JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3,878.
38™* année.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JCSTIfE.
On s'abonne Yprea, rue dé Lille, i o, yrès la Grand
Place, et chez 'es P*m ci-pleur* des Postes du Royaume.
PRIT DF. L'ABOINBMKIT, par trlmrstre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu u" a5 c.
(.e Propagateur parait le RF.RCRF.ni et le S4WEDI
de chitfoe semaine. (Inxértilonà 41 ceitlnied la ligne
TPP.ïG, 29 Novembre.
On dirait que les gazettes clubistes de
notre ville ont pris l'engagement envers le
public de le régaler tous les jours de quel
que nouvelle extravagance.
Hier,c'étaient les jésuitesqu'elles voyaient
conspirer et sur le point d'allumer la guerre
dans le pays basco navarraù: aujourd'hui,
les voilà peine revenues de leur tour
d'Espagne, qu'elles font chez nous des dé
couvertes non moins étonnantes. Écoutez
plutôt, et admirez; c'est le Progrès lui-
même qui parle:
La majorité de la Chambre est devenue
cléricale;
Chose étrange! Cette majorité nouvelle
s'est formée sans élections, sans gue le pays
te soit prononcé
Mais heureusement les dernières élec
tions des communes sont là; elles sont
libérales
Donc la majorité de la Chambre ne repré
sente plus l'opinion du pays
Donc la Représentation nationale est un
non sens;
DoncNous allions dire qu'il ne reste
plus qu'à la jeter par les fenêtres.
Admirablement raisonné, comme on
voit! Viennent ensuite les considérations
rococo sur le sieur Delehaye destitué par
fiothomb, sur les hommes des évêques,
qui défendent le système soi-disant mixte,
mais n'ayant qu'une fausse enseigne de mix
ture, sur l'essence cléricale et sur d'au
tres choses du même acabit. Et tout cela
est délayé dans un style trivial et barbare
qui ne supporte pas la lecture.
Mais voyons en vérité de qnoi il s'agit.
1° La majorité de la Chambre est devenue
cléricale. Bon! De sorte que M. Devaux, M.
Delehaye, M. Delfosse, M. Vanden Peere-
boomque tous les Représentants, en
un mot, qui ne sont pas compris dans la
fraction des douze ayant volé contre la
convention d'Anvers, sont devenus tout à-
coup les hommes des évêques! Est-ce assez
extravagant?
2° Ce qui est surtout remarquable, dit on,
c'est que cette majorité de hasard s'est formée
sans élections. La seule chose, notre
avis, vraiment remarquable, c'est de trouver
des gens qui ont assez de cynisme pour j
oser mentir si effrontément la barbe de
leurs lecteurs. Comment donc! en 1830,
18.j2 et 1834 il n'y a pas eu d'électiohs!
Mais vingt-cinq des vôtres au moins sont
restés sur le champ de bataille, et attestent
les défaites successives que vous avez es
suyées: et vous comptez cela pour rien!
5° Les dernières élections des communes
sont libérales, Dans un assez grand nom
bre de localités, il y a eu lutte, il est vrai.
Mais dans les s/s' du nombre total des com
munes où la lutte a été engagée, de quoi
s'est il agi? De questions de politique gé
nérale? I)e la convention d'Anvers, peut-
être? Oh! non: tout au plus il s'agissait de
quelque point d'administration locale qui
n'offrait pas la moindre couleur politique.
Pourtant, il y a des communes où la
lutte s'est trouvée engagée sur le terrain
de la politique. Eh! bien, nous le deman
dons, est ce que dans les localités, mente
de cette dernière catégorie, les résultats
obtenus ont été si prodigieusement en
faveur du libéralisme exclusif? Dans la
seconde ville du royaume, Gand, l'Asso
ciation libérale a essuyé un désastre com
plet; pas un seul de ses candidats n'a été
élu. Tous ceux de la nouvelle association
ont passé au premier tour de scrutin une
imposante majorité! Ensuite, Aude-
naerde, àThielt, S'-Nicolas, Soignies,
etc., les conservateurs l'ont également
emporté sur leurs rivaux. Il n'y a pas
même jusqu'à Liège, la ville libérale par
excellence, qui ne commence se lasser
du joug des meneurs l'Association libérale
y a vu succomber deux de ses candidats!
Dans quelques endroits, cependant, les
clubs ont mieux réussi force de mena
ces, d'injures, de calomnies, d'outrages de
toute espèce, ils sont parvenus éliminer
quelques conservateurs.
