eon était chargé d'affaires de la cour de Versailles auprès d'Elisabeth de Russie. C'est lorsqu'il fut question de partager la Turquie et la Pologne que ce testament lui est tombé entre les mains. Comment Nous 11e le savons pas. Copie en a été publiée pour la 1" fois en 1837. Jamais le Czar actuel u'a protesté contre l'authenticité de cet acte. Le train parti mercredi dernier midi et demi de notre station pour Courtrai a déraillé entre Lendelede et Heule, par suite de la rup ture d'un essieu de waggon. Deux waggons de marchandises ont été renversés, mais les voyageurs n'ont éprouvé d'autre désagrément qu'un relard d'une heure et demie. Nons apprenons de source certaine, que S. G. l'évêque de Bruges, accompagné de son vicaire- général M. Scherpereel, se rend Rome pour as sister l'assemblée des Evêques convoquée par Sa Sainteté le Pape Pie IX. Notre catholique patrie sera ainsi représentée dans la capitale de la chrétienté par quatre des six Evêques de la Belgique. Les nouvelles de Coristantinople vont jusqu'au 5 octobre; dans leur ensemble, elles sont satisfai santes. On porte pour le moment cent mille hommes la force des alliés en Crimée; de nouveaux renforts sont fournis par la Turquie, en attendant ceux qui sont expédiés des ports de France et des ports d'Angleterre. D'après le Lloyd de Vienne, la position qu'Orner Pacba a prise est tellement menaçante pour les Russes qu'il serait impossible de détacher de leur armée aucune division pour l'envoyer en Crimée. CHRONIQUE JUDIC.AIRE. La 4m° session de la cour d'assises de la Flandre occidentale s'ouvrira Bruges le 27 novembre, sous la présidence de M. le conseiller Verbaere. La cour d'assises de la Flandre orientale s'ou vrira le même jour h Gand, sous la présidence de M. le conseiller Van de Velde. Le tribunal correctionnel de Bruxelles a pro noncé mardi dans l'affaire Sanders et consorts, le jugement suivant Vu 1 'ordonnance de la chambre du conseil du 9 septembre i854 et l'arrêt de la cour d'appel, chambre des mises en accusation, du 9 septembre; Attendu que la prévention mise la charge de Jean-François Fourdrin et de Jean-Isidore Vauderelst n'est pas prouvée Par ce motif, le tribunal les acquitte. Attendu que Hypolite Magen, quoique dû ment assigné, a fait défaut de comparaître; Attendu qu'il est établi que, dans le courant de juillet et d'août i854, Gérard Sanders s'est rendu coupable d'avoir fabriqué une arme feo munie d'un mouvement d'horlogerie et de plu sieurs armes feu consistant en projectiles creux de fer fondu Attendu qu'il résulte de la nature et de la conformation de ces instruments qu'ils constituent des armes offensives cachées et secrètes, prohibées

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Le Propagateur (1818-1871) | 1854 | | pagina 2