que les personnes compétentes n'aient pas été consultées. D'entre toutes les inégalités en matière de justice distribulive dont la bourgeoisie d'Ypres se plaint d'être victime, il en est une surtout dont elle endure avec peine les pénibles conséquences, et sur laquelle nous appelons l'attention spéciale de nos mandataires la Chambre. Nous voulons parler de la part contributive que notre cité est tenue de payer dans les contribu tions personnelle et foncière, et dont le rendementqui s'opérait déjà avec peine lors du séjour parmi nous d'une garnison, a été augmentée encore de 10 nonob stant la décadence et la ruine de notre cité. Nous osons le demander y a-t-il un motif plausible pour justifier nne pareille manière d'agir l'égard de notre ville? qu'à une époque où les habitants parta geant les faveurs militaires côté des autres villes, voient cadastrer leurs mai sons sur les bases de ces villes, rien de si juste, mais en même temps rien de si équitable, maintenant que ces faveurs nous sont ravies, de surseoir aux exigen ces anciennes du fisc, et de mettre la ville d'Ypres sur la même base cadastrale que Poperinghe, Messines, Warnêlon, et autres localités au niveau desquelles elle se trouve rabaissée. NOUVELLES LOCALES. Dans le courant de cette semaine, prin cipalement dimanche dernier, cause du verglas qui couvrait les rues de notre ville, plusieurs personnes sont venues tomber. Quelques-unes d'entr' elles ont reçu de fortes contusions. On nous rap porte même qu'une fille s'est fracturée la jambe. Les laitières venant de la campagne ontégalementsouffert. Plusieurs en faisant la culbute ont perdu la provision de lait qu'elles apportaient leurs pratiques. REVUE POLITIQUE. On i'est beaucoup occupé ces jours-ci daos les seciions de la Chambre de certaines révélations venues de Londres relativement des actes odieux posés par la Compagnie du chemin de fer du Luxembourg. D'après une lettre imprimée, de M. Lyail, nouveau directeur de cette Compagnie, ses prédécesseurs auraient employé 10,000 actions de dix livres sterling, soit on capital nominal de 2,5oo,ooo fr., pour payer des services secrets rendus en Belgique. L'explication détaillée qu'on donne de ce fait constitue une grave atteinte portée a la réputation du nom belge l'étranger. Ainsi, la presse anglaise, se fondant sur le bruit public et sur les affirmations des actionnaires, pré tend que cette énorme somme a été distribuée des journaux belges et b des citoyens belges in fluents, afin d'obtenir la garantie d'un minimum d'intérêt de 4 p. c. sur la dépense de 22,000,000 prévue pour la construction du railway du Luxem bourg. De deux choses l'une ou des Belges in fluents et des journalistes de notre pays ont pris avec la Compagnie des arrangements odieux et conclu un pacte infâme, ou bien les directeurs de la Compagoiedu Luxembourg ont volé les 10,000 actions aux actionnaires et se les sont appropriées tout eu disant qu'ils les avaient appliquées eu Bel gique. Ce dilemme doit être éclairci il y va de l'honneur du gouvernement, des Chambres, de la presse, de quiconque a pu intervenir d'une ma nière directe daos l'affaire de la concession du chemin de fer du Luxembourg. Nous sommes ré solus, pour notre compte, b exiger la solution de ce triste problème, parce que nous tenons b ce qu'il soit démontré b l'Europe que le gouveroe- nieot n'a pas trafiqué de ses pouvoirs, que la repré sentation nationale ne s'est pas laissée corrompre, et qu'il y a en Belgique des jouroaux honnêtes, inaccessibles b la corruption dequelqoe part qu'elle vieone. La juste susceptibilité que M. le ministre des travaux publics a montrée b cet égard et le géné reux empressement avec lequel la Chambre a or donné l'impression de toutes les pièces relatives a cette scaodaleuse affaire, prouvent que les choses n'en resteront pas Ib et que pleine satisfaction sera donnée b l'opioioo publique. Nous ouvrons dès b présent nos colonnes aux malheureux actionnaires et b toutes autres personnes qui pourraient fournir des renseignements favorables b la découverte de la vérité. Émancipation M' Arthur Merghelyock vient d'autoriser le bourgmestre de Zillebeke a faire une ample dis tribution de pains aux indigents de cette commune. Notre honorable sénateur, M. Malou-Vanden- peereboom, dans sa haute sollicitude pour tout ce qui intéresse la classe pauvre, vient de faire par l'intermédiaire du bureau de bienfaisanceune distribution de 1,766 paios aux pauvres de notre ville. Celte distribution a eu lieu jeudi 8 de ce mois, dans l'église de S' Jacques. Inutile d'ajouter que ce secours extraordinaire a été accueilli par les bénédictions des nombreux indigents de nolie cité. Hier, b la grande salle de l'Hôlel-de-ville, se vendait le mobilier et la modeste bibliothèque d'un professeur de l'école communale. Il y avait en tout environ cent cinquante volumes, mais la compo sition de cette petite collection était déplorable- roent remarquable, et peut donner lieu b bieo des réflexions. Plus une bibliothèque est restreinte, plus elle est l'œuvre du choix. Or, Ib, sur d'élé gants rayons figuraient avec des reliures parfois très coquettes les œuvres de Parny, de Volney, de