JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3,891. Samedi, 13 Janvier, 1855. 38me année.
7FK3S, 13 Janvier.
Le Pouvoir civil! vous ne'sauriez croire
ce que c'est. C'est la grande Divinité de
notre presse libérale. Devant ce fétiche
sont prosternés de nombreux adorateurs
qui ne cessentde proclamer la majestueuse
immensité de sa puissance. En attendant
que le Dieu nouveau commande aux vents
et aux tempêtes, on lui reconnaît sur
l'homme un empire qui n'a point de li
mites.
Pour les Statolâtres de nos jours, l'État
c'est tout, l'homme n'est rien. Tout pouvoir
lui a été donné sur l'individu et sur la fa
mille, qui n'ont de droits que par le bon
plaisir de l'État.
Depuis des siècles, notre patrie a le glo
rieux privilège d'être le pays de liberté par
excellence: d'après cela, il pouvait être
permis de croire que jamais, chez nous,
de pareilles idées n'auraient osé se pro
duire au grand jour: Mais rien n'y fait;
le libéralisme ne s'effraie pas de si peu de
chose. En Belgique, comme ailleurs, il af
fiche hautement lemonopolede l'Etal dans
l'ordre moral et intellectuel, en attendant
que lesocialisme vienne le proclamer dans
l'ordre matériel: pour arriver la réalisa
tion de celle dégradante théorie, il ne
craint pas, toutes les. fois que l'occasion
s'en présente comme en matière d'instruc
tion et de bienfaisance, d ebrécher notre
Constitution et de renier jusqu'aux prin
cipes mêmes qui servent de base nos
institutions.
Une chose digne de remarque et que
tout le monde a pu observer, c'est qu'on
ne fait tant de bruit de la prééminence du
pouvoir civil que dans les matières où la
religion catholique se trouve engagée et
lorsqu'il s'agit d'écarter son influence.
Comme l'a fort bien dit un orateur, l'ex
périence apprend que ces mêmes hommes
qui défendent si chaleureusement l'hon
neur et les prérogatives de l'Etat, sont les
premiers abandonner son parti, affai
blir son action, chaque fois que les idées
religieuses sont hors de cause: De sorte
qu'on peut conclure de là avec le même
orateur que ce qui vaut l'Etat ces sym
pathies extraordinaires dans une foule de
questions, c'est sa réputation d'esprit fort.
Si l'Etat était catholique, s'il professait le
culte de l'immense majorité de la popula
tion, s'il le prenait pour base de l'instruc
tion, s'il voulait tenir compte de l'idée
religieuse dans la réorganisation delà bien
faisance publique, vous verrez bien qu'on
ne réclamerait pas pour lui les droits
superbes qu'on lui attribue avec tant de
libéralité. Non! mais on démontrerait
alors clair comme le jour que l'État est
vendu aux Jésuites, que les Jésuites domi
nent dans le conseil des ministres, que les
Jésuites nous ramènent aux abus de l'ancien
régime, etc., etc., etc.
Restreindre l'influence religieusepartout
où elle se rencontre; combattre, entraver
sans relâche les libertés de l'Église; pro
noncer arbitrairement, et sans égard la
conscience des catholiques, sur les ques
tions qui se rattachent la religion; ef
facer l'Eglise, la faire disparaître de nos
mœurs, de nos lois, de nos institutions:
Voilà tout le secret de cette slalolâlrie af
fichée par notre libéralisme.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'IBOSIEHRNT., par trimestre,
Ypres fr. 3.Les autres localités fr. 3-5o. Un n» a5 c.
Le Propagateur paraît le MERCREDI et le SAMEDI
de chaque semaine. (Insertions IT centimes la ligne.)
D'apiès une correspondance particulière de la
Patrie de Bruges, datée de Bruxelles, il paraît
certain que les projels de loi sur la Bienfaisance,
lels qu'ils se trouvent formulés jusqu'à ce jour par
le gouvernement et la section centrale, n'ont au
cune chance de succès devant les Chambres.
Tant mieux! S'il est dans ce monde une liberté
qui mérite les sympathies, le respect, les encoura
gements de tous les hommes de cœur, c'est assuré
ment la liberté de faire le bien dans le sens le plus
complet, le plus large du mot. Ce serait une chose
odieuse et déshonorante pour la catholique Bel
gique, si une poignée de sophistes pouvaient jamais
réussir chez uous étouffer les élaus de la charité
sous les étreintes d'une législation tracassière et
oppressive.