Libre au Progrès maintenant de dire
que les dernières élections communales
ont été libérales, que la majorité de la
Chambre ne représente plus l'opinion du
pays, que la représentation nationale est un
non sens toutes ces réflexions impertinen
tes n'empêchent point que les beaux jours
du libéralisme exclusif ne soient passés,
et que la Belgique ne soit fatiguée de subir
le joug avilissant des associations libérales.
Dans la séance de samedi passé, la Chambre des
Représentants a émis deux votes importants.
Et d'abord, M. Frère a essayé d'introduire dans
le projet d'Adresse un amendement qui rendait a
jeter un blâme indirect sur la convention d'Anvers.
Vains efforts! Cette lentalive insensée n'est venue
aboutir qu'a constater une fois de plus la profonde
nullité du parli maçonnique. 80 voix contre 1 2 ont
repoussé l'amendement de M. Frère. Valait-il la
peine vraiment de mettre contribution toutes les
gazelles libérales du pays, de les faire crier, voci
férer durant neuf mois consécutifs, et tout cela
pour arriver au résultat ridicule?
I.a Chantbre a ensuite voté l'ensemble de
l'Adresse par 81 voix contre 11. Sur ce poiot
encore les extravagants de la gauche libérale ont
été battus plate couture.
Enfin dans la séance du soir on a repris la
discussion du projet de loi sur les denrées alitnen-
meulaires. Après avoir entendu divers orateurs, la
Chambre s'est prononcée en faveur de la prohibi
tion do froment la sortie par 5t voix contre 44.
Lu membre s'est absteou. Les trois Représentants
de notre district ont voté pour la prohibition. Les
antres articles du projet oDt été adoptés une
majorité considérable.
La Chambre des Représentants, en passant lundi
au second vote sur le projet de loi relatif aux den
rées alimentaires, a décidé que la prohibition
serait également appliquée l'épeautre. L'ensem
ble du projet a été ensuite adopté par 58 voix
contre une et 24 abstentions.
Voici le projet de loi sur les denrées alimen
taires tel qu'il a été adopté au premier vote par la
Chambre des Représentants
Art. 1". Sont déclarés libres l'entrée le fro
ment, l'épeautre mondé,leinéteil,les pois, lentilles
et lèves (haricots), te seigle, le maïs, le sarrasin, les
féverolles et vesces, l'orge, la drèche(orge germée),
l'avoine, l'épeautre non mondé, le grnau et l'orge
perlé, les farines et moulures de tonte espèce, le
son, la fécule et les autres snbstauces amylacées, le
riz, le pain, le biscuit, le* pommes de terre, les
taureaux, les bœuls, les vaches, les bouvillons, les
taurillous, les génisses, les veaux, les moutons, les
agneaux et les cochons.
Sont également libres l'entrée les lards et
les viandes de toute espèce
Art. 2. Le froment et la farine de froment, le
seigle et la fariue de seigle, les pommes de terre et
la fécule de pommes de terre sont prohibés la
sortie.
Art. 3. Les dispositions qui précèdent sortiront
leurs effets jusqu'au 3 1 décembre 1855. Toutefois,
le gouvernement pourra, avaut celle époque, faire
cesser les effets de l'art 2.
Art. 4. Le bénéfice de la libre entrée décrétée
par l'art 1" sera applicable tout navire belge ou
étranger dont les papiers d'expédition constateront
que le chargement a été complété et le départ ef
fectué d'un port élrauger avant la date du réta
blissement des droits.
Art. 5. L'arrêté royal du 25 juillet 1854, qui a
maintenu provisoirement la prohibition des pom
mes de terre la sortie, est approuvé.
Art. 6. La présente loi sera obligatoire le lende
main de sa publication.
Dans la séance du 25 courant, M. Verhaegen a
reçu de M. Delehaye uue leçon dont il se sou
viendra. Voici dans quels termes le Journal de
Bruxelles rend cnmpte de cet incident
M. Veihaegen 11e se borne plus mentir: il
a été pris en flagrant délit de falsification des An
nales parlementaires.
Dans sou discours sur laconvention d'Anvers,il
avait répondu a une interpellation de M. Delehave
11 Je n'ai rieu dire de Gand, je ne m'en occupe
poiut. DaDS le compte-rendu du Moniteur, il a
substitué de son chef et de sangfroid, les mots sui
vants, outrage gratuit au corps électoral de cette
grande ville Je ne m'occupe pas de Gand on
sait qu'il ne s'est agi là que de vidange et de
police de cabarets, s
Ou ne pouvait pas mentir plus insolemment h
la vérité. En effet, il est de notoriété publique que
la convention d'Anvers a été le terrain sur lequel