Pigault-Lebrun, d'Alexandre Dumas, etc. Nous n'avons pas poussé plus loio l'examen. Si c'est b ces ressources taries que l'ecole communale va puiser ses inspirations, que peut-on imaginer de plus fort pour pervertir le jeune âge? Quel bien peut-on attendre, nous osons dire de l'enseigne ment delà doctrine chrétienne même par le prêtre, si d'autres maîtres vont se saturer d'immondices avant de s'approcher de l'enfance, qui leur est confiée pour les neuf dixièmes du temps? Un grossier paysan se lavera les mains avant que d'aller b table. Chez les anciens payens il fallait être pur pour prétendre b l'instruction des en- fants. Que présager d'une administration dont les sujets vont chercher dans Parny et Volney ce qu'ils devraient demauder aux Rolliu et aux Lau- reotie Ce matin, comme c'était encore fort glissant, les chevaux attelés b la diligence de Dixmude sont tombés en entrant en ville. Heureusement que le conducteur avait eu la précaution de les faire aller au pas, sans quoi on aurait pu avoir des malheurs a enregistrer, là voiture étant comblé. Les voyageurs en ont été quittes pour lapeur. Une chose véritablement insupportable, ce sont les correspondances qui viennent de temps en temps s'étaler dans les journaux sérieux au sujet de la marche des opérations militaires dans la Crimée. Il y a tel correspondant qui se trouve b quatre cents lieues du théâtre de la guerre, qui n'a jamais vu uu ennemi, qui toute sa vie n'a fait qne lire et écrire des articles de gazette, et qui pourtant se permet de tracer des plans de campagne aux généraux alliés, et de fixer le jour et l'heure où ils doivent reprendre vigoureusement les opé rations et frapper un coup décisif. Malheur aux généraux, s'ils oe comprennent pas leurs de voirs Le correspondant les désigne d'avance b la vindicte publique et les rend responsables de tons les revers qui peuvent veuir fondre sur les armées. Cela est bieo niais, sans doute, et dépasse les bornes du ridicule; et pourtant toute celle phra séologie fade et prétentieuse est goûtée par plus d'un lecteur qui serait fâché si on le soupçonnait de n'avoir pas le sens commun. Nous devons louer la presse belge d'être eu général sobre et réservée dans la reproduction de ce genre de correspon dances que l'on rencontre daos la plupart des jouroaux français. Les dernières nouvelles du camp des alliés sont du 3o janvier; elles portent qne le temps est très- favorable et que l'assaut contre Sébastopol aura lieu prochainement. Enfin, la composition du Cabinet anglais est connue b l'exception de lord Aberdeeu, du duc de Newcastle et de lord John Russell, nous y re trouvons tous les membres de l'ancienne admi nistration. Lord Palmerstoo est premier lord de la trésorerie, et lord Granville, président du conseil privé. Ce n'était pas assez, paraît-il, du triste spec tacle offert ces jours derniers par la Chambre des Communes. Il fallait un scandale de plus. Sir Charles Napier b qui son nom et sou passé com mandaient plus de circonspection, s'est permis de prononcer un discours où il s'attache de jeter sur la marine anglaise le même discrédit que d'autres avaient fait peser sur les forces de terre de la Grande-Bretagne. Il a déclaré qu'il était parti pour la Baltique avec des équipages qui ne valaient riendes officiers inexpérimentés, sans cartes et sans pilotesIl a de plus adressé des reproches très-vifs au lord de l'Amirauté. Ou di rait qu'en Angleterre le patriotisme ne consiste plus qu'b accuser et b se plaindre. On écrit de Grissée, résidence de Soubaraya, dans l'île de Java (iudes néerlandaises), le 20 no vembre Mercredi dernier nous avons été témoins d'an touchant spectacle. Sur le grand marché de Gris sée, ou procédait b la vente publique et absolue d'une famille de nègres composée de dix individus, savoir le père et la mère et hait enfants âgés de trois b quatorze ans. Ils appartenaient b la succes sion d'uue veuve hollandaise qui les avait toujours traités avec la plus grande humanité; aussi étaient- ils désolés d'être obligés de passer sous la domi nation d'un uouveau maître, et ils manifestaient leur douleur par des larmes et des sanglots. Le juré crieur les cria en bloc sur la mise b prix de 6,000 florins (12,000 fr.). Le nombreux public garda un profond silence. Le crieur di minua successivement le prix jusqu'b 2,000 flo rins. (4,ooo fr.), mais tout le monde resta encore muet. Alors le nègre, père de famille, usaot du droit accordé par la loi aux noirs mis en vente, offrit lui-même 5 florins (10 fr.), serait b genoux et supplia les assistants de ue pas couvrir celte humble enchère. Le public fit droit b sa demande, personne ne dit mot, et la famille entière fut ad jugée b elle même. Il serait difficile de décrire la joie qu'éproo- vèreut les malheureux nègres en entendau! le coup de marteau qui leur donna la liberté, et cette joie fut encore augmentée par les copieux dons que plusieurs des personnes présentes leur prodiguè rent afin de pourvoir b leur subsistance en atten dant qu'ils trouvassent du travail. Ce sont Ib des actes de haute générosité qui

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Le Propagateur (1818-1871) | 1855 | | pagina 2