Que les gazetiers du libéralisme se rassurent
jusqu'ici du moins, les pauvres ne sont pas trop
riches. Ils savent fort bien quoi employer leurs
revenus; le moment de prendre contre eux des
mesures préventives, n'est pas encore arrivé. S'é
gosiller contre les prétentions du clergé, contre
la main-morte, ce n'est pas précisément leur
douuer du pain.
Tous les Archevêques, Évêques et Vicaires ca-
pitulairesdu Piémont ont adressé au Sénat et la
Chambre des Députés une pétition dans laquelle
ils protestent contre le projet de loi portant sup
pression des communautés religieuses et établisse
ments ecclésiastiques.
Nous regrettons de ne pouvoir reproduire cette
pièce dans nos colonnes. Les Evêques piéinontais
n'ont aucune peine démontrer que ce projet de
loi est la fois injuste, illégal, anti-catholique,
antisocial; que c'est une œuvre d'ingratitude qui
ajoute la dérision l'immoralité, puisqu'on feint
de ne consulter que l'intérêt de l'Eglise en la spo
liant, et que par l'antécédent de cette spoliation,
on ouvre une large porte au socialisme.
Dans notre dernier numéro, nous avons repro
duit, d'après l'Émancipation, quelques réflexions
propos, du projet de loi sur la suppression des
couvents en Piémont. Nous avons omis, par mé-
garde de citer le journal auquel nous nous sommes
permis de faire cet emprunt. Nous uous faisons
donc un devoir de réparer ici celte omission.
Poperinghe, le 10 Janvier i855.
Monsieur l'Éditeur,
La réunion générale de cette année ne l'a
cédé ni en éclatni en cordialité, celles tenues
précédemment par la société agricole de cette
ville.
La distribution des médailles a été suivie
d'un banquet présidé par M. le Bourgmestre
Fan Renynglie, ayant sa droite M. Vram-
bout, membre de la députalion permanente,
sa gauche M. Vanalleynes président du
conseil des prud'hommes de l'arrx d'Y près.
Différents toasts ont été très applaudis entre
autres, celui porté par M' le Bourgmestre a la
prospérité de l'agricultureet un toast M'
Prambout, dans lequel M' l'échevin Berten
jait ressortir puissamment et de cet accent de
sincérité et de conviction qui lui est propre, les
nombreux services rendus par l'honorable
membre de la députalion l'agriculture et
sa ville natale. M' Vrambout a remercié par
quelques paroles très convenables. N'oublions
pas de mentionner une allocution de M. le
conseiller fVeensdans laquelle l'honorable
magistrat a vivement dépeint les souffrances
et les privations du pauvre et de l'ouvrier et a
pris l'initiative de proposer une souscription en
leur faveuravec l'offre de donner lui-même
un hectolitre et demi de blé. Il est regrettable
qu'une liste de souscription n'ait pas été dressée
séance tenante car plusieurs personnes des
plus opulentes de la ville assistaient la
réunion, et d'après leur générosité bien connue
il est hors de doute qu elles n'eussent saisi avec
empressement l'occasion de faire d'une fête
gastronomique une œuvre de bienfaisance et de
charité.
Un membre de la société agricole.
On lit dans la Patrie de Bruges:
Tout le monde doit avoir remarqué que, de
puis quelque temps, les incendies se multiplient
d'une manière effrayante. Presque tous les jours
on vous (ait le récit navrant d'un sinistre occa
sionné par le feu. Tantôt c'est une honnête famille
qui se voit plongée dans la misère, par suite de
l'incendie de sa maison; tantôt ce sont des fabri
ques immenses, fournissant le pain des milliers
d'ouvriers, qui deviennent la proie des flammes.
Dans l'arrondissement seul de Touruay, en
moins de cinq semaines on a constaté 9 incendies
causés par l'imprudence et un dommage de 2i,65o
francs! Et il n'y a point lieu de s'étonner de ce
grand nombre d'incendies arrivés en si peu de
temps, mais bien qu'il n'y en ait pas eu davan
tage, vu l'usage imprudent des allumettes phos-
phoriques. Combien de fois n'a-t-on pas vu avec
douleur de jeunes enfants jouer dans les rues avec
ces objets dangereux Combien de fois même ne
sont-ils pas devenus eux-mêmes les victimes de
leur imprudence et de la négligence de leurs pa
rents? Ne voit-on pas aussi dans les fermes, auprès
d'un tas de paille, dans les granges et dans les
étables, les ouvriers munis d'allumettes chimiques
A la vue de tant de désastres, il serait dé
sirer que des mesures fussent prises pour garantir
les personnes et les choses contre l'usage impru
dent des allumettes dont il s'agit. I! y a là un bien
fait rendre la propriété.
^l-0-l<Si